✤ Traits de caractères Maya a envie de beaucoup de choses mais elle n’arrive pas à s’émouvoir. Ou seulement très rarement et sur des choses pas vraiment honorables. Maya est une brèche, une plaie béante qui essaie tant bien que mal de s’estomper. Elle se sent vide, absente, tel le pantin désarticulé par la malédiction qu’elle a toujours été. Elle a une attraction morbide pour ses proies et elle ne compte même plus ceux qu’elle a baisé, planté et désossé.  Elle a d’ailleurs une préférence pour les spectres de ce monde, les camés, les paumés, ceux qui comme elle, peinent à se faire au moule de cette planète désaxée. La seule chose qu’elle ressent vraiment, c’est ce que lui crient ses pulsions. Violence, sexe, souffrance physique – Maya est une droguée d’adrénaline car c’est cette sensation qui lui rappelle qu’elle est en vie. Alors elle erre, détachée de ces choses qu’elle fait. De choses terribles. Et parfois, elle se surprend à caresser avec émoi quelques bribes de fascination. A chaque fois qu’elle pose son regard sur un enfant, la créature désincarnée retrouve cette humanité, cette facette de petite fille bien enfouie dans sa carcasse. Elle la talonne cette enfance qu’elle n’a jamais eu et désire ardemment la découvrir – et pour ça, elle s’accroupit au niveau de ces âmes pures et indicibles et les contemple et leur parle. Maya aime leur franchise et leur spontanéité, comme elle abhorre les mensonges que les autres débitent.  
✤ Occupations L’hérésie a un rythme de vie erratique. On l’envoie liquider les ennemis du conseil, ceux qui sont considérés comme nuisibles pour le bien-être de la communauté vampirique alors le Cerbère est un animal nocturne, finalement. En journée, elle fait en sorte d’être disponible pour Aslaug – s’assure qu’elle est en sécurité et traîne avec Selena. Elle passe et repasse dans les ruelles crasseuses du quartier où elle crèche, elle prend ses contrats auprès de la mafia et s’informe au sujet de ceux qu’elle sera amenée à descendre. Pour la plupart elle s’en fiche, ce ne sont que de pâles silhouettes qui lui renvoie un monde désincarné – pour d’autres, c’est sanguin, viscéral, inextinguible. La nuit venue, l’hérésie s’arrache sa muselière. Elle mange à peine mais elle aime le sang. Surtout celui de sa vampire – celui qui aiguise ses sens et qui ranime sa carcasse vide. Quand elle ne tue pas, Maya boit ou plane. Insomniaque, elle préfère errer que d’avoir à fermer les paupières. De toute manière, elle le sait, il n’y a pas de repos pour les monstres de son acabit.  
✤ Manies, habitudes & goûts Dans sa piaule, les paquets de cigarettes vides s'accumulent dans chaque recoin. Maya est bordélique et elle s'en contrefout. C'est dans le chaos qu'elle se sent au mieux. Entière, elle ne le sera jamais - surtout avec les doses de drogue qu'elle s'envoie parfois. Dans le frigo, il n'y a pas grand chose. Plus d'alcool que de bouffe. Maya ne prend aucun plaisir à se nourrir, et ça depuis sa jeunesse difficile qu'elle a passé enchaînée à son lit. Plus chatte de gouttière que domestiquée, l'hérésie passe le plus clair de son temps à l'extérieur, à traîner dans les rues et les quartiers mal famés. Elle aime avoir le ciel au-dessus de la tête et souffre même d'une certaine claustrophobie, séquelle qu'elle a gardé de ses entraves forcées. Curieusement, cette névrose s'exacerbe lorsqu'elle est seule dans une pièce alors que les endroits bondés de monde et étriqués parviennent à la réconforter - d'une certaine manière.      
✤ Influence Enfant de Beeleth, prince démon des cauchemars, des peurs et des phobies, Maya exhale un mal-être qui a le don de susciter quelques sueurs froides aux individus normalement constitués. Le plus cocasse, c'est qu'elle aussi souffre de quelques facéties laissées par Beeleth. Porteuse de frayeur et d'inquiétude, Maya n'en reste pas moins - elle aussi - pétrie de psychoses. Lorsque son naturel inquiétant n'est pas porté sur les autres, c'est elle qui souffre d'insomnie - craignant de fermer l’œil pour se retrouver plongée dans ses pires cauchemars. L'hérésie flaire la peur de ses victimes, ce qui rend la traque toujours plus alléchante.     
✤ Lien avec le vampire Aslaug. Celle qui se rapproche le plus d'une mère pour Maya, même si c'est cocasse d'imaginer qu'une telle engeance puisse s'attacher à quiconque. La vampire est protectrice mais elle a toujours su préserver cette distance qui fait de l'hérésie un électron libre mal dans sa peau. Elles partagent beaucoup - bien plus que le laisse penser leur relation de confiance tacite. Elles ont toutes deux le même goût du sang et de la chasse et partagent cette même tendance à la dégradation. La violence, la destruction, la prédation - ce sont les sentiers battus par le binôme sanglant. Un mal-être insidieux qui habite les créatures malmenées par la crasse de ce monde.
✤ Convictions Maya est tellement détachée de tout ça. Mise en marge dès ses premiers cris, l’hérésie ne s’est jamais attachée à l’humanité. Elle l’intrigue de par ses peines et ses douleurs. Ses paradoxes. Elle aime leurs enfants mais déteste leurs meneurs. Finalement, ce qui l’intéresse c’est l’être primitif, celui qu’il y a en tout en chacun. Celui qui gueule, qui mord, qui court et qui se bat pour bouffer. L’enfant qui reste intact dans son insouciance, qui nage dans ce qu’elle n’a pu avoir. Que les gens sachent quels monstres foulent leur monde de leurs pattes griffues. Qu’ils frémissent dans les chaumières en attendant que ce soit l’enfer sur Terre. Maya aime flairer la peur chez les humains et maintenant que les révélations ont été faites, ils se montrent plus méfiants. Elle se contrefout du regard qu’on lui lance - elle pourrait arracher les yeux à ceux dont la tête ne lui revient pas. Maya se laisse porter par le cours des choses - si elle est discrète de par nature, elle ne tient pas spécialement à garder sa nature mystérieuse. Tant que ceux qui savent ou ignorent ont peur, c’est tout ce qui compte pour elle.  
✤ Signes particuliers Le corps de Maya est une œuvre d'art sordide. Tatouages, piercings, cicatrices. Maya s'entaille, Maya aime l'aiguille et se contrefiche bien des regards qu'on glisse sur carrure maigre et dépenaillée. De toute manière, elle se coule dans les bas quartiers comme la fange sous les godasses des gens. On la remarque rarement, la junkie qui ressemble à une adolescente paumée. Elle est loin d'être la seule à l'heure du déclin d'un monde en ruines. La plus remarquable de ses cicatrices, c'est sûrement ces deux marques bien distinctes qu'elle possède au niveau des omoplates, là où se trouvaient les ailes qu'on lui a sectionné.

Les larmes ruissèlent sur les joues de l’italienne qui reste recroquevillée dans son lit, les draps maculés d’un sang opaque. Son enfant n’a pas crié lorsqu’il a vu la lumière du jour, et pour cause, elle est persuadée qu’il est anormal. Qu’il est l’enfant du mal. Durant sa grossesse, elle n’a cessé de rêver, de cauchemarder et dépérir. On l’a dit faible, mais elle, est persuadée qu’elle a été maudite. La sage-femme s’approche pour tendre le nouveau-né à sa mère mais cette dernière secoue la tête dans un sanglot effrayé. « Regardez sa peau. Regardez ses yeux. » Répète-t-elle en se balançant, pressant ses lèvres contre la croix en argent qu’elle tient du bout des phalanges. Elle est l’enfant du blasphème, le fruit de son pêché. Désemparée, désespérée, l’italienne pleure encore et n’ose darder son regard dans celui de la sage-femme. Tenue sous le secret, ne pouvant concevoir que l’on peut désirer voir sa progéniture mourir, la femme s’assied sur le bord du lit en berçant le nouveau-né. « Elle est votre fille. C’est Dieu qui vous l’a mise dans les bras. » Tranche-t-elle d’un ton glacial. La mère reste circonspecte, saisie par les quelques mots qui pourraient panser sa douleur. Et pourtant, même lorsqu’elle prend le nourrisson dans ses bras, une gravité étrange embrasse ses traits tirés par la fatigue. « Comment allez-vous l’appeler ? » Demande la sage-femme après un court instant. « Je l’aurais appelé Maya. » Murmure la mère éplorée qui observe la petite fille aux yeux sombres. Mais celle-là, je ne l’appellerai jamais. Pense-t-elle, les lèvres pincées de désarroi.



Pas un mot ne fait frémir ses lèvres. Maya a six ans et sa mère pense qu’elle est muette. Finalement, l’italienne a gardé espoir de voir le démon s’éclipser. Elle l’oblige à prier tous les soirs à genou devant la croix sainte et la gamine se contente d’accoler ses mains et d’observer sa mère frissonner de ferveur. Maya n’est pas comme les autres, évidemment. Elle vit cloitrée dans cette maison, enfermée dans sa chambre mais elle ne fait rien. Elle reste là, assise. Elle ne joue pas et son regard semble chasser des formes abstraites. Parfois, il lui arrive de fixer un endroit lorsque sa mère lui parle et cette dernière sent une peur viscérale lui faire frémir l’échine. Maya voit des choses, Maya parvient à sortir de sa chambre la nuit alors qu’elle est verrouillée à double tour. Maya est possédée lorsqu’elle se penche sur le lit de sa mère pour lui parler dans une langue qu’elle-même ne comprend pas. Sa mère est malade, usée d’avoir peur et de prier le seigneur de lui apporter du réconfort. Elle fait des cauchemars terribles et parfois, même les chaînes ne parviennent pas à garder Maya dans sa chambre. Il arrive que des meubles bougent, que des cris la réveillent en sursaut. Et pourtant, ensuite, il n’y a plus rien. Juste le vide, le silence mortuaire d’une gamine frappée par la malédiction. Ce que la mère de Maya ignore, c'est que, parfois, c'est elle qui se lève dans la nuit sans le savoir. Elle grogne, elle feule, elle rit. Elle se fend la poire d'un ricanement sournois, arrache les tableaux des murs et vomit sur toutes les croix placardées contre les murs de la maison. Possédée malgré elle, maudite sans le savoir, la mère de Maya préfère vivre dans le déni - pour une croyante comme elle, il est toujours mieux de trouver un coupable ailleurs.



Onze ans. Maya a onze ans lorsqu'elle saigne pour la première fois. Elle se réveille brusquement et est déjà debout dans la pièce lorsqu'elle prend conscience que son corps témoigne de changements irréversibles. Sa mère ne lui a jamais parlé du moment où elle pourrait devenir une femme - sa mère ne savait probablement pas non plus que sa fille allait devenir un monstre. Cela fait plusieurs mois que Maya dissimule les excroissances qui lui poussent dans le dos mais voilà qu'on les devine bien trop. Pour la première fois, Maya sanglote. Agenouillée sur le plancher, sa tunique en lin tâchée de vermeil, ses longs cheveux sombres retombant devant ses yeux, elle émet quelques gémissements craintifs. Dans son dos, les plis de chair retombent contre ses omoplates. Quand sa mère la surprend, elle manque de tourner de l’œil. Quelques jours plus tard, c'est la descente aux enfers. Les ailes de Maya ont été sectionnées et on l'a sanglé à son lit. Maya se débat, Maya hurle - pour la première fois, elle s'exprime. Les prêtres se pressent à son chevet pour lui jeter de l'eau bénite et réciter des prières mais repartent tous la mine basse. Ses oncles prennent les choses en main, surtout que la mère de Maya plonge à son tour dans une folie des plus sombres. Le malin est partout entre ses murs. La baraque dégage une atmosphère viciée par la corruption et la psychose. Petit à petit, même les oncles - tueurs patentés de la mafia locale commencent à perdre la raison. L'un finit par se mettre le couteau sous la gorge et l'autre déserte, laissant sa sœur timbrée et possédée gérer ses petites affaires avec son rejeton maudit. Maya délire. C'est à peine si sa mère la nourrit ou l'abreuve. Elle dépérit, les liens entamant toujours plus ses poignets et ses chevilles dans une marque sanguinolente. Puis, on l'oublie. 



Engluée dans une réalité déformée, Maya peine à ouvrir les yeux. Et pourtant, quelque chose parvient à l'extirper de son aliénation. Le sang. Entêtant. A travers la poussière et le moisi de la pièce à laquelle elle est enchaînée depuis des années déjà, elle perçoit la fragrance cuivrée qui fait frémir ses naseaux. Ça la réveille, ça parvient à faire réagir son corps ankylosé. Deux grands yeux l'observent, un visage de porcelaine sombre est penché sur elle. Le premier qu'elle voit depuis des années. Cette fille aussi a la peau noire, elle aussi a été maudite. Selina. Fascinée par ce premier contact plutôt inattendu, Maya ne comprend pas vraiment ce qu'il est en train de se passer. Elle se sent soulevée, distingue le crin doré d'une deuxième femme et goûte finalement à la tiédeur d'une nuit d'été. La Lune. Maya se rappelle comme si c'était hier de la découverte de l'astre nocturne hissé dans le ciel. Et le soleil, cette lumière lui brûlant les rétines. Il lui a fallu du temps pour s'y habituer, pour retrouver l'équilibre sur ses pieds sans sentir la terre tanguer. Et parler. C'est sûrement ce qui lui a demandé un effort surhumain. Abandonner ses cris inarticulés de bête farouche pour créer des phrases intelligibles.
Aslaug. Son teint exsangue et son caractère féroce de louve protectrice. Selina et sa carnation exotique, poupée divine à l'allure vulnérable mais pourtant terrible. Elles lui ont enlevées ses entraves, l'ont arraché à cet enfer pour qu'elle puisse finalement le devenir, ce monstre terrifiant.   



Maya essuie sa lame à la soutane du prêtre qui git à ses pieds. Si elle s'est abreuvée au calice de son agonie, tout plaisir est maintenant réduit à néant. Elle incline son visage impassible, ses globes glissant sur ce corps flasque et meurtri avec détachement. Est-ce que les croyants voient la gueule de leur Dieu avant d'y passer ? Une question qui demeurera sans réponse. De l'index, Maya replie sa lame pour la coincer dans la doublure de sa veste en cuir et elle farfouille dans sa poche pour en extirper son paquet de cigarettes. Elle place une tige entre ses lèvres, l'allume avec nonchalance puis s'éloigne d'un pas serein, baignée dans l'obscurité environnante. Qu'est ce qu'elle crache sur ce quartier de bourges - elle lui préfère les ruelles crades, les lampadaires qui grésillent et les planques improvisées dans les égouts de la ville.
La décadence, le chaos et la folie. Elle n'a pas la moindre empathie pour les pauvres hères qui foulent cette terre - ou seulement peut-être les déchets dans son genre qu'elle croise, dont elle se sent proche, avant de les tuer.
Une odeur de peau brûlée lui fait baisser les yeux sur la clope qu'elle appuie machinalement contre le plat de sa main. La douleur est un vide abstrait pour l'hérésie qui peine à ressentir quoi que ce soit. Cette insensibilité malsaine pourrait la rendre folle - c'est pour ça qu'elle talonne tout ce qui peut réveiller de vives réactions de la part de son corps. Elle soupire longuement en lorgnant sa menotte d'un air lointain avant de replier ses phalanges contre sa paume. Elle n'en a pas fini avec cette soif de répandre le sang des dévots. Elle se rappelle de leur gueule, de leur crainte, et elle aimerait tous pouvoir les avaler.



Maya observe longuement le visage d'Aslaug, sa mâchoire anguleuse crispée dans l'attente. Elle vient de lui donner le choix, notion mystérieuse que l'hérésie a entendu sans pouvoir en saisir le sens. Même après ces quelques années passées en compagnie de la danoise et Selina, Maya peine à déchiffrer le panel de leurs émotions. Il faut dire qu'elles aussi sont un peu en reste avec leur humanité. Assise sur la banquette miteuse d'un bar à bikers, l'hérésie reste immobile, peu sûre des mots qu'elle devrait prononcer. C'est à elles qu'elle la doit cette liberté durement acquise, ce sont elles qui l'ont sorti de son monde de ténèbres pour lui faire découvrir la lune, le soleil, les humains et les turpitudes émotionnelles qui leur sont propres. Ce mal-être incessant qui l'habite, il est là depuis toujours - serpentine dans ses veines. Elles ne sont en rien coupables. Au contraire.
Aslaug est comme elle, une prédatrice. Elle est sa mère. Selina a la curiosité,le savoir et lui rappelle ces enfants devant lesquels Maya s'émerveille, en proie à un regret de n'avoir jamais connu ça. Elle est sa sœur. Leur derme est identique, leurs yeux sont inquiétants, mais dans le fond, elles ont seulement voulu vivre.
Maya s'humecte les lèvres puis se penche vers sa famille, un sourire en coin venant à égayer son minois habituellement si grave et las. Sa vie est à leurs côtés car les bêtes règnent mieux ensemble.