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 Bella.

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MessageSujet: Bella.   Bella. Icon_minitime12/12/2015, 01:20



Bella.
feat. Callisto Vasilis



    La barque de ma mémoire porte un souvenir fragile, froissé, érodé par la mer du temps, qui lutte à contre-courant pour ne pas disparaitre dans la cataracte de l’oubli. À se rappeler, on s’essouffle. Les détails viennent à manquer sur le papier blanc et, lentement, c’est toute une beauté qui se galvaude d’essai en essai, d’omission en omission. J’efface, je gribouille et je compense, à tel point que mon souvenir devient fruit de mon imagination, et un portrait qui se voulait l’imitation parfaite de la réalité se grime subitement en fiction. Mon désir de commémorer une beauté hors du commun ne devient plus qu’un piètre processus de création. Le témoin que j’ai été naguère se dérobe au profit du créateur que je refuse d’être ; à défaut de me souvenir de la forme exacte de ses yeux, du pli qui guette sous une lèvre pulpeuse ou de l’angle auquel s’incline le sourcil sous le poids d’une surprise, j’invente. Et au fond, cela me fait mal de l’admettre. Alors, pourquoi s’acharner ? Pourquoi faut-il que mes doigts, de leur hésitation, massacrent la sacro-sainte figure de ma déesse sous l’oukase de mon égoïste désir ? Parce que c’est plus fort que moi. Quoi que je fasse, elle est toujours là, comme un spectre jaloux qui ne veut pour mon regard friand de beauté que son majestueux visage. Nostalgique de mon ancienne ivresse, je lui obéis et je la dessine, mettant au défi ma mémoire de recopier, encore et toujours, tout ce dont je l’ai contrainte à se souvenir ces lustres durant.
    Je quitte soudainement le dessin, offrant à ma pogne la liberté de se reposer après des heures à reproduire Calliope sur une dizaine de feuilles, dans une dizaine de positions et d’expressions. Mes yeux parcourent avec lenteur ce qui m’entoure, éveillé dans un lieu que je ne me souviens pas d'avoir franchi, mû comme par somnambulisme. Muré par les hautes étagères pleines de bouquins, livré à la vue du monde par l’unique fenêtre qui se dresse, béante, devant moi, je reconnais peu à peu le paysage et je retrouve le chemin vers la réalité, me souvenant m’être assis dans ce fauteuil de cuir dès mon réveil, en proie à l’irrépressible envie de m’abandonner aux siècles passés et aux passions enterrées. Non loin, dans un recoin interdit à mon regard, j’entends crépiter le feu anémié dans l’âtre qui crache, de peine et de misère, ses reflets sur la vitre fermée. À l’opposé de la pièce, la vieille pendule se balance au gré des secondes, discrète dans ses grincements mais incapable d’échapper à mon sens. Hormis ces détails, le silence s’impose dans les ténèbres ; précieux silence qui n’est à son aise qu’entre les murs de mon manoir et considéré à sa juste valeur que lorsque soumis à mon humble jugement.  
    Les portes gémelles de la bibliothèque se lamentent subitement, poussées lors de l’arrivée tranquille d’un visiteur, lequel, si je ne puis l’identifier par la vue, se dévoila entièrement à mon odorat. Callisto venait de faire ses premiers pas dans mon antre, probablement à ma recherche après des éons à me claustrer ici-bas pour m’abandonner à mes contemplations vaines. Je l’entends qui se déplace de pas feutrés, ralentie probablement par toutes ces tranches de livres qui suggèrent, d’un titre accrocheur, des histoires contenues sur les pages cachées, et que seule la lecture peut démystifier. Avant qu’elle n’arrive à moi, je referme lentement mon cahier de dessin et dépose le crayon de plomb sur la couverture, en signe d’interdiction à toute curiosité ou simplement parce que je cesse, cette nuit, de me torturer l’esprit.
« Callie. » dis-je, laconique, ne serait-ce que pour lui indiquer ma position et la presser de venir jusqu'à moi.
    Cinq secondes plus tard, elle m’apparaît, belle enfant dont je ne me lasse jamais d’admirer. Esthétique, qu’importent les voiles qui enterrent son corps, les fantaisies dont elle se nimbe ou la manière dont elle coiffe la soie brune de ses cheveux, son image est la source d’une fierté qui ne cesse de palpiter en moi chaque fois qu’elle me fait l’aumône de sa présence. Je l’admire comme je la redoute, cette sylphide dupée, n’oubliant jamais que sous l’écrin de la beauté se terre une menace endormie que la moindre erreur faite d’une parole ou d’un geste peut éveiller en sursaut. De voir tomber en ruines la plus précieuse pièce de ma collection demeure, toujours, une crainte qui me triture les boyaux. Et ainsi je flotte entre mon adoration, ma méfiance et ma hantise, souvent noyé par l’un de ces trois raz-de-marée, si ce n’est les trois à la fois. Je lui souris à la manière d’un père à sa fille et lui tends la main, invitation tacite à grignoter la distance pour que je sente couler sous sa chair la liqueur tant désirée.
« Que puis-je pour toi, ma belle ? » Ma belle, désignation possessive mettant en exergue ce pourquoi elle est mienne. C'est-à-dire pour sa vénusté, que je frôle à ce moment même du bout des doigts ; de mon index qui caresse une parcelle de merveille, alors que je me suis emparé de sa dextre aux fins de l'approcher un peu plus contre moi.
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MessageSujet: Re: Bella.   Bella. Icon_minitime17/12/2015, 02:09

De nouveaux cauchemars hantent les nuits de Callisto, la forçant à trouver des activités au beau milieu de la journée alors que son corps tout entier crève simplement d’envie de se livrer aux bras de Morphée. Son cerveau fonctionne à toute allure, les rouages s’activent et grincent douloureusement ; et si, et si, et si. Tant de secrets dissimulés, tant de questions sans réponses. Elle a beau tenter de se convaincre que se focaliser là-dessus est inutile, elle ne peut s’empêcher d’y songer. Parfois même, le doute l’effleure : Cassius pourrait-il lui cacher une vérité, trop douloureuse à entendre ? Afin de la préserver, ne serait-il pas prêt à enfermer au loin d’atroces réminiscences ? Plus les jours passent et plus Callisto s’interroge. Ce qu’elle découvre sur elle-même, les mouvements ancrés dans ses muscles qui semblent toujours surgir au moment le plus opportun, la font redouter un passé plus tumultueux que son Maître ne voudrait bien l’admettre. Qui était-elle avant de lui appartenir corps et âme ? L’inactivité incite à l’introspection. La seule parade à ces tourments intérieurs provoqués par la solitude est finalement de trouver une distraction. Au début, les entraînements physiques semblaient suffire, mais à présent que son corps s’est réhabitué à faire des efforts réguliers, les cauchemars reviennent de plus belle.

Callisto ignore comment le vampire va prendre sa récente décision de se faire une place dans le monde. Elle ne se satisfait plus d’être son ombre, elle veut apporter plus que sa présence, elle veut participer activement au lieu de simplement suivre le courant. Elle veut diriger, plus être guidée. Ce qui ne veut absolument pas dire qu’elle désire s’émanciper de Cassius, loin de là même. Elle sent le manque dès qu’il s’absente, elle frémit à ses appels, elle a besoin de lui. C’est viscéral. Vital. L’influence des Marques se mélange à ses propres sentiments, tant et si bien qu’elle ignore à présent ce qui les différencie. A quoi bon le savoir, de toute façon ? L’unique chose qui importe est qu’il soit là. Qu’il désire sa présence. Qu’il ne se lasse pas d’elle ; surtout pas. Parce que sans lui, que deviendrait-elle ? Déjà qu’elle n’est qu’une ombre, elle craint que les ténèbres ne l’engloutissent entièrement. Elle n’a plus de passé auquel se raccrocher, seulement l’avenir… Et Cassius en est l’essence.

La lune est déjà haute dans le ciel lorsqu’elle trouve enfin le courage de le rejoindre – et l’audace de braver son isolement. Elle l’a vu se lever, se diriger vers son antre de papier et de bois, un phénomène auquel elle commence à s’habituer. Elle ne sait clairement à quel rituel il se livre en ces lieux, mais elle n’ose pas le déranger habituellement. Sauf ce soir. Lissant d’un geste nerveux le tissu vaporeux de sa robe immaculée sans âge, s’apprêtant à réajuster une mèche rebelle avant de se souvenir que sa crinière demeure réfractaire à toute tentative, elle traversa les interminables corridors et les pièces jusqu’à la bibliothèque. Elle ralenti l’allure entre les rayonnages, ses doigts caressant tendrement les tranches de cuir usé, se remémorant de certaines lignes, s’intéressant à ce que les autres volumes pourraient dissimuler.

« Callie. »

L’appel est à peine plus haut que le murmure, pourtant elle le perçoit. Ce n’est pas un ordre, néanmoins elle se détourne du reste et se dirige aussitôt vers lui. Dès que sa silhouette se dessine dans son champ de vision, elle se force à un pas plus posé, laisse un sourire fleurir sur le bout de ses lèvres pâles. Callisto ne dit mot, se contentant de combler la distance qui les sépare avec des mouvements lents, calculés. Dès qu’il tend la main, ses lippes s’étirant doucement, elle la saisit délicatement. Dans un même temps, elle ploie le genou à ses pieds afin d’être à sa hauteur, si ce n’est plus bas que lui. Elle ne se relèvera pas tant qu’il n’aura pas fait de même. Elle porte la main à sa joue, frémit à son contact. Le froid ne l’indispose plus tellement, c’est autre chose.

« Que puis-je pour toi, ma belle ? »

Cassius est perpétuellement sérieux. L’émotion fragile qui entourait leurs retrouvailles se fissure et vole en éclat. Elle papillonne légèrement des yeux, comme si elle s’éveillait. Elle reprend conscience de la pièce dans laquelle ils se trouvent, des questions qu’elle avait à l’esprit, des demandes qu’elle voulait lui présenter.

« Tu as déjà tant fait, Cassius… » Inconsciemment, ses doigts caressent la dextre glacée tandis que sa voix susurre. « C’est à mon tour d’être utile. Je ne peux pas simplement vivre comme un objet d’art, j’ai besoin de faire plus. Je compte chercher un travail, rien de très prenant, juste de quoi m’occuper pendant les journées. Ou pendant une partie de la nuit, si tu préfères que je reste à tes côtés. » Les derniers mots se bousculent presque dans sa bouche, cherchant à sortir le plus rapidement possible. Elle fuit son regard, craignant d’y lire la désapprobation qu’elle craint plus que tout. Callisto s’emploie à garder son calme. « Mais je ne ferais rien que tu n’acceptes. »
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Bella.

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