Chronologie

~ 15 août 1982 : naissance / Etats-Unis
~ 21 novembre 1984 : naissance de Laughlin Sierra, ma soeur / Etats-Unis
~ juillet 1991 : 1er voyage sous le signe d'un retour aux origines / Népal
~ Février 2004 : Laughlin s'expatrie pendant 2 ans / Népal
Notre jeune frère et moi avons été les premiers à savoir quel projet nourrissait notre impétueuse soeur. Si Kingston a bien tenté de l'en dissuader, je ne m'y suis pas essayée un seul instant. Je la connais trop bien ma soeur... Quand elle a une idée dans le crâne, mieux vaut pour tout le monde qu'elle l'accomplisse jusqu'au bout, quel qu'en soit le résultat.
Durant ces deux années nous avons échangé quelques lettres, mais fort peu. J'étais restée aux USA, elle au bout du monde à vadrouiller en permanence. La correspondance ne fut donc pas quelque chose de facile à entretenir régulièrement.
~ Janvier 2006 : Mission humanitaire / Afrique
Une fois mes études de médecine plus ou moins achevées, (plus ou moins parce que je commençais sérieusement en avoir marre des écoles et que je n'aspirais qu'à me confronter au terrain, comme l'on dit), je suis partie pour un an en Afrique. Nous sommes partis à quatre, je passais cette année avec deux copines et deux copains d'école de médecine qui nourrissaient les mêmes envies que moi. Nous avons enchaîné ce que l'on peut appeler les p'tis boulots de l'humanitaire. Çà comprenait vraiment tout et n'importe quoi ma foi... Soigner un bobo tout ce qu'il y a de plus bénin, apprendre l'anglais aux gamins des villages défavorisés, reconstruire un toit de paille soufflé par un vent violent, enterrer les morts, enterrer les morts et... enterrer les morts parfois également. Bref sympa mais sans plus quoi.
Je n'ai pas appris grand chose finalement durant cette période, si ce n'est de travailler encore d'avantage mon self contrôle. Finalement je n'aurais pas revu ma soeur avant son retour, comme je n'aurai qu'entraperçut Kingston avant son départ pour l’Afghanistan.
~ Mai 2007 : Mission humanitaire / Papouasie-Nouvelle-Guinée
L'Afrique ça va bien dix minutes, nous étions tous les cinq d'accord sur ce point. Certes nous étions venus en aide à des peuples défavorisés, mais cela n'avait pas comblé notre avidité d'apprentissage, d'action, de mouvement, de dangerosité, même si l'Afrique possède incontestablement des aspects pour le moins dangereux. Nous avons donc décidé de poursuivre notre périple et la destination s'est présentée un peu par hasard... Papouasie, on sait que ça existe, on peut à la limite savoir à peu près où ça se trouve sur une carte, mais de là à vouloir y aller, c'est une autre histoire. Finalement c'est la bas que nos pas (ou plutôt l'avion) nous ont conduits. Nous avons entendu parler de phénomènes étranges qui semblaient frapper l'île. Les gens mourraient vidés de leur sang sans qu'aucune raison médicale ne vienne l'expliquer ou le justifier. Vous savez ce que c'est, quand on a 25 ans on part du principe que le monde n'attend que vous, que votre science de la jeunesse viendra à bout de n'importe quels maux et que vous allez sous peu devenir le sauveur du monde. Aujourd'hui ça me fait doucement rire, mais à cette époque nous en étions tous persuadés.
Enfin... toujours est-il que nous y sommes allés... pour le plus grand malheur de mes compagnons.
~ Juillet 2007 : Les prémices d'une révélation / Papouasie-Nouvelle-Guinée
Cela fait à peine un mois que nous sommes arrivés et déjà les morts s'accumulent. C'est étrange, nous n'arrivons pas à comprendre ce qui se passe sur cette île. J'ai ausculté plusieurs corps, tous présentent les mêmes signes. Aussi diaphane que la lune, quelque soit le laps de temps écoulé depuis la mort, le corps est aussi raide qu'un bout de bois sec. Ce qui me choquait le plus, c'était l'expression qui trônait sur les traits de certains d'entre eux. Terreur, horreur, angoisse, ou alors à l'exact opposé, une certaine plénitude, voire l'expression étonnante que pourrait revêtir un puisant orgasme.
Plus une goutte de sang ne subsiste et bien souvent je finis par découvrir ce qui ressemble vraisemblablement à une morsure. Elle est parfois bien cachée ou si extrêmement mince qu'il me fallait des heures pour réussir à la localiser. Cette marque étant présente sur pratiquement tous les corps que nous avons autopsiés, il n'en fallait pas plus pour qu'Oriane, l'une de mes compagnes de voyage, ne se mette à pousser des cris d’orfraie en clamant qu'il s'agissait de vampires. Des vampires ? Ridicule. Si Laugh était là, elle aurait sans doute adoré. Mais moi je suis bien trop cartésienne pour croire à ces boniments.
~ Août 2007 : La révélation / Papouasie-Nouvelle-Guinée
Comme si l'actualité morbide ne nous accaparait déjà pas assez, les rumeurs venant du continent insufflent un vent de panique au sein d'une population locale déjà bien fragilisée. Il se dit que des créatures surnaturelles hantent notre monde et qu'elles se seraient dévoilées aux humains. Je me souviens d'avoir à peine esquissé une expression lorsqu'Oriane me racontait cette histoire en un débit de parole parfaitement hallucinant. Si vous saviez le nombre de légendes, mythes et autres joyeusetés que nous avons entendus depuis notre départ des Etats-Unis, entre l'Afrique et la Papouasie, vous comprendriez tout de suite pourquoi j'écoutais la nouvelle avec une certaine circonspection.
~ Février 2008 : Décès de Marcus, disparition d'Oriane / Papouasie-Nouvelle-Guinée
Je ne comprends pas comment cela a pu arriver. Nous étions cinq, nous ne sommes plus que trois et chacun d'entre nous est parfaitement atterré, oscillant entre colère, tristesse et incompréhension la plus totale. Il y a deux mois, en tout début d'année, nous nous sommes retrouvés tous ensemble en une sorte de conciliabule. Nous devions décider si oui ou non nous restions ici. C'était acté depuis le départ. Nous étions partis ensemble, nous reviendrions ensemble. Il semblerait que nous ayons fait le mauvais choix, pour deux d'entre nous du moins. Car nous avons décidé de rester.
Le mystère de ces morts n'était toujours pas élucidé, et notre curiosité n'avait de cesse de s'amplifier alors que de nouveaux indices apparaissaient sans pour autant nous permettre de comprendre vraiment ce qu'il se passait sur cette île. L'histoire de cette pseudo révélation avait été égarée de nos mémoires depuis fort longtemps, sauf pour Oriane... qui restait totalement obnubilée par les vampires.
Elle a disparu mystérieusement du jour au lendemain, juste après notre réunion. C'est comme si elle s'était volatilisée sans laisser de traces... Nous l'avons cherchée partout, avons interrogé tous ceux qui la connaissaient, tous ceux qui auraient pu l'avoir aperçue. Mais rien. Elle avait disparue dans la nature.
Trois semaines après... Marcus a été retrouvé mort dans notre campement. Je ne vous surprendrai sans doute pas si je me hasardais à vous expliquer que nous ignorions les circonstances de sa mort. Il venait de succomber au même mal que les autres. Il parait évident que cela nous toucha profondément. D'une part parce qu'il était l'un des nôtres, d'autre part parce que nous étions peut être un peu trop confiants depuis le départ. Ces décès à la chaîne nous intriguaient plus que nous ne nous préoccupions vraiment du fait qu'ils puissent ou non nous atteindre. Nous ne nous sentions pas en danger. Nous étions étrangers, rien ne pouvait nos arriver, normalement...
~ Juillet 2008 : Décès d'Henry / Papouasie-Nouvelle-Guinée
Il ne restait plus qu'Elicia et moi. Comme si la nouvelle année avait sonné le glas de nos existences communes, ils tombaient tous les uns après les autres. Après le décès tragique de Marcus, Elicia, qui était éperdument amoureuse de lui, était devenue l'ombre d'elle même. Elle restait constamment accrochée à moi comme un koala sur sa branche et quoi que je fasse je n'arrivais pas à trouver les mots qui auraient pu provoquer un changement dans son étrange état... Peut-être était-ce impossible finalement.
Au début du mois de juillet, la chaleur de l'île devenait de plus en plus étouffante. Le degré d'humidité atteignait des sommets difficilement supportables pour les occidentaux habitués à des climats plus tempérés. Le soleil était parfaitement insupportable (déjà à l'époque, c'est pour dire si j'étais prédestinée !). Nous ne faisions pas grand chose la journée, comme la plupart des autochtones d'ailleurs, et privilégions la fraîcheur de la nuit tombée pour faire ce que nous maîtrisions parfaitement depuis des mois : des autopsies, toujours des autopsies. Parfois je me demande pourquoi nous ne sommes pas rentrés dès la disparition d'Oriane et le 1er décès qui nous avait frappés. Je ne saurais pas vraiment répondre à cette question... Le fait est que nous sommes restés.
Parfois nous faisions une promenade sur la plage qui s'étendait non loin de notre campement. Cette nuit là... je m'en souviens comme si c'était hier (bateau comme phrase n'est-il pas ? Enfin passons, vous avez compris l'idée). La lune flottait très haut, l'atmosphère n'était pas trop pesante, sans doute grâce à la légère brise qui soufflait en bord de mer. Nous marchions tous les trois en silence, Henry, Elicia et moi. Un certain mal aise s'était installé depuis ces derniers mois. Chacun d'entre nous se demandait si rien n'aurait pu éviter un tel drame, si nous n'étions pas passés à côté de quelque chose d'important qui nous aurait permis de les sauver tous les deux. C'était sans conteste pour cela que nous restions encore, finalement...
Je stoppais bien involontairement mes pas, mon corps ne répondant plus à aucune de mes injonctions... pourquoi. Mes prunelles sombres ont lentement dérivé vers Elicia dont le visage était figé en une expression d'effroi. Henry... je ne voyais plus Henry, je l'avais perdu de vue alors qu'il marchait à nos côtés il n'y a pas deux secondes. J'essayais de parler, je n'y arrivais pas. Je crois qu'Eli ne s'y était même pas essayé de son côté, elle était bien trop terrorisée pour cela.
Je ne pouvais bouger le plus petit doigt, le moindre cil, je n'étais même plus à même de battre des paupières. Telle une statue, les pieds profondément ancrés dans le sable frais, attendant que je ne sais quoi ou je ne sais qui ne daigne me libérer, voilà ce que j'étais.
Lorsque Henry apparaît devant moi, sortant de nulle part, ai-je regretté ma hâte ? A vrai dire je n'en ai pas eu le temps. Sa peau a cédé si facilement sous ses crocs proéminents. Ils l'ont entaillé comme l'on mordrait à pleines dents dans un bon steak saignant. Il n'a poussé aucun cri, il se contentait de me regarder, moi qui me trouvais alors à moins d'un mètre de lui. Ses prunelles de jade étaient vides de sens, il ne semblait même pas avoir peur. Un bruit mat brisa brièvement cette lugubre cérémonie tandis qu'Elicia se laissait happer par l'inconscience, évanouie dans le sable fin.
Je me souviens de ses prunelles brillant à travers la nuit opaque qui nous entourait. Je me rappelle ses boucles brunes dévalant une partie de son visage alors qu'il mordait mon ami. Je n'oublierai jamais ses doigts si fins parcourant les épaules d'Henry alors que la vie l'abandonnait peu à peu. Et jamais... non jamais... je ne pourrai oublier que je n'ai rien fait, rien tenté. Je suis restée là, les bras ballants alors que je sentais déjà que la paralysie n'était plus. J'aurais pu bouger, il m'avait libérée, il avait délibérément choisi de le faire.
Mais je n'ai rien fait, parce que je l'ai aimé dès cet instant. A ce moment précis, je n'appartenais plus à personne d'autre qu'à lui et qu'à lui seul.
Je ne regrette rien. Je n'ai jamais regretté. Ce jour là mon choix était déjà fait, même si je ne l'ai compris que bien plus tard.
~ 15 Août 2008 : Ma mort / Malaisie
Nous ne pouvions plus rester en Papouasie, cela nous était devenu impossible. Eli avait complètement perdu l'esprit depuis l'épisode tragique de la plage, et le pire de tout était que les habitants commençaient à nous accuser d'être la source de tous leurs maux. Un peu gonflé n'est-ce pas ? Nous avions oeuvré plus d'une année à chercher ce qui tourmentait leurs nuits, tuait leurs proches, nous avions nous mêmes tout perdu dans cette histoire. Mais cela n'avait pas suffit, il avait fallu que leur courroux se dirige sur nous alors même que nous mettions enfin le doigt sur leur problème. Finalement Elicia avait raison depuis le départ avec ses histoires de vampire. Et moi qui refusais d'y croire... Quelle ironie...
Son état empirant et cette nouvelle verve dirigée contre nous, m'ont convaincue de partir de cette île maudite. Je ne savais pas vraiment où aller à ce moment. Rentrer en Amérique ? Certainement pas. Le Népal ? Si j'avais été ma soeur sans doute, mais pas moi, je n'étais pas prête à y retourner et malgré tout ce que nous avions vécu, j'avais un besoin presque pressant de le revoir. Etrange... de vouloir retrouver le meurtrier de ses amis non ? Si encore cela avait pour me venger. Mais même pas... J'étais attirée, irrésistiblement attirée et je ne pouvais aller à l'encontre de ce désir si violent qui enserrait mes entrailles en permanence.
Je nous ai donc conduites jusqu'en Malaisie. Une terre assez sauvage pour passer inaperçue et peut être trouver le temps de soigner les blessures de l'esprit dont semblait souffrir mon amie. Eli passait son temps à délirer, murmurant d'inaudibles paroles. Quand il arrivait que j'en saisisse quelques unes, je ne comprenais pas un traître mot de ce qu'elle pouvait bien raconter.
C'est seules au monde sous une tente de fortune, perdues en pleine forêt que nous avons fêté ensemble mes 26 printemps. Finalement j'aurais été toute seule que ça n'aurait pas été vraiment différent. Un maigre feu crépitait au centre d'un cercle de pierres plates. Mes genoux regroupés contre ma poitrine, le menton posé sur le plat de mes mains, je regardais l'âtre d'un regard morne. Je ne pouvais m'empêcher de retracer tout ce qui s'était produit depuis notre départ d'Afrique. Je ressassais encore et encore, à n'en plus finir et sans jamais trouver de conclusion positive à tous ces évènements. Je me maudissais de nombreuses fois. Pour ne rien avoir vu venir, pour ne pas avoir écouté les craintes d'Elicia, pour ne pas avoir bougé d'un centimètre quand Henry se vidait de son sang à quelques pas.
Aucun bruit. Je levais brièvement le nez vers la sombre forêt qui nous entourait. Bizarre... on n'entendait soudainement plus rien. Pas un oiseau, pas un animal s'enfuyant dans les buissons, pas le moindre son. Après avoir jeté un bref regard vers Elicia qui se balançait d'avant en arrière près du feu, je me levais lentement en balayant les alentours d'un regard attentif.
Une main se posa à la naissance de ma gorge, quant l'autre vint ceinturer ma taille. La poigne était ferme sans pour autant être violente. Le contact était froid comme de la glace mais sa peau aussi douce que le plus délicat des tissus. Je ne dis mot, je ne bronchais pas, je savais que c'était lui. Comment ? Pas la moindre idée.
Si ma soeur m'avait vu à cet instant, il eut été probable qu'elle n'en crut pas ses yeux et pour cause. La raisonnable des deux ce fut toujours moi. La paisible des deux encore moi. La colérique elle. La tempétueuse elle. Le crâne brûlé c'était elle, pas moi. Et pourtant... la seule chose qui nous différenciait à cet instant, c'était nos mots. Je n'en formulais pas l'ombre d'un, tandis que ma Laugh se serait sans doute tournée vers le vampire en lui lançant un tonitruant "qu'est-ce que tu veux bonhomme ?!".
Il susurrait une étrange litanie à mon oreille. Une langue que je ne connaissais pas, que je n'avais jamais entendue et même aujourd'hui, je serais bien incapable de lui donner une couleur précise. Il ne me dévoila jamais ce qu'il m'eut dit cette nuit là. Jamais.
~ 18 Août 2008 : Ma renaissance / Malaisie
Les brumes de mon cerveau se dissipaient peu à peu, me permettant de retrouver un semblant de conscience. Je balbutiais quelques mots que je ne compris pas moi-même, avant de laisser mon regard dériver sur le décor qui m'entourait. J'étais dans une chambre noire ou alors peut être faisait-il nuit... ou pas, je ne sais plus. Toujours est-il que je me sentais vraiment mal. Mes entrailles se tordaient en tous sens, ma mâchoire me faisait atrocement souffrir, mes muscles étaient crispés, endoloris. Quelques flash me revenaient. Son sourire, la morsure de ses crocs dans ma gorge, la même que je l'avais vue infliger à Henry quelques semaines auparavant. Le sang épais qui coulait dans ma gorge. Une nausée envahit ma poitrine, m'obligeant à plaquer sèchement ma paume contre mes lèvres. Mais pourtant rien ne vint.
J'étais désorientée. Je ne savais pas où j'étais, je n'étais même pas certaine de comprendre ce qu'il venait de se dérouler la nuit de mon anniversaire. J'aurais sans doute du m'interroger sur les raisons qui l'avaient poussé à me laisser en vie. Mais ça ne me vint pas à l'esprit un seul instant. La seule chose qui me hantait était la cuisante douleur de mes entrailles et une faim... une faim comme je n'en avais jamais ressentie jusqu'à présent.
Un soupir étouffé attira mon attention. Mes prunelles se posèrent sur Elicia qui trônait comme une reine d'infortune, pieds et poings liés, sur une chaise pile en face de moi. Je ne l'avais pourtant pas remarquée au départ.
Je la fixais longuement sans éprouver la plus petite envie de la détacher. Elle ne me faisait aucune peine, elle ne provoquait aucune pitié. A cet instant notre amitié n'existait plus. C'est à peine si je me souvenais de la manière dont j'avais pu la considérer jusqu'à il y a si peu de temps pourtant. Mais non... elle n'avait plus aucun intérêt.
Sans trop comprendre ce que je faisais, me laissant simplement guider par mon instinct du moment, je me levais du lit moelleux sur lequel je reposais jusqu'à lors. Saisissant d'un mouvement ample le poignard posé sur la table de nuit, je m'approchais d'elle à pas rapides avant de lui trancher la main d'un coup sec.
Le sang qui jaillissait en nappe carmin me rendit littéralement dingue. Telle une enfant affamée se jetant sur une miche de pain fraîche, je plaquais mes lèvres contre sa plaie béante alors que la pauvre hurlait à s'en décrocher la mâchoire.
~ Mars 2011 : L'apprentissage / Russie
Durant près de deux ans et demi j'ai suivi mon Sire où qu'il aille. Greffant mes pas dans les siens, nous ne nous quittions pour ainsi dire jamais. Il m'enseigna nombre de choses alors que nous traversions toute l'asie. Nous ne restions jamais bien longtemps au même endroit, à cause de moi pour tout dire. J'étais difficilement contrôlable et il lui suffisait bien souvent d'une brève minute d'inattention pour me permettre de commettre un carnage sans nom, attirant irrémédiablement l'attention sur nous.
La vie était belle, vraiment belle, elle ne l'avait jamais été autant depuis ma naissance mortelle. Cette nouvelle existence sonnait comme une révélation pour moi. Les vampires avaient choisi de se révéler au monde. Moi c'était mon Sire qui avait révélé celle que j'aurais du être depuis le départ. Je ne le remercierai jamais assez pour cela.
~ Août 2014 : La séparation / Etats-Unis
Je ne comprends pas pourquoi il a décidé de m'envoyer à Shreveport. Nous étions si bien tous les deux...
Il avança que c'était une nouvelle étape de mon apprentissage. Que désormais je devais me mêler aux nôtres pour apprendre d'avantage et que je ne ferais que freiner ce qu'il appelait mes capacités, si je restais auprès de lui. Je n'ai jamais entendu cet argument d'une oreille favorable. J'étais déjà dans tous mes états rien qu'à l'idée d'en être séparée une seule nuit, alors changer de pays et ne plus le voir du tout durant une période indéterminée... vous imaginez bien que ça n'était pas du tout de bonne grâce que j'obtempérais.
A vrai dire je ne l'ai pas fait de moi-même. Il a été contraint de me l'imposer sans quoi je ne partais pas et il le savait. Je du obéir, je n'avais pas le choix, je n'aurais pu lui désobéir même si je m'y étais employée de toutes mes forces.

Test RP

- Il faut te déclarer.

Je tourne les yeux vers le premier homologue que je croise depuis mon arrivée dans cette ville et le toise d'un air pour le moins incrédule. Me déclarer ? Déclarer quoi, dans quel but... Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’ils ont de l'humour ici. Me déclarer… je rêve.

- Me quoi ?

- Te déclarer... C'est la loi. Depuis la révélation, les vampires et les loups garous y sont soumis et ça c'est encore développé il y a peu.

Je dévisage mon aîné comme s’il se mettait à pleuvoir des pâquerettes turquoises en feu du ciel sombre qui s’étend au-dessus de nos têtes. Nous soumettre à la loi ? Nous, des vampires ? Si je pensais que l’alcool pouvait encore embuer son esprit, sans doute aurais-je opté pour cette explication à cette seconde.
M’apparait soudain les prémices des raisons qui opposent les races dites surnaturelles, depuis ce que chacun nomme la Révélation. Bien sûr… entre les âmes dociles et ceux qui refusent le joug humain, sans compter la peur que nous inspirons à cette race dite dominante (laissez-moi rire), les altercations doivent être bien régulières…

- Tu peux m’en apprendre d’avantage ? Demande-t-elle en un sourire aussi délicat que charmant.

Extirpant un bref soupir, le vampire jette un regard autour de nous pour s’assurer qu’aucune oreille indiscrète ne traîne dans les parages. Visiblement rassuré, son ouïe ni son odorat ne semblant en alerte, il repose ses iris rougeoyants sur moi alors que j’attends patiemment qu’il ait terminé son cirque.

- Il y a quelques jours le gouvernement a annoncé que tous les non-humains devraient désormais se déclarer. Avant, comme tu le sais, seuls les vampires et les loups garous étaient soumis à cette règle.

Prenant un air profondément intéressé alors que je n’en ai strictement rien à faire, j’acquiesce silencieusement à ses paroles comme si je savais pertinemment de quoi il était en train de me parler, ce qui n’est absolument pas le cas.

- Bref tout ça pour dire qu’il vaut mieux que t’aille te déclarer. Tu ne crains pas grand-chose, pour l’instant ce sont les sorciers et les médiums qui subissent les foudres des humains et puis nous sommes bien plus puissants.

- QUOI ?!

Sursautant sous l’effet de ma propre colère, aussi soudaine qu’incontrôlée, un faible hoquet de surprise s’échappe de mes lèvres alors que mon homologue me toise avec une certaine incompréhension.

- Un problème… ?

- Non ! Non du tout !

Une rapide inquiétude traverse mon esprit alors que ce visage perdu depuis tant d’années se manifeste doucement sous mes prunelles sombres. Laugh…
Après tout ce n’est qu’une rumeur. Je n’ai pas la moindre certitude. Est-elle l’une d’entre eux ou est-ce simplement un ragot de comptoir ? Allez savoir… Mais si c’était la vérité. Si ma sœur était bien devenue un être aussi à part que je le suis… ça serait de famille, pourrait-on presque dire. Même si ma nature à moi revêtira sans doute plus l’enveloppe d’une erreur de parcours aux yeux de la plupart.
Enfin… si c’était vrai. Si ma sœur a découvert des dons particuliers… ça serait plausible, elle a toujours été à part de tout et de tout le monde. Dans ce cas là…

- Hey Arizona ! Tu vas où ?!

Le vampire extirpe un soupir, je l’entends alors que je suis pourtant déjà loin. Il me semble même qu’il lâche un murmure de dépit en pestant des réactions trop vives des nouveaux nés. Désolé chéri, il va falloir t’y habituer.
Être vampire a du bon dans plein de domaines, dont celui des aptitudes physiques hors normes. C’est donc bien rapidement que je me retrouve dans le quartier où ma sœur vit avec sa colloc. Pensez-vous, j’ai pris le temps de me renseigner. C’est d’ailleurs la première chose que j’ai faite en arrivant en ville, la retrouver.
Je pousse la porte de l’immeuble sèchement et je m’engouffre dans la cage d’escaliers crasseuse en me jurant de démantibuler os par os tous ceux qui oseront frôler un cheveu de ma sœur.
Pour le reste, Clan du Maître et déclaration, ça attendra.