Traits de caractères
Elevé dans un milieu aisé du XIXe siècle, Meynard a toujours eu une haute estime de lui-même et de ses origines, d’autant qu’il était l’unique héritier masculin de la famille Wallace. Tous les espoirs de son père reposaient sur ses épaules ce qui n’était pas peu flatteur, bien qu’incroyablement angoissant pour le jeune homme qu’il était. Et puis cette mère qui ne pouvait s’empêcher de préféré son premier fils d’un premier mariage. La jalousie pour gagner l’amour maternelle a toujours habitée Meynard et ce sentiment est en partie responsable de sa rivalité avec sa grande-sœur, Gloria. A l’époque, la famille Wallace possédait plusieurs esclaves ce qui n’arrangea pas le sentiment de supériorité qui grandissait en lui à mesure que son pouvoir et ses responsabilités sur le domaine devenaient de plus en plus concrètes. Il fut un enfant capricieux et colérique à qui il était difficile de refuser quelque chose. Un peu hautain et susceptible, Meynard avait l’habitude de prendre tout le monde de haut, semblant estimer que n’importe qui ne pouvait pas s’adresser à lui. Il n’est pas rare d’éprouver de l’agacement envers le jeune vampire, surtout qu’il n’est plus rien au jour d’aujourd’hui.
Une fois transformé, son sale caractère s’est accentué et son désir de jouir de la vie encore plus. Meynard est le cliché parfait du jeune vampire qui découvre des pouvoirs bien trop puissants pour ses faibles compétences. Une chance que l’histoire se soit chargée de le neutraliser pendant cent trente-neuf ans. Mais à présent qu’il est bel et bien réveillé de son profond sommeil, sa rage et son amertume se sont décuplés. Il reste facilement contrôlable par ses supérieurs compte tenu de sa faiblesse de sang, mais tout ce temps passé dans un cercueil a fait naître en lui un véritable sentiment d’injustice. Meynard estime avoir été floué et privé d’une immortalité à laquelle il avait droit et le fait que sa sœur ait pu en profiter n’arrange rien à sa rancœur. Son objectif principale et d’enfin pouvoir vivre sa nouvelle vie sans se laisser marcher sur les pieds ; quand bien même il respecte l’autorité de ses aînés suceurs de sang.

Occupation nocturne
Les nuits sont courtes dans le sud des Etats-Unis et encore plus pour Meynard Wallace qui se voit obligé de travailler au Guilty Pleasure pour gagner sa croûte et rester sous la surveillance de ses supérieurs hiérarchique. Mais bon, un deal est un deal et accepter ce poste de strip-teaser était la seule façon de ne pas être tout simplement nettoyé de la surface de la carte. Et puis de toute manière, réveillé depuis seulement quelques mois, trois tout au plus, Meynard n’a pas particulièrement d’ami ou de connaissance à fréquenter. Il pourrait visiter Shreveport, ce qu’il ne manque pas de faire durant ses nuits de congé, mais le principal travail du jeune vampire reste d’apprendre à dominer la bête endormie en lui depuis toutes ces années. Ajouter à cela qu’il doit se familiariser avec cette nouvelle époque qu’est le 21e siècle avec toutes ces technologies, ces voitures, ces « téléphones »… Bref de quoi occuper le pénible enfant capricieux qu’il est pendant encore quelques temps, même s’il apprend particulièrement vite du fait de sa condition de vampire.

Manies, habitudes & goûts
Une chose est sûre, Meynard a toujours détesté respecter les règles de son vivant, s’arrangeant toujours pour les tourner à son avantage. D’ailleurs le simple fait de devoir rendre des comptes à l’autorité vampirique en travaillant comme strip-teaser au Guilty Pleasure l’agace profondément. Mais faute de choix, il se plie malgré lui aux ordres de ses supérieurs. Par conséquent, le jeune vampire déteste danser à moitié nu sur scène, trouvant ce rôle trop avilissant pour la personne qu’il était dans le passé. Inutile de préciser qu’il déteste aussi rendre des services ; il est plutôt le genre à attendre qu’on lui en rende.
Etant donné qu’il souhaite profiter de son nouveau statut de vampire et rattraper le temps perdu dans un cercueil miteux, Meynard sort fréquemment dans les bars réservés aux êtres de la nuit. On dirait un enfant ayant découvert le code de carte bleu de ses parents. Tout ce qui s’apparente à l’excès et la luxure l’attire. Son pêcher mignon reste de trouver un ou une mordu suffisamment appétissant à qui subtiliser quelques gouttes de sang (de préférence, jamais le/la même). On dirait que Meynard ne connait tout simplement pas l’autocensure et le mot « raisonnable ».
Sa vanité pousse aussi très fréquemment le fils Wallace à se regarder dans la moindre glace ou vitre qui se présente à lui. Sans arrêt en train de se recoiffer ou de réajuster sa tenue, il met un point d’honneur à apparaître sous son meilleur jour, et ça se voit. Son seul point faible reste la voûte étoilé qu’il ne peut s’empêcher d’admirer dès qu’il met le nez dehors. Dans ces moments là, Meynard laisse apercevoir la facette la plus douce de son insupportable personnalité. Il reste là, silencieux, le regard levé comme si plus rien ne pouvait l’extirper de sa contemplation.

Discipline
En ayant vécu seulement quatorze ans en tant que vampire avant d’être neutralisé par sa mère, Meynard n’a eu que très peu de temps pour développer ses nouveaux pouvoirs. En effet, en plus des habituelles capacités vampiriques, Meynard possède le don de percevoir l’aura des personnes ou créatures autour de lui. Cela dépasse n’importe qu’elle barrière matérielle. Depuis qu’il s’est réveillé sous sa nouvelle forme, le jeune homme perçoit une sorte de couleur entourant les individus qui trahit leur appartenance à une espèce surnaturelle ou non. Il lui arrive même de pouvoir distinguer une personne plus mauvaise qu’une autre. Mais ce pouvoir reste bien sûr à décupler car après être resté cent trente-neuf ans dans un profond sommeil, ses capacités sont plus que rouillées.
Si Meynard à développé ce don étrange qui n’est pas commun à tous les vampires, c’est certainement grâce à sa lucidité concernant l’âme humaine du temps de son vivant. Car oui, pour pouvoir manipuler son monde comme il l’entendait, Meynard savait parfaitement lire en ses interlocuteurs afin de leur extorquer ce qu’il désirait. Depuis qu’il est un être de la nuit, rongé par la cupidité et l’amertume, le jeune homme n’est plus capable d’une telle compréhension des autres, mais son savoir subsiste à travers ce mystérieux don. Ce n’est pas pour autant qu’il l’utilise convenablement, préférant s’abreuver au coup d’innocentes victimes (en tout cas tel était le cas en 1870).

Convictions
Meynard n’a que très peu connu en tant que vampire l’époque précèdent la révélation. Sa vie vampirique n’en est donc que peu affectée. A son réveil, en découvrant la nouvelle visibilité du monde sur les créatures surnaturelles et les nouvelles règles qui en ont découlées, Meynard s’est offusqué qu’une telle chose ait pu avoir lieu. Mais à force de vivre et de côtoyer les humains de manière plus libérée, en n’ayant pas à cacher sa nature maléfique, le descendant Wallace commence à apprécier cette situation. Certes il a encore du mal à accepter de ne pas pouvoir tuer des humains à sa guise ou de devoir être recensé par les autorités vampiriques, mais il sait aussi que sans ces compromis il n’aurait peut-être jamais pu revoir la lumière de la lune. Car il n’oublie pas que c’est grâce à la révélation que Gloria est revenue en Louisiane et qu’elle a donc pu le sortir de son profond et long sommeil. Tout est question de point de vue.

Signes particuliers
Compte tenu de son grand âge ou tout du moins de son époque natale, Meynard a une attitude relativement démodée, voire carrément ringarde. Mais ne vous avisez pas de le lui faire remarquer, il risquerait de le prendre très mal. Il s’est pourtant très vite fait aux vêtements modernes, notamment grâce à sa sœur qui s’est chargée de le remettre au goût du jour (pas étonnant pour un mannequin). Seulement, Meynard débarque dans un monde avec une nouvelle culture et une société complètement différente de celle qu’il a connue et ses références sont parfois surannées.
Un autre détail important est à noté concernant le physique du jeune homme. C’est une chose minuscule, une chose à laquelle personne ne prêterait attention en vérité, mais qui signifie beaucoup quant aux origines de Meynard. En effet, il possède sous le torse une petite tâche de naissance. Rien d’extraordinaire bien sûr mais il s’agit en réalité de ce que les croyants appelaient par le passé, le « troisième téton des sorcières ». Cette marque trahie l’ancienne appartenance de Meynard à la race des sorciers. Du fait de la gêne occasionnée par cette information, le vampire s’évertue à cacher cette tâche, bien que dans son travail ce ne soit pas chose facile. Une chance que les gens n’accordent plus d’importance aux vieilles croyances puritaines.

PERSONNAGE INVENTE, SCENARIO OU PV? Personnage Inventé ; PSEUDONYME Noe ; DERRIERE L'ECRAN Et bien je ne sais pas trop quoi dire si ce n'est que je suis un mordu des histoires de vampire (en particulier True Blood et les vampires d'Anne Rice). Je suis étudiant en psychologie et ça fait un moment que j'arpente le web sur des forums rpg. CODE DU REGLEMENT Et bien, il ne manque plus que le thème musicale de Dracula, Prince des ténèbres, et je crois qu'on pourra commencer. ; COMMENT NOUS AVEZ VOUS DECOUVERT? Par l'intermédiaire d'un top-site, mais je ne sais plus lequel XD ; AVIS GENERAL SUR LE FORUM Enfin un site avec un contexte prometteur. Je n'en ai pas vu beaucoup depuis je suis à la recherche d'un nouveau forum rpg! L'intrigue est intéressante et les possibilités de jeu sont très attrayantes. Le design ne gâcher rien non plus ; AVATAR UTILISE Francisco Lachowski

Carnet de route

Meynard tira le rideau du show-room et jeta un regard désabusé sur sa nouvelle cliente. Confortablement installée sur un des fauteuils en cuir noir elle ne le quittait pas des yeux. Elle n’était pas moche, voire carrément séduisante avec son décolleté plongeant, et ses longs cheveux bruns retombaient négligemment sur ses frêles épaules nues. Son aura d’un bleu pâle mettait en valeur le teint hâlé de sa peau ; une médium. Reprenant son professionnel, Meynard afficha un faux sourire qui dévoila ses canines pointues et commença à se déhancher au rythme de la musique de fond. Il retira d’abord sa veste d’une manière très suggestive et se rapprocha lentement de sa cliente. Là, il s’appuya sur les deux accoudoirs et entama un mouvement du bassin et de la tête. Mais la jeune femme attrapa la cravate qui pendait autour de son cou et approcha ses lèvres de son oreille.
- Je ne suis pas venue pour ça, chuchota-t-elle de sorte à être entendu ; chose parfaitement inutile quand on s’adressait à un vampire.
Meynard arrêta sa danse et fixa son regard noir dans celui de la brune. Elle lui adressa un sourire amusé et s’enfonça dans son fauteuil. Ses cheveux glissèrent sur son visage, laissant un parfum enivrant embaumer la pièce. L’excitation commença à gagner Meynard tandis qu’il observait la gorge chaude sous son nez.
- Et pas pour ça non plus.
- Alors pourquoi ? Rétorqua le vampire de plus en plus de mauvaise humeur.
- Racontes moi ton histoire. Je veux savoir comment tu es devenu vampire.  
Un peu surpris, Meynard se redressa et observa silencieusement la médium pendant quelques secondes. Pourquoi posait-elle cette question ? D’ordinaire tout ce que les femmes voulait savoir, c’était si la transformation avait effacé les cicatrices sur son corps, histoire de se rincer l’œil au passage. Des poches de sang obsédées par le sexe et prêtes à payer cher pour une nuit d’amour avec un être de la nuit au physique incroyablement avantageux. Curieux mais quelque part ravi de ne pas avoir à se prêter à cette mascarade du strip-tease, le vampire se laissa tomber sur le canapé aux côté de la brune et croisa les jambes, poussant un profond soupire suivie d’une longue inspiration (parfaitement superflus).
- Qu’est-ce que tu veux savoir exactement ?
- Et bien… quand et comment ça s’est passé. Est-ce que tu l’as décidé ou tu as été contraint ? J’ai de quoi payer pour ce spectacle privé. Je m’appelle Emy. Elle sortie de son minuscule sac à main une petite liasse de billets qu’elle lui tendit.
Meynard s’empara de l’argent et le glissa dans son pantalon, près d’une zone très convoité par la gente féminine. Il s’appuya sur l’accoudoir, prenant un air détaché et fixa ses iris sur le rideau noir qui lui faisait face.
- Tout à réellement commencé à la Nouvelle-Orléans, en 1861, quand j’avais tout juste dix-huit ans…

« La guerre de Sécession venait de commencer et mon père, Henry Wallace, et mon grand-frère, Ichabod Butler, avaient été réquisitionnés pour rejoindre l’armée des Confédérés. Ma mère, ma grande-sœur et moi étions restés au domaine pour entretenir les récoltes. Le plus gros des responsabilités m’étaient dévolues et je devais diriger les esclaves et m’assurer qu’ils ne se rebellent pas contre notre autorité. Stupide Lincoln, s’il n’avait pas déchiré l’Amérique en deux, je ne serais certainement pas mort ce soir là… A mon plus grand regret.
Ma mère était une sorcière, faisant de mes frères et sœurs et de moi-même, des sorciers. Seulement cette très chère Lucy Wallace refusait de nous apprendre quoi que ce soit au sujet de la magie. Elle estimait que ce n’était pas un art à transmettre, que nous étions trop jeunes pour apprendre à nous servir correctement de nos pouvoirs et que nous n’étions surtout pas dignes de posséder de tels pouvoirs. Le plus amusant est que j’ai été transformé en vampire le 31 octobre 1861 précisément, la nuit du Samain donc. Notre mère était sortie pratiquer quelques rituels sorciers pour apaiser les esprits et les guider vers le monde des morts, ou quelque chose comme ça. Gloria, ma sœur, se préparait pour dormir dans sa chambre à l’étage, et moi, je lisais un livre dans le petit bureau qui jouxtait la porte d’entrée. A l’extérieure, la nuit opaque masquait toute visibilité, excepté les lumières des feux allumés par les esclaves dans leur campement près des champs. Notre valet, Ridley, entra précipitamment dans la pièce, le front recouvert de sueur. Il était agité et me priait de venir le plus vite possible avec lui. « C’est affreux Monsieur, il faut que vous veniez voir au plus vite ! C’est une catastrophe ! » Brailla-t-il avant de disparaître dans le hall d’entré puis de sortir de la maison. Intrigué, je le suivi, craignant qu’un autre problème d’incendie criminel ne soit survenu sur nos terres.
Dehors, la température était encore agréable malgré la saison et l’heure tardive de la journée. C’est ainsi en Louisiane : nous ne souffrons du froid hivernal que très longtemps après le reste des autres états. J’avais perdu Ridley de vue, l’obscurité était trop grande pour que je le repère et je ne percevais aucune trace de lumière suspecte qui aurait pu trahir la présence d’un incendie. Je ne comprenais vraiment pas ce qui se passait et malgré mes appels incessants, notre esclave ne me répondait pas. Je commençai alors à faire le tour de la bâtisse à sa recherche. Et puis alors que j’approchai de la porte extérieure qui donnait sur les cuisines, j’entendis un bruit étrange, semblable à celui d’une ventouse ou d’une succion. L’angoisse me tiraillait l’estomac et je sentis le sang se figer dans mes veines quand j’aperçu une silhouette difforme d’où provenaient les sons. Un râle lugubre brisa le silence inhabituel. Même les grillons et les grenouilles avaient cessé leur chant nocturne. La silhouette se découpa en deux et ce qui ressemblait à un corps tomba lourdement sur le sol. Là je reconnu un homme qui se tenait debout devant moi et je cru voir du sang couler sur son menton. L’odeur du fer était puissante. En examinant du regard le corps allongé, je devinai le visage de Ridley, figé dans une expression de terreur.
« Qui êtes-vous ?! » Demandai-je à l’inconnu. Il suffit d’un clignement d’yeux pour qu’il se retrouve à mes côtés, son regard plongé dans le miens. Un sourire sadique déchirait son magnifique visage et des dents pointues rougies par le sang dépassaient de sa bouche. Je me sentis soudainement incapable de bouger et il me répondit d’un ton lent où perçait de l’amusement. « Un ami de votre mère » furent les derniers mots que j’entendis de mon vivant car j’eu à peine le temps de comprendre ce qu’il me disait que je sentis une douleur incommensurable se propager dans tout mon corps depuis la base de mon cou. Je poussai un cri tandis que mon énergie vitale quittait progressivement mon corps. Je ne me rappelle plus très bien ce qui s’est déroulé ensuite. Je crois qu’il me donna à boire quelque chose de chaud et d’écœurant, sûrement du sang, je cru que c’était le miens. Et puis plus rien, le noir complet… je venais de mourir.

« Quand je rouvris les yeux, plus rien n’était comme avant. J’étais enterré et de la terre encombrait ma bouche et mes narines, pourtant je n’étouffais pas. Les odeurs semblaient toutes intensifiées ainsi que les sons. J’entendais comme je ressentais des pas au-dessus de moi, à la surface. Des gens dansaient, ils étaient deux, un homme et une femme d’après leur façon de se déplacer et leur poids. Quoi que l’homme paraissait anormalement léger. Comment savais-je cela, je l’ignore. Tout ce qui m’importait à cet instant précis était la faim douloureuse qui me tiraillait l’estomac. Une soif irascible enflammait ma gorge. Je désirais du sang, immédiatement ; tout mon corps, tout mon être, n’existait plus que pour une seule raison : assouvir cette soif. Je m’empressai alors de creuser la terre au-dessus de moi, dégageant mes bras d’une force surhumaine. Plus je remontais, plus je sentais la surface approcher ; ma peau nouvellement sensible à la lumière comme s’il avait s’agit d’une eau bouillante que l’on versait sur mon épiderme. Je n’avais pas besoin de respirer, et la puissance qui m’animait me permis de sortir de terre en quelques secondes. Il faisait nuit.
Là, je vis un homme danser une valse avec une femme. C’était l’homme qui m’avait agressé. Il riait aux éclats, tandis que je lisais dans les yeux de l’inconnue une horreur sans nom. Son regard se tourna vers moi et elle poussa un hurlement à fendre l’âme. Malheureusement, j’avais perdu la mienne. Mon attention se porta presque instantanément sur sa gorge chaude, le noir olivâtre de sa peau, son odeur délicieuse. Jamais je n’avais ressenti une telle attraction pour une femme. J’avais pourtant goûté plus d’une fois aux plaisirs de la chair avec certaines de mes esclaves et quelques catins de la Nouvelle-Orléans, quand mon père m’y avait emmené. Mais cette fois-ci, c’était différent. Je ne désirais pas goûter aux plaisirs de la chair avec cette jeune femme. Son anatomie, bien que très séduisante, n’avait aucune importance à mes yeux. Tout ce qui comptait été le sang qui coulait dans ses veine. Mon assassin, mon sire, arrêta sa danse et se tourna lentement vers moi ; toujours ce même sourire sadique fiché sur les lèvres. Il me tandis la main, me présentant d’un infime mouvement de tête la jeune femme à ses côtés. Sans aucune retenue, je n’en étais pas même capable, je me précipitai hors de ma tombe et me jetai sur elle. Mon corps savait instinctivement ce qu’il fallait faire et je plantai mes dents dans sa gorge comme un couteau chauffé dans du beurre. Elle poussa un nouveau cri où se mêlait la douleur cette fois. Le goût du sang était délectable. Je me sentais comblé, comme si je récupérais une part de moi de laquelle j’avais été séparé depuis toujours. Au fur et à mesure que j’aspirais la vie de l’esclave, j’entendais son cœur battre, j’étais connecté à tout son être. Je pouvais sentir sa peur, sa peine, mais aussi son soulagement. Et elle mourut. Je laissai son corps inerte retomber négligemment et me tournai vers mon créateur. Il m’indiquait quelque chose derrière moi et je vis bientôt une rangé d’esclaves immobiles, les yeux rivés sur moi et sur ce que je venais de faire. Il les avait hypnotisés, leur intimant l’ordre de ne pas bouger. Je ne pris même pas la peine d’essuyer le sang qui coulait le long de mon menton jusque sur mon col sali par la terre, et me jetai sur une nouvelle victime. Ce fut un carnage.

Mon sire s’appelait Christian Dwight. Il était un ancien propriétaire terrien né en Angleterre en 1574 d’une union noble entre un lord et une française. Je me rappellerai toujours le châtain brillant de sa chevelure et de ses iris verts. Sa voix était aussi douce que le chant d’un oiseau et il parlait un anglais poétique d’une beauté époustouflante. Tout était merveilleux chez Christian, de son intellect imparable à son apparence sublimée. Il nous garda auprès de lui, ma sœur Gloria et moi, pendant quatorze ans. Nous habitions dans la demeure de l’un de ces serviteurs qui se chargeait de notre sécurité le jour. Christian nous expliqua qu’il nous avait vampirisés pour se venger de notre mère qui avait refusé de l’aider. Comme punition pour s’être dérobée à son autorité, il lui avait pris ses deux enfants. Il ne nous précisa jamais quel service elle avait refusé de lui rendre, et chaque fois que nous le questionnions sur le sujet, il devenait de mauvaise humeur et se renfermait sur lui-même. Je ne lui en voulais pas, j’appréciais même ma nouvelle condition de vampire ; bien que le fait d’avoir perdu la vie à cause de l’inconscience de ma mère me fit la détester plus encore que de mon vivant. Je ne retournai jamais au domaine Wallace. Nous vivions sur des terres bien plus loin, de l’autre côté de la Nouvelle-Orléans. Et le temps passa ainsi : une seconde vie nocturne où j’appris lentement à maîtriser le démon qui était en moi. Christian nous transmit son savoir et son expérience de vampire bicentenaire. Je l’admirais comme je le craignais. Il pouvait se montrer extrêmement généreux comme purement tyrannique. Gloria et moi nous découvrîmes de nouveau, liés à jamais par un destin incroyable et par la mort. Je voyais très bien la préférence de mon sire pour ma sœur qui présentait sans aucun doute des atouts bien plus intéressants qu’un homme, bien que Christian ne se priva pas de profiter de mes services charnels. J’allais d’ailleurs régulièrement puiser mon besoin de sang chez les prostitués du Vieux Carré de la Nouvelle-Orléans. J’aimais la souillure qui émanait de leur peau, comme si plus rien de bon ne pouvait plus leur arriver.
Et puis tout bascula un soir de l’année 1875. Depuis quelques temps un autre vampire avait rejoins notre nouvelle famille : Leandres D’Archevet. Il venait du vieux monde et était venu découvrir la terre de l’esclavagisme où la nourriture était abondante pour nous autres prédateurs de la nuit. Après plusieurs mois passés en sa compagnie, Christian commençait à ressentir la nostalgie de sa terre natale. Nous avions donc prévu de partir pour la France. Ce soir là, Christian et Leandres étaient partis profiter une dernière fois de la vie Néo-orléanaise. Gloria et moi étions restés à la demeure du calice de Christian. Je déambulais passivement dans le parc entourant la vieille bâtisse, admirant la voûte céleste louisianaise comme à mon habitude. Et c’est là que je les entendis : un groupe d’humains avait pénétré la propriété et prenait la maison d’assaut. Ils avaient des torches et bien qu’exceptionnellement loin, je reconnu le parfum de ma mère. Elle était à leur tête et je pouvais lire sur son visage la conviction et la détermination. Ils ne me voyaient pas, ni même ne m’entendaient. Le serviteur de mon maître n’eut d’autre choix que de les laisser entrer et toute la troupe s’engouffra à l’intérieur, la rage aux lèvres. Je compris rapidement que Gloria était en danger et malgré mon inexorable désir de fuir, je ne pus me résoudre à abandonner ma sœur aux mains de ses assaillants. Je ne craignais pas les hommes, vulgaires poches de sang, qui accompagnaient ma mère. C’était bien sûr la puissante sorcière qui m’avait mis au monde qui me faisait peur. Je la savais talentueuse et ses pouvoirs m’avaient toujours impressionné. A l’intérieur, les gens de la maisonnée poussaient des cris de panique. Les intrus détruisaient tout sur leur passage et n’hésitaient pas à massacrer ceux qui avaient hébergés les démons.
Quand j’atteignis le hall, j’entendis Gloria pousser des cris de colères à l’étage. Je m’y précipitai, sentant de plus en plus l’odeur de ma mère au fur et à mesure que je me rapprochai. C’est à cet instant précis que mon histoire s’arrête. J’entendais le bruit de flèches qui se plantaient violemment dans les murs de la chambre où se trouvait Gloria, ainsi que le fracas d’un combat. Mais j’eu à peine le temps de voir ce qui se déroulait car lorsque j’atteignis le pas de la porte, une douleur intolérable se propagea dans tout mon corps. Je reconnu ma mère, une arbalète à la main. Quand je baissai les yeux vers mon thorax, je reconnu un pieu en bois planté entre mes côtes. Ensuite, tout se déroula très vite. Je perdis l’équilibre, ma vision se brouilla, et les ténèbres m’engloutirent pour la seconde fois. »

- Tu veux dire que tu es mort une seconde fois ? Mais c’est impossible non ? Questionna la médium.
Meynard détourna son regard du rideau pour le plonger dans les iris clairs de l’inconnue. Son odeur était enivrante et il aurait donné cher pour s’abreuver à son cou. De l’autre côté du rideau, les cris des clientes du Guilty Pleasure retentissaient dans toute la salle. Le vampire reconnu le numéro de l’un de ses collègues, à la musique qui passait. Un sourire moqueur étira ses lèvres et il hocha la tête d’un air dépité.
- C’est un peu plus compliqué. Il ne suffit pas de planter un pieu dans le cœur d’un vampire pour en venir à bout.
- Vraiment ?
- Vraiment. Répondit froidement Meynard, comprenant que la jeune fille cherchait à en savoir plus sur la façon d’exterminer un vampire. Quel démon ferait-il, s’il lui indiquait le moyen de se débarrasser de l’un des siens ?
Emy dû s’apercevoir que la question dérangeait Meynard car elle baissa le regard et s’agita sur son siège. Une fois qu’elle eut repris une position plus confortable, et que le malaise sembla passé, elle prit une profonde inspiration.
- Et que c’est-il passé ensuite ? Est-ce que ta mère à réussi à tuer ta sœur ?
- Je ne sais pas exactement ce qu’il s’est passé. Comme je te l’ai dit, j’avais perdu connaissance. Et cela dura cent trente-neuf ans…

« Je rouvris les yeux alors que j’étais dans un cercueil poussiéreux enterré sous une vieille chapelle abandonnée au milieu du bayou. Gloria se trouvait au-dessus de moi et tenait dans ses mains le pieux qui avait servit à me neutraliser. Elle portait des vêtements étranges, très différents de ceux de mon époque. Ses cheveux étaient naturellement lâchés, chose inconcevable en 1875, et elle portait un pantalon très près du corps. Mais tout cela n’avait aucune importance lorsque je repris connaissance. Un chagrin incommensurable m’habitait et je ne pu retenir un cri de douleur tandis que des larmes de sang coulaient le long de mes joues creuses. Je ressentais jusqu’au plus profond de mon être la mort de Christian. C’était une peine qui datait de plusieurs années et qui n’avait jamais eu l’occasion de s’extérioriser. Le lien avec mon sire avait été rompu.
Et puis, après le chagrin vint la faim. Aussi puissante et dévastatrice que lorsque je m’étais réveillé vampire pour la première fois. Gloria s’était ouvert le poigné pour me donner à boire de son sang, ce qui me donna suffisamment de force pour me redresser. Elle m’aida à sortir de mon tombeau délabré, prenant soin de ne pas me lâcher. Elle savait comme moi que je risquais de perdre le contrôle à tout moment et que je me mettrais en chasse dès que mon corps engourdi me le permettrait. Elle sorti ensuite plusieurs poches de sang qu’elle avait dérobé à l’hôpital. Elle eut à peine le temps de me les donner que je me jetai dessus avec rage, vidant leur contenu en quelques secondes. Mais cela ne suffit pas à calmer ma soif. Bientôt mon pouvoir repris le dessus et je sentis un groupe de personne à quelques mètres de la chapelle.
J’échappai à la surveillance de Gloria et me précipitait à l’extérieur, mon instinct de prédateur guidant chacun de mes mouvements. Je trouvai rapidement le groupe d’individus : des junkies. Deux d’entre eux venaient tout juste de mourir d’une overdose et je sentais depuis ma place que la vie avait quitté leur corps. Seule une jeune fille respirait encore. Elle était en mauvaise état, son apparence trahissant les séquelles de la maladie. Sans pouvoir m’en empêcher je me retrouvai à percer sa carotide pour aspirer les dernières parcelles de sa vie. Gloria qui m’avait rattrapé m’arrêta juste avant que je ne lui donne la mort. Je ne pu lui résister, étant affaibli par toutes ces années passées dans un profond sommeil. La jeune droguée décéda lentement devant nous tandis que Gloria me donnait de quoi m’habiller convenablement.

Quelques temps après, Gloria me faisait monter dans l’un de ces étranges véhicules que vous appelez « voiture ». Depuis la Nouvelle-Orléans où se trouvait mon tombeau, nous nous rendîmes ici à Shreveport où je devais rencontrer les autorités vampiriques locales. »

Meynard arrêta là son récit, ne voulant pas en dévoiler d’avantage à une simple humaine. L’organisation de la société vampirique ne la regardait pas et il était hors de question qu’il se mette en danger pour satisfaire sa curiosité. Car il savait qu’il en allait de sa propre vie et que le Shérif n’hésiterait pas à le faire exécuter pour trahison.
Il se souvenait très bien du moment où Gloria l’avait présenté au Shérif pour demander l’asile et surtout l’autorisation de le laisser en liberté ; lui, un vampire enfermé pendant un siècle dans un cercueil. Les négociations autour de son droit d’exister avaient été serrées, mais Gloria avait obtenue gain de cause à deux conditions. Meynard pourrait vivre avec Gloria et leur descendante humaine à condition qu’il travaille au Guilty Pleasure afin d’être maintenu à l’œil. Il devait aussi trouver un nouveau sire pour assurer son « éducation », n’ayant pas eu le temps de dompter entièrement le démon en lui avant d’être plongé dans un coma profond. Depuis, il vivait à Southampton, un quartier certes déconseillé pour un vampire, mais il s’agissait de celui dans lequel Marylin Hodge avait trouvé refuge. Marylin était leur arrière-arrière-arrière-arrière-petite-nièce à Gloria et lui. En effet, après son retour de la guerre, leur frère Ichabod s’était marié, perpétuant ainsi la lignée familiale. Tout comme leur mère, Marylin était une sorcière et avait placé des sorts de protections autour de son appartement, assurant leur sécurité en journée. Même si côtoyer des lycanthropes et des métamorphes n’était pas ce que Meynard préférait, il devait reconnaître que cet arrangement était tout à fait convenable.

La jeune médium éternua, sortant Meynard de ses songes. Il la regarda un court instant et lui adressa un sourire hautain. Elle semblait attendre la suite de son récit. Il se leva et tira le rideau noir qui les séparait de la salle de spectacle.
- Et bien, le show est terminé. Merci de m’avoir choisi, revenez nous voir, le Guilty Pleasure vous accueillera avec plaisir.