date et lieu de naissance. Quelque part dans l‘énorme et dissolu royaume Slave. En l‘an 1087
nationalité. Slave, défini présentement comme Russe
nom du sire. Alexei Liposky, son frère
date de l'étreinte. 1106, il avait 19 ans ; aujourd'hui 900
statut. Réactionnaire. En soit carnivore… Ainsi que cannibale. Le sang des humains ou le sang des vampires, Sevastian n’y porte aucune importance. Tous égaux dans sa soif
discipline. Vicissitude niv5
camp. Pourquoi devrait t’il s’attarder sur de telles questions ? Il n’est de toute manière pas apte à choisir un camp, lui-même ignorant la différence réelle entre le bien et le mal. Il s’aventure sur tous les continents, fantôme implacable. Menant à terme les missions qu’on lui donne. Excellent élément, il est de ceux que l’on redoute puisqu’on ne les comprend pas. Traqueur, il s’amuse avec ses proies, et leur tombe dessus telle l’épée de Damoclès. Puis revient la gueule sanglante, auprès de son Sire, mauvais frère. S’évanouissant dans la nature aussi discrètement que quand il était arrivé
état civil. En couple, plus ou moins imparfait. Marié
lieu d'habitation. Séjourne au manoir d’Aleksandr Konstantinov
métier. « Chien d’attaque » du Maître de Moscou, Alexei
étiquette qui vous est collée. On ne le connait pas. Il est l’une des ombres qui hantent les ruelles. Implacable ou bien déjà crevé ; la faucheuse elle-même ne se mêle plus de ses histoires. Il est le chien, la bête du maître russe. Le mort toujours debout. Celui que l’on prétend dément, celui qui ne vit finalement que pour elle

C’est un monstre à la sauvagerie sans nom, il est une bête dévorée par la haine et l’incompréhension. Le monde n’est qu’une hallucination désagréable, impossible de la lui révéler. Dépouillé de bon sens, sa raison est un puits sans fond, engloutissant cries de douleurs et de détresses. Il est perdu, l’affreux gamin. Trahi et brutalisé jusqu’à la mort par son frère unique et ainé. N’y a-t-il pas pire trahison que celle-ci ? Le mot famille ne signifie pas grand-chose, si ce n’est un maître violent et sans remords. Sevastian est un chien enragé, prêt à bouffer quiconque lui sera indiqué. Ouvrant la gueule et glapissant d’excitation, une fois la proie mise en évidence, rien ne serait lui faire lâcher sa prise. Il traque sans relâche, parcourant si nécessaire le globe. La victime entre les pattes, il revient fier et satisfait auprès de son Sire. Qui ne manque pas de lui caresser le haut du crâne en descendant jusqu’à la nuque. Il répète le mouvement en lui murmurant à l’oreille quelque doux mots. « Beau travail mon petit. Beau travail… » Il sourit, le vilain bambin. De cette grimace terriblement étrange, oui, une aura particulière s’enroule autour de ses membres. Sevastian est un spécimen de type unique. L’un des rares qui n’a plus, - et n’a certainement jamais eu - une humanité qui se serait développée normalement.

Et dans ses yeux sordides et noirs comme la nuit, il s’y dissimule le mal le plus absurde. Délirant et fascinant, c’est la démence intense qui guide ses pas chancelants. Quel bel aliéné, d’une splendeur à faire pâlir les jeunes vierges. Ne sont t’elles pas exquises ? Le rouge leur monte aux pommettes, tandis qu’elles pincent -candides- leurs lèvres roses et fraiches. Sevastian n’y voit que des gorges où ses crocs plongeront profondément, arracheront la chair et, ivre, il laissera de merveilleux trous béants et suintants. Tels des petits boutons de coquelicots, infectés et pourrissants. La mort innocente, pleine de tremblements et de complaintes. Il jouit, et gémit de plaisir. Investigateur de sa propre déchéance, le môme n’a pas de limites, et n’a pas de repères. Emporté dès sa renaissance en pleine frénésie, et ignorance. Il survit, il suppose qu’il n’a nulles autres solutions si il veut se sentir en vie. Il ne saisit pas l’univers et ses nuances. La confiance est une notion qui lui est inconnue, abandonné à ses démons, il esquisse de rares sourires. Il est triste, il est absolument ravagé. La tristesse est sa terrible amante, elle lèche son cœur avide de bonheur. Elle ne veut pas qu’il devienne faible, qu’il rit et se plaise parmi les vivants. Ca n’aura pas de logique, ce serait immonde. Une si belle bête remuant la queue et réclamant des caresses, à quoi bon ?

Il obéit à son Sire. Alexei lui susurre un « couché ! » Il se couche à même le sol. Un « attaque ! », il ne pense pas aux conséquences et agit de manière automatique, bestiale, intensément machinale. Programmé pour le servir, sans plus se poser d’idiotes questions. Il se protège surement, sans âme et sans conscience, on ne peut plus lui faire mal, la souffrance éprouvée et l'effroi enduré par le passé définitivement rayés. Il n’existe plus. Sevastian est une abstraction simulant « l’être ».
Et puis elle est arrivée. Comme un cauchemar, une terreur nocturne d’un gosse traumatisé. Il ne voulait pas l’effrayer, il ne souhaitait en aucuns cas la dépecer. Quoique. Se confondre en elle lui a effleuré l'esprit. Il ne veut que l’aimer. Mais Sevastian est incapable de transcender ses troubles, et de comprendre ses semblables. Le feu a surgit des enfers, a cramé l’endroit de carnage. Boucherie faite par ses mâchoires et ses mains. Il s’en fichait, ça ne comptait pas. Ca n’a jamais compté. Et lui, il restait là, hypnotisé à la regarder. Nymphe volcanique, maigrelette fillette tout autant effrayée par elle-même et ses pouvoirs démesurés ; que par lui et ce qu’il avait fait. Sur sa famille, sur son village, sur sa vie. C'était nécessaire, songe t'il. Il devait en être ainsi pour qu'elle comprenne que le destin nous avait choisis. Et les marques s'accumulent sur sa peau de pêche. Elle sera à lui, parce qu'il ne peut pas envisager de la perdre. Mon ange.

Et Bluenn est partie. Encore. Encore. Encore et encore. Elle prétendait qu’elle était mieux sans lui. Qu’elle était libre sans lui. Et Sevastian, il n’entend pas. Il ne comprend pas. Il ne peut tout simplement pas. Le russe n'y croit pas. Ca lui tord les tripes, ça lui fait remonter des malaises qui ne soupçonnaient même plus pouvoir l’assaillir. De l’hystérie mêlée à une détresse immense. Et elle revient aussi. Encore. Encore. Encore et encore. Soit il la cherche, il la chasse comme une biche apeurée. Soit elle réapparaît, tremblotante et désolée. Il hurle, il ne sait plus ce qu'il fait. Il l'aime trop fort, elle brise son mutisme et son obéissance, juste en le frappant avec ses délicates phalanges. Elle promet, et s'évapore. Ils se tuent, ils se déconnectent. Lui l’isole, et sous son souffle Sevastian redécouvre le monde. Sûre de rien, en équilibre incertain sur un rasoir effilé.

Sevastian a ce visage qui n’exprime rien. Qui se faufile dans les époques et ne se modifie pas. Sadique et violent, il chuchote qu’il peut changer. Qu’il est la gentillesse incarnée. Ce ne sont là que de vilains mensonges, vociférés par un menteur adorable. Puisque sa figure est celle d’un adolescent doux et mal dans sa peau. Dont on peut aisément croire les paroles et que l’on prend dans les bras pour consoler les malheurs. Il nous bouffe sans vergogne le cerveau, nous suce la moelle et nous balance au fossé ou aux cochons. Rassasié, le bedon plein à craquer. Il est un espion dont on ne fait plus la réputation, un traqueur vieux de neuf siècles, au pouvoir cauchemardesque. Bête de sang et de griffes, d’os et de grognements. Qui ne s’est jamais arrêté de trottiner sur notre terre, fléau des races. La plus longue traque qu’il est dû essuyer, fut celle de Bluenn. Avant qu’elle ne décide de le tuer. Sept mois à suivre des traces erronées, des chemins escarpés. Faute d’une sorcière qu’il ne manqua pas de décapiter. Jusqu’à la posséder une nouvelle fois, sa jolie Bluenn. Réunis, enfin. Et que, malade et jalouse, - il suppose - elle ait tout fait flamber, un manoir devenu une torche. Pourquoi ? Parce qu‘il prenait son pied parmi une masse de corps enchevêtrés, sans elle. Mais elle le sait, personne à part lui n'a le droit de la toucher... Personne ! Il a cru mourir, par sa trahison et sa douleur. Sevastian a brulé vif, suppliant, criant qu’on achève sa torture ; sans que quiconque ne lui vienne en aide, ni ne lui réponde. Son supplice a duré six heures environs. Il ne pouvait pas sortir, il était fait comme un rat. Sa peau partant en lambeaux, ses muscles mis à nu, ses os visibles à l'œil. C'est son âge qui l'a sauvé, sa résistance légèrement plus élevée. Il a juré de lui faire payer, juste avant de la re-aimer. Non, c'est faux. Il n'a jamais cessé de la désirer.

Homme du main du maître de Moscou, qui n’est autre que son frère ainé et son Sire. On lui fournit des contrats, qu’il honore. Cas échéant, il sait que son Sire lui foutra une raclée telle, qu’il ne préfère même pas tenter de rentrer les mains vides. Il est obsédé par la traque, depuis neuf cents ans. Il ignore beaucoup de choses sur sa race. Il ne sait pas pourquoi il a ce pouvoir écœurant en lui, il ne sait pas pourquoi il ne peut rien cacher à son frère. Il ne sait pas pourquoi il est si perdu et désœuvré. On ne lui a fourni qu’une éducation minimale, afin de se fondre dans la foule et d’attaquer comme la foudre. Ne tenant pas en place, il est un élément qui excelle dans le meurtre et la capture. Aussi cinglant qu’affable, brutal qu’attentif. Il n’analyse pas bien le comportement de ses congénères sur deux pattes, toutefois Sevastian brille dans la manipulation rapide et efficace. Caméléon, il sait se rapprocher de ses victimes futures, et sauter sur elles pareil à un oiseau de proies. Toutefois, il ne tient pas sur la durée, car trop impulsif et lunatique. Et si le temps s’allonge, il ne répond plus de rien. Chien fou, et capricieux, il ne supporte pas qu’on lui résiste éternellement. Dans un excès de colère, il est capable de foutre en l’air ses objectifs.

▬ La traque est un vice très présent en lui. Il ne peut pas s’empêcher de s’amuser, ça l’excite. Apeurer sa victime avant de lui sauter dessus, le rend extatique.
▬ Littéralement obnubilé par sa marquée, il l’aime trop fort. A ce qu’il paraît.
▬ Ne porte aucun intérêt à ses semblables ou un quelconque être capable de paroles. Si ce n’est en de rares occasions. En soit, très peu d’amis. Il ne s’encombre pas. Il est incapable de créer des liens sains et clairs.
▬ Soumis à l’extrême à son Sire, qui n’est autre que son grand frère. On murmure qu’il n’est autre que son chien d’attaque.
▬ Sanguinaire, l’hémoglobine et les tripes le fascinent.
▬ Il ne boit pas, mais fume énormément. Il adore l’odeur de cigarette, et sentir la fumée passer dans sa gorge.
▬ Se défonce à l’héroïne pure, pour oublier, se déconnecter totalement de la réalité. Il ne saisit pas le monde.
▬ Terrifié par l’abandon. A l’inverse, il recherche ardemment la solitude.
▬ Ne supporte pas longtemps le silence, Sevastian aime avoir une musique d’ambiance. Théâtral, il apprécie énormément la démesure.
▬ Le psychotique est épouvanté depuis qu’il a flambé jusqu’à penser en crever, par le feu. Il en garde d’ailleurs de douloureux stigmates.
▬ Le russe est un écorché vif. Un adolescent fauché à l’âge des incertitudes. Il ne s’en est jamais remis. Son frère l’a détruit, lui a fait perdre toutes confiances en autrui. Sevastian ignore ce qu’est l’amour, la confiance. Il ne comprend pas les sentiments qui le submergent, il n’a pas conscience de l’univers et ce qui le fait vivre. Il y a de cela bien longtemps, il a décidé de s’enfermer dans une bulle hermétique. Pour ne plus souffrir.
▬ Bluenn est l’erreur. Dès qu’elle est avec lui, la bulle éclate, et l’horreur l’assaille. Puisqu’elle pourrait lire en lui, le saisir dans ses moindres détails. De sa plus belle imperfection à son pire défaut.
▬ Il confectionne des origamis, Lorsqu’il est nerveux mais sent qu’il est impuissant. C’est compulsif. Il s’assied, et plie le petit bout de papier, jusqu’à ce qu’un cygne naisse entre ses doigts.

Sevastian est un putain de carnivore. Et qui plus est cannibale. Le sang des humains, ou de toutes autres créatures qui ne lui soient pas mortelles. Il le boit, il l’avale et s’en saoule jusqu’à ce que l’envie de vomir lui monte au gosier. Sans limites dans la cruauté, il déchiquète, il arrache et brise les os. Par plaisirs, par envies. Parce que c’est plus facile, de laisser libre cours à ses pulsions ; que de réfléchir et se contenir. Dominer sa soif n’est pas dans ses priorités. Et pas dans celles de son Sire non plus. Il préfère son chien agressif et ardent, la queue frétillante entre les jambes, et les babines pleines de liquide carmin. Plutôt que mou et dédaigneux avec la nourriture.

Ses convictions sont celles du maître de Moscou. Rien de plus, rien de moins. Ou peut être que si. Beaucoup moins finalement. La politique ne sont pas ses affaires, il divague, se promène et achève ses contrats. On lui fournit l’éducation nécessaire afin de s’infiltrer vite et là où il doit être. On lui préconise, on le met en garde. Il retient, la tête pleine de haine et d’intelligence. Oui, Sevastian n’est pas un cabot fou. La pertinence et la mémoire sont deux qualités qui ne lui font pas encore défaut. L’empathie non plus, n’est pas absente au milieu de la partie. Seulement, il préfère la mettre de côté, et l’écrabouiller dans un coin de sa poitrine. Elle lui est atroce et désavantageuse. Il ne supporte pas se sentir vivant et parfois même, en ce sens, un peu humain. Il préfère grogner, montrer les crocs et répandre le malheur. Ce malheur qui le dévore jour après jour. Cette angoisse qui lui triture les boyaux.

Des cicatrices, il en a partout. Plus ou moins visibles, rien de bien inquiétants et disgracieux. Ses combats multiples et répétés, en étant la cause primaire. Il y aussi les raclés renouvelées, que son Sire lui a infligées, agrémentant l’ensemble d’une pointe de bestialité et de misère. Masochiste, peut être. Non, un simple gamin bousculé. Un prédateur qu’il faut savoir dresser si on ne souhaite pas le voir se rebiffer. Et puis, des traces ou disons des plaques de brulures. Une peau blanchâtre et dégueulasse, comme des bouts mal mis, se chevauchant et s’entortillant les uns dans les autres. De la pointe de ses orteils gauche, jusqu’en dessous son aisselle du même côté. La raison ? Il y a de cela un an, il a cramé des mains de Bluenn. Il a brûlé vif, le manoir où il logeait le temps de sa mission n’étant plus qu’un joli feu de joie. Il aurait dû mourir, pareils à la dizaine d’autres vampires présents sur les lieux. Et en toute franchise, il a cru que la fin du tunnel était enfin arrivé pour lui. Il a suivi Bluenn, désespéré. Ne voulant pas la tuer, mais juste s’excuser. Sevastian l’a poursuivi jusqu’au rez de chaussé, et il a fini par s’écrouler. Et elle, elle s’en est allée, épouvantée. C’était la dernière fois qu’il voyait son Amour, a-t-il songé. Toutefois, il s’en est sorti. Il devait encore vivre, il devait se réveiller et accomplir des tâches troubles et imprécises, que le destin a scotché au dessus de son petit crâne ramolli. Alors après six heures à roussir, on l’a extirper délicatement des braises. Tas d’os et de chairs calcinées. Son âge l’a sauvé. Il a mis environs un mois à se reconstituer dans sa globalité, mais garde des stigmates. Retour de bâton, marqué par sa propre marquée. Ironique, n'est-ce pas ? Ils ont voulu savoir comment le feu s’était déclaré, ils l’ont interrogé. Avec finesse. Avec gentillesse. Avec brutalité. Sevastian n’a jamais rien avoué.
.

pseudonyme. BABINE
âge. 19 printemps (bah ouais, faut un peu changer.)
code du règlement. Et bien, il ne manque plus que le thème musical Dracula, prince des ténébres et je crois qu'on pourra commencer.
avis général à propos du forum. Toujours aussi amoureuse de lui et ses membres. Et ce compte est dédié à ma fripouille. Cette petite vermine m'y a poussé, avec ses étranges idées. ; avouons le, on ne peut pas faire plus psycho.
avatar utilisé. Luke Pasqualino. Finalement.

Muse ou déesse, il ne sait pas. N’a jamais su. Elle est l’obsession de son existence, le mirage éclaté. Cette fragile gamine lui ait apparu, tel un serment de renaissance aux alentours de sa moitié d’existence. Elle était belle comme une lame d’argent, d’une beauté pure et violente. Instantanément, le sol sous ses pieds s’est effondré. Il n’avait jusqu’alors ressenti un sentiment de ce type. Enfermé dans sa torpeur, il mutilait et détruisait, se réjouissant du malheur et de la souffrance. Il ne voyait rien de plus à sa monstrueuse vie, il était désabusé et radicalement aliéné. Elle ne l’a pas rendu meilleur, elle l’a fait devenir intensément fêlé. D’abord un jeu, finalement un besoin maladif. Bluenn est sa drogue, son ange brisé. Un double, un complément; un remède à ses angoisses de gosse effrayé. Une passion dévorante qui l’épouvante au point de lui faire perdre les pédales. La traque a débuté, il ne pouvait s’en empêcher. Sa peur transpirant de tous ses ports, elle lui offrait sans réserves son fluide carmin et son parfum enivrant. Il aimerait crever juste pour la sentir intensément et absolument à lui. Ne fusse qu’une seconde. Il ne comprend rien au monde, il ne saisit pas l’univers comme un être normalement constitué. Sa vie n’est qu’une accumulation de désordres et de névroses. Son histoire, une tragédie digne des grandes œuvres. Un adolescent fracassé, qui ne peut plus s’attacher. Trop d’horreurs lui ont fait perdre le sens des réalités, il n’a pas su évoluer. Fauché dans la fleur de l’âge, violemment détraqué par son propre frère, sang de son sang. La confiance, il ne sait pas ce que c’est. L’amour, il en ignore jusqu’à l’expression.

Je ne sais pas qui je suis. Une ombre sur un tableau, quelque chose qui n’a rien à faire à sa place présente mais dont ne se lasse jamais d‘apprécier les contours. On m’a élevé selon des principes spécifiques, avec une vision du monde inversé. La tête à l’envers, le cœur à l’opposé. Né il y a de cela neuf cent ans, la croissance de mon corps d’éphèbe s’est arrêtée à dix-neuf ans, brutalement. Je suppose qu’il a choisi avec soin cette tranche d’évolution, se délectant de chaque âge. Marionnette agréablement dépendante, et superbe. Il me voulait, mon frère souhaitait m'attacher en laisse pour l'éternité. Pour que je ne puisse le quitter, pour que je devienne son chef d'oeuvre le plus affirmé et toutefois soumis.
On m’a appris à me sentir puissant, tranchant, impétueux. Et puis on m’a forcé à me rapprocher de cette infecte humanité, comme un poisseux intrus. Je ne me suis jamais sentis à mon aise parmi cette race étrange et profondément violente. En eux, trop de sentiments se mêlent à leur humeur. Je les comprends si bien que ça m’en rend toujours plus cinglé, je perds la logique et la raison. Je préfère oublier. Je suis épouvanté et chancelant. J’ai parfois l’amère impression de m’y confondre, d’éprouver des sensations trop précisément et intensément. Je suis une bestiole incomparable, frustrée par l’empathie qu’elle peut avoir. Feignant l’antipathie et la désolation de l'âme, afin de se protéger. J’aimerai pouvoir effacer la stupeur et l’intelligence qui glissent dans mes veines tel un virus affreux.

Pantin plus que libre penseur, je suis son objet, son servile adorateur. Un amant, un pathétique gamin fou de sa progéniture, de sa marquée, de sa propre image sublimée. Oui, Bluenn est l'Infini. L’Empire de ce monde d'aliénés, de mon univers halluciné. Mes bras ballottent tandis qu’elle me guide ou m’ordonne. Je suis perdu, et trop usé par l’existence. Alors j’hurle et je lacère, pour aussitôt me confondre en remarques acerbes et non en excuses. Elle m'a à ses pieds, mais ne sait pas comment me maîtriser. Je l'ai entre mes griffes, et ignore comment la canaliser. Mon cerveau n’est qu’une purée haineuse, je crache mon venin sur les êtres qui m’entourent. Me réjouissant de les détruire, afin de me venger de ma condition. Puisque je suis une ordure capricieuse et crapuleuse, qui ne prend que ce qu’elle désire. Un môme arrogant et obstiné, qui trop orgueilleux pour essuyer ses tords, préfère balancer à la figure de ses interlocuteurs impies, une ou deux paroles irritantes et blessantes. Loyal envers ceux et celles que j’appelle ma famille, je suis l’hybride ou si vous préférez, l’immonde progéniture d’un vampire fait de poussières et de cendres. Il rayonne bientôt en travers la planète, s’amusant des bassesses humaines. Sombre et féroce démon. Grand frère. Il sait ce que représente pour moi ma marquée, mais n'en saisit cependant pas l'entière dimension. Sinon, j'en suis persuadé, il l'aurait déjà fait exécuter.
On dit de moi que je suis un prétentieux, un habile et détestable beau parleur. Devenu serpent, alors que j’ambitionnais le rôle du charmeur. Je m’en amuse, esquissant ce sourire franc et abominablement merveilleux. Ma voix raisonne en échos, je murmure aux oreilles d’élégantes alors que je scrute les jouvenceaux. Je suis l’essence même de Bluenn, ce pourquoi elle tient encore debout. Soumise cependant à personne, elle est une obsession qui me pousserait aux pires folies. La perdre m’est inenvisageable, je crèverai à la seconde même de sa disparition. Je suis lié, non, non. Je suis ligoté à mon épouse. Je la veux et la sens toute entière, elle court dans mes os, elle fait vibrer mes organes douteux. Détruis-moi sale prêtresse, messie de mon âme abandonnée.
Je déteste que l’on me soit supérieur, le cas exceptionnel reste mon Sire. Je ne m’accroche pas, je ne peux pas. Je vole et butine, de ci, de là. Je brise les cœurs, je déchire les esprits et fait bouffer au néant les cervelles saines et conquérantes. Confiez moi votre confiance, que je vous abime et vous morde. Je m’épanouie dans les cries et les soupirs. Je jouis dans la douleur et le mensonge. Portés à moi-même, les vices exacerbent mes sens. M’attirent comme un aimant. Je lève un doigt vers le ciel et crache au sol. Rien ne serait m’atteindre, je suis intouchable et immortel. Je suis à elle. Et de ses pas, j’accompagne les traces. Et de ses chuchotis, j’écoute la douce et enivrante mélodie.
Vipère, Bluenn est ma drogue pure et mortelle. Je l’aime. Certains diront que l’amour n’est pas ainsi. Que l’amour ne fait pas souffrir, qu’il est tout le contraire. Je leur répondrai qu’ils n’en savent rien, qu’ils prétendent connaître sans respirer. Son image me hante, sa présence me déglingue. Son absence me tue. Et dès lors que ses deux billes pâles dardent mes membres, je brûle. Et je brûle, et je brûle, et je brûle. Encore, et encore. Et j’en redemande, car c’est ce qui depuis le début guide ma renaissance, préserve ma nature, magnifie mes perceptions. Il ne peut y avoir qu’excès et extrêmes. C’est elle-même qui me l’a appris. Et moi, je la crois. Je souhaite la posséder, de toute son entière personne. Qu’elle soit mienne, puissante fascination. Elle me procure la soif et l’ivresse, je veux la toucher. Je la caresse. Aucune parcelle de chair ne peut être épargnée. Glisser mes doigts sur sa peau laiteuse, palper son aura. Elle peut changer d'identité et de registres tant que cela lui plaira, je ne vois aucune différence. Mes yeux ne fixent qu’elle, l’entité et non la sordide carapace de viandes. Jeune ou vieille, désenchantée ou rebelle. Bluenn m’a en elle. Bluenn est en moi, Bluenn est à moi.
Nulles craintes, ces mots ne sortiront pas de mon esprit, ils sont de la glaise éparpillée sur mes entrailles. Je peine à m’exprimer ; me mettre à nu passerait pour une faiblesse. Exagérément fier, la pudeur me dicte ma conduite. Ferme la, sale abruti.
Je glousse et enfouis aussitôt mon visage d’enfant débauché à la naissance de sa poitrine, humant son odeur et cajolant son buste malingre. La chaleur m’envahie, je trébuche au centre de mes troubles licencieux, car elle n'est pas là. Elle n'est plus avec moi. Bluenn a disparu, et m'a laissé pour mort. Hurlant à l'agonie dans les flammes de l'enfer. Ses flammes.

Arrivé dans la ville, il y a si peu. Il y a déjà trop longtemps. Sevastian a une mission. Celle de ramener un nécromancien, qui lui avait il y a de cela quelques années, échappé. Mais le russe n’est pas sorti du manoir d’Aleksandr, son ami ; son unique relation qui réussisse à durer malgré la vie et le temps. Le seul semble t’il, qui muet pourtant, le comprenne. Depuis qu’il a pénétré à Shreveport, Sevastian s’enferme dans un mutisme effrayant, et il se perd. Incapable de se réveiller, se mourant chaque heure supplémentaire. Hantant la demeure comme un fantôme sanglant, il touche les boiseries du bout des doigts. Et marche dans les pièces silencieuses, et s’oublie. Souvent il s’aventure dans la cave, il s’y déchaine ou s’y enivre. Espérant désapprendre les promesses brisées, et ses sentiments atrocement humain. Revenant au rez-de-chaussée, il avance à moitié nu. A moitié crevé. L’une de ses jambes est comme un morceau de barbaque lacérée, des sillons blanchâtres, mal refermés. Sa perfection envolée, disparue. Les cicatrices vont de ses orteils gauche, et se prolongent jusqu’en dessous son aisselle du même coté. Brûlé, son organisme tente de se reconstruire. Son cœur saigne, encore. Debout devant les escaliers. Il croit voir Bluenn, en haut. Elle l’attend, l’épaule appuyée contre le mur. Et elle le regarde, de ses deux immenses billes turquoises. La poupée instable, le scrute avec un sourire. Elle mordille ses lèvres, les bras croisés. L’invitant à grimper jusqu’à elle, a la rejoindre immédiatement. A peine y succombe t’il, que l’hallucination se dissolve de l’horizon. Un mauvais rêve, que Sevastian n’arrive plus à chasser. Alors, il hurle. Il crie à la mort, un son lancinant qui ne se stoppe pas. Qui ne veut rien dire, il n’arrive pas même à prononcer son prénom. Ca irrigue l’atmosphère de toute l’horreur du monde. Et c’est Aleksandr, qui parvient à le maîtriser. Il s‘en approche. Puis le sert si fort - presque habitué, toujours perturbé du spectacle - entre ses bras. Son étreinte pourrait étouffer le môme. Mais il hurle, encore et encore. Jusqu’à n’avoir plus assez de voix, jusqu’à ne plus pouvoir parler. Jusqu’à n’avoir plus assez de larmes pour pleurer.
Il chiale comme un enfant. Il gémit, c’est irrépressible. Et il n’avouerait pourtant jamais, que Bluenn lui manque. Parfois, il s’accroche à Aleksandr, et enfouit son visage de gamin trop jeune, tellement vieux aussi, contre sa poitrine. Serrant les poings brutalement contre les vêtements, Sevastian pourrait les lui arracherait, emporté dans sa furieuse détresse. Le mal est transcendant, il l’empêche de former une phrase ou une idée. A peine un murmure. Quand la souffrance est fulgurante, quand l'absence de sa muse lui est intense, lorsque son âme réclame, élevée à son apogé ; il ne parvient même pas à s’agripper à sa bouée de sauvetage. Il chute, simplement. Les genoux claquent sur le parquet dans un bruit sinistre. Il se courbe sur lui-même, malgré l’emprise exercée sur son organisme par les bras qui se veulent rassurants. La bouche ouverte, la mandibule presque déboîtée. Il suffoque, il halète. Il manque de son oxygène. Tandis que des gouttes coulent le long de ses joues. Souillant sa bouille de malade innocent.
Son contrat, il l’achèvera. Quitte à retourner les entrailles de la ville, pour retrouver la pourriture qui s’y tapie. Pourvu que ce soit rapide, qu’il choppe ce morveux et le ligote tel un bon gros gigot prêt à être livré.
Seulement, son esprit est ailleurs. Particulièrement ces derniers mois. Il sent sa présence, elle est proche. Et abominablement lointaine. Ses songes le submergent par vagues déchainées. En pleine nuit, pendant son sommeil cadavérique. Il ressent Bluenn, la perçoit si précisément qu’il en deviendrait aveugle et sourd. Son parfum remonte à ses narines, il tend la main et cherche dans les draps, à la place à côté de lui. Elle n’y est pas. Alors Sevastian retient sa fureur ou sa peine, la bouche pincée. Et retombe dans son coma morbide.

Il la fait souffrir, les sensations sont approximatives. Callé dans l’un des divans du manoir, il joue avec un pendentif en argent. L’index et le pouce sont sur un nœud de soie qui y est enroulé. Ca pourrait lui cramer les doigts, un mouvement brusque et une odeur pratiquement instantanément de grillé remonterait dans l’air. Sevastian sourit, hypnotisé par les reflets. Et il rêvasse, il se souvient de ce qu’il lui a fait. Ce bracelet est à Bluenn. Il lui avait offert, pour se faire pardonner. Elle l’avait quitté, il avait répliqué. D’abord une gifle, de colère et de crainte mélangée. Une plainte « Ne repars jamais, Bluenn, ne me quitte plus jamais. » Il montre les crocs, il sent ses gencives le démanger. Se ruant à deux centimètres de sa figure, face contre face. Il la sert aux épaules, et la secoue frénétiquement. Un sac de lingues malmenés. Il veut qu’elle jure, qu’elle crache, qu’elle réponde un oui. Toutefois, la petite brunette ne bronche nullement. Elle patiente, elle attend les coups. Sevastian enrage intérieurement, cette rage qui sous peu explosera extérieurement. Elle est à lui. A lui et uniquement à lui. Cette idiote n'image pas à quel point, cette garce n'assimile rien. Il lui hurle dessus, en ne desserrant sa prise.
Lui attrapant une touffe de cheveux, il tire en arrière et la nuque fragile s'incurve âprement. Attachée à une chaise, elle n’ambitionne pas de s’enfuir à toutes enjambées. C’est inutile, et puis… Ses efforts seraient vains, elle le sait. Il enfonce ses dents dans sa chair, fouillant, furieux, dévastant la peau blanche et douce. Sevastian n’a pas faim, il veut lui exposer ce qu’il endure quand elle n’est plus avec lui. Mais ça, Bluenn ne le saisit pas. Et qui le comprendrait d’ailleurs ? Personne. Personne de sensée du moins. Il n'est que son esclave psychotique. Son amant, et amour ; fou.

Le bras libre se tend vers la petite table à côté du canapé, les doigts tâtonnent les objets qui y sont déposés. Sevastian capture la seringue soutenue par le cendrier, en équilibre incertain. Jour et nuit. Jour et nuit. Il ne réfléchit plus, c’est instinctif. L’aiguille suintante perfore la peau marbrée de son cou. Le sang et les cellules hasardent une résistance. Il appui sur l’extrémité et fait couler l’héroïne. Une dose toutes les heures, c’est raisonnable pour un vampire. Non ? Expirant, amorphe et sans défenses. Le bijou de sa bien aimée lui échappe, et tombe sur sa cuisse nue. La peau brûle, se liquéfie, purulente. Il ne sent la blessure se former qu’une minute après. Grognant, il se lève sur ses guiboles branlantes. Un pas en avant, la cheville se tord. Un second pas, il trébuche. Et encore un. Il frôle la déchéance. Se rattrapant de justesse, il chancèle. Droite, gauche. Gauche, gauche. Et il revient sur la droite. Les prunelles vitreuses, la bouche entrouverte. Il hoquète, et chute vulgairement sur les lattes de bois. Time to eat all your words, swallow your pride, open your eyes. High time we made a stand. And shook up the views of the common man. Un bruit sourd, un craquement patibulaire. Etalé de tout son long, il reste là. Les jambes entortillées, une épaule démise. Sevastian fixe le plafond, sans un mot. L’aiguille encore plantée, comme une fléchette, dans le creux de la nuque. Il est une sorte d'épave, dangereusement démente. Tears for fear raisonne, le leader chante inébranlable sa balade. Sowing the seeds of love, seeds of love…Sowing the seeds of love.