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 Yago Mustaphaï - This war is silent.

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Yago Mustaphaï
 
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SIGNALEMENT : #BornToBeAVictim
HABILITIES : Chimérie III.
OFFICE : Horloger & Première Dame du Chaos.
SERENADE : Hagia Sophia - Irfan

Yago Mustaphaï - This war is silent. 597027JafaarIago
WELCOME TO THE MACHINE
SOBRIQUET : Scrabs.
MISSIVES : 4308
ACTE DE PROPRIETE : Michaux & Rimbaud (citations) ; Shiya (avatar) ; SWAN (code signature) ; Biscotte (crackship)

« J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie. »
 
Yago Mustaphaï
ALIAS ; Le juif pedofourbe en papillote. Tu veux des bonbons ?


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MessageSujet: Yago Mustaphaï - This war is silent.   Yago Mustaphaï - This war is silent. Icon_minitime24/5/2013, 19:53



Yago Mustaphaï
This is the new shit.


PRELUDE

DATE & LIEU DE NAISSANCE 25 Décembre 1900 - Jérusalem. ORIGINES Mère israélienne, père arménien. CAMP Je suis mon propre maître. NOM DU SIRE Jafar. Non, je plaisante. Il se prénomme Saladin, en réalité. DATE DE L'ETREINTE Hiver 1925. STATUT Ancilla. DISCIPLINE Occultation - Niveau 3. ETAT CIVIL Célibataire endurci. LIEU D'HABITATION Aléatoire. Mon refuge le plus fréquent se trouve néanmoins chez Autumn, ma meilleure amie. METIER Brigand nocturne, bandit de pacotille. Il m'arrive toutefois d'être honnête, parfois, et de faire le service dans des pubs, ou de jouer de la musique pour ceux qui sollicitent mes talents. CLASSE SOCIALE Pauvre, la plupart du temps. Mais je fais parfois quelques belles prises. ETIQUETTE Autumn me surnomme 'Robin Hood'. La plupart des gens ne me connaissent pas. Je suis ce courant d'air désagréable contre votre bras, avant que vous ne vous aperceviez de la perte de votre bijou préféré. Je suis ce petit homme sous cape que rarement vous remarquerez. Je suis cette flûte de Pan qui siffle sur les toits, au creux des ruelles, issue d'un ailleurs que l'on ne saurait localiser. Ni bon ni mauvais, je suis une ombre. Ombre de moi-même.

INTRODUCTION AU GENRE


Traits de caractère

Insaisissable, comme la pluie. Insipide mais toutefois coriace. Nocif, parfois. Lorsque le poison se dilue et s'infiltre, en vous. Invisible, la plupart du temps. Pour bon nombre d'entre vous, Yago est une ombre parmi les ombres, un inconnu à peine remarquable qui se faufile entre les passants. Le genre d'homme qui n'existe pas aux yeux de la société, et qui pourtant la gangrène de l'intérieur. Vermine. Le genre d'homme qui vit dans les bas-quartiers, ce genre-même que les gens importants et bien placés souhaitent éradiquer de Shreveport. Définitivement. Car ces pestiférés sont le cœur de tous les maux, l'origine de toutes les prétendues souffrances de ceux qui se vautrent dans le luxe et la volupté.

Yago n'est pas un mauvais garçon. C'est simplement qu'il a une morale bien à lui, et qu'il est en décalage avec les exigences sociétales actuelles. Oisif, il n'aime pas travailler et préfère arrondir ses fins de mois avec malhonnêteté. S'il s'intéressait à la politique, il serait assurément communiste, mais en réalité il se fout de ce théâtre qui se joue, tout là-haut. Anarchie. C'est ainsi que le monde est, selon lui. Il côtoie la misère chaque jour et fréquente des lieux insalubres, il connaît la réelle face du monde. Là, sous le masque d'hypocrisie. Le monde est sale et les ruelles sont puantes. Il ne met pourtant rien en oeuvre pour y changer quoi que ce soit. Enfin, presque rien.

Pour ceux qui le connaissent à peine, ou alors de réputation, il est un homme froid, discret et égoïste. Un solitaire, aux sentiments amputés, quelqu'un qui se fout de la guerre comme de l'amour et qui est incapable de percevoir au-delà des frontières de sa petite personne. Peu bavard et secret, il attise la méfiance des bien pensants. C'est même la peur qu'il suscite pour quiconque entreverrait les tréfonds de son âme. Noirs, assurément, et jonchés par mille tourments. Toutefois, son chaos intérieur est bien scellé, et sa sensibilité exacerbée cadenassée sous un air revêche et parfois même un peu sauvage. Parfois plus animal qu'humain, il semble s'adapter un peu trop aisément à son environnement, se fondre dans la poussière et disparaître, pour échapper à ce qui le terrorise le plus au monde. Lui-même. Cette foutue peau froide, ce cœur silencieux et inerte, cette malédiction engluée à son être. Monstre.

Autumn l'a tout de suite su. Elle est medium. Elle ne s'est jamais méfiée. Toujours, elle lui a fait confiance. Elle ne devrait pas, il ne comprend pas. Mais avec elle, il fait l'effort de ne pas être qu'un anonyme parmi la foule, et se démène corps & âme pour qu'elle ne manque de rien. De pas grand chose, plutôt. Son affection pour elle est sans faille, et elle est la seule à bénéficier de ses bras protecteurs, la seule à recueillir ses interrogations inquiètes. Avec elle il est joueur, taquin même. Il lui lance des défis, il s'infiltre telle une bourrasque inattendue dans son existence. Avec elle il sait être doux, attentionné et dévoué. Elle est sa seule attache affective, unique réceptacle de son humanité maladroite et si écorchée. Parfois même, il sourit. Parfois encore, il appose sa paume fraîche sur le front de son amie lorsqu'elle dort. Pour s'assurer que tout aille bien. Il touche rarement les gens, c'est quelque chose qui a l'air de le débecter. C'est plus profond que ça, en réalité. Et ce n'est qu'une énième illustration de l'entièreté de son être : rien sur le visage, et les tripes en bouillie. Fausse impression de sang-froid et de self-control en toutes circonstances.

En réalité l'homme souffre, sous ses airs de brigand et d'accro à l'adrénaline. Quand on vit comme une ombre, on ne peut être heureux. Car personne ne peut nous attraper. On file entre les doigts, on glisse hors de toute emprise. Idée fausse de la liberté, illusion que d'être aussi insoumis que le vent, alors que l'on est pris dans un étau. Un corps monstrueux.


Occupation nocturne

Brigand d'une autre époque, les nuits de Yago sont essentiellement dictées par une règle élémentaire : survivre. Lorsqu'il s'efforce de ne pas trop penser, il se comporte comme la plus sauvage des bêtes : il chasse, il fuit, et il dort. Mais il n'est pas une bête, et même si la Noirceur le ronge de l'intérieur, ses actes sont plus complexes que ceux d'un animal farouche. Souvent, il donne l'impression d'errer sans but, le nez au vent, dans les ruelles mal éclairées ou sur les toits des bas-quartiers. Voleur agile et silencieux, il se plaît à dérober aux riches et à redistribuer aux pauvres. Il ne conserve que peu de trésors à l'issue de ses chasses nocturnes, préférant se débarrasser du butin, car ce qui l'intéresse est l'acte en lui-même plutôt que sa finalité. Et puis, il est peu matérialiste et se contente d'un minimum vital dérisoire, exceptées quelques fantaisies inexplicables et surprenantes.

Artiste, il aime jouer de la musique, peindre et dessiner. Peu de monde le connaît ; en revanche, il connaît beaucoup de monde, car il se plaît à observer, à entendre au-delà d'écouter, à s'imprégner des récits de vie et s'imbiber des anecdotes, des histoires qui courent les rues et qui ne sont pas les siennes. Autumn est friande de ses talents de conteur et de son imagination débordante, quoique chaotique. Il passe beaucoup de temps avec elle, pour partager, se confier, se défouler. Lié à elle par une amitié sincère, il veille sur sa personne même lorsqu'elle est persuadée qu'il vaque ailleurs, loin d'elle. Car il aime s'aventurer au-delà de Shreveport, voyager dans le pays, plus loin encore. Puis revenir. Toujours, revenir.


Manies, habitudes & goûts

Yago est obnubilé par les odeurs, les couleurs, les sons, les textures. S'il paraît distant et froid, il est en réalité hyper-sensible au monde qui l'entoure et aux signaux de l'environnement. Lorsqu'il rencontre une nouvelle personne, il a l'habitude de fermer les yeux et de humer son odeur, de palper son aura sans se laisser abuser par le sens visuel qui peut être une source d'informations parasite. Il dispose d'un habile sens de l'analyse, même si la plupart de ses déductions sont plutôt issues de ses ressentis. Yago aime se nourrir de la vie des gens ; Ombre, il guette et se remplit par ses cinq sens. Comme s'il vivait par procuration. Lorsqu'il est seul, il apprécie le silence et l'inertie. Puis, lorsque toute cette mort environnante l'effraie trop intensément, il s'agite et l'Art en lui s'éveille.

Lorsqu'il n'est pas inspiré, il contemple ses plus beaux butins, trésors parfois farfelus et sans valeur pécuniaire mais qui représentent à ses yeux plus qu'une bourse de piécettes. Les larmes de tristesse imprégnées dans le foulard d'une dame. Une clé rouillée et mystérieuse. Une boîte à bijoux vide aux tiroirs innombrables. Une boucle d'oreille cassée. Dans l'ombre, il assemble ces bribes de vie et bouche les trous de son âme. Il y a des choses auxquelles il ne faut pas songer. Alors il s'occupe les mains, il flâne au-dehors, il veille sur les gamins des rues, dissuade ceux que l'espoir a quitté de se faire du mal. Rarement accompagné, il a toutefois eu quelques liaisons, qui ont toujours mal tourné. Trop souvent, on l'a traité de salaud. C'est vrai, il est un salaud, ou plutôt il aime jouer au salaud, à celui qui ne peut ni aimer ni combler, et qui file entre les doigts. Se montrer sous un mauvais jour est une sale manie qu'il s'est accaparée au fil des années, afin de donner quelque consistance à son être insipide, brume volatile. C'était ça, ou l'évaporation totale. Un salaud ne s'érode pas ; il empoisonne, comme la pourriture qu'il est, mais il persiste sans jamais s'éteindre, laissant dans la bouche une trace d'arrière-goût amer. De l'inachevé.


Discipline

Yago maîtrise le pouvoir d'Occultation. En parfaite osmose avec sa personnalité, ce don lui permet de disparaître aux yeux du monde, de se fondre dans la masse, de se soustraire à une situation périlleuse. Jeune vampire, il arrive encore que son pouvoir se déclenche sans préavis ou qu'il ne parvienne pas à le contrôler correctement sur le long terme ou lorsqu'il tente des manœuvres trop périlleuses. Pour l'heure, il est capable de disparaître intégralement, même parmi une foule, à condition d'être suffisamment concentré. Lorsqu'il est seul et qu'il a absorbé une quantité suffisante de sang, il peut changer partiellement l'apparence de son visage et modifier ses traits, suffisamment au point d'en être méconnaissable. Pour l'instant, la métamorphose ne dure que d'une à deux heures. Il a également développé le don de se rendre imperceptible durant son sommeil, lui permettant de s'abandonner aux bras de Morphée à peu près n'importe où, sans être détecté. Bien sûr, le risque zéro n'existe pas.


Convictions

La révélation a bouleversé le psychisme bancal de Yago. Mal dans sa peau, il a toujours été ardu pour lui d'accepter sa condition de suceur de sang. La révélation n'a fait que réactiver des souvenirs acides, saigner des plaies béantes ; l'homme s'est renfermé et s'emmure parfois dans un mutisme inexpliqué. Qui plus est, la révélation a rendu l'humanité bien plus méfiante, et cela est mauvais pour ses affaires. Même dans les mauvais quartiers, les habitants se dévisagent les uns les autres, afin de débusquer parmi eux un traître, vampire ou métamorphe, lycan, ou pire encore. Les gens assurent leur protection, voler devient une délicate affaire, marcher en tant qu'anonyme dans les ruelles étroites est rarement chose possible. Yago passe souvent inaperçu, mais de plus en plus, des gens se retournent sur son passage et se questionnent. Il a la peau pâle, étrangement halée : un signe ? Son regard fuyant, sa silhouette trapue... cet homme doit avoir quelque chose à se reprocher ! Ils ne croient pas si bien dire.


Signes particuliers

Il a été amputé d'un doigt : l'annulaire gauche. Il porte souvent un onyx à son annulaire valide. Sa pommette gauche est déformée par une cicatrice saillante.
Il est Juif même si aujourd'hui, on ne saurait dire s'il a encore la foi.
Ses langues natales sont l'hébreu et l'arabe mais il maîtrise aussi parfaitement l'anglais, sait s'exprimer en espagnol et allemand.

VIDEODROME

PERSONNAGE INVENTE, SCENARIO OU PV? Personnage extirpé tout droit de mon imagination. Malheur à vous. PSEUDONYME Sur la toile, je suis connu sous le pseudonyme de 'Scrabouille'. Oui, je sais, le comble de la virilité, ne soyez pas jaloux. DERRIERE L'ECRAN Je déteste la cannelle, je suis un peu névrosé, et je raconte souvent n'importe quoi.CODE DU REGLEMENT "Et bien il me manque le thème musical de Dracula, prince des ténèbres, et je crois qu'on pourra commencer." COMMENT NOUS AVEZ VOUS DECOUVERT? Par l'un de vos membres. Très sympathique. Le plus calinou-koalesque d'entre vous. Devinez ? AVIS GENERAL SUR LE FORUM J'ai été charmé par le background très travaillé, la diversité des possibilités de jeu, et l'ambiance accueillante. Vraiment, ne changez rien. AVATAR UTILISE Gaspard Ulliel.


Dernière édition par Yago Mustaphaï le 15/3/2015, 16:07, édité 37 fois
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« J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J'ai appelé les fléaux, pour m'étouffer avec le sable, le sang. Le malheur a été mon dieu. Je me suis allongé dans la boue. Je me suis séché à l'air du crime. Et j'ai joué de bons tours à la folie. »
 
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MessageSujet: Re: Yago Mustaphaï - This war is silent.   Yago Mustaphaï - This war is silent. Icon_minitime24/5/2013, 20:29


Histoires Incroyables

Un grain de sable dans l'engrenage.

La terre est une plateforme sempiternelle. C'est ce qu'ils croient. Eux, les Hommes. Eux qui se pensent tout permis, et qui s'octroient tout pouvoir sur la Nature. La Nature agonise, la Nature hurle, mais l'Homme piétine et surenchérit, persuadé d'être un géant et de régner en maître sur les continents. Quelle connerie, l'Humanité.
Je viens d'un pays où le soleil brûle la peau, où le sable colore violemment l'horizon, où les marchands empiètent l'un sur l'autre sur la place publique. L'Amérique, je n'en avais entendu parler qu'une fois, c'était dans la bouche de mon père, comme d'un démon à la gueule immense, de ceux qui vous détruisent une famille, une vie. Jérusalem est grande, Jérusalem est belle. La seule et unique femme de ma vie, probablement.


Monsieur Mustaphaï est un homme puissant, un haut général de guerre. Mademoiselle est plus frêle, innocente, quelque peu naïve en somme. L'union de deux êtres que tout oppose ne pouvait qu'instaurer une fracture dans l'esprit du nouvel être mis au monde. Un enfant sage. Trop sage. Les enfants se doivent d'être bruyants, de vivre. Yago vivait, mais silencieusement. Il observait, il entendait, il courait à travers dunes et allées. Jérusalem était un terrain de jeu idéal pour le bambin curieux qu'il était. Tout petit déjà, il s'était fait la promesse de ne jamais la quitter. Mais l'existence est volatile, la volonté des Hommes aussi. Et l'être humain ne tient jamais ses promesses.

C'était par une chaude nuit d'été. Vivoter de petits boulots honnêtes, flâner dans la cité, découvrir de nouveaux visages ; que l'existence était paisible et douce avant qu'il ne franchisse les limites de Jérusalem. Au-delà des murs, la vie est dangereuse. Au-delà de l'aura protectrice de la ville, le chaos sévit, implacable. Cet homme, Saladin, n'était que chaos. C'est pour cela que Yago l'a aussitôt perçu, remarqué, traqué. Il fallait qu'il sache. Il fallait qu'il l'approche, il fallait qu'il lui parle. Non, peut-être pas lui parler. Yago est souvent maladroit avec les mots, et les actes se révèlent souvent ô combien plus éloquents. Sa mère rêverait de le marier, mais il ne sait s'y prendre avec les femmes. Que désirent-elles ? Comment les combler ? Parfois, il parvient à les faire sourire, mais il doute de pouvoir rendre l'une d'elle heureuse pour le restant de sa vie. Alors il se tient à l'écart de ces créatures mystérieuses et sulfureuses, il évite l'amour et la proximité trop dangereuse. Il sait flirter, faire comprendre que quelqu'un lui plaît. Mais lorsque l'on s'intéresse un peu trop à lui, un malaise le dévore et sa tête est en friche. Comme si l'approfondissement de son être était impitoyablement inaccessible. Tant mieux.

Saladin n'était pas très grand, des petits yeux clairs, des cheveux bouclés, une carrure plutôt banale. Mais il y avait ce petit quelque chose. Un petit quelque chose en trop. Une aura indescriptible, un charisme surnaturel. La première fois qu'il l'a aperçu, il chevauchait dans le désert. Alors ils ont fait la course, tous les deux. Yago est bon cavalier, alors en battant le flan de sa monture de ses talons hargneux, il était persuadé de remporter la victoire haut la main. En réalité, il s'est fait écrasé à plate couture. Lamentablement. Un échec cuisant qui l'empêcha de trouver le sommeil.

Il fallait que je sache. Cet homme... non, ce n'en est pas un. Les hommes ne s'évaporent pas de la sorte. Les hommes ne m'ont jamais hypnotisé à ce point. Démon. Hérétique ! Je dois savoir. Je dois le battre. Le forcer. Le forcer à... me dire... m'apprendre... comment faire, pour être aimé. Pour aimer à mon tour.

Saladin disparut aussi promptement qu'il fut apparu, et pendant des mois, la vie de Yago se résuma à une quête sans fin et dénuée de sens. En vain. Peu à peu, à l'instar d'un animal, il agrandit son périmètre, quittant peu à peu sa ville natale pour explorer les paysages arides et les landes désertiques. Un peu d'exotisme, dans son quotidien si rassurant. Sortir du cadre, aller au-delà. C'est ce que voulait lui enseigner Saladin. Il l'avait repéré le premier, en réalité. Et le bougre a mordu à l'hameçon, sans émettre la moindre résistance. C'est lorsque le piège se refermera sur lui qu'il hurlera à l'agonie, et percevra la diabolique fatalité de sa situation.

Il recroisera Saladin, plusieurs fois. Des dizaines, et des centaines de fois. Ce ne sera toujours que de brèves entrevues. Suffisamment pour attiser son désir, et pour que l'homme drapé de noir obnubile ses pensées les plus secrètes. La chasse est ouverte. Il le traquera comme une bête sauvage, avide de croiser son regard. De l'effleurer. De le coincer, de le capturer. Il s'est découvert des sentiments noirs, si corrosifs. Implosion incontrôlable. Lorsqu'enfin il l'attrapera, lui tendant une embuscade dans le désert - bien loin de Jérusalem - et lui empêchant toute fuite, ce fut une explosion de jouissance en lui. Enfin, il le tenait. C'était tellement insensé de l'avoir traqué avec tant d'ardeur, mais il lui a finalement mis la main dessus. Il a gagné, il a repris la main. Il a renversé la tendance. Un partout. En réalité, c'est lui qui s'est fait piéger. Leurs brèves entrevues étaient soigneusement orchestrées par le maître incontesté, et leur collision de cette nuit-là parfaitement planifiée. Tel est pris qui croyait prendre. Et tandis que ses mains, avides, parcourent le corps interdit sous une lune de feu, c'est tout son être qui est renversé. Son idylle brisée, son utopie piétinée. Lui qui tente de posséder cet être dont il ignore toujours la teneur de sa voix se retrouve confronté à plus fort que lui. De possesseur, il devient possédé. L'intrusion en lui est douloureuse, et il comprend qu'il a perdu une seconde fois. C'est sa vie qu'il a jouée, son cœur qui bat, sa peau frémissante, ses poumons aériens... Pour la première et la dernière fois de son existence de vivant, il criera lorsque les crocs perceront sa chair. Personne ne l'entendra. Son annulaire gauche est sectionné, tranché net, anéantissant toute promesse d'engagement et de liaison avec un être autre que le magicien noir, celui qui le souillera âme et corps. Et en lui demeurera imprimée la marque démoniaque, celle de la Mort. A jamais.

Saladin se révèle être un homme incorruptible. Toujours, il lui glissera des doigts lorsque Yago croira le posséder, il lui échappera lorsqu'il sera sollicité, délaissant le nouvel être de la nuit livré à lui-même. On ne peut pas vraiment dire que Yago bénéficia d'un enseignement ordinaire. Saladin ne l'a jamais épaulé comme il se devait. Son plaisir d'être sordide était d'aménager des jeux, des traques, comme ils en avaient l'habitude. Pour lui apprendre. Lui apprendre à être comme lui. Il cherchait un descendant, un être qui perpétrait ses traditions. Saladin est un meurtrier, un être infect qui arrache dans la douleur et jouit de la souffrance. Emerveillé par l'entêtement de Yago, il fut persuadé de trouver en lui parfait disciple. A son image, il souhaita le former ; plutôt, le déformer, pour lui inculquer de sombres valeurs. Les siennes. Mais le jeune était rebelle. Et Saladin adore les rebelles. Ca lui donne plus de fil à retordre, et sa poigne se serre. Il se montre plus ferme. Il adore ça. Plus Yago résiste, et plus il serre fort. Il le brisera définitivement la nuit où il rayera de la carte la maison de ses parents. Il ne l'a pas démolie, ni assassiné sauvagement qui que ce soit ; non, tout a simplement disparu. Comme si rien ni personne n'avait jamais existé. Pas d'ascendance, pas de maison d'enfance. Rien. Le vide, autour de lui. Privé de ses attaches, de ses origines, de ses repères, le gamin en perdit la tête. Alors, le maître insuffla en lui sa noirceur, brisa les derniers restes de morale, et le forma. Durant quelques maigres années, ils devinrent proches, si proches. Il était tout ce que j'avais. Tout ce que j'étais. Je m'accrochais à lui, comme un parasite. Je ne devais pas le perdre. Pas encore. Je ne sais pas si je l'ai aimé. Ce qui est certain en revanche, c'est que je l'ai haï. De toute mon âme.

Relation toxique. Cela doit cesser. Une nuit, il tente de l'assassiner. En vain. Saladin est trop âgé, trop puissant, trop malin. Néanmoins, il réitérera. Et cette fois... son corps brûlera. Il l'a vu. Il l'a senti mourir en lui. Oui, il l'a détruit ! Enfin ! L'Infant prend la fuite, délaissant le cadavre en flammes. Saladin, un sourire aux lèvres, délaissera sa progéniture, l'observant fuir naïvement à travers le désert. Cours donc, petit homme. Cours aussi loin que tes maigres jambes puissent te porter, mais n'espère surtout pas m'échapper. L'illusion du magicien demeurera toutefois dans le cœur de Yago, suffisamment longtemps pour que le vent le porte hors du continent, jusqu'aux Amériques. Là-bas, la menace pèsera de nouveau sur sa conscience immortelle. Néanmoins, Yago n'entreverra plus jamais le visage diabolique de son Sire. Seulement sa maléfique emprise pèsera sur sa poitrine, certaines nuits où il fera trop sombre.

In your head, in your head... Zombie, zombie, zombie.
Forever.

L'Amérique. Ce monstre contre lequel son père l'avait pourtant mis en garde. Il fallait qu'il le voit de ses propres yeux, qu'il jauge la bête et s'y mesure. De la ferraille, des gens pressés, un univers trop moderne pour son existence d'antan. Existence évaporée, à tout jamais. D'autochtone, il est devenu étranger. Malgré son teint halé de par sa nouvelle condition, ses mains sont tachées par ses origines qu'il ne peut dissimuler à quiconque. Le pays ne lui plait pas, mais il s'y implantera. Ici, il a comme cette certitude insensée que Saladin ne viendra pas le chercher. C'est à Shreveport qu'il élira domicile, après des années d'errance sur le continent américain. Les couleurs sont différentes, ici. Les sons plus agressifs. Il préférait le Mexique, mais c'est aux Etats-Unis qu'il se réfugiera. La différence l'effraie, mais elle l'attire, indubitablement. Ô, la dangereuse fascination exercée par l'inconnu sur sa fragile personne !

Sans le sou, il s'installe dans les mauvais quartiers de la cité. Cela lui plaît. Il n'aime pas l'argent, le luxe et l'opulence, cela l’écœure et pourtant il sait comment en profiter sans faire partie des classes sociales les plus aisées. Son âme corrompue n'éprouve aucun remord à voler, dérober, saccager. Il n'est plus lui-même. Il n'est qu'une ombre esseulée. Alors il pille, il se creuse un petit bout d'existence, mais pour tous, il demeure un étranger. Pour tous, sauf pour elle.
Autumn. Une medium. Elle a su qu'il était différent, sitôt qu'elle l'a aperçu. Il aurait dû l'assassiner froidement, pour préserver le secret de sa race à laquelle il n'a pourtant jamais choisi d'appartenir. Il n'en a pas eu le cœur. Ses doigts ont effleuré sa gorge fine, sa jugulaire frémissante. Mais son regard s'est adouci, lorsque la peur s'est insufflée dans les poumons de la jeune femme. Cela lui rappelait sa personnalité originelle. Ce bambin effrayé, au poumons encore vivants. Muet, il l'a serrée contre lui, et il a pleuré. C'était étrange et silencieux, mais elle a respecté ce silence, et elle l'a aimé malgré son allure de mauvais garçon, et son âme en miettes. Lui aussi, il l'a aimée. A sa manière. Elle n'est pas exactement comme ces gamins des rues de Jérusalem avec lesquels il s'était lié d'amitié dans son enfance. Non, c'est quelque chose de différent. Une amitié d'adulte. Ou autre chose. Qu'importe.

La nuit, il erre sur son nouveau territoire. Il ne se sent pas chez lui, même s'il tente de s'approprier maladroitement les lieux. La cité est immense. Beaucoup plus sombre que Jérusalem, plus triste aussi. La vérité éclate sur l'existence des vampires, et la méfiance s'installe. On le dévisage trop souvent à son goût. Il se cache. Il a peur qu'on le traque, encore une fois. Alors il se comporte comme un salaud, un homme sans cœur, avec quiconque manifesterait un peu trop d'engouement pour sa personne, pour se protéger. En réalité, il est seul. Et les yeux verts de l'enfance se meurent un peu plus chaque nuit.