Je suis un être doux, bon, charmant, et un peu nonchalant. Allons, ne souriez point ainsi; cela est la vérité. Je porte en moi le sens de la justice et un goût artistique très prononcé. D'une vaste intelligence orientée vers tous les domaines du savoir humain, je possède une excellente intuition et un raisonnent juste. Eh! Camarade, je peux vous tirer de bien des pétrins. Mais trop doué, ouvert à trop de possibilités, je n'utilise guère mes dons et développe rarement tous mes talents. Tragique, n'est-ce pas? Capricieux, trop mou pour aller jusqu'au bout des choses, je grappille, paresse, jouis, musarde, discute sans aboutir. Je ne travaille que par à-coups mais réussis parfois des coups de génie. Gourmand et sensuel, je suis un bon vivant, parfois un peu hâbleur, qui inspire la sympathie par mon charme personnel. 
D'un physique tout à fait agréable, d' un caractère ouvert, je sais me mettre en valeur, choisis des vêtements seyants et parle avec élégance. Foncièrement optimiste, je corresponds à un personnage d'élite qui réussit bien dans la vie, sans trop de tracas ni d'opposition. Je suis un artiste, un dilettante, un rêveur, plus doué pour les arts que pour les sciences. Mon aisance et mon aura facilitant les conquêtes, j'ai commencé très tôt mes expériences amoureuses, et je connais encore de nombreuses aventures. 
Sous mes mauvais aspects, l'être instable que je représente est trop paresseux pour mener à terme quoi que ce soit. J'aime blaguer, parader, fanfaronner et faire le pitre, mais cela s'arrête là. Je n'accomplis rien, n'achève aucune de mes entreprises. Ce manque de sérieux et d'esprit de suite nuisent au charme inné dont la nature m'a pourvu et dont je ne profite souvent que médiocrement. En amour, je suis un infidèle. Quoi? Qui ne l'est pas. Pas assez sûr de moi pour conquérir de haute lutte, je m'embusque, guette, attend les bonnes occases. Vite épris, je me lasse aussi très vite. Je cultive le goût des étreintes rapides. Égoïste, je dispose d'une forte sensualité et apprécie le contact charnel brutal, les possessions crapuleuses... J'aime les femmes romantiques, fleur bleue, coquettes et très amoureuses de moi. Il faut savoir m'écouter, croire en mes mensonges, faire semblant de penser que je suis le plus beau et le plus intelligent. En outre, j'ai le tutoiement aisé, ce qui permet de me lier facilement. 
Un amateur averti, un mécène éclairé et au final un jeune homme affable et sympathique, au charme fou. C'est bien moi! Cultivé, je possède un sens artistique très développé et la perception exacte de la hiérarchie des valeurs. Mon caractère droit, mon amour de la justice et de l'équilibre me donnent une prééminence naturelle sur les autres. Je me maintiens toujours dans un juste milieu, à l'écart des extrêmes, là où ma courtoisie native et ma nature aimable peuvent se déployer harmonieusement. Le dandy nonchalant et dilettante que je suis, pourri de talents que je n'utilise guère, est un joli papillon élégant qui grappille à tous les plaisirs de la vie sans s'arrêter à aucun. Couvert de femmes séduites par mon charme, je vais de l'une à l'autre, sans trop s'attarder, engage plusieurs aventures à la fois dont je me tire toujours à mon honneur. Si parfois une vive sensualité me pousse au libertinage, je dispose d'un frein moral qui m'arrête avant de dépasser les bornes fixées par ma conscience. Sous des dehors de collectionneur de bonnes fortunes, je sais néanmoins quand j'aime vraiment. Ne tenant pas à l'argent, je le dépense hardiment, vivant à larges guides, sans trop me soucier du lendemain. Léger, romantique, primesautier, je suis un être délicieux qui aime que ses amis le débarrassent des petits problèmes quotidiens et accordent une confiance absolue à ses jugements et à sa compétence.
Charmant et charmeur, je suis un être pourvu d'ambition - à juste titre. Bien entendu, d'une humeur souvent taquine, le jeu est mon passe-temps favori. Parier, miser, supposer, feinter... des verbes dont la conjugaison m'est bien connue. Un autre loisir : la manipulation. Pour n'importe quoi sur n'importe qui. Mon intelligence développée est donc mise en avant lors des récurrentes persuasions auxquelles je suis impliqué. Je maîtrise à merveille l'art du langage; cela est fort utile pour charmer les esprits. J'assemble les mots de telle manière que je pourrais envoûter n'importe qui, sans paraître de le faire. Car la dissimulation est ma carte joker, qui évite tout incident regrettable. Enfin, lorsque je ne séduis pas, mon esprit malin facilite les observations aiguisées; il m'est agréable de considérer chaque petit détail, chaque geste infime, chaque parole anodine afin de découvrir tous les secrets qu'ils reflètent implicitement. Et je pourrais continuer à discuter de ma personne; puissant, agile, pacifique, déterminé... Tant de qualités qui me caractérisent. Oh, et ne prenez point cela pour de l'arrogance, il s'agit simplement de grande lucidité.
Je passe la plupart du temps au casino, à jouer au poker. Lorsque ce n'est pas le cas, il m'arrive de me balader dans le quartier qui est assez dynamique. Je peux traîner dans les bars, ou même aller voir un film par excès de frivolité. Je cours tous les matins, quand le soleil n'est pas encore levé. Il m'arrive parfois, sous le coup d'une envie soudaine, de partir dans un autre état du pays. A ce propos, le fait d'être joueur de poker professionnel m'oblige souvent à voyager en Europe, ce qui n'est pas loin de me déplaire. En effet, je peux retourner en France, mon pays natal.
J'aime : que mon appartement soit rangé et propre, que chaque chose soit à sa place, me lever très tôt le matin et me coucher très tard, prendre des douches glaciales. Je n'aime pas : les intrus, les étrangers, le désordre, les accents trop prononcés et tout ce qui ne m'est pas familier. Les foules m'indisposent. Et j'apprécie avoir des manies, comme celle de passer ma main droite dans ma chevelure ou encore jouer trois heures par jour aux échecs.
Jadis j'utilisais la magie blanche, mais il faut croire qu'elle est devenue à l'image de mon âme; noire. Je suis un magicien élémentaliste; je peux ainsi pratiquer la magie à partir des quatre éléments. Le feu est l'élément qui m'est le plus familier, étant le premier à m'avoir permis toute pratique magique. Le vent est mon favori; il m'accorde une grande vitesse. Le terre est accessible bien qu'aléatoire, et l'eau le plus inspirant. Il n'est pas peu dire que je suis, au contact des Quatre, bien puissant.
Tout ce qui ne concerne pas ma race me désintéresse.
Je possède un charme certain. Allons, ne chipotons point! Je ne vous fait point d'effet? Oh cher lecteur, le joli petit menteur. Alors regardez; une silhouette fine, voire élancée. Et bien proportionnée. Il faut évoquer la condition physique adéquate, puisque à force de gambader dans les bois... Mais ne nous égarons point. Je porte les cheveux courts, et si je éblouis de trop, sachez qu'ils ont la couleur chatoyante de l'ébène. Le touché y est doux et soyeux. Cette chevelure brune contraste joliment avec ma peau assez basanée. L'iris de mes yeux reflète également la couleur intense du bois brun, surplombant des joues hautes. Mes lèvres, qui ont l'agréable habitude de se balader au creux du cou de mes amantes, sont parfaitement bien dessinées.
Je m'exprime d'un ton chaleureux et assuré, tout en mélangeant différentes tonalités. J'emprunte l'accent typique de mon pays natal et y ajoute l'intonation aristocratique du milieu professionnel que je fréquente. Mon pas est ferme, et l'allure droite. Bien que la plupart du temps, je cours à droite à gauche bon gré mal gré. De ce fait, j'entretiens une bonne silhouette. Il est vrai que j'aime beaucoup bouger, et utiliser les parties de mon anatomie – bien que certaines soient plus employées que d'autres. Je pratique donc la course depuis mes jeunes années.
Mes mains sont belles et fines, en dépit de la présence de quelques cicatrices. L'agilité de mes doigts me permet d'utiliser divers maniements d'armes, et autres activités moins sérieuses... A ce propos, je suis très endurant et attentif à chaque... mouvement, à chaque... caresses... Bref. La taille est moyenne, comme vous le devinez. Ni trop petit, ni trop grand; le juste milieu. C'est pourquoi, grâce à ma finesse, je peux me glisser, me dissimuler, et grimper, sauter... En revanche, je suis peut-être un peu trop élancé, quoique bien musculeux.
Une bonne prestance, voilà la clé! Les habits sont sombres et sobres, et mettent ainsi en valeur l'intensité de mon regard. Ils sont également confortables, et cela est adéquat pour plusieurs mouvements. De plus, je me vêtis de tuniques faciles à enlever, ou au contraire, à remettre. Pour finir cher compagnon, j'arbore deux ou trois expressions fétiches. L'amusement est la première, qui correspond à l'état de joie qui me caractérise la plupart du temps. L'indifférence est la deuxième. Puis il y a la répugnance à l'encontre des autres races.

« Une jeune femme aux cheveux d'or marchait avec difficulté le long d'une ruelle étroite et sinueuse. Il faisait froid ce soir-là, à la veille de Noël. Le pauvre corps amaigri de la promeneuse était recouvert d'un léger tissu sombre qui formait un joli contraste avec sa peau pâle. Des larmes coulaient sur ses joues creuses et délicates sans interruption. Étrangement, il était aisé de distinguer ses grands yeux bleus dans la pénombre de la rue. Un regard vague et désespéré, qui malgré l'état critique de la jeune femme, ne perdait en rien de sa beauté pure. Elle arrivait au bout de l'allée menant à la rue de la Grotte, encore plus animée à cette époque de l'année. Les passants ne lui accordaient aucune attention, et la jeune femme trébucha à plusieurs reprises. Elle entra dans un petit magasin, à bout de souffle. Ses yeux distinguaient à peine les nombreuses statues de la Vierge Marie, et autres marchandises religieuses. Une bonne soeur remarqua alors sa présence, et elle se signa derechef. Un filet de sang coula le long des cuisses de la jeune femme qui murmura quelques mots. Elle demandait un peu d'aide, le regard inquiet posé sur son ventre nettement arrondi. Quelques heures plus tard, une jeune fille âgée de dix-huit aux cheveux d'un blond éclatant mourrait en donnant naissance à un bel enfant aux cheveux de jais. Des pleurs résonnèrent cette nuit morbide du 24 décembre.

Bill était encore complètement stone. Il était affalé sur le canapé, ses yeux flous fixant un point imaginaire du plafond. Il pensa un instant à son neveu Aïdan, qu'il ne voyait pas beaucoup. Le drogué avait accueilli le garçon quelques années auparavant, à sa sortie de l'orphelinat. Bill vivait à ce moment précis une période d'abstinence, qui le contraignait à se priver de sexe, de drogue et d'alcool. L'un et l'autre étaient assez surpris; Bill avait bien appris le décès de sa sœur Gabrielle, mais le sort de son fils était resté vague. Quant à Aïdan, il pensait n'avoir aucune famille. Même si l'oncle consommait des substances illicites, il veillait toujours au petit confort du jeune homme. Les pensées de Bill se suivaient et se confondaient, et son neveu rentra à l'instant où l'homme plongeait dans les eaux troubles de l'hallucination. Aïdan avait bien grandi, et il jeta un coup d'œil à peine perceptible à Bill. Le jeune homme méprisait toutes les formes de faiblesse, et la dépendance en faisait partie. Il monta tranquillement à l'étage, se dirigeant vers sa chambre. Il pensait de plus en plus à prendre une chambre à l'hôtel du quartier Midtown, puisque ses revenus de joueur professionnel de poker le lui permettaient. Le magicien avait seulement franchi le seuil de la maison qu'il avait reconnu la présence tant désirée et sensuelle de Morgane. Aïdan ouvrit la porte, découvrant sa belle maîtresse totalement nue. Le jeune homme se confondait d'amour et d'admiration pour la sorcière, or celle-ci s'obstinait à le repousser. Sauf exceptions charnelles. Une lueur de désir s'alluma dans le regard du mage, et il ferma d'un coup de pied ferme la porte. Les amants devaient fêter la chute de la Confrérie à laquelle ils avaient ardemment participé. Un rire s'échappa de la pièce, un rire dément qui traduisait une grande noirceur commune. »