Les rares nouvelles d'Em

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Em
..................................................Nouvelles.

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____La naissance d'une Gargouille;;

En haut de ma cathédrale je regarde le monde à mes pieds. Que les humains peuvent paraître petits… Quand ils viennent visiter cette cathédrale et arrivent près de moi je les vois toujours reculer un instant, quand même, sous la peur. Peur ? Pourquoi les gens ont ils toujours peur de ce qu'ils ne connaissent pas ? Pourtant je ne suis pas si effrayante que cela... Et puis, je suis en pierre la journée alors que pourrais-je bien leur faire?? Ont-ils déjà remarqué que la gargouille qu'ils admirent disparaît la nuit ?? Non je ne pense pas car la nuit fait peur aussi aux gens. Mais qu'est ce qui ne leur fait pas peur ? Étais-je comme cela quand j'étais une humaine ? Oui j'ai été une humaine...Mon nom ? Je ne m'en souviens plus depuis des années... Ma vie ? Je ne m'en rappelle plus vraiment et je sais que je perdrais toute ma mémoire d'ici quelques années quand ma forme de pierre aura fini d'effacer toute ma mémoire. Ma vie... Ma famille... Je sais que j'ai eu tout ça à une période de ma vie mais je n'ai plus rien maintenant. Comment ? Ça je m'en rappelle...

La nuit arrive et avec elle le peu de vie que j'ai. Je sens la lune éclairer ma silhouette et doucement une agréable chaleur envahit tous mes membres.... Je sens une vague de chaleur passer de mes reins a ma nuque avant que mes yeux ne s'ouvrent... Je respire avec bonheur l'air de la nuit avant de me relever doucement. J'étire mes ailes poussant un long grognement de contentement qui se propage dans l'air à des kilomètres à la ronde. Mes yeux blancs se posent sur mon monde, celui de la nuit... Il n'y a personne autour de moi et je saute de mon promontoire pour pouvoir voler un peu. Ce sentiment de liberté... Je comprends pourquoi le plus grand rêve de l'homme a toujours été de savoir voler... On ne peut imaginer ce sentiment si... Particulier qui existe quand on vole... Ce sentiment d'abandon... Je tourne autour de ma cathédrale avant d'aller chasser un peu dans la foret aux alentours. Que mange-je une gargouille ? Des animaux... Il ne faut pas croire toutes les légendes qu'on peut lire sur ses créatures de la nuit, nous ne sommes pas obligés de manger des humains ! Nous sommes carnivores comme un animal mais chacun choisit ce qu'il désire manger... Je regarde l'ombre de ma silhouette au sol mais cela ne m'impressionne plus comme dans mes premiers vols. Je suis tellement imposante.... Étais-je comme cela quand j'étais une humaine? Non je ne m'en souviens pas.... Quand j'étais humaine....

....

Je suis née dans un petit village d'Angleterre... Je crois me rappeler que j'ai été aimé par mes parents qui étaient bons et généreux mais je ne me rappelle pas de leur visage... Seule leur odeur reste comme ci on ne pouvait complètement oublier. Je me revois à 18 ans, tard le soir, toujours plongée dans les livres de la bibliothèque personnelle de mon père... La magie a toujours été ma passion... Enfin elle l'était car je l'ai côtoyé de bien trop près pour avoir envie de nouveau de m'y intéresser... Je me rappelle de l'odeur des livres que je lisais... Des vieux livres qui étaient tellement âgés qu'on avait peur de les abimer quand on les lisait... Je me rappelle aussi d'une odeur... Une odeur de miel... Une odeur qui me donne toujours autant de tristesse quand j'y pense... L'odeur de l'homme que j'aimais et pourtant que je n'avais pas le droit d'aimer... Non non il n'était pas d'une classe différente de moi ou autre... Enfin je ne m'en rappelle pas mais je sais que ce n'était pas ça... C'était un prêtre... La religion était très importante a cette époque et je me rappelle encore les heures que je pouvais passer au confessionnal pour parler à Dieu mais surtout avec lui car tout le monde sait que Dieu ne parle qu'à certaines personnes en qui il a confiance pour transmettre sa parole. Et je croyais en sa parole, j'y aies toujours cru. Pauvre idiote que je suis... Petite blonde sans cervelle et aujourd'hui je suis une statue de pierre qui protège sa cathédrale des impures... Solitaire et monstrueuse Créature.... Mais j'ai été humaine. Pourquoi aies je autant de mal à m'en souvenir ? Pourquoi aies je autant oublié tout ce qui avait fait de ma vie une douce et agréable vie ? Pourquoi est ce que je me rapelle que de la douleur de ma transformation et de ma trahison ?

J'ai tout abandonné, tout perdu pour lui... Tout laisser en plan pour cet homme qui ne pouvait m'aimer et qui pourtant me promettait de me garder toujours auprès de lui et de l'amour de Dieu. J'y aies cru, je suis partie, j'ai tout laissé derrière moi en prenant un petit sac pensant que j'en aurais encore besoin. Mais non... Je n'ai jamais eut rien besoin d'autre que mes yeux pour pleurer et mon cœur pour souffrir et mes souvenirs pour me rappeler ses moments douloureux. Certes je ne l'ai jamais quitté, je n'ai jamais RIEN quitté en fait... J'aimais la magie, lui aussi... Dieu lui avait donné des pouvoirs ? Peut être... Je ne m'en souviens plus... Je ne me souviens que de cette odeur de craie alors que je reprenais connaissance dans l'église, dans une pièce que je ne connaissais pas. La craie ? Oui le pentacle qui était autour de moi et cette voix sortit des ténèbres. J'ai pensé au diable au début. J'ai pensé à tout ce que j'avais pu faire de mal pour être une pécheresse avant de comprendre que je n'étais qu'un jouet... Un jouet au milieu d'un essai de magie noire. Rien de plus... Rien de moins... Je n'étais pas une jeune fille aimée... Je n'étais pas une jeune fille qui avait quitté sa famille pour trouver l'amour... Je n'étais qu'une idiote qui se retrouvait soudainement au milieu d'un endroit froid à trembler, à pleurer, à appeler ses parents pour qu'ils viennent la sauver alors que des lumières m'entouraient de toutes parts et que mon corps se déchirait dans d'atroces souffrances. Non je n'ai pas été forte, non je n'ai pas su me taire et j'ai hurlé... Hurlé....

Et je me suis réveillée des heures plus tard, à la tombée de la nuit, en équilibre sur une des tours de la cathédrale en train de regarder ma ville. Mon âme était partie... Mon humanité était morte... Si mon corps était encore celui d'une femme, les ailes, les griffes, les cornes qui étaient sur ma tête ne me donnait plus rien d'humain... Je n'étais plus qu'une bête avec quelques consignes écrites dans ma peau et mes yeux blancs n'ont jamais pu posé le même regard sur ce qui m'entourait... J'étais... autre chose...

____Si doux mais fragile Humain;;

Une rose. Une rose blanche oubliée sur le rebord de ma pierre. Étrange... Il est rare que des personnes puissent monter jusqu'en haut de cette cathédrale et pourtant une rose se trouve près de moi. Je n'y accorde que peu d'importance. J'ai d'autres choses à penser.

Mon prêtre est mort depuis le temps mais moi rien ne m'a ôté ma solitude. A sa mort j'ai commencé à parcourir le pays. Je ne peux vivre loin d'une église comme cela me donne l'impression d'être étrangement chez moi mais j'ai besoin de voir d'autres lieux, d'autres pays. Cela ne change rien à mon regard éternellement triste que je porte depuis ma "mort" mais cela me permet de faire passer ses si longues années de vie. Je ne me souviens plus de rien. Rien du tout. Quelques odeurs et c'est tout. Je suis là pour protéger les églises des attaques du temps et des impures et c'est ce que je fais. J'apparais aux prêtres qui semblent oublier leurs si belles battisses et ils me prennent pour une apparition et me chérissent quand je reste leur gargouille... Je tue ceux qui s'amusant à bafouer la parole de Dieu en son sein. Le sang me plait... Certes je mange des animaux en priorités mais les humains ont l'avantage d'être plus marrants à traquer et puis je n'ai pas le droit d'épargner ceux qui parjurent. On ne vole pas dans une église, on ne blasphème pas. La parole de Dieu a le droit de ne pas être écoutée mais pas en son sein. Jamais. Personne ne se pose jamais de questions quand un homme disparait. Ils sont trop nombreux et qui iraient incriminer une gargouille ? Le nature humaine est trop faible. J'ai bien le droit de le penser je ne l'ai jamais été... Ou si... Je ne me souviens plus.... Ainsi je continue ma vie et maintenant je suis en Amérique sur une magnifique cathédrale. D'autres gargouilles s'y trouvent déjà mais aucune ne sont comme moi. Je suis unique ou alors les autres voyagent autant que moi et nous ne nous sommes jamais vus. A vrai dire je m'en fous. Je ne recherche pas d'autres créatures comme moi. J'ai une tâche qui m'a fait oublié pourquoi je suis comme ça... C'est tout....

Mais une rose blanche encore.. Et encore... Et encore...

Et puis une nuit je m'éveille... Je déploies mes ailes longuement tout en étirant mes bras avant qu'une odeur ne me parvienne au nez. Une odeur de vanille... Ou de Miel... Mon regard blanc se pose alors sur un humain qui se trouve à mes côtés. Je le sens... Je sais qu'il est là. Je sens la peur qui s'infiltre dans la moindre parcelle de son corps alors qu'il me regarde tout raide. Il ressemble à une statue et pourtant... Pourtant c'est moi qui suis faite de pierre. Dans sa main se trouve une rose blanche... Pourquoi vient il ici ? Je reste silencieuse. Est ce que je sais seulement encore parler !? Il s'approche. Je me recule. Je n'ai rien contre cet homme, il n'a rien bafoué et il n'a pas à voir mon existence. Je finis par m'envoler. " Attends ! " J'entends les paroles mais je disparais tout de même... Je n'ai rien à lui dire. A rester ici il risque juste d'attiser mon envie de manger un humain. Rien de plus. Mais les nuits passent. A chaque réveil cet odeur de Miel qui m'attriste autant qu'elle m'attire et il est là, à mes côtés, de plus en plus près, pensant que le fait que je ne lui fasse pas de mal veut dire que je ne lui en ferais jamais. Réflexion erronée d'humain. Il ne sait pas ce qu'il fait et je n'ai rien à lui dire. Je ne le peux pas. Mais sa présence finie par m'obséder. Cette odeur de miel fait soudainement remonter de vieux sentiments en moi. Des sentiments d'amour, de désir comme de haine et de mort ! Je ne sais pas quoi penser, je ne me souviens de rien à part ses sentiments si humains qui soudainement traversent ma poitrine sans que je puisse comprendre. Cela énerve la bête que je suis devenue. Cela attise sa curiosité.

Je cède...

Une nuit je me réveille et l'odeur est trop fort. Il est près de moi, appuyé contre mon dos, a moitié endormi car il a totalement confiance maintenant. Je me retourne soudainement aussi il tombe et cela le réveille. Mon regard blanc est posé sur lui alors qu'il se redresse et je commence a tourner autour de lui, étirant mes ailes sans le quitter du regard. Pourquoi sentit il le miel ? Pourquoi ai je envie qu'il me regarde alors que je vais envie de le tuer aussi. Pourquoi me regarde t'il ainsi ? Que veut il !? Je le pousse mais, étant puissante, mon léger coup le propulse à terre. Je m'agenouille à mon tour et je m'approche de lui a quatre pattes avant d'aller renifler son odeur de plus près. Mes yeux se ferment... Je me sens bien... J'aime cet odeur... Elle est douce... Elle semble me rappeler quelque chose que j'ai perdu... Elle est attirante... L'humain ne semble pas dérangé par cette étrange proximité. Au contraire... Surement l'attrait d'une nouvelle expérience. A vrai dire je ne sais pas ce qu'il veut, ce qu'il espère mais moi j'aime son odeur. Et je profite de ce sentiment que je n'ai plus ressenti depuis bien longtemps pour assouvir une envie qui, pour une fois, donne autant envie aux humains qu'aux bêtes et qui s'assouvit de la même façon. Mais cette odeur. Alors que les minutes défilent, que mes lèvres apprécient la douceur d'un corps humain je me souviens. Doucement... Cette odeur.... Cette envie.... Cet amour.... Cette trahison...

J'ouvre les yeux quelques heures plus tard alors que la lune commence a se coucher. J'ai dormi ? J'ai réellement dormi ? Je ne peux pas dormir alors que je suis une gargouille. Je suis allongée contre quelque chose... qui colle... Pourquoi cela colle. Je lève une de mes mains et je m'aperçois que j'ai du sang sur mes griffes. Cet odeur... L'odeur de Miel a disparu.. Mais cette odeur si acre de sang je la connais et pourtant... Soudainement je me souviens et je me redresse pour regarder un corps inerte... mort... en sang sous moi... Je l'ai tué. Aucun sentiment ne passe sur mon visage alors que je lèche mes doigts par habitude. Je l'ai tué. Cette envie, cet amour mais aussi cette haine. Je suis passée par tous les stades de sentiments que j'ai ressenti en tant qu'humaine et j'ai fini par faire ce que j'ai toujours désiré vouloir faire : tuer mon prêtre et je l'ai tué. Par l'intermédiaire de cet homme. Je l'ai découvert, je l'ai aimé et je l'ai tué. Et, à la fin, il gagne encore car je suis toute seule... Définitivement seule. Je cède, il gagne... Toujours... Le soleil arrive enfin et je me fige, face a cet humain mort.

L'homme d'église a surement découvert cela car la nuit suivante il n'y a plus rien et je n'entends parler de rien cependant je me sens différente et je découvre que je suis enceinte. Pas besoin de médecin ou autre je suis une bête, je ressens ce genre de choses. Je ne cherche pas a trouver des raisons a cela. Je ne me pose pas de questions. Est ce qu'un loup se demande s'il va garder son louveteau ? Non. Pour moi c'est pareil et je laisse faire les mois en me nourrissant plus jusqu'à ce que le jour J arrive et que je mette au monde une... humaine. Un... corps humain. La prenant pas les pieds je la regarde mais elle n'a pas d'aile, elle n'a pas de corne... Dégoutée je la jette plus loin avant de voir le curé la récupérer dans ses bras. Un regard échangé. Elle n'est pas ma fille, elle est humaine, j'en veux pas...

Déployant mes ailes je m'en vais, je dois aller manger. Ce qu'il fera de l'humaine ? Pour l'instant je m'en moque.

Emilie Raùl

SIGNALEMENT · Sujet: Re: Les rares nouvelles d'Em 21/6/2010, 16:53

Waou! C'est à la fois très poétique et très torturée comme histoire... j'adore!

NB à la fin quand elle décrit son enfant, tu as écrit elle n'a pas d'elle au lieu de elle n'a pas d'ailes.

Invité

Oui j'aime bien les histoires très compliquées >.>

SIGNALEMENT · Sujet: Re: Les rares nouvelles d'Em 21/6/2010, 17:39

C'est plus sombre que compliqué à vrai dire, même très sombre, inéluctable je dirais.

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