• 5 Septembre 1950 : Première vague d'approches des symptômes de l'automne ... et naissance d'Ikarias. Il naquit dans le village de pêcheurs de Lakka, sur l'île de Gaios, au Nord-Ouest des côtes grecques. Ses parents étaient en effet pêcheurs, mais parmi les plus productifs, ce qui ne les laissaient pas sur leur faim. Leur activité était plus que suffisante pour vivre dans le confort, ce qui a permis à Ikarias de bien vivre lui aussi.
• Durant son enfance, dans les années 50, il était éduqué par un ami de la famille nommé Dimitris. Il parlait très bien français, avait une culture générale importante, et était très charismatique, ce qui fit qu'Ikarias le prit dès enfant comme modèle. Il lui apprit la langue française, quelques bases scientifiques (notamment les maths puisqu'il était trop jeune), et lui construisait une culture musicale sur des artistes de tout genre, du classique (avec des géants comme Mozart, mais aussi Peer Gynt) au blues avec Robert Johnson. Ses parents, lorsqu'ils le pouvaient , tentaient de transmettre leur passion à leur fils qui était la navigation, mais celui-ci semblait attiré jeune par la musique blues et jazz qu'il entendit par vinyle ... Il n'éprouvait pas d'amour ni d'admiration pour ses parents car ils étaient trop éloignés par le travail, et portait l'admiration vers ce qui semblait être un précepteur, mais aussi un tuteur.

• En Décembre 1962, alors qu'Ikarias revenait des cours (en plus d'apprendre avec Dimitris, il suivait l'école fraîchement construite dans le village), il vit dans le salon ses deux parents égorgés, le couteau près des cadavres.  Il fondit en larmes à côté d'eux, frappait dans les meubles proches et hurlait de toutes ses forces. Il n’avait ici que 11 ans, ne comprenait donc pas pourquoi et comment, son esprit finissait par se torturer lui-même pour chercher la réponse. Soudain, il entendit l'ami de ses parents arriver en courant lui demandant s'il avait vu quelques chose. Cela sonnait comme du vent dans ses oreilles, puisqu’il n'était plus capable de réfléchir de façon rationnel sur l’instant. Dimitris, l'ayant compris, le prit dans ses bras et l'emmena chez lui. Dès lors et jusqu'à sa majorité, il vécut chez lui. Il lui fallut beaucoup de temps pour s'en remettre, mais s'est développé chez lui une réaction pathologique à la vue d'un cadavre (accès de folie). Plus encore, il devint machiavélique avec les gens qui daignaient vouloir l'approcher. Dimitris avait revendu la compagnie de pêche, ce qui valut un grand bénéfice ; en comptant cela et le métier de médecin qu'il pratiquait seul au village, Ikarias subvenait tranquillement à ses besoins. Mais l'incident avait créé une indicible fracture.

• Après avoir essayé de dépasser ce qui c'est passé ce soir d'hiver, Ikarias a décidé de noyer tout cela dans la passion qu'il s'est découvert vite : la musique. Son nouveau tuteur légal lui avait offert une guitare avec laquelle il a appris des morceaux d'icônes du rock n' roll et du blues. Il recevait l'impulsion du village où il vivait, qui le payait pour jouer des morceaux au milieu de la grande place. Ikarias connut le succès sur tout l'île avec des reprises de bluesmen américains, puis grâce à quelques compositions qu'il préparait en s'inspirant toujours d'eux. Il travaillait longtemps et dur, s'isolant tous les jours pour jouer et écrire ses idées sur des feuilles. Il refusait cependant de chanter car il trouver sa voix pas assez varié dans les tons. Avec cette popularité, il gagnait peu à peu beaucoup d'argent, avec lequel il aidait à agrandir le village.

• A sa majorité en 1968, son tuteur lui avait fortement conseillé de quitter l'île mais aussi le pays. Ikarias, qui se rendait compte qu'il aurait été restrictif de rester à cet endroit, avait accepter sans poser de questions. Il avait laisser de l'argent de côté, bien assez pour payer la traversée en bateau et le trajet en train, et Dimitris lui avait donné de l'argent pour qu'il puisse se débrouiller sur le territoire français. Car en effet Ikarias avait choisi la France, tel que Dimitris lui avait conseillé, puisqu'il avait un peu appris la langue et que c'était un pays florissant. Le trajet fut long mais les longs itinéraires ne gênaient que peu Ikarias, car il était curieux de découvrir le continent et ce qu'un insulaire grec pourrait presque appeler la "civilisation". Il n'avait rien amené sauf un carnet de notes où il écrivait ses compositions et quelques choses qu'il voulait retenir (bien que sa mémoire ne lui joue que peu de tours). Arrivé sur le territoire, il s'était d'abord installé dans un hôtel, et ce fut son domicile pendant quelques années. Les  procédures d'intégration étaient beaucoup moins compliquées alors il ne lui a fallu qu'environ un an pour posséder la nationalité. Il avait élu domicile à Lyon puisqu'on lui avait conseillé à son arrivée. Il prenait des contrats de travail dans la distribution, dans les usines, et parfois dans les cimetières. Puis dès qu'il avait de l'argent de côté à nouveau, il réessaya de se faire une quelconque réputation dans la musique. Il avait racheté une guitare acoustique pour jouer ses compositions ; mais très vite il découvrit la guitare électrique (sur son île il ne s'en vendait pas), et ce fut dès lors un instrument de prédilection. Le son très différent qu'elle produisait charmait littéralement Ikarias. De ce fait il avait acheté le matériel suffisant, il avait repris les jobs à mi-temps afin de pouvoir acheter dans la marque Fender, une des meilleures, et avait revisité toutes ses compos avec. Il commençait même à chercher un groupe.

• En 1969, il se faisait connaître dans les petits milieux grandissants du rock, dans une carrière solo. Il affûtait ses capacités à la guitare électrique peu à peu, et commençait à prendre de l'envergure, regroupant des fans du genre nouveau du punk-rock. Il se sentait particulièrement à l'aise dans ce milieu, autant parce que ça lui plaisait (et plait toujours), que parce que les fonds commençaient à venir. Il participait à des festivals avec des groupes naissants du même genre musical. Il jouait également en première partie de concerts d'artistes plus connus. La plupart de ses prestations se déroulaient la nuit ; ce qui a fait basculé la vie d'Ikarias ... Alors qu'il se produisait dans un festival dans la Drôme, dans le Sud-Est de la France, il avait été placé en fin de programmation, c'est-à-dire vers minuit. Il avait donc joué jusqu'à 1 heure 30 du matin environ. En comptant un temps de rangement du matériel, de discussion avec des spectateurs, il était resté sur le site jusqu'à 2 heures. Exténué, il devait retourner à son moyen de transport, qui était quelques centaines de mètres, et le site, qui était un champ vaste et vallonné était dans le noir total. Alors qu'il traversait ces champs avec sa guitare, il voyait une silhouette à l'horizon. Intrigué, il s'approchait d'elle, interrogé par l'immobilité de la personnage. Soudain, quand il s'en était davantage approché, la silhouette disparut en une fraction de seconde ; et juste après, il sentit une immense douleur au niveau de son cou; comme si on lui enlevait l'âme de son corps. La douleur était si insupportable qu'il perdit vite la force de se débattre. Et lorsque ses yeux venaient à se fermer, il le vit me tendre son poignet recouvert de sang dégoulinant. Il ne comprit pas la démarche de la personne, de toute façon son cerveau n'était plus apte à réfléchir. Puis ses yeux se fermèrent ... Lorsqu'il se réveilla, il ne comprit toujours pas ce qu'il lui arrivait (il avait oublié l'incident du soir dernier): il était caché derrière un arbre, dans une forêt dense à quelques kilomètres du festival où il était auparavant. Mais sur l'instant il ne savait pas où il était précisément, il eut erré pendant quelques jours. En sortant du bois, il avait croisé un promeneur sur un sentier. Il devint alors incontrôlable, attiré par une odeur de sang qui sortit d'une plaie sur le bras,et commençait à littéralement dévorer ce bras, vidant le sang du passant jusqu'à la mort. Il cachait la cadavre, et errait sur le sentier, attendant qu'un autre passant arrive sur son sillage. Après avoir procédé quelques fois ainsi, il reprit conscience de ce qu'il faisait. Il n'en revenait d'abord pas : quelle folie l'avait saisi ? Quel genre de faim pouvait le pousser à manger et pomper le sang humain ? Et surtout comment cette frénésie l'avait atteint ? Il avait passé une journée à réfléchir, isolé du monde, et il lui fallut du temps pour comprendre le fait inéluctable : il était devenu un vampire.

• Dix ans durant, il errait dans les montagnes du Vercors, à tenter en vain de contrôler sa faim. Il ne laissait pas les cadavres en évidence, mais tuait en masse, laissant énormément de disparitions. Les forces de l'ordre s'étaient vite inquiétés ; mais se sachant impuissantes et sachant aussi que le problème risquerait de ne paniquer que trop la population, ils laissèrent de côté, priant pour que l'hécatombe s'arrête. Les crimes étaient impulsifs, allant jusqu'à vider le sang des victimes ; mais il faisait minutieusement disparaître les cadavres, par honte comme par sécurité. Loin de tout, sur des hauteurs de 1200 mètres, il pouvait se nourrir, sans grande résistance, d'autant plus que les investigations étaient dotées de moins de moyens.

• A la fin de cette période, son mode de vie avait retrouvé un lieu d'équilibre entre le musicien passionné travailleur et le vampire sanguinaire. Il y est toujours arrivé lentement : ce ne fut pas du jour au lendemain qu'il eut repris sa vie d'antan, et du jour, et qu'il eut changé de régime alimentaire. Il avait en effet cherché, dans cette "nouvelle vie", à baisser sa consommation, car il rendait compte que c’était bien trop risqué, et peu adapté à la vie de société. Vie de société qu'il allait bien devoir rejoindre pour jouer de la musique à nouveau. Mais une des grandes difficultés était de devoir repartir à zéro : plus d'argent, plus d'habitat, la pente fut difficile à remonter. Toutefois elle ne fut pas insurmontable, il reprit de petits jobs pendant plusieurs années. Il s'était installé à Orléans afin de s'éloigner des massacres du passé. Il vécut parfois dans une misère matérielle importante ; mais l'immortalité qu'il avait obtenu lui permettait de traverser indemne des étapes que des mortels subissaient parfois violemment. Bien sûr, le problème de consommation s'appliquait quand à lui, car il lui semblait difficile au début de se nourrir, il devait s'y prendre de façon très discrète. Mais il prit la technique. La vie nocturne ne le gênait pas totalement dans la mesure où il prenait les jobs nocturnes.

• Ce ne fut qu'aux années 90 qu'Ikarias avait retrouvé une certaine stabilité de vie (si on peut dire). Il avait repris la musique puisqu'il avait les fonds suffisants, et avait un logement fixe individuel. Il avait, au détour d'une sortie à Paris, trouvé un groupe de vampires. Il les avait trouvé dans le 19ème arrondissement, alors qu'il cherchait un en-cas pour la nuit. Il repérait par instinct les autres vampires qui eux aussi cherchaient une proie. Ikarias les avait donc invité à parler au bar, où ils découvrirent que leur passion musical était partagée. Ils décidèrent donc de tenter de fonder un groupe. Le point gênant pour Ikarias était que ses camarades étaient du genre sang-chaud et provocateur, ce qui posait problème dans Paris. Il demandait donc à ce que le groupe aille plutôt vers Orléans. Ce que l'on peut retenir d'autre des années 90 est qu'Ikarias avait découvert son pouvoir de vampire, l'hypnotisme. Il l'eut repéré alors qu'il avait hausser le ton contre un humain, donnant une sorte d'ordre implicite : l'humain obéissait alors directement à cet ordre, sans poser de question. Il avait entendu dire que les vampires possédaient des pouvoirs spécifiques, mais l'expérimenter lui donnait des frissons de joie. Dorénavant il voulut à tout prix améliorer ce don, pour le pousser à son extrême. Il utilisait ce début de pouvoir afin de pouvoir se nourrir en toute sécurité.

• En 2007, c'est le changement radical : la fameuse révélation. Les choses eurent changé du jour au lendemain : les gens qui savaient (autant dire tout le monde) nous regardaient comme des monstres. Peut-être le sommes-nous, mais le furent-ils pas de nous rejeter ainsi ? Les affaires de musique avaient subi un véritable choc négatif, la clientèle s'enfuyant d'un seul coup. Le sentiment de rejet fut très fort, ce que toucha beaucoup le groupe. Mais Ikarias était davantage ébranlé par l'atteinte à sa liberté. En effet, il se sentait presque comme un phénomène de foire que l'on venait de découvrir, qui fascinait comme il dégoûtait. Selon lui, il n'y avait pas pire intolérance dont il ait été victime. Il n'eut vécu que quelques années en Europe après l'événement, il avait promptement décidé de ne pas plus rester sur ce continent. Ikarias partait donc pour l'Amérique, ayant reçu l'écho d'un monde meilleur pour les vampires ... Tel est la situation en 2014 : un musicien fraîchement arrivé en Louisiane, pensant venir dans une terre promise ... Son destin lui donnera-t-il tort ?



Test rp

Le soleil s'était couché il y a environ une heure. Une soirée toutefois à la température bonne en ce soir d'Août 2008. Ou peut-être était-ce l'ambiance de festival qui réchauffait, cet appréciable climat de fête ? Je ne saurais dire, je n'ai jamais eu une once de sensibilité thermique à dire vrai. Au bord de la scène, opinion politique, théologique, ou pas, ils sont toujours ardents comme la braise, ça je le sais. En tout cas, quand le genre leur plait, mais généralement, dans les festivals auxquels je participe, les genres convergent. Et donc, le public attend toujours impatiemment la suite, portés par la frénésie que provoque l'ambiance de cohésion dans les rangs des spectateurs. Cette frénésie qui fait danser les corps, sans pourtant aucune véritable grâce, mais transpirant une passion qui laisse d'agréables frissons. Est-ce pour ça que je me produis aujourd'hui, à Lyon ? Pour l'aura de la foule en face de moi ? Pour l'argent qu'on me donne ? Pour le plaisir de savoir qu'on vient me voir ? Rien de tout ça. Si je viens ici, c'est pour jouer. Jouer, oublier tout le reste, gratter les cordes, interpréter une mélodie, et savoir que je ne suis pas le seul à adorer ça. Car en effet, depuis un bail déjà, je ne suis pas cavalier seul. Mon groupe, qu'on a nommé les Quo Vadis, est composé de Tanguy Fortin à la basse, Walter James à la batterie et Charles Dineur au chant. Et à ce moment-même nous nous "préparons" à notre prestation, c'est-à-dire que nous choisissons les réglages de matériel pour nos instruments, puis que nous attendons que l'équipe technique fasse le reste, nous discutons. Et bien oui, le peu de stress doit être évacué, et une ambiance conviviale doit être installée entre les membres avant le saut sur la scène, bien que nous prenons l'habitude de faire les petits festis. C'est juste que la cohésion passe la communication, et qu'un groupe est le premier à dire oui.

"-Tu sais quoi ? Je la sens pas trop cette fois ... Dit la bassiste

-Pourquoi tu dis ça ? En général on s'en sort plutôt bien ! Dis-je

-Tu ne les as pas vu ? Ils nous regardent comme si nous étions des bêtes ! Et si ça tournait mal à cause de ça ?"

Il est vrai que depuis 2007, tout a changé pour nous. La révélation a entraîné une réaction néfaste pour notre paye, on peut dire. Les gens ne voulaient plus voir des monstres, alors on a subi un véritable boycott pendant quelques mois, et quand nous en sortions, le public ne reprit confiance que très lentement, et restait peu nombreux et peu ardent pendant les concerts. La situation n'était pas vraiment agréable. Cependant ça m'est égal, tant qu'un minimum d'argent rentre dans les caisses. Le reste de confort, je le trouve dans le jeu.

"-Je vous accorde que la situation actuelle est très gênante, puisqu'on est repoussés par la société. Les humains nous méprisent et se méfient de nous, et ça aura pour conséquence une véritable fissure sociale. Nous en pâtirons sûrement, d'autant plus que notre métier se base souvent sur une réputation à avoir. Cela doit pour autant nous faire abandonner ? Est-ce seulement pour eux que nous jouons ? Absolument pas. Nous jouons aussi pour nous, c'est ce qui fait que nous sommes encore là, derrière la scène. Donc nous ne devons pas perdre de vue ce qui nous pousse à venir encore et toujours jouer : la passion."

Mes coéquipiers ne disent rien, puis me sourient. Le batteur me dit :

"-Tu sais ce qu'il faut nous dire, toi !"

Nous attaquons un léger échauffement, à quelques minutes de la prestation, chacun sur un instrument plus loin de la scène. A ce moment, j'essaie donc de créer une sorte de "bulle" où seul le son que je produis m'importe. Mon seul objectif est de m'assurer que les doigts de ma main droite seront assez souples pour tenir les accords, et que le poignée de main gauche sera assez fluide pour les gratter. Je joue sans véritable recherche de mélodie, dans le même principe qu'un sportif avant un match : m'échauffer. Ce n'est pas comme si mon corps de vampire avait besoin de stimulation physique, mais j'ai pris l'habitude de vérifier que les gestes soient mécaniques, pour être véritablement à l'aise sur scène. Même s'il ne s'agit que d’environ cinq minutes, ça permet d'être totalement au point. Ce laps de temps passé, nous nous rejoignons au bord de la scène, prêt à l'action, attendant le signal de l'équipe technique. Le signal donné, nous marchons, sûrs de nous, vers nos instruments disséminés sur la scène.

Le public, lui, était réuni devant nous, nombreux (certainement rassemblé par l'artiste suivant car nous rassemblons peu de monde en ce moment). Un silence mortuaire règne, signifiant soit la patience, soit le manque d'enthousiasme. A nous de le vérifier ... Nous commençons par une composition à prédominance agressive, afin de réchauffer la foule. La compo démarre sur un solo de batterie, je peux alors regarder les réactions du public. Ces réactions sont celles que nous attendions en choisissant ce morceau : les spectateurs commencent à secouer la tête, pris par le rythme entraînant de la batterie. Puis dès que le batteur termine son passage, je me lance. Je débute par une série rapide d'accords, mais cependant peu difficile. Le groupe étant complètement dans l'action, la public semble suivre, ce qui s'ajoute tout de même un peu à ma satisfaction. Les morceaux s’enchaînent, et je prends encore plus mon pied, jouant autant pour interpréter mais aussi pour m'exprimer. Voilà comment un concert doit se dérouler selon moi ... !