Mon histoire, comme vous l'aurez comprit en entendant mon âge, s'étant sur les 5 derniers siècles, aussi, je me permettrai de passer rapidement sur quelques détails. J'imagine que cela ne vous dérangera pas trop, j'ai autre choses à faire de la nuit !
Comme tout un chacun, je suis né d'un père et d'une mère. Ma mère avait espéré avoir une fille, mon père, avoir un quatrième fils. Aucun de mes deux parents ne fut satisfait du résultat, mon père en voulu beaucoup à ma mère, ne lui pardonnant pas ne pas lui avoir donné satisfaction. Il faut dire que, même à cette époque, j'avais déjà ce corps androgyne qui à l'époque était une véritable malédiction. Traité tel un bâtard par mon père, je l'accompagnais malgré tout aux champs, à la chasse, comme mes frères qui eux avait le corps charpenté et musculeux des pays du nord. Mon manque de muscle et d'apparence était toutefois compensé par une santé de fer et un intellect qui ne demandait qu'à être exploité.
Quand j'eu mes 14 ans, deux de mes frères étaient morts et deux autres avaient vu le jour. Les terres sur lesquelles nous étions étaient souvent loin des guerres, mais étaient ravagées par le froid et les animaux sauvages affamés. Si le seigneur pour qui nous travaillions était bon, il n'en était pas moins sévère et quiconque oubliait de payer ses taxes se voyait infliger un châtiment exemplaire. Ces années ne sont pas les plus intéressantes de ma vie, mais elles sont importantes car, quand bien même je suis mort entre temps, c'est bien de là que je viens. C'est aussi en ces temps là que je fis mes premières grosses erreurs, comme par exemple séduire des femmes qui ne devaient pas l'être, des hommes également. La bisexualité n'a jamais été un problème pour moi, quand même elle était punie de mort de ce temps là (et pendant bien longtemps encore). Mais je dois avouer que c'est grâce à cela que je suis ce que je suis aujourd'hui.
En effet, mon premier contact avec mon sire fut de cet ordre, nous n'avons pas partagé de plaisir charnel, mais plutôt cette fougue, ce désir animal, déchirant. Il m'avoua qu'il n'était pas humain, qu'il était immortel, fils de la nuit et du sang. L'idée qu'il puisse être fils de Nòtt (Ases de la nuit) me fit perdre toute consistance et à partir de cette nuit, nous nous revîmes plusieurs fois. Je me délectais de ses histoires, de sa présence, de sa beauté. Un soir, il ne vint pas, mon désarrois fut tel que je m'en fut dans la forêt, d'où il avait l'habitude d'apparaître. Ce n'était pas de l'amour, c'était bien plus que cela. Aujourd'hui un tel lien n'aurait plus de sens, mais à cette époque, l'idée de pouvoir discuter avec un être divin n'était pas si absurde que cela, il était plutôt absurde d'imaginer ne jamais pouvoir le faire.
Alors que je courrais à perdre halène dans la forêt glacée et hostile, il me retrouva et là, m'emporta avec lui dans le monde des ténèbres, une existence où le soleil n'a plus sa place. Alors que je sentais ma vie s'échapper et ma chaleur le remplir, je compris qu'il n'était pas un Dieu, ni même le fruit du divin. Il était certainement le fruit des machinations de Loki, peut-être était-ce là le rejeton d'un de ses géants, un Hérault du Ragnarök.

Vous savez, l'inconvénient avec la résurrection, c'est qu'il faut mourir avant et mourir, c'est tout sauf agréable. Parce que l'extase du baiser est bien vite suivie de cette angoisse, de ce vide surgissant. Pas de douce lumière, pas de Walhalla, nan, juste du vide, une absence dévorante qui absorbe tout, jusqu'à la moindre pensée. Et soudain tout semble refluer, la mort s'en va, la douleur revient, la peur, la joie, l'amour, la colère aussi. Seule la vie n'est pas revenue. Quand j'ouvre les yeux, je suis dans l'obscurité la plus totale, une odeur de mort et de terre tout autour de moi, ai-je été enterré ? cependant, contre moi je sens la présence rassurante de ce faux dieu, pourtant j'ai besoin de me relever, comme un nourrisson de pousser son premier cri. Alors je bouscule, je me tortille et comme tout mort qui se relève de sa tombe, je sors un poing triomphant à travers la croûte glacée du sol, avant de l'abattre pour me hisser hors de cette prison morbide.

Je dois avouer être victime d'un passage à vide après cela, la frénésie certainement, toujours est-il que la période qui s'en suivit fut pleine de révélations, sur les vampire, notre communauté, le secret, les mensonges, les règles et les liens. Mon sire me présenta son nom : Albrekt Valdemarsdotter. Une noble lignée depuis quelques générations éteinte, parente du seigneur local. Il était de 200 ans plus vieux que moi et pourtant, il semblait avoir à peine plus de 25 années. A son habit propre et neuf, il me fut aisément compréhensible qu'il était soit entretenu, soit qu'il allait piller les riches demeures, j'aurai préféré la première solution, mais ce fut la seconde qui se révéla vraie. Il se présentait sous son nom véritable, réveillant parfois quelques émois, il était alors invité et on déployait pour lui l'argenterie. Les soirées étaient cependant sanglantes, car à peine entré, Albrekt assouvissait sa soif de sang en buvant tout le sang de la demeure, les habitants comme les servants. Ne laissant que carnage, drame et mort derrière lui, il voyageait de domaine en domaine, passant à chaque fois plusieurs nuit sans se nourrir. Ce fut donc pour moi un quotidien bien difficile qui commença, celui de l'acceptation de la fin, de dormir dans des conditions minables après avoir côtoyé la richesse d'un manoir ou d'un château.
Ben que paysan de base, je me sentais bien plus à ma place dans les châteaux que sur les chemins, était-ce le luxe, la chaleur, la richesse ou simplement l'illusion de pouvoir ? Je ne saurai encore aujourd'hui répondre à cette question. Toutefois, je pris mon Sire en main pour lui suggérer que, plutôt que d'épuiser toutes les familles de la région, mieux valait se faire passer pour un suppôt de Loki ou de Nòtt. Ainsi nous aurions put nous attirer l'adoration de tout un territoire au lieu de le priver de sa tête. L'idée ne lui parut pas bien et il me fallut prêt de 4 mois pour lui faire réaliser que son périple était inconfortable et voué à s'arrêter. C'est après quelques mois de recherche que nous tombions sur un domaine assez retiré et étendu pour nous convenir. Alors que nous nous présentions au seigneur, il voulu nous ex-conduire et c'est alors que mon sire me fit découvrir l'étendue de son pouvoir sur les humains : La domination. La facilitée avec laquelle il ôta la volonté du seigneur et qu'il y instilla ses propres idées. Ainsi, le seigneur devint une sorte de pantin servile, un tas de chair sans volonté obéissant aux seuls ordres d'Albrekt. Cet événement réveilla en moi une soif de pouvoir, celui d'assouvir son prochain. D'ailleurs c'est à partir de ce jour que j'entrepris de développer ce don le plus possible, ce n'étais pas du simple culturisme, mais plutôt un réel besoin de puissance, celui de pouvoir obtenir ce que je souhaite, diplomatiquement ou par la force.

Il se passera 60 ans avant que l'envie de bouger de là ne nous prenne, que d'exploiter ces pauvres âmes ne nous amuse plus, qu'il nous faille les laisser à leur triste sort et passer à autre chose. Notre départ sera suivit par la mort de tous nos lobotomisés serviles et parce que la société humaine n'est pas une hydre, si on lui coupe la tête, il ne reste plus rien. Pire, les autres se mettent aussitôt à s'entre dévorer et ce n'est que quand ils en auront fini, s'il reste assez de monde, qu'une nouvelle tête pourra resurgir. Notre départ était aussi lié à la guerre de 30 ans : Nombreux étaient les hommes envoyés par la Suède pour peser sur le conflit, beaucoup voulaient voir la maison de Habsbourg tomber. Ce conflit déboucherait également sur la suprématie du pouvoir absolut ou constitutionnel en Europe, autrement dit, il ne fallait pas louper le coche. Enfin, Albrekt voulait s'assurer qu'aucun autre immortel ne s'impliquerait dans le conflit, aussi sage était-il, il n'en était pas moins égoïste et avare, surtout pour ce qui était du "pouvoir".

C'est précisément à ce moment que mon chemin croisa pour la première fois celui de Mikail Fredriksen. Avez-vous déjà vu deux chats s'affronter du regard ? Griffes et crocs dehors, dos gonflé et poils hérissés, oreilles rabattues et pupilles dilatés. C'est dans la même atmosphère de paix que notre rencontre se fit, moi et Albrekt face à Mikail. Sans aucune idée de la raison de la présence de l'autre, ni de ses affiliations, nous nous regardâmes en chien de faïence une heure durant, avant que, prudemment, les premiers mots soient échangés.
Très vite, nous vîmes qu'à défaut d'avoir le même but, nous n'étions pas ennemis, aussi nous passâmes notre chemin, allant respectivement à nos affaires après nous être cordialement salué. Albrekt tenait en haut respect ses semblables, les autres vampires. Pour lui, affronté un autre vampire était un signe de barbarie et de primitivité. Au nom de cela, il fut très sensible à la réaction de Mikail tout comme, il l'exprima, Mikail fut sans doute touché par la nôtre.

Nous nous rendîmes jusqu'au royaume d'Espagne et commençâmes à prendre part au tissu fin et délicat de l'intrigue qui s'y déroulait. Avec le conflit entre les pouvoirs, j'y découvris également celui entre les religions, c'est par curiosité que je commença à lire les différents récits, ouvrages et icônes sur le sujet. Bien vite je me passionnais de ces histoires extraordinaires d'hommes et de femmes aux pouvoirs divins et aux symboliques absolues. Pendant longtemps, nombreux de ces personnages furent pour moi, de réelles sources d'inspiration, eux qui représentaient morale, éthique, jugement, courage et bien d'autres notions primordiales de la nature humaine.

Puis un jour, sans crier gare ni raison apparente, Mikail fit son retour. Nous le découvrîmes sur le pas de la porte de notre crypte, il venait de massacrer les deux pantins que nous avions dressé à défendre la porte. Et avait laissé les preuves très en évidence. Était-il en colère ? Revenait-il se venger d'un affront quelconque ou verser le sang injustement, juste parce qu'il estimait en avoir le pouvoir et donc le droit ? Hélas, ou plutôt heureusement il n'était venu pour rien de cela, juste trouver refuge auprès de quelques personne. Non pas qu'il eu besoin de notre protection, mais plutôt de celle de notre crypte qui sut protéger sa tête et son habit de la pluie torrentielle qui avait transformé la région en une véritable mangrove.
Les échanges de regards se voulaient agressifs, mais les attitudes étaient d'une neutralité surnaturelle, jusqu'à ce que finalement les langues se délient et qu'enfin, nous pûmes apprendre la raison de la présence de Mikail aux environs. Sa réponse laissa un silence de mort dans la crypte, silence à la fois accablé et accablant. Mikail avait avoué nous avoir observé depuis notre brève rencontre et qu'il avait été "intéressé" par notre étrange couple. C'est finalement par jalousie et convoitise qu'il s'était mit en quête duquel de nous deux l'intéressait le plus. Son dévolu était tombé sur moi et donc proposa à Albrekt de se séparer de moi contre quoi il accéderait à un niveau de vie bien supérieur à celui qu'il menait actuellement. Échangeant une crypte contre un château et l’anonymat contre le respect de tous ses semblables. Albrekt qui était sage et calculateur vis là une occasion inestimable pour nous deux, aussi il accepta la proposition. L'histoire démontrera que ce choix ne sera pas profitable à nous deux, effectivement Albrekt mourra sous peu, sans doute victime de sa propulsion vers les strates du pouvoir, sans avoir le bagage pour cela.

A cette époque, je vécu la transition telle une trahison, vendu à Mikail pour le pouvoir et la richesse. De plus Mikail était bien plus exigent avec moi que ne l'était mon sire, il n'acceptait de moi que la perfection ou ce qui pouvait passer pour tel. J'appris en quelques années avec Mikail plus qu'au court de toute mon existence. La société vampirique, la nature de mon pouvoir, la signification du sang, son pouvoir et sa malédiction. Les lignées de vampires, les origines et ceux qui en étaient les plus proches. Les autres créatures, la magie, les dangers... Je me rendis compte que ma survie et celle de mon sire jusque là n'avaient été dû qu'à une énorme part de chance. Rapidement, le gout amer de l'abandon de mon sire fut compensé par la science et l'instruction de Mikail, la déchirure fut d'autant plus grande quand je senti mon sire disparaître, entêté par l'idée que je l'avais abandonné, que sa disparition était de mon fait. Comme si cela avait été une étape de mon ascension, Mikail me fit monter dans la société Vampirique quelques années plus tard, le temps que la blessure se referme et me renforce.

M'emmenant jusqu'en Ecosse une fois les remous de la guerre de 30 ans tarit. Nous arrivâmes sur les terres gorgées du sang des Ecossais, la guerre civile anglaise continuant de faire rage. Les humains s’entre-tuaient et les vampires, eux, s'installaient plus confortablement, profitant de la cohue générale pour chasser à foison et boire jusqu'à plus soif. Après quelques rencontres et quelques démonstrations de mes talents, je fus nommé Exécuteur par le conseil de l'époque, passant à la question quelques vampires qui se faisaient passé pour de vieux seigneurs malades et qui semblaient influencer plus que de mesure sur cette guerre qui ne concernait, au final, que les humains. J'apprenais à appréhender le pouvoir, la responsabilité qu'était devenue la mienne et surtout, la crainte que je pouvais causer aux autres par ma simple arrivée. Le règne par la terreur est quelque chose que j'appris très rapidement à apprécier. Cependant, ce pouvoir me monta rapidement à la tête et les punissions que j'infligeais avaient tendance à devenir trop extravagantes. Quand trois des seigneurs vampires manigancèrent avec les Néerlandais pour leur laisser gagner la seconde guerre Anglo-Néerlandaise, profitant de pots de vins et de voies commerciales privilégiées au détriment du Royaume Unis tout entier, je pris la décision de détruire tout ce qu'ils avaient, de réduire leur vie en cendre, littéralement. Ce n'est pas pour me vanter, c'est d'ailleurs une certaine honte que je peux m'octroyer la responsabilité du grand incendie qui ravagea Londres toute entière. Une punition au delà de tout ce qui avait jamais été infligé, tuant les quelques humains qui avaient eu la chance de survivre à la peste, ravageant les ressources et les biens de cette ville puissante et riche. Mettant à genoux les seigneurs vampires qui n'eurent plus que leurs yeux pour pleurer et leur bouche pour demander le pardon, à celui-ci je répondis : "Non !"

Sur conseil de Mikail, je fis en sorte de calmer mon jeu, histoire de ne pas embraser, littéralement, tout le Royaume Unis. C'est pourquoi il me destitua de ma fonction, me laissant toute fois champs libre pour mes agissements, à condition que ceux-ci ne soient pas illégaux. Mes responsabilités, mais aussi les privilèges qui en découlaient, retirées, mes nuits me paraissaient longues et fades, malgré toute cette culture dont je m’imprégnais, toute la richesse que l'Ecosse, puis le Royaume Unis avait à m'offrir, il m'en fallait plus. Ce fameux "plus", je le trouva en la personne de Romuald, un jeune valet qui s'entêta à tomber amoureux de moi. Avec lui, je pus découvrir ce que, jusque là, je n'avais osé imaginer. Laissant ses mains chaudes parcourir mon corps sans la moindre frayeur, ni le moindre tabou, il me découvrait en même temps que je me découvrais moi-même. Cette expérience avec Romuald reste dans mon esprit comme mon expérience la plus profonde, la plus sincère et désintéressée.

La première trentaine du XVIIIème siècle fut riche en événements, complots et succès, sous l'habile tutelle de Mikail, je fis en sorte de fréquenter les bonnes personnes, de prononcer les bonnes paroles, de faire disparaître ceux qui gênaient... Résultera de cette alliance la mort de grandes personnes, telles de la Reine Anne, en 1714, qui donnera naissance aux Royaumes-Unis, en Grande Bretagne. J'ai contribué également durant la guerre anglo-espagnole à la création de "l'alliance des maisons régnantes", alliant le Royaume Unis, la France et la Prusse contre l'Espagne et l'Autriche. Au court du conflit, j'ai veillé au grain et ce, malgré mon incompréhension des techniques militaires et surtout navales des Anglais, un charabia de termes et de stratégies polie et lustrée par les âges. Au final, la fin du conflit fut plutôt positive, Gilbraltar resta au Royaume-Unis et il n'y eu qu'un millier de mort chez les Britanniques durant tout le conflit.

Suite à cela je parti du vieux continent pour me rendre dans cette étrange et prodigieuse région qu'est la nouvelle Orléan. Ma séparation de Mikail était, selon lui, une émancipation nécessaire. Notre séparation fut rude, mais au final, elle le fut bien moins que de celle de mon sire, auquel Mikail m'avait arraché. Au sein de cette région nouvelle et inconnue pour moi, je découvris une ambiance sans pareille. Alliant la richesse du vieux continent au paysage du nouveau, les mœurs des Européens à la culture locale, mais aussi à celle des esclaves. La frivolité et la débauche qui s'en suivit ne mérite pas une grande description, mais sachez que malgré tout, j'eus la chance et l'honneur de rencontrer les quelques vampires qui vivaient en Amérique.

Bien entendu, les premiers rapports ne furent point simple, ne serait-ce que pour la langue, mon français à cette époque étant très peu travaillé. Toutefois, j'eu plus d'une fois l'occasion de leur prouver ma valeur, ainsi que ma dangerosité, un mal nécessaire pour se faire respecter dans un monde de brute. Comme Mikail me l'avait enseigné, je fis en sorte de leur prouver ma loyauté avant de me rendre indispensable, enfin, je pus gravir les échelons et c'est ainsi qu'en moins de 50 ans, je pus devenir Executeur pour "La Belle Morte". Cette puissante vampire m'avais vraiment séduit, son pouvoir, son charisme, sa façon d'être et de percevoir les autres. Autant dire que je ne pouvais imaginer ne pas entrer à son service, si toutefois l'occasion se présentais. Les vampires ici étaient plutôt sages, soumis même, la Belle Morte exerçant un pouvoir quasi malsain sur la plus part d'entre eux, je ne saurais dire d'ailleurs si j'étais moi-même sous son influence ou non. A cette époque je n'étais pas encore remarqué comme je peux l'être aujourd'hui, je ne disposais ni de l'argent, ni du passé ou encore de l'âge dont je suis doté aujourd'hui, par contre je savais à cette époque ce que je serai plus après et avait une vague idée de comment y parvenir. C'est principalement en utilisant mon physique si particulier que je pus assumer des rôles de choix : Loin de moi la prostitution, nan, je devins mannequin.

En ces années si belles, si bien habillées, si bien maquillées, je pus entrer en tant que mannequin où bon me semblait, mon charisme naturel, ajouté à celui éthéré de vampire et mon physique, si surprenant une fois habillé en femme, aucun recruteur ne put résister à ma candidature. Je devins bien vite "l’Artefact nocturne" de quelques enseignes, j'aimais beaucoup ce nom, il supposait que je n'étais pas humain, je n'avais donc pas à mentir sur ma nature en passant par ce subtile sobriquet. Au sein des vampires à la nouvelle Orléans, j'eus également ma part de succès, les magnifiques robes et parures que l'on m'offraient me plaisaient beaucoup et sans aucun problème, j'abandonnais mon genre et devins femme.

Cette période fut l'une des plus prospère de toute ma non vie, l'argent et les cadeaux étaient en plus grande quantité chaque jour. Ma réputation mystérieuse fit que mes employeurs me protégèrent des quelques photographes, j'eus toutefois à répondre aux questions d'une journaliste une fois. Le sang lui aussi coulait à flot, quelque soit la couleur de peau, il était toujours de cette chaleur apaisante, ce rouge épais coulant dans ma gorge, colorant mes lèvres d'une couleur terriblement sexuelle en contraste avec ma peau si pâle. J'eu l'occasion de goutter aux sang de diverses ethnie et c'est avec surprise que j'eus pu constater que le sang des gens de couleur était également rouge. Un seul élément m'était invariable, indispensable à ma soif, à mon plaisir : qu'il soit vierge. Homme ou femme, jeune garçon ou jeune fille, plus ma victime était mure et plus mon plaisir était grand, mais dieu en soit loué, les mœurs avaient beau être libérée en ces terres, la religion était toujours bien présente et les jeunes gens, bien tiraillés par le désir, suivaient la plupart du temps les préceptes du dogme.

C'est au tout début des années 1800 que ma vie commença à prendre une route plus sombre, beaucoup plus sombre. En effet, comme vous l'aurez comprit, il m'en faut toujours plus et j'ai beau penser tout avoir, il m'en faudra nécessairement plus quelques années plus tard. C'est ainsi qu'après avoir interrogé un des vampires suspecté d'activités interdites que je fus tenté, comme si à l'exécution de ce vampire, son mal m'avait infiltré, m'avait contaminé. Après un long moment de réflexion, à peser l'ordre, la raison d'un coté, le bon coté et de l'autre, peser l'envie, le désir, le besoin. Comme toujours en ces instants là, c'est le désir qui l'emporta et c'est précisément le mardi 10 Mars 1829 que je vendis mon sang à des mortels pour la première fois, que j'étais passé de l'autre coté de la barrière. J'atteignais les 300 ans et pourtant, j'étais encore bien naïf, sans doute trop imbu de ma personne, certain d'être le roi du monde, un exécuteur libre de faire ce que bon lui semblait. C'est pour cela que je me fit prendre, 5 ans plus tard, malheureusement, ou heureusement, je ne sais pas trop, j'étais sur le territoire de "La Belle Morte" et elle voulu faire de moi un exemple, quoi que, je n'en suis pas tout à fait certain, après tout, je suis toujours vivant !
On était en 1836, le mardi 5 Avril, quand je disparu de la surface du monde pour plonger dans les serres de la Belle Morte. Je ne saurai pas vraiment vous raconter ce qu'il se passa durant la centaine d'année qui s'en suivit. Est-ce le traumatisme, ce qu'elle m'a fait ou tout simplement le déni de ce terrible échec, ce n'est pas bien clair pour moi. Je me souviens avoir souffert, crié dans le vide, avoir été torturé nuit et jour des années durant. Parfois encore, je me souviens de ce cercueil où l'on m'a longtemps enfermé, présenté telle une vierge de fer, je fus ensuite emmuré et laissé là, saigné à mort, ou presque.

Je revis la nuit en 1948, je ne me rappelle pas de la date précise, car celle-ci n'a pas grande importance, parce qu'il ma fallut prêt de 2 ans pour redevenir moi-même, ne plus être cette ombre fade et perdue qui déambula durant de nombreuses nuit dans les rues de la nouvelle Orléan. Le monde s'était métamorphosé, j'avais disparu avec la démocratisation du train aux état-unis et réapparaissais après deux guerres mondiales, le télégraphe était devenu téléphone, la télévision avait fait son arrivée, les hommes volaient avec assurance... Ces deux années étaient pour me remettre physiquement de plus de 100 années de torture, mais aussi de 100 ans d'évolution technologique et sociale.

Rapidement, j'eu l'agréable découverte de la mode et de ses révolutions, surtout auprès de Christian Dior, Jean Paul Gautier et Gabrielle Channel. Ces années ne m'avaient pas volé mon gout pour la haute couture, ni la ferveur avec laquelle les maisons me désiraient pour porter leurs vêtements et défiler avec. Dans la rue on m'appelait tantôt Monsieur, tantôt Madame et cela m'allait tout à fait. Au fur et à mesure que je retrouvais confiance en moi et que l'on me donnait un peu de mou, je redécouvrais les divers plaisirs qui emplissaient ma non-vie avant ma déchéance.

Dès que j'en eu l'occasion, je fis en sorte de prouver ma valeur au conseil, de montrer que j'avais bien appris de ces années, avant et pendant ma captivité, que je pouvais encore être utile et surtout que j'étais toujours dans la course, que mon sang s'était malgré tout renforcé au fil des années. Capable d'écrasé bon nombre d'individu en seulement quelques paroles, je fis en sorte de leur sortir quelques épines des pieds pour attirer leur attention. Après tout, tout le monde me désirait, j'étais belle, beau, riche, célèbre, plutôt intelligent, puissant et à présent j'étais sage, alors pourquoi pouvaient-ils ne pas me désirer eux aussi ?

C'est en 1985 que je pus de nouveau prétendre au poste d'exécuteur, mais ils ne voulaient pas que je reste là, aussi ils m'envoyèrent à la ville de Phoenix, où il y avait du nettoyage à faire visiblement. C'est là-bas que je vécu la révélation, que ma vie prit une nouvelle tournure, que l'on se mit à me désirer de façon nouvelle et souvent de façon bien plus intense. L'adoration de certains et certaines de mes fans dans le monde de la mode prit une forme de fanatisme, ils voulaient que je les dévore, faire parti de moi. Pour certaines j’accédais à leur demande, jamais à celle des hommes. Si les femmes avaient un goût désagréable, celui des hommes était tout simplement insupportable. Mon coeur balançait toujours pour jeunes âmes vierges. J'aimais commencer mes nuits en vidant une belle jeune femme, il était difficile de déterminer si elles étaient vierge au premier coup d’œil, c'est cela qui faisait leur valeur à vrai dire.

Très récemment, le conseil me chargea d'une nouvelle mission en un nouvel endroit : Shreveport. En effet, le poste d'Exécuteur là-bas était "vacant" et il était nécessaire de le maintenir en activité dans cette ville à l'effervescence terrible. De plus, l'ancien Exécuteur était sujet à bien des doutes, Cinead Ó Súilleabháin, aussi je devais de façon plus ou moins officielle creuser le sujet et tirer cette affaire au clair. Aussi je fis mes valise sans tardé à acheta un grand duplex au coeur de DownTown où mes manteaux de fourrure, mes bottes et mes chapeaux m'attendaient presque déjà.