Traits de caractères

Complexe est l’un des mots qui pourrait le mieux me décrire, je crois. Comme la quasi-totalité de la population, Humains comme CESS, du moment qu’on prend la peine de gratter la surface, en fait. En apparence, je suis un homme tranquille, à la vie banale, mais paisible. Poli, aimable, toujours souriant, assidu au travail, ne s’énervant jamais, avec une pointe d’humour et toujours prêt à boire un verre entre collègues, mais somme toute peu expansif. Bref, quelqu’un qui ne fait pas de vague, avec qui on peut sympathiser, bien s’entendre, sans pour autant avoir envie de mieux le connaître. Et c’est exactement le but recherché …

Précisons d’emblée qu’il ne s’agit pas vraiment d’une imposture. Par nature, j'aimerais vivre ainsi : sans conflits, sans engueulades, sans heurts …

Par contre, il est vrai que je camoufle ainsi une bonne part de ma personnalité. La partie, non pas la moins reluisante, mais la plus difficile à assumer. Cette façade sereine est là autant pour tromper les autres, que pour reléguer en arrière-plan ce qui me fait souffrir. Je n'ai jamais eu confiance en moi. Je ne me suis jamais vraiment apprécié. Et ça c'est pas arrangé depuis que j'ai tout laissé tomber : famille, travail, fiancée ... bref, tout ce qui faisait ma vie. Mon côté distant, mon refus de nouer le moindre lien solide et durable ? Une carapace, pour me protéger, rien de plus. Je ne supporte plus de décevoir ceux qui me sont chers. Je préfère encore me couper d'eux.

Dépressif, je le suis, sans l’ombre d’un doute. Paumé, sans but réel, ne sachant plus trop à quoi me raccrocher, aussi. Émotif, sensible, oui, mais des années dans la Guilde m’ont appris à l’enfouir sous une épaisse couche d’indifférence, si besoin.

Dernier paradoxe, et pas le moindre. Je suis quelqu’un d’extrêmement fiable dans les situations critiques, les choses importantes. Pas du genre à laisser tomber un ami dans le besoin, ou à reculer face au danger. Mais dès que les choses se calment … alors là, ça se complique. Je suis parfaitement capable de tout laisser tomber, si mon côté dépressif reprend le dessus. De ne plus donner le moindre signe de vie, voir de me volatiliser purement et simplement.


Occupation nocturne

Une bonne partie de mes soirées, et de mes nuits, est consacrée à mon activité de faussaire. De nos jours, avec l'informatique, la multiplication des bases de données, créer une fausse identité solide, qui ne tombera pas au premier contrôle d'un flic, c'est un calvaire !

Par ailleurs, je ne répugne pas à sortir un peu, boire un petit verre, de temps à autre. Je prend en général soin d'éviter aussi bien les établissement bourrés de CESS que ceux rassemblant des chasseurs. Être reconnu, même si la probabilité est infinitésimale, m'attirerait bien trop d'emmerdes !

En cas de dépression, la réponse est simple :  chez moi, occupé à m'apitoyer sur mon sort et à me bourrer la gueule. Simple, peu original, mais relativement efficace.

En journée ... au travail, essentiellement. Toujours ponctuel. Mes week-ends sont souvent consacrés au kayak, à travers les cours d'eau de la Louisiane. Je suis  aussi des cours de cuisine, deux fois par semaine. Enfin, je ne dédaigne pas non plus un petit film, à l'occasion, et j'emprunte régulièrement des livres à la bibliothèque du coin : romans, polars, recueils de recettes, ...

Manies, habitudes & goûts

La bonne bouffe vient en tête, et de loin. Cuisiner un bon repas, et le déguster ensuite, voilà bien un plaisir presque divin, après des années passées à manger froid et/ou au lance-pierre. La lecture, les vieux films, la musique récente, voilà ce qui vient derrière. Fervent amateur de marche à pied, je n'utilise les transports que forcé et contraint. D'ailleurs, ma voiture, une antiquité acquise d'occasion, ne me sert en général qu'à véhiculer mon kayak.

Je conserve encore quelques sales habitudes de son ancien métier. En première place, celle de toujours trimbaler sur lui, à portée de main, en général dans son sac, un flingue. Chargé avec des balles en argent, bien sûr. La nuit, bien sûr sous l'oreiller. Après tout, ce n'est pas parce que j'ai abandonné la profession qu'un cabot ou un vamp' ne pourrait pas me sauter dessus, un jour ! Je vérifie à chaque fois ma serrure, en rentrant. Et quelques autres du même acabit ...

Capacité

Depuis gamin, vers mes sept-huit ans, je crois, j'ai su que je n'étais pas "normal". Que ma famille ne l'était pas non plus. On ne m'a pas laissé le choix, d'ailleurs. Il fallait que je maîtrise mon pouvoir, que je le développe, que je m'habitude à l'utiliser, tout ça pour le bien de l'humanité. Pour la débarrasser des monstres qui croupissaient en son sein. Et mon père savait se montrer très persuasif, croyez-moi ...

Mon pouvoir particulier, ce "don" qui m'a littéralement pourrit l'existence, peut se résumer en deux mots : synchronisation corporelle. Pour résumer : en ingérant un peu de votre ADN, que ce soit par le sang (plus efficace), un bout de chair, de peau, ou même un cheveu, je suis capable de me synchroniser avec votre corps. De percevoir votre état, comme si nous ne faisions qu'un seul et même organisme.

Si je ne peux pas lire vos pensées, je peux en revanche deviner vos émotions, votre état d'esprit, si vous êtes blessé, malade, mourant, sentir vos muscles se contracter pour passer à l'action ... Et surtout, vous localiser. De manière infaillible. Petite précision, il n'y a que moi qui suis conscient de tout ceci. C'est unilatéral.

Vous avez déjà entendu parler de la proprioception ? Cette perception inconsciente de la localisation de vos différents membres. C'est ça qui me permet de savoir où vous êtes. Bien sûr, la précision diminue avec la distance, mais je suis toujours conscient de votre position, par rapport à la mienne. Enfin, jusqu'à cent kilomètres. Au delà, c'est comme si mon membre était amputé, pour rester dans la même analogie. J'ai juste un vague fourmillement, m'indiquant que la cible est vivante, et rien de plus. Entre cent et un kilomètre, je peux estimer la distance, au kilomètre près. En deçà ... c'est de l'ordre du mètre près.

Rudement pratique, pas vrai ? Un héritage de famille dont je me serais bien passé, à vrai dire. Et oui, il y a un léger hic. Devinez ce que cette synchronisation implique ? La douleur. Quoi qu'il vous arrive, je le ressentirais aussi. De plein fouet. Comme si cela m'arrivait, à moi. De même pour la faim, la soif, la fatigue, le désir, que sais-je d'autre ... J'ai déjà vécu une mort, une fois. C'est ... je n'ai pas les mots pour décrire pareille expérience.

Par ailleurs, je ne peux pas maintenir la synchronisation plus de vingt-quatre heures, et encore, de manière passive. "L'activation" de la réception, en quelque sorte, ne peut pas durer plus de trente minutes consécutives. Au-delà, c'est l'infarctus assuré. Il me faut une heure de repos, entre chaque activation. Et rien que pour en arriver là, il m'a fallut vingt années d'entraînement ! Par ailleurs, une fois ce délai de vingt-quatre heures écoulé, la synchronisation avec la même cible, même si j'ai gardé de l'ADN sous le coude, m'est impossible pendant soixante-douze heures.

Convictions

La révélation, ou comment mettre le monde sans dessus dessous en quelques minutes. Ni vous, ni moi, ne pouvons encore mesurer complètement l'impact que cette idée de dingue a eu. Quel est le génie à remercier pour ça ? Une véritable révolution, cette révélation. Or qui dit révolution, dit généralement bain de sang ...

Au final, j'ai bien l'impression qu'elle emmerde la planète entière. Entre les gouvernements qui ne savent plus sur quel pied danser, les humains lambdas qui voient toutes leurs certitudes remises en question, les CESS qui sont désormais voués à être fichés, traqués, ostracisés, les chasseurs qui ne peuvent plus accomplir leur boulot tranquillement ... Ah, oui, c'est vrai, au moins, la vérité a éclaté. Cette sacro-sainte vérité. Dites-moi, le monde est-il réellement meilleur, après ça ? Haine et mépris, de part et d'autre, montée des extrémismes, fichage, tensions inter-raciales, et j'en passe. Les premiers pogroms ne sont peut-être pas loin.

Je pense avoir été suffisamment clair, non ? La révélation se révélera peut-être une bonne chose, d'ici quelques années. Mais est-ce que ça suffira pour justifier toutes les vies ruinées et balayées par la tempête qu'elle a engendrée ?


Signes particuliers

Quelques cicatrices, comme tout bon chasseur qui se respecte. Une laissée par un coup de griffe, sur le flanc gauche, une petite balafre sur l'épaule droite, due à un coup de couteau, et un impact de balle sur mon bras gauche. Ah, il y a aussi le tatouage des Lannister, sur mon omoplate droite. Enfin, je devrais plutôt dire "avait". La première chose que j'ai faite, après avoir foutu le camp, a été de m'en débarrasser. J'ai encore les traces du laser. J'ai dû passer par une clinique clandestine, et l'opération a eu une légère complication.