✤ Traits de caractères Folie. Dillon c'est l'instabilité, la puissance à l'état pur d'un sentiment incontrôlable. Elle aire entre réalité et chimère, se sent bien entre cet entre-deux qui ne l'atteint pas et au contraire, la pousse à toujours plus dépasser des limites qui n'existent plus dans son monde. Dillon est comme une énigme que l'on ne résout pas.  On sait rarement ce qu'elle pense … car elle-même ne le sait pas vraiment. Elle s'y perd parfois, souvent … Ses pensées se bousculent entre sa Bête et ses véritables pensées … Elle se berce avec le sang, le crime, la violence … Cinead. Son Sire, celui qui l'a créé, celui qui lui a donné cette Liberté qu'elle n’espérait plus alors que tout espoir avait quitté sa vie d'humaine … Dillon ne lâche jamais sa cible. Une fois qu'elle a quelqu'un dans son viseur, elle fonce. Il est alors quasiment impossible de lui échapper tant que votre sang n'aura pas coulé Le sang, une chose qu'elle adore, qu'elle désire mais n'en ressent pas le besoin. La Soif lui est  totalement inconnue … ce qui la handicap fortement et la fait donc passer d'un calme olympique à la Frénésie … Bipolarité. Dillon est douce. Dillon est calme, une plume sur un lit d'eau … Mais méfiez-vous de l'eau qui dort. Sans aucuns signes avant coureur,Dillon peut changer du tout au tout et devenir votre pire cauchemar. Agressive, meurtrière, enragée, seule Cinead peut la calmer et la faire revenir à la raison … Quiconque tenterait de l'approcher lors de ces accès de rage se précipiterait vers une mort certaine …

Dillon hait l'enfermement. Étrange pour un vampire qui est bien obligé de dormir dans un cercueil ou de se cloîtrer dans un lieu sombre, loin de la lumière du jour. Pourtant, comme un tatouage, une cicatrice, un chewing-gum collant sous la semelle, l'enfermement la rend dingue. Séquelle d'une vie humaine où l'enfermement était son quotidien.

Dillon aime le silence. Quand ce n'est pas les hurlements de sa victime qui berce ses oreilles, la musique lui donne des envies de meurtre. Elle aime la tranquillité, le calme, le rien. N'entendre que le grésillement créé par ses tympans, la douce mélodie du silence est une magnifique berceuse …

Elle est je-m'en-foutiste. Elle se fiche de beaucoup de choses du moment que ça ne parle ni d'elle, ni de Cinead, elle ne sent pas plus concerner que cela que ce soit une question d'humanité ou de soucis au sein de la communauté des Vampires. Elle s'en fiche et le vit bien.
✤ Occupation nocturne  La jeune femme aime, quand elle n'est pas occupée à fixer le plafond victime de ses propres pensées, chasser l'homme. C'est en soit, l'activité favorite de tout vampire qui se respecte. Bien qu'elle ne connaisse pas La Soif, Dillon est parfaitement consciente qu'elle doit se nourrir aussi régulièrement que possible pour ne pas tomber dans la Frénésie et se perdre. Elle part donc souvent arpenter les bars, les ruelles sombres, les boîtes de nuit, à la recherche d'un met à croquer. Quand elle ne chasse pas, la jeune femme dessine. Bête, enfantin, peut-être néanmoins elle ne s'est jamais, tout au long de son existence humaine, essayer à l'art. Une chose que son père ne devait pas juger assez intellectuel pour elle … A présent, elle est libre et se perds des heures et des heures en dessinant au fusain des choses qu'elle seule comprend, comme toujours. Elle se perd dans la noirceur du bout de fusain et esquisse des mondes, des créatures, des visages, des choses qu'elle a pu voir lors de ses nombreux déplacements une centaine d'années auparavant … Que de souvenirs qui, à présent lui reviennent et qu’elle a besoin de mettre sur papier. Personne n'a jamais vu ses dessins, elle les garde précieusement cacher … Comme un secret qu'elle n'ose révéler, comme une faute qu'elle n'ose pas avouer.
✤ Manies, habitudes & goûts /
✤ Discipline Dillon a le don de la Thaumaturgie, main de la Destruction de niveau 3. Elle peut donc facilement créer un acide à l'aide de ses mains et si mit au contact d'un tissu humain vivant, peut le brûler instantanément. De même pour un métal, elle pourra facilement le transpercer de 6 mm si c'est de l'acier, et 8 mm si c'est du bois. Lors de son éducation Cinead et Mikail l'aidèrent à perfectionner la maîtrise de son don et à présent, elle sait l'utiliser quand il le faut et sans excès. Dillon est consciente que si elle utilise bien trop souvent sa discipline, elle risque de s'affaiblir. Bien que le fait de brûler quelqu'un soit amusant pour elle, cela l'est un peu moins quand elle sent son corps s'affaiblir.

Au cours de ces années à errer de ville en ville et de tribu en tribu, Dillon a combattu bien des créatures, seulement, elle n'a dû utiliser son don que très peu de fois, préférant utiliser une arme, ses pieds ou ses mains plutôt que son don. Elle se souvient avec exactitude du moment où elle a pu mettre en œuvre l'apprentissage de sa maîtrise, preuve du peu de fois où elle en a usé.
✤ Convictions Dillon trouva parfaitement ridicule le fait de révéler la race vampire aux yeux de tous les humains. Le Conseil avait donc perdu la tête en ayant cette idée des plus merdique qui lui fit perdre son temps … En effet, restait cloîtré pendant près d'une dizaine d'années pour le bon vouloir de ces vampires, à ne rien faire de plus qu'attendre qu'un œuf au plat tombe tout cuit dans la poêle, Dillon n'avait pas vu grand intérêt à cela. De plus, les vampires créèrent une cohue monstre et un bordel infini dans la société, forçant Dillon à se montrer légèrement plus civilisée qu'elle ne voulait l'être. La Révélation, elle considère cela comme une erreur mais n'aurait jamais osé se rebeller contre Le Conseil comme le fait, lentement mais sûrement Cinead. Elle se fiche parfaitement de ce que le monde devient, à présent, se disant simplement que vampires, loups, sorciers et autres monstres nocturnes l'ont bien cherchés. Qu'ils crèvent ou qu'ils vivent dans tous les cas, le monde est dans une belle merde et c'est entièrement de leur faute … Que les manifestations continuent, que les HA se croient supérieurs, que les loups et vampires continuent leur mascarade … Plus rien n'est à sauver et Dillon en rigole bien.
✤ Signes particuliers Dillon est asexuée, elle ne ressent pas et n'a aucune attirance pour le plaisir charnel. Cela la rebute d'ailleurs et elle pourrait réagir assez violemment si une tiers personne tenterait un acte motivé par le flirt ou le plaisir envers elle. Prenez garde à la main que vous tendrez vers elle ...

Personne ne sait ce qu'est ne plus rien ressentir, ne plus rien éprouver. Juste la douleur. Persistante, comme la sueur qui vous colle à la peau, comme un ulcère au cœur, comme un rhume qui ne veut pas s'en aller et empire, un peu plus chaque jour. Qui vous bouffe de l'intérieur, qui vous noie, vous transperce et vous fait vous oubliez. Dillon le sait, elle. Dillon le voit et le ressent, cette douleur qui ne veut pas s'en aller, qu'elle aille se faire foutre. Qu'elle la laisse enfin en paix …  

1860, Château des Ó Maoilriain, Bal des Ó Maoilriain

Son corset l'empêchait de respirer et sa vue se brouillait. Trop de monde. Ce bal n'en finissait plus et Dillon commençait à peiner de rester debout. Un rire gras se fit entendre et Dillon serra les dents. Quand allait-il arrêter ce supplice?  
Quelqu'un la bouscula et elle faillit tomber. Non. Elle ne devait pas. Il la punirait et elle ne savait pas si elle y survivrait. Était-ce réellement un problème? Mieux valait mourir. Mieux valait tout que sa vie. Ses pieds bougèrent seuls et elle se faufila parmi la foule, alors qu'elle sentait son estomac se révulser. Elle pria Dieu pour ne pas vomir avant d'avoir quitté la salle. Elle ne pouvait se le permettre. Pas maintenant. Elle accéléra le pas, qu'importait à présent. Ses jupons fouettèrent les jambes des invités, quelques exclamations indignées lui parvinrent mais elle se fichait de cela. Elle sortit, sachant parfaitement que son père l'avait vu. Il voyait tout, toujours, tout le temps, la suivait, partout … une sangsue avide de toujours plus de sang. Sucer encore et encore. Il n'en avait jamais assez.  


Elle atteint finalement le couloir souffla lentement, se forçant au calme. Ses membres tremblaient et ses mules lui meurtrissaient les pieds. Elle ne pouvait pas rester ici … Ces gens l'insupportaient. Ils savaient , tous, sans aucune exception ce qu'elle endurait … La nature humaine, Dillon ne la comprendrait jamais tout à fait. Ils étaient stupide ridicule, ignares, intolérants. Elle leur cracherait bien au visage, à tous, à son père, son cher père. Cet homme au sourire hypocrite et aux yeux froids où ne brillait qu'une lueur d'avidité. D'avidité de toujours avoir plus. Il voulait que tout lui appartienne, tel un enfant capricieux. Elle longea le couloir, le visage pâle et transpirant, ses yeux ne supportant même plus d'être ouvert. Elle semblait être dans un bateau qui ne cessait de tanguer de droite à gauche sans jamais s'arrêter. Monter les escaliers lui parut impossible. S'accrochant  à la rampe comme un homme à la mer s’accrocherait à une bouée, Dillon remonta, lentement mais sûrement l'escalier en marbre du château enseveli sous les ombres effrayantes de la nuit qui se mariait à la lueur de la Lune.  

Elle arriva à sa chambre bien vite et sonna une servante. Laissant ses mains s’agripper à la barre de son lit, elle posa une main sur son ventre creux, trop pour paraître normale. Dieu seul savait quand elle avait mangé un réel repas … Son père se fichait bien qu'elle mange à sa fin ou qu'elle ne mange pas du tout … Qu'importait du moment que sa précieuse Dillon faisait ce qu'il lui demandait. Elle le haïssait. Le Diable pourrait parfaitement repêcher son âme pour en faire une damnée, la haine ternissait son esprit et elle se savait perdue depuis longtemps. La servante arriva, elle ne lui accorda aucun regard.  

-Délace mon corset. Vite, somma-t-elle d'une voix essouflée.  

Se pressant, la jeune domestique dénoua le nœud et écarta les deux pans du corset. Dillon soupira, relâchant tout le souffle qu'elle avait accumulé … Tombant lourdement sur le matelas dur de son lit, elle renvoya la servante qui se pressa de sortir, sans lui demander si elle allait bien ou si elle avait besoin d’autre chose. Ils étaient tous ici pour lui, pour son géniteur. Ils se fichaient tous d'elle et fermaient les yeux sur son état qui ne faisait que s'aggraver. Personne ne viendrait la sortir de là .. Personne ne s'occuperait plus de savoir si elle allait bien … Qui le ferait ? Elle n'avait rien à leur donner en échange, elle voulait seulement qu'ils crèvent. Tous. D'une mort atroce. Qu'ils souffrent autant qu'elle souffrait depuis son plus jeune âge, depuis que sa mère était morte. Depuis que son père avait enfoui en lui la part la plus humaine de son âme. Si seulement il en avait eu une … Dillon ne s'en souvenait même plus … Elle retira la robe de mousseline noire, enleva la chemise de baptiste et  détacha ses jarretières. Chaque soir, elle se complaisait à faire cela, à se déshabiller, se dénouer les cheveux pour les laissait enfin libres … C'était le seul moment où elle pouvait enfin arrêtait de devoir plaire. Plaire à ces gens dont elle se fichait et qui le lui rendait bien.  

Aussi nue qu'au premier jour, la jeune femme se vêtit simplement d'une chemise de nuit. S'asseyant face à sa coiffeuse, elle prit une brosse et commença à s'occuper de ses cheveux. Leur blondeur lui rappelait ceux de sa mère. Son cœur se serra en pensant à elle, Aislinn. Elle était belle, pure, gentille mais trop douce. Trop douce et faible pour un homme comme son père qui semblait plus à un Viking qu'à un homme de la noblesse. Elle l'avait vu peu à peu détruire sa mère sous sa hargne et sa puissance, lui imposant les choses qu'il lui imposait à présent à elle, sa fille. Sa précieuse Dillon. Il aimait faire croire qu'il l'aimait. Qu'il la chérissait comme la prunelle de ses yeux, qu'elle était le sang de son sang … Que les gens étaient naïfs. Naïfs et égoïstes. Dillon était aussi aimé qu'un cafard. Si ce n'était que le cafard était plus libre de ses mouvements qu'elle. Tout était calculé. Toute sa vie n'était qu’un imbroglio  d’obligations, de code vestimentaire et comportementale. Comme si toute son existence n'était qu'un schéma, une formule mathématique qui devait être respectée à la lettre, au chiffre, au tissus près. Rien ne lui appartenait, ses pensées, ses opinions, ses envies n'étaient plus prises en compte depuis longtemps. Dillon se demandait quand tout cela cesserait. Espérait-elle encore que ça s'arrête? Elle ne le savait plus. Elle n'avait aucune envie d'espérer, l'espoir donnait de la force à la déception, la déception à la tristesse puis à la colère, la colère à la haine et la haine à la mort. un cercle vicieux dans lequel elle tombait, sans s'en rendre compte.  

Elle se coucha, s'attendant à tout instant à ce que son père entre et la rosse comme il le faisait toujours quand elle faillissait  à sa tâche. Il trouvait toujours un moyen pour lui faire du mal, moralement ou physiquement, comme pour la punir d'exister, d'être née et d'avoir été un fardeau de plus dans sa vie …





1867, Château des  Ó Maoilriain

Un silence de mort régnait dans la pièce alors que son père laissait traîner sa plume sur la feuille. Dillon, immobile, les mains croisées dans son giron, attendait qu'il ait fini … Pourquoi l'avait-il convoqué si tôt ici ? Elle n'en savait rien et plus les minutes s'écoulaient, plus la jeune femme sentait l'angoisse lui enserrer a gorge. Il posa sa plume. Dillon se tend. Il relève la tête et la fixe de ses yeux pâles. Elle baisse les yeux, sachant qu'il n’aimait pas que l'on soutienne son regard.

-Un mariage s'impose, Dillon. Comme tu le sais, tu es promise au duc Ò Néil et je suis sûre, ma précieuse Dillon, que tu feras son bonheur. Et seulement,son bonheur, acheva-t-il en lui lançant un regard qui lui la fit tiquer.

La soupçonnait-il d'être une femme volage? Elle rougit sous l'affront et baissa un peu plus les yeux. ne s'arrêterait-il jamais de la rabaissait au même statut qu'une catin? Elle ne plaisait guère aux hommes, n'attirait que peu le regard et personne ne lui avait fait la cour si ce n'était ce duc auquel elle avait été présentée il ya bien longtemps. Elle ne savait plus à quoi il pouvait bien ressembler, à présent et cela lui était égale. Elle ne voulait pas se marier, elle n'en avait aucune envie. C'était comme passait d'un Enfer à un autre. C'était cela qui l'attendait? Être une parfaite épouse pour un mari qui ne l'aimerait pas, qui ne la considérerait même pas comme un être humain … Ils étaient tous pareils, les hommes. Avides de contrôle, se délectant dans un plaisir charnel et politique, se disputant des choses qui échappaient totalement à Dillon. Elle ne les comprenait pas et ne voulait pas les comprendre, ils l’effrayaient, ces hommes pourtant tous différents physiquement mais avec la même noirceur d'âme, elle en était sûre. Ils la souilleraient; Ce duc la souillerait. Combien de fois avait-elle entendue que la femme n'était là que pour le bon plaisir de son mari? Qu'elle n'était destinée qu'à le rendre heureux? Mais elle, ses peurs, ses désirs à elle, ses plaisirs à elle … Son bonheur. Tout le monde se fichait de cela. Son père le premier.

Il admirait son travail sur elle, la façonner pour qu'elle soit à l'image de la loque qu'il avait imaginé et Dillon le laissait faire. Elle le laissait avoir les pleins pouvoirs car elle savait ce qu'il attendait si elle tentait ne serait-ce qu'une rébellion.

Il la jetterait dans cette grange, vêtue en tout et pour tout d'une chemise de nuit et pendant cinq jours, cinq longs et douloureux jours, ne lui donnerait que peu à manger, l'enfermant dans le noir et le froid … Elle se rappelait avoir hurlé, hurlé et encore hurlé pendant des heures. Priant pour qu'il la sorte de là, lui ordonnant d'arrêter cette mascarade .. mais rien. Personne n'était venu, personne ne l'avait aidée. Elle n'existait pas. Elle n'existait plus depuis longtemps … Alors elle s'était tue et avait attendu qu'on vienne lui ouvrir au bout du cinquième jour. A la suite de cet événement, elle n'avait plus refait l'erreur de tenter quoi que ce soit contre les ordres de son père. Rien qui puisse le contrarier et avait appliqué tous ses ordres à la lettre. Dû moins, jusqu’à présent. Elle ne voulait pas s'unir à cet homme et comptait bien le faire comprendre à son père. Elle ne voulait en aucun cas qu'il la force à cette union. Elle releva donc la tête et fixa le visage impassible de son père.  

-Non.  

Son père, assis en face d'elle derrière son grand bureau en bois sombre, haussa un sourcil :

-Je te demande pardon?

Dillon faillit se rétracter mais malgré les battements affolés de son cœur, elle haussa le menton et le fixa froidement en répétant :

-Non. Je ne veux pas me marier.

-Crois-tu avoir le choix, Dillon? T'ais-je déjà donné l'impression que tu avais le droit d'avoir ton mot à dire sur cet arrangement ?  

-Je … non. Seulement, je ne veux pas me marier. Il est trop tôt, Père et j'aimerais  ...

-Je me fiche de ce que tu aimerais, ne l'as-tu donc pas compris? Es-tu aussi sotte que ta mère? lâcha-t-il- avec un rictus écœuré. Comment osait-il parler de sa mère ainsi? Des larmes de rage vinrent emplir ses yeux et elle serra les poings. Sa voix trembla mais elle ne faiblit pas :

-Ma mère était une femme que vous avez détruite. Comme vous me détruisez, Père.

La réaction ne se fit pas attendre, il se pencha par-dessus son bureau et la gifla. Net. Dillon lâcha un cri et se mit à trembler.  

-Ta mère était une femme fragile et une imbécile. Je n'ai fait que lui faire un enfant à son image. Tu n'es rien d'autre que ce que je veux que tu sois. M'insulter ne mènera qu'à te descendre encore plus …
Tenant sa joue, elle n'osa pas le regarder. Lui avait-elle demandé de la faire venir au monde? Elle n'était en rien fautive de sa naissance … Elle n'y pouvait rien … Retenant ses larmes, sachant que cela
n'énerverait que plus son géniteur, Dillon se leva et demanda d'une voix sans timbre :

-Puis-je disposer?  

Un simple geste sec de la main le lui accorda. Elle marcha lentement jusqu'à la porte et s'enferma dans sa chambre, maudissant le jour de sa naissance et son existence entière.




La religion avait une place toute particulière dans la vie de Dillon. Son père était un catholique pratiquant et très souvent lorsque Dillon n'était encore qu’une enfant, il la punissait en lui faisant lire un passage de la Bible, assise , les genoux sur un manche à balai. C'était donc devenu une habitude, pour la jeune femme, de prier chaque fois qu'elle pensait pêcher. un automatisme, une prière, pour un péché qu'elle se répétait inlassablement comme une chanson, une berceuse ou une continue … Face à la chapelle, Dillon pleurait. Elle le savait qu'elle était prête à en finir. Elle ne voulait plus souffrir … Était-ce mal de vouloir apporter un soulagement à sa vie misérablement douloureuse ? Elle s'était pensée assez courageuse pour enfouir son humanité au fond d'elle … Non. Elle n'était pas aussi forte. A l'image de son corps, elle était faible.  

Le vent soufflait fort, comme toujours dans les grandes plaines d'Irlande. La jupe de Dillon se collait à ses jambes frêles et ses cheveux lui tombaient librement sur le visage … Son corps tremblotait, agité de soubresauts violents alors que ses pleurs s'intensifiaient, se perdaient dans le brouhaha que créait le vent. Une lame de couteau brillait dans son poing alors que des larmes dévalaient ses joues rougies par ses pleurs. Était-ce la solution? Elle n'en doutait plus. Elle savait qu'en faisant cela, elle serait promise à l'Enfer. Qu'Est-ce que cela changerait à ce qu'elle vivait , à présent? Son père, son géniteur, son bourreau, la malmenait depuis tant d'années, ayant même réussi à lui faire croire qu'elle n'était rien de plus qu'une erreur, une chose qui n'aurait pas dû être là … Une merde parmi tant d'autres … un insecte dérangeant.

Remontant les manches de sa robe, elle leva son bras droit et posa la lame sur la peau fine et blanche de son poignet. Elle y voyait ses veines, bleues, fines, Un circuit se promenant sous sa peau pâle … Elle appuya la lame sur la peau, forçant et forçant encore, faisant aller venir légèrement la fine lame du couteau, elle lâcha un cri mais ne faiblit pas. Le sang coula, épais, rouge sombre, il dévala sa main, la souillant de son éclat rougeâtre. Dillon le regarda presque fascinée, ignorant la douleur et se hâta de faire de même pour son poignet gauche. Les plaies étaient assez profondes pour que le sang s'écoule vite. Elle voulait que cela cesse, elle se savait perdue. Le suicide était considéré comme un acte infâme et indigne. Son corps serait sûrement jeté dans une fosse ou traîné par des chevaux avant d'être pendu, pour la forme. Elle se fichait bien de cela, tout le monde fermerait les yeux, comme ils l'avaient toujours fait. L'être humain aimait vivre dans l'ignorance. Mieux valait alors s'en aller, définitivement pour ne jamais revenir. un sanglot lui échappa et elle se mit à prier.  

Notre Père  
qui es aux cieux,  
que ton nom soit sanctifié,
que ton règne vienne,
que ta volonté soit faite,
sur la terre comme au ciel.  
Donne-nous aujourd’hui notre pain de ce jour,
pardonne-nous nos offenses,  
comme nous pardonnons aussi
à ceux qui nous ont offensés
et ne nous soumets pas à la tentation,
mais délivre-moi du mal.

Amen


Sa vue se brouilla et Dillon se détourna de la Chapelle. Elle leva les yeux et aperçut une silhouette, non loin de là, immobile. Elle ne put ni crier, ni faire un pas en avant, Elle se foutait bien de savoir qui cela pouvait être … Il ne lui viendrait pas en aide, il n'avait plus rien à faire. Le sang continuait de s'écouler le long de ses mains et bientôt Dillon vacilla. Ses yeux cillèrent encore deux puis trois fois avant qu'elle ne s'effondre. Son corps tomba lourdement dans l'herbe et ce fut le trou noir. une Libération? Peut-être.  
Elle flottait, ses pieds ne touchaient plus le sol et quelqu'un la portait. Sa vue était toujours aussi brouillée et elle sentait une odeur qu'elle n'avait jamais senti auparavant. Elle n'eut aucunement la force de se débattre, du sang s'égouttait sur le sol poussiéreux de la chapelle et ses bras pendaient mollement.

Elle fut brusquement allongée. Elle ouvrit plus grands les yeux et aperçut enfin le visage de celui qui la portait. Elle écarquilla les yeux … Qui était-il ? Elle fut fascinée et ne rendit même pas compte qu'il avait dénoué sa robe laissant voir son corps. Soudain il fut sur elle, en elle, de toutes les façons possibles. Elle cria quand les crocs de Cinead lui rentrèrent dans la carotide. Elle leva les mains mais n'eut pas la force de le repousser. Son dos glissait sur le sol au rythme des coups de reins de Cinead mais elle n'en ressentit qu'une vague gêne, rien d’autre. Elle ne s'en formalisa pas ne sachant même pas ce que voulait dire le mot orgasme. Il finit par retirer ses canines et s'ouvrit le poignet, le colla contre sa bouche forçant Dillon à aspirer le liquide gluant et dans un demi coma, elle avala, encore et encore, sentant comme une force envahir son corps, tendre ses muscles, faire craquer ses os, s'imprégner de son âme, de son sang, de son cœur, de chacun de ses organes sans aucune exception. Dillon finit par reculer sa bouche alors que le jeune homme au dessus d'elle se rhabillait tandis que Dillon restait allonger, fixant le haut plafond de la chapelle. Rien ne se passa … Rien … Puis l'Enfer s'ouvrit devant elle …  


Ce qui était bon, à présent, c'était qu'elle n'avait plus à souffrir. Dillon était dans un monde qu'elle seule pouvait comprendre, elle le modelait à sa façon, le bâtissait comme elle le voulait et ne fondait son monde que pour et une seule et unique personne. Son Sire. Sa raison d'être, de vivre, de faire semblant de respirer, d'avancer et de continuer de sourire. Le reste importait peu, le reste était inutile, les autres loisirs que pouvait offrir la vie lui semblait pâle face à tout ce qu'elle pouvait admirer chez lui … Jamais, même dans sa vie humaine, elle n'avait ressentit cela. Une passion dévorante, platonique et pure. Rien d'autres. Elle n'avait besoin de rien plus. La Dillon humaine était belle et bien morte. Elle avait disparue en même temps que la raison de la jeune femme. La fragilité n'était plus un soucis car elle était plus puissante que jamais, la naïveté n'était plus un mot qui faisait partie de son vocabulaire et la peur, elle ne connaissait pas. Tous les sentiments qui avait bercé sa première enveloppe s'étaient évaporés et Dillon ne pouvait qu'en être heureuse.  


Dillon, au côté de son Sire dont elle prit le nom quelques temps plus tard,voulant chasser définitivement son ancienne de vie de la nouvelle, parcourut les différentes villes d'Irlande. Débauche, sang, crimes se mélangèrent lors de ces 20 années.  



Bien des années plus tard, Cinead revint à Paris, Dillon l'accompagna, bien évidemment et fit la rencontre de Mikail. Celui-ci la fascina par sa sagesse, son état d'esprit et la façon dont il l'éduqua, au côté de son Sire. Elle l'écouta sans sourciller, jamais. Bien que Cinead fut sa seule raison de respirer, d'exister, Mikail devint bientôt un exemple pour Dillon.   Cinead tenté d'éduquer Dillon tout d'abord comme l'avait fait sa Sire,à lui, sans pour autant y arriver totalement ... Dillon n'avait plus aucune envie d'être dirigée selon le bon vouloir de quelqu'un et n'était pas revenu "à la vie" pour réapprendre les mêmes choses ennuyeuses qu’elle avait connues dans sa vie d'antan. Cinead lui accorda bien cela et la forma en tant que vampire. Dillon devint bien vite une combattante redoutable, traquant comme telle une chasseresse ne lâchant jamais sa proie. Seule exception à sa condition de vampire, Dillon ne ressentait pas La Soif. Étrange mais elle ne se osa pas plus de questions et dû faire plus attention que jamais à boire régulièrement du sang … En effet, la Frénésie peut donc s'emparer d'elle à tout moment car elle ne ressent pas le besoin de boire. Tantôt douce, tantôt enragée, la jeune femme pouvait changer de personnalité à tout moment, pile ou face … Face ou pile, c'était au choix mais jamais prévisible.  

A la suite de l'achèvement de son éducation, Cinead décida de travailler pour Le Conseil. Dillon se fichait bien qu'il travail ou pas pour eux, elle le suivit. C'était tout ce qui importait. Durant de longues années, le couple parcourut des terres que Dillon n'avait jamais pu observer ni jamais osé rêver. Elle parcourut divers pays, Cinead s'occupant de tuer des personnes qui ne faisaient pas seulement que gênait le conseil mais qui le menaçait … Ils atterrirent en 1990, une centaine d'années plus tard, en Amérique. Chargé de se rendre Louisiane, Cinead s'installa sous-terre, n’ayant pour mission que d'observer. Observer quoi? Pourquoi? Dillon n'en avait rien à foutre mais savait qu'un gros bordel s'annonçait. Des morts subites, inquiétantes, sans aucunes explications se succédèrent, effrayants les habitants de la Louisiane. Ce n'était qu'un prélude à ce qui allait marquer un tournant majestueux dans le monde entier. Au préalable, Cinead dut faire disparaître plusieurs corps, effacer des dossiers qui auraient pu être retrouver par les autorités lors de la Révélation. Dillon  

La Révélation. Les vampires se montrèrent au "grand jour", effrayant, macabre, sanglant. Dillon se demanda bien à quoi cela servait si ce n'était à effrayé un peu plus les humains. Du moins ceux qui étaient les plus faibles et les moins courageux. D'autres de l'espèce que méprisait Dillon, ne se contentèrent pas de rester là, les bras croisés à regarder leur monde envahit par des créatures qu'ils croyaient encore imaginaires il y a peu de temps … D'autres monstres de la nuit furent bientôt sur le devant de la scène, sorciers, nécromanciens, loups garous et bien d'autres se dévoilèrent aux yeux de tous … Comme si cela ne suffisait pas que les vampires se sentent pousser des ailes et se montrent. Dillon s'ennuyer et malgré que Cinead lui intime la patience, elle ne supportait point de se tourner les pouces à observer un écran et attendre qu'un jour, un beau jour, quelque chose tombe. Et ce jour vint.  
Un mail arriva. Dillon en frétilla d’excitation quand elle sut ce qu'ils devaient faire. Enfin les choses bougeaient et cela allait déclencher une ribambelle d'agitations qui n'était que la bienvenue.  
Le soir même qui suivit l'envoi du mail, Cinead et Dillon se chargèrent d'attaquer un groupe de motards. Peu aimables et pas bien communicatifs, certains y passèrent, le chef en premier. Dillon se fit un plaisir de tuer ceux qui essayèrent de se rebeller. Le reste, les plus sages et moins cons, se joignirent à Cinead.  

Bien plus tard, Mikail fut nommé Prince de Shreveport par le Conseil. Recruter pour préparer l'arrivée de ce nouveau maître de la ville, Cinead est nommé Exécuteur et Dillon chef des nettoyeurs. Boulot qui lui alla parfaitement, logeant dans une maison du quartier vampire, la jeune vampire se chargeait de faire le ménage sur les différentes scènes de crimes des vampires. Dillon nettoya et découpa plus de corps qu'elle n'en bu en ce laps de temps chargé d'années.  

Ce n'est que bien après que Dillon fit la rencontre de Millicent, louve accroc au V. Sa frêle silhouette perdue parmi un amoncellement de détritus l'avait attiré et Dillon n'avait pu résister à l'envie de la descendre un peu plus dans son Enfer. Elle aimait cela, que les gens creusent un peu plus la noirceur dans laquelle ils baignaient, pour les corrompre un peu plus. Les destructions, voir les gens se détruire était un plaisir que Dillon s'accordait volontiers. Elle la fit sienne, l'emmenant officiellement au sein du clan Ó Suillebhain. C'était sa louve, la sienne et seulement la sienne. Quiconque oserait la toucher saurait 'en souvenir … ou pas, car il serait déjà mort, la gorge béante ou les yeux crevaient.  


. Le shérif de Shreveport, Tomas d'Ombremont meurt mystérieusement. Mystérieusement dit-on? Dillon sait parfaitement qui l'a tué et pourquoi. Rien n'est jamais baissé au hasard avec lui et elle ne peut que l'en admirer un peu plus. Cinead décide alors de dévoiler au vu et aux oreilles de tous des discours contre le Conseil. N’approuvant ni ne désapprouvant ses propos, Dillon le voit lentement s'éloigner de ceux pour qui il a travaillé pendant tant d'années. Un Bien? Un Mal ? Dillon n'en savait rien et s'en fichait pas mal tant qu'il pensait faire bien. Mais ce qui devait arriver arriva et Mikail prit la douloureuse décision de se séparer de son Infant. Partager entre raison et amour, Dillon ne put que suivre celui qui était depuis bien longtemps son âme sœur, la moitié d'elle-même. Bien qu'elle tienne toujours Mikail en grande estime, Dillon ne put pas rester à ses côtés et préféra s'en aller rejoindre Cinead dans le night club qu'il avait construit lors de ascension en Mikail en Louisiane.  

A présent, le trouble persiste, les meurtres se succèdent et le pays part totalement à la dérive. Les humains auraient-ils pu anticiper une aussi grande anarchie? Jamais et Dillon s'en rend bien compte, à présent. Même si elle se fiche bien du sort qui est réservé à ces êtres qu'elle exècre et qui l'attire tout autant pour ce qu'ils contiennent,elle reste consciente que peu à peu … les créatures de la nuit prennent une place bien trop importante dans un monde qui ne leur appartenait pas seulement à eux.  



Mai,2016.

Triste perte. Amour brisé. Dillon n'est qu'un imbroglio de haine, de peine, de colère. Son Sire n'est plus et Mikail se refuse à lui faire amande honorable. Le coeur déchiré en un milieu de morceaux devenant peu à peu une bouillie de chair ensanglantée, elle veut s'endormir ... Pour toujours ? Egoïste Dillon ne pensant même pas à sa Louve.

Le destin en a décidé autrement. Fou, noir, incertain. Celui qu'elle considère comme un père lui offre la non-vie à la place d'une exécution. Un cadeau dangereux. L'esprit en deuil mais toujours actif, elle accepte. Elle convulse de rage à l'intérieur.

Elle reste quelques temps caché aux yeux de tous, montrant patte blanche à son nouveau "tuteur" ... Ses envies meurtrières ne se calment pas. Jamais. Elles sont présentes mais sous-jacentes, s'insinuant dans ses veines comme du poison, un poison dangereux qui explosera peut-être à la gueule de la mauvaise personne.

Reprenant place au sein des Nettoyeurs, elle se sait condamnée. De bien des manières. Aucune incartade. Rien. La seule sentence sera la mort.

L'épée de Damoclès pend comme le tic tac d'une horloge tenu par un fil rougeâtre au dessus de son crâne. Douce fleur perdue dans un monde qu'elle ne reconnait plus ...