Betty Andersen

Feat Manuela Lazic

PRELUDE

DATE & LIEU DE NAISSANCE 3 janvier 1995 à Alexandria (Louisiane) ; NATIONALITE américaine (USA) ; CAMP neutre ; ETAT CIVIL célibataire ; LIEU D'HABITATION Galloway Boulevard ; METIER détective privée débutante ; CLASSE SOCIALE plutôt pauvre ; ETIQUETTE Betty suppose qu’elle n’a pas encore de réputation bien définie à Shreveport. Elle connaît peu de personnes si ce n’est par l’entremise de son job.

Traits de caractères
« Je me définirais comme étant une personne exquise que l’on ne sait apprécier à sa juste valeur. En tout modestie, évidemment. D’ailleurs, mes prolétaires de parents n’ont jamais compris comment ils avaient pu engendrer un être à la personnalité aussi admirable. Mon père conçoit une sainte adoration à mon égard tandis que ma mère me déteste cordialement. Elle n’a eu de cesse de cracher son venin, tentant de corrompre mon père à longueur de temps afin qu’il remarque ô combien j’étais une vilaine garce, hautaine et manipulatrice, mielleuse avec lui et odieuse avec elle. C’était elle la garce, ma jalouse de mère. Toutefois, je dois bien lui concéder que je manipulais mon père avec tant d’aisance et d’effronterie au vu et au su de tous que c’en était réellement plaisant. Ma mère enrageait et mon père ne s’apercevait de rien.

J’y pris rapidement goût. Ce n’était pas compliqué d’obtenir ce que je voulais avec lui, et je découvris un peu plus tard -en particulier lorsque mon corps mûrit- qu’il en allait souvent de même avec mes petits camarades de classe, et plus généralement avec la gent masculine.

Ce fut d’abord une source d’amusement inépuisable, puis je compris rapidement que ce serait une force. Une force grâce à laquelle je sortirai de la pauvreté dans laquelle se complaisaient mes géniteurs. J’étais de toute façon prête à mettre le peu de moralité qui me restait sous le tapis, tant que cela me permettait de sortir de la médiocrité dans laquelle on m’obligeait à vivre.

A la fin de mon cursus scolaire, je sus me montrer persuasive auprès de mon professeur de droit, et obtins de lui qu’il me recommande dans la petite agence privée d’investigations ‘‘Eye Witness’’, à Shreveport. C’est ainsi que je commençai ma vie indépendamment de mes parents, seule dans un monde barbare, mais suffisamment sûre de moi pour ne pas avoir peur. »


Occupations nocturnes et diurnes
« La nuit, souvent, je dors. Parfois, on m’appelle pour une filature. Quant à la journée, parfois je dors. Souvent, je suis en filature. Je gagne mal ma vie et je travaille beaucoup. C’est ça la pauvreté. Le patron m’exploite et mon salaire me permet à peine de survivre, ne parlons pas de mes loisirs.

Toutefois, il m’arrive d’apprécier ce job pourtant bien ingrat, qui a l’avantage d’être quelques fois passionnant et de susciter d’intéressantes rencontres. Nous travaillons pour des clients en tous genres, de toutes classes, de toutes races. J’effectue des recherches sur des cas sociaux autant que sur de riches propriétaires, qui ne se méfient -presque- jamais de moi lorsque je pose des questions. J’ai l’avantage de ne pas avoir le physique de l’emploi : je suis jeune, j’ai la bouille angélique et le verbe facile. Je fais bien mon travail. Mieux que bien. Pourquoi ? Parce que ce job, c’est ma couverture pour un jour accéder aux hautes sphères de la société. Je ne recule devant aucune tâche ardue, pourvu qu’elle serve mes intérêts.

Je commence à partir de rien, et un jour je possèderai tout. »


Goûts
« Le peu d’argent que je possède me permet parfois d’aller à un concert pour écouter du Chopin, du Beethoven ou du Wagner. Je finis presque toujours par m’endormir avant la fin du concert, bien que j’adore la musique classique. J’aimerais apprendre à jouer du piano ou du violon, mais ne rêvons pas. Ce sont des instruments de riches, jamais je n’aurais les moyens de me payer un instrument, et encore moins les cours qui vont avec. Je me contente donc d’apprécier ce que j’entends.
Je n’aime pas grand-chose d’autre, si ce n’est la richesse et le luxe qui m’attirent comme une pie. »


Convictions
« La Révélation. Comme tout le monde (à Alexandria en tout cas), j’ai d’abord été surprise, puis fascinée. Comme lorsqu’on lit pour la première fois un livre sur les vampires, ou toute autre créature surnaturelle, sauf que là, c’était réel. Ensuite, évidemment, vient la réaction de rejet à cause de la peur de la différence. Et enfin, puisque le phénomène semble s’éterniser, on s’habitue.

A présent, ce n’est pas plus mal que toutes ces étranges créatures existent, ainsi je ne m’ennuie pas beaucoup au travail. Certes, ce doit être plus risqué que lorsque le métier de détective privé consistait à photographier un homme en train de tromper sa femme, mais ce doit être aussi plus amusant. En fait, je ne sais pas. Je n’ai jamais vraiment eu l’occasion de côtoyer ces créatures en personne (enfin, je crois). Peut-être qu’un vampire, un lycanthrope ou un sorcier c’est tout aussi ennuyant qu’un être humain. Après tout, ils doivent bien tromper leur femme eux-aussi. Ont-ils le droit de se marier d’ailleurs ? Le désirent-ils ?

Vous voyez ? La Révélation n’a pas changé grand-chose dans ma petite vie. »


Signes particuliers
« Je n’ai ni tatouage, ni piercing. C’est un signe particulier comme un autre. »

• 3 janvier 1995, à Alexandria (Louisiane) : naissance de Betty Andersen
• 15 septembre 2012, à Alexandria (Louisiane) : première année de Betty en faculté de droit. Elle valide sa première année puis décide d’arrêter ses études pour trouver un travail.
• 21 juin 2013, à Shreveport (Louisiane) : Betty est embauchée par l’agence d’investigation « Eye Witness » sur recommandation de son professeur de droit administratif.
• 25 juin 2013, à Shreveport (Louisiane) : une première affaire est confiée à Betty, elle doit prouver l’infidélité de la femme d’un client.
• 22 décembre 2013, à Shreveport (Louisiane) : on confie à Betty sa première grosse enquête, une affaire de blanchiment d’argent  et de détournement de fonds.
• Par la suite, pas de grosses affaires en vue, Betty continue d’enquêter sur des histoires d’adultère, des conflits entre humains et créatures surnaturelles, etc.

Je consultai machinalement la pendule du hall de l’appartement miteux dans lequel je faisais pour la première fois l’expérience de la vie en solitaire, tout en me disant qu’à force de travailler dur, je finirais bien un jour par avoir ma place au soleil.

Vingt heures cinq. A cette heure-ci, ma journée aurait dû être terminée. Malheureusement pour moi, la secrétaire de mon patron -Mr. Squibb- venait de m’appeler pour une urgence. J’enfilai ma vieille parka en chemin, hélai un taxi avant de me rendre compte que j’avais oublié mon sac contenant appareil photo et autres instruments utiles pour travailler sur la commode de l’entrée. Je poussai un juron indigne d’une jeune fille et fit demi-tour.

C’est hors d’haleine et en sueur que je me présentai devant Mr. Squibb, tandis que sa secrétaire m’adressait au passage un sourire goguenard. Je lui retournai un regard furieux et claquai la porte derrière moi, ce qui fit sursauter Mr. Squibb, dont la trace de stylo sur la joue ne laissait aucun doute sur l’activité qu’il pratiquait avant mon arrivée. Je sentis un fou rire nerveux s’emparer de moi et le repoussai à grand peine au fond de ma gorge.

« - Mademoiselle Andersen. fit Squibb en guise de bonjour, les sourcils froncés.
- Bonjour Monsieur Squibb.
- Je serai bref, pas la peine de vous assoir, vous repartez illico. Et si vous n’avez rien à me rapporter avant la fin de la nuit, vous partirez définitivement. Donc, écoutez-moi bien. »

Le ton était donné, le patron n’avait pas l’air très content (euphémisme) de mon travail.
Il m’avait en effet confié il y a une semaine une « petite enquête de routine » sur un employé de banque -un certain Mickael Sanders- soupçonné d’avoir profité grassement de la bulle immobilière à l’origine de la crise des subprimes en 2007. J’avais commencé mon investigation bille en tête, épluchant ses factures téléphoniques, ses relevés bancaires et allant même jusqu’à me faire passer pour une cliente malhonnête cherchant à placer une grosse somme d’argent sur un compte aux îles Caïman, mais tout ça sans succès. Ce Mickael Sanders n’était sans doute pas un débutant et, ne tenant pas à s’attirer d’ennuis pour quelqu’un qu’il ne connaissait pas, il avait écourté le rendez-vous en m’expliquant que ce n’était pas le genre de la maison.

Je pataugeais dans une enquête qui ne donnait rien, et pour laquelle je ne me sentais pas qualifiée. J’avais donc passé les jours suivants à la bibliothèque de Shreveport, parcourant les revues économiques américaines et internationales afin de me sentir plus à l’aise dans mon enquête.

« - Notre client nous a fait parvenir une information de première main : ce soir, Mickael Sanders semble avoir un rendez-vous particulièrement important avec un dénommé Erik Oskarsson. »

Après une courte pause durant laquelle régna un silence pesant, Squibb ajouta :

« - C’est une information que j’aurais dû apprendre de votre bouche, Andersen, si vous aviez correctement fait votre boulot. Je vous laisse une dernière chance. Vous allez suivre Sanders depuis son domicile et me ramener quelque chose qui fera avancer l’enquête. »

Je me hâtai de partir, me rendant pour la première fois au domicile de Sanders. Quelle ne fut pas ma surprise de constater que le modeste employé de banque vivait dans une immense villa moderne, parsemée de baies vitrées et dotée d’un garage devant lequel trônait une magnifique Jaguar noire. Je me demandai distraitement comment il avait pu se payer ces merveilles avant de comprendre que c’est par ça que j’aurais dû commencer.
Ce n’était sûrement pas à la banque que Mickael Sanders arrangeait ses petites affaires ; bien que travailler dans ce domaine lui ait sûrement ouvert beaucoup de portes cachées. Une deuxième voiture pénétra dans la cour et se gara juste derrière la Jaguar. J’attendis quelques minutes avant de faire le tour de la demeure.

Par chance, les deux hommes s’étaient installés dans le salon dont la fenêtre était restée ouverte. Sans doute n’avaient-ils pas de quoi se méfier ici. J’entendis d’ailleurs des babillements d’enfants provenant de l’étage. Je m’installai sous la fenêtre et branchai mon magnétophone. Les deux hommes ne parlaient pas très forts, mais ce serait tout de même suffisant.

« - Alors, de quoi vouliez-vous me parler, Mr. Sanders ? (la fumée de leurs cigares s’échappait par la fenêtre, il ne fallait pas que je trahisse ma présence en toussant)
- Comme vous le savez, je dispose d’une grosse somme d’argent, cinquante-cinq millions de dollars pour être exacts. Ces fonds se trouvent actuellement sur l’une des îles Vierges britanniques -Virgin Gorda, un paradis fiscal. Je peux vous prêter cet argent par le biais de la Banque des Citoyens de la Louisiane à des taux vraiment compétitifs et ouvrir un compte dont vous seul aurait connaissance. Ainsi, vous pourriez acheter des produits bancaires à taux garanti tels que des bons du Trésor islandais par exemple. »

Il y eut une pause durant laquelle je repensai à ce que j’avais lu à la bibliothèque sur la bulle spéculative et les taux d’intérêt qu’offraient les banques islandaises. J’avais appris que leurs taux d’intérêt étaient nettement plus avantageux que partout dans le monde, mais bien évidemment, tout ceci était strictement réglementé. Il semblait toutefois toujours y avoir des petits malins pour en profiter et s’en mettre plein les poches sur le dos du contribuable.

« - Mais qu’est-ce que cela vous rapporte à vous ? fit le dénommé Oskarsson.
- Les intérêts me seraient reversés, évidemment.
- Quelle est la provenance de cet argent, Mr. Sanders ?
- Peu importe, sourit-il.
- En résumé, ce qui vous intéresse, c’est de vous enrichir en profitant des taux islandais ?
- Exact, et vous vous enrichissez aussi. Tout le monde y gagne. »

La conversation dévia ensuite sur quelques banalités et je m’en allai avant Oskarsson afin de remettre l’enregistrement à mon patron. En chemin, je m’interrogeai sur cette colossale somme d’argent qu’Oskarsson se chargerait de blanchir pour Sanders.

Je gardai mon travail et obtins même quelques félicitations. Je continuai mon investigation mais l’affaire, qui semblait prendre beaucoup trop d’ampleur pour rester entre les mains d’une agence de détectives privés, fut remise à la police qui fit tout pour ne pas que cela s’ébruite. Je finis néanmoins par apprendre avec horreur que ces cinquante-cinq millions de dollars provenaient du trafic de sang vampire et … de l’exploitation de créatures surnaturelles (esclavagisme sexuel et pornographie).  

Pendant une semaine je me pris à méditer sur le sens de la vie, dans un accès de moralisme malvenu,  puis je finis par ranger tout ça dans un coin de ma tête. Il fallait que la vie continue, que je ne me laisse pas distraire par les problèmes des autres et que je trace mon propre chemin jusqu’à la (bonne) fortune. Et j’avais besoin d’argent.