CAMP Loup de la meute; FORME ANIMALE Un loup européen tout ce qu'il y a de plus classique. Avec ses grands yeux auréolés de merde, son poil au reflet roux et pêlé, ses pattes frêles et ses côtes saillantes. Ainsi que sa bave qui coule. ;
STATUT Membre de la Meute, et c'est tout. C'est déjà assez bien, non ? ;
TYPE DE METAMORPHOSE Un savant mélange entre un loup sans doute décérébré, connard et prétentieux qui a engrossé une simple humaine, laissant sa semence dans son ventre, avant de se casser. Un bâtard, peut-être, je n'ai jamais rêvé de mon père. Peut-être cauchemardé ;
ETAT CIVIL J'ai l'air d'avoir une bague au doigt ? Célibataire. J'ai l'impression de refaire mes demandes de prestations d'aide sociale ;
LIEU D'HABITATION La Meute est ma seconde maison. East Farm m'est bien plus douillé que tous les lits que j'ai pu avoir auparavant. Mais, j'aime avoir mon indépendance, tout de même. Et rentrer à quatre heures du matin là-bas, pour réveiller tout ces mâles en chaleur, non merci. J'ai un petit appartement en ville, une garçonnière avec trois meubles Ikéa qui se battent en duel (oui, l'un est encore empaqueté, j'ai pas de perceuse), un lit et une armoire, qui me sert de refuge.
METIER Je sais conduire. Très bien paraît-il, mieux que Paul Walker en tout cas, l'hôpital recrute tout le temps. Ambulancier, mais en petit contrat, il faut un diplôme pour avoir un temps plein, pour sauver les vies que je promène. S'il clamse, je ne saurai quoi faire, à part accélérer.
CLASSE SOCIALE Un mi-temps, un petit studio, un héritage d'une valeur inventée par les arabes : zéro, au moins j'ai un toit.
ETIQUETTE On me dit gentil. Oui. Altruiste, toujours au service des autres ; je préfère mon métier qu'huissier, même si le salaire est médiocre. Je ne parle peux mais je sais écouter, je sais être utile, celui qui aide les personnes âgées à traverser, qui se lève quand un infirme veut un siège dans un transport en commun. Mais aussi effacé, discret, un sourire et une touffe de cheveux hirsute, ça ne se remarque pas.
INTRODUCTION AU GENRE
Traits de caractères
Effacé à la gomme, tableau noir couvert de craie brossée. On me dit affable. On me dit neutre. Sans personnalité. C'est juste une gentillesse, une amabilité étrange, une sympathie jurant avec la société actuelle. Comme une galanterie d'un temps ancien, un savoir-vivre passé, anachronique. Une psyché imaginée dans les livres, dans les héros romantiques, forgée par la plume des écrivains plus que par les caresses d'une mère. Je suis quelqu'un sur lequel on peut compter, mais je ne compte sur personne. Seul face au monde, à me faire des alliés qui me seront redevables, parce que j'ai gardé leur fils, parce que je les ai aidés dans une impasse, je suis là. J'ai des atouts, des dettes que je pourrais récolter. Je peux être là, comme une bonniche que l'on sonne, mais sinon l'on ne pense même pas à moi. Où suis-je alors ? Dans mon ambulance à écouter du Coltrane ou dans l'ombre à vous regarder ? Analytique, observateur, je suis un loup qui n'a de fort que son esprit. Ni mon corps, ni mon animal, ne peuvent faire peur. Alors je réfléchis. Je survis comme je peux avec mes seules armes : mon esprit et ma sœur. Mais je ne suis méchant, le grand méchant loup n'est guère comme moi. Je n'attaque les moutons blessés, à l'arrière du troupeau, ou le cerf blessé et agonisant. Je suis roux comme le Diable et le renard, à franchir les murs grâce à ma ruse et à dévorer les poules, délicieuses. D'ailleurs, j'ai toujours eu un faible pour le poulet rôti. J'acquiesce plus que je ne nie, je fais sans broncher ; sans zèle, sans soumission, je n'obéis pas. J'agis vite et bien, pour pas que l'on me remarque, en mal ou en bien. C'est une astuce comme une autre pour bien se faire voir. Cela fait aussi partie de mes plans, monter dans l'estimer sans se faire remarquer, se faire apprécier sans besoin de retour derrière. Je suis quelqu'un d'assez futé, néanmoins je manque clairement de pragmatisme. Moins que ma soeur qui veut vivre de son art, mais j'ai souvent de fausses bonnes idées. Risquées. Folles. Impensables. Je n'irai pas braqué une banque, mais c'est tout comme. Disons juste que... je n'ai rien à perdre, à par ma soeur qui est presque déjà perdue. Alors je joue avec le feu, même si je sais que je vais me brûler, et que ça fait mal. Peut-être que ça me réveille. J'ai parfois l'impression d'être endormi, blasé.
Occupation nocturne
Métro boulot dodo. Non. Le métro, c'est moi. Mais que celui des malades, des suicidaires et des ivrognes. Ce sont souvent des ivrognes d'ailleurs, ou des jeunes qui ont trop bu. Peut-être que je ne bois plus beaucoup à cause d'eux, de ces clochards puant le vin bon marché (le seul que je peux me payer, donc), il me dégoûte un peu. J'aime pas l'échec, j'aime pas la misère et je baigne dedans. Si seulement je pouvais boire du Champagne et bien m'habiller, offrir des Louboutin à Connie. Mais non. Je mange des soupes lyophilisé, du poisson pané infect et des pâtes. Et du riz. Et des patates. Sinon, à part conduire des ambulances vingt heures par semaine (parfois bien plus, mais toujours payé vingt), je lis. Beaucoup. C'est l'un de mes refuges. Ou je traîne à l'East Farm, me sociabilisant avec la Meute. La reconstruisant du mieux possible, tout en faisant profil bas, je ne suis qu'un petit nouveau accompagné d'une soeur désinvolte et provocatrice, à la Miley Cirrus, mais en bon marché. On est le Law Cost de l'aide à domicile. Connie assouvie les pulsions, j'espère qu'autour de sa barre de pool dance, et moi comme un psychiatre des alcooliques anonymes. Sinon, à mes heures perdues, j'écris quelques textes sans prétention, des sonnets classiques, des odes métaphysiques, que j'offre ensuite à ma soeur. Pour qu'elle les chante en compagnie d'une contrebasse et d'une clarinette.
Manies, habitudes & goûts
J'aime les fraises et le chocolat, le poisson, la bonne nourriture en règle générale. Pas celle de maman, de votre maman, pas la bonne plâtrée de spaghetti bolognaise avec la sauce secrète, les lasagnes ou le gratin de macaroni. Ni les oeufs cocottes de Tatie au micro-onde. La vraie nourriture, celle que l'on fait avec amour et du temps. Mais, comme j'ai pas d'argent, je mange des salades. Et du fromage. Je suis assez irritable, je ne sais pas très bien mentir, je ne peux pas bluffer, et tout ce résume à un tic très con. Je serre la mâchoire. Et ça fait mal aux dents. Quand je cauchemarde, je grince des dents, aussi. De toute façon, j'ai jamais aimé le poker et ya très peu de gens qui partage ma couche. Et c'est que pour une nuit, qu'ils dégagent s'ils aiment pas le bruit que je fais. Je vérifie toujours tout. Que les portes soient bien fermées, même si un verrou n'empêchera pas quelqu'un de défoncer la porte que j'ai, que le gaz soit coupée, que l'eau consommée soit bien celle facturée. Tout est extrêmement droit, millimétré. Mais je n'ai rien, donc ça va vite. Quand j'étends mon linge, c'est assez facile à voir, sur le fil tout doit être symétrique. Je grogne quand quelqu'un corne une page d'un livre. Je ne sais pas écrire, et ça m'énerve. Je ne fume jamais à l'intérieur. Je recycle mieux qu'un Suisse. Je sais extrêmement bien géré mon argent, comme je n'en ai pas, c'est assez simple. Je ne peux pas rester longtemps à l'intérieur, sauf quand il pleut. J'aime bouger, faire des choses, je suis tout le temps en train d'agir. Posé, je lis ou j'écris, souvent en mangeant ou en buvant du café soluble. Sinon, je travaille, je vais à l'East Farm, je pense même m'inscrire à une association en tant que bénévole. Ou pompier volontaire, mais ce serait redondant. Et j'ai besoin d'argent.
Transformation
Il y a plusieurs Meute ? Chose que je n'aime pas, le gaspillage d'énergie. Alors, je vais parler en langage télégraphique. Sans les "Stop", parce que c'est moche. En loup. Roux, d'Europe. Grand mais pas trop. Maigre, presque trop. Sur des grandes pattes, ça donne un air autiste. Je fais pas peur, déjà dit. Un loup, quoi. Dans la Meute, vous auriez dû l'avoir compris. Et ça se passe mal, la transformation. Douleur, difficulté. J'aime pas. D'ailleurs, je garde toujours ma forme première, celle du petit loup décharné. On m'a raconté que l'on pouvait avoir plusieurs formes différentes, avec de l’entraînement. Je n'aime pas ces entraînements. Mais il faudrait que je maîtrise ma bête, ce serait bien. Un jour.
Convictions
Bonjour, je vous propose un vaccin qui vous guérit de la lycanthropie, vous le voulez ? C'est pas un choix. Un vaccin qui soigne la connerie, ça existe ? Remonter le temps, peut-être. Car, ces putains de vampire ont foutu la merde en disant qu'ils existaient. On aurait pas pu vivre tranquillement ? La mère aurait mieux vécu, peut-être, maintenant elle comprend sans doute, doit être traumatisé d'avoir accouché de caniches. Ne pas savoir est sans doute la meilleur solution, les attardés mentaux, les abrutis de première, pathologique, n'ont-ils jamais eu que le terme de bienheureux ? Les humains ne savaient pas dans quoi ils vivaient et s'épargnaient bien des si-magrets, désormais ils nous cherchent des noises. Or, ça fait cinq-milles ans d'Histoire que nous sommes là. Pourquoi ça change ? Peu savent ce que je suis réellement. Et, je dois l'avouer, ce vaccin m'a tenté.
Signes particuliers
Je ne suis de ceux qui se dénotent par le changement physique. Je ne sais pas me battre, je ne vais pas au combat, préférant toujours l'esquiver, alors je n'ai pas de cicatrice. Et comme je suis surnaturel, mais chutes dues à la maladresse enfantine n'ont pas laissé de cicatrice. Mais mon esprit est plus retord, pernicieux. Je suis dyslexique. Je ne sais pas écrire correctement, et ça m'énerve. Parce que j'aime écrire. Et je n'arrive pas à lire longtemps. Et j'aime lire, donc ça m'énerve. Par contre, il semblerait que j'ai un cortex cartésien. Très mathématique. Très calculateur. Avec une excellente mémoire. Aucun souci pour les tables de multiplication, les racines carrées. Avec les équations du x-ème degrés si, par contre, je n'ai pas fait d'étude. Mais je lis beaucoup, et pas que de la littérature.
VIDEODROME
PERSONNAGE INVENTE, SCENARIO OU PV? PV, d'ailleurs c'est con comme terme. Prune, amande, c'mieux. Mais j'ai quand même inventé des choses. ; PSEUDONYME Cuir, cuir, moustache; DERRIERE L'ECRAN J'aime les fraises et le chocolat. Je mets souvent mon chat dans le micro-onde. Le Nutella est là, il fait beau, les oiseaux chantent, il a même neigé l'autre jour. On aurait dit une tempête, c'était beau. CODE DU REGLEMENT Il ne manque plus que le thème musical de Dracula, Prince des Ténèbres, et on pourra commencer ; COMMENT NOUS AVEZ VOUS DECOUVERT? Je voulais une prostituée, mais elles étaient toutes trop chères. Alors je suis allé sur Internet voir s'il y avait des cougars dispo. Mais je suis tombé là, en tapant "Cougar disponible maintenant". Etrange, mais intéressant. Faudrait peut-être que j'enlève la protection parentale de l'ordi. ; AVIS GENERAL SUR LE FORUM On dirait un repère de troll, j'aime bien ça. Et les smileys sont cool. Mais j'ai l'impression qu'il y a beaucoup d'émo, petit bémol. ; AVATAR UTILISE Richard Madden.
Dernière édition par Ace O'Rilley le 13/12/2013, 13:21, édité 7 fois
~ 20/08/1991 Dans le ventre de ma mère. New York City/ Il fait bon, doux, et chaud. Mais je sens que tout se presse autour de moi. Que tout s'agite. Alors je la pousse, je la dégage. Je sais qu'il est temps pour moi de sortir, que l'on ne m'accepte plus ici. Mais pas moi en premier, je veux m'assurer que l'extérieur est sain, propice. J'envoie l'autre moi d'abord, par sécurité.
~ 10/03/1991 Plus tôt dans l'année, donc. New York City. Chez Papa, oui ça sonne comme une pizzeria. Maman arrive. Elle ouvre la porte, la claque, et le claque lui. Puis elle pleure. Lui ne comprend pas. Elle l'aime, lui non. Et elle lui dit. C'est trop tard, c'est fait, elle ne peut pas avorter, elle ne peut plus. Il y a des cris, des larmes, des gens qui la regarde. Il la câline, lui prononce des mots de réconfort. Le lendemain, elle revient, il a démissionné, disparu. Chez Papa venait de perdre un mécano.
~ 02/04/1993 New York City. Un petit restaurant. Assez médiocre. La mère est là, à attendre. Elle est inquiète, c'est la première fois qu'elle laisse ses deux enfants à la maison, auprès d'une nounou, ça lui a coûté un bras. Mais ce soir, pour une fois, en suivant le conseil de ses copines, elle se fait plaisir. Il arrive, en grande pompe, le prétendant. Il lui fait la cour, la parade, un véritable coq de basse-cour qui sent bon l'Eau de Cologne, et le soir ils finissent ensemble.
~ 15/07/1993 New York City. Dans le minuscule appartement. Mère pleure. Oui. Elle s'est faite larguer. Elle ouvre la bouteille de Vodka et s'écroule dans le canapé. Oh, c'est juste une fois.
~ 20/08/1993 New York City. Dans la rue, face à un tournage. Elle hurle, houspille, et se fait remarquer par les cameramans. Elle gêne. Mais elle a une grosse poussette, et un accent d’immigré irlandais, alors on la laisse tranquille, c'est le prochain Oscar qui est joué ici ! Elle continue de gueuler, d’interpeller les passants, de vociférer que ce monde est injuste, cruel, surtout envers les femmes. Elle s'est faite renvoyée parce qu'elle puait l'alcool. Indéniable. Un flic lui parle, elle a peur pour ses gosses, soudain, et s'arrête. C'est juste leur anniversaire, elle voulait qu'ils voient un film. Un tournage. Ils furent pris de pitié, sans doute, ou furent simplement émus, mais ils nous laissèrent entrer. On vit donc les caméras, on entendit le CLAC du début de la scène, les maquillages et les dressings. Mais on avait que deux ans.
~ 15/09/1993 New York City Sa voix s'est faite remarquer. Elle s'est ressaisie aussi. Le réalisateur a parlé à un ami, qui lui aussi a parlé à un ami. Et... Nous voilà devant les caméras, à tourner une pub. Une magnifique pub pour la télé et avant les projections cinématographiques. On s'est fait du blé, Ô oui, qu'on n'a pas touché. Ca a permis à la mère de rebondir et se trouver un autre job.
~ 04/02/1994 New York City, un hôpital. On n'avait pas le chauffage. C'est à peine si on avait de l'eau chaude. La mère voulait que l'on reste sur New York car c'est une ville tellement noble, résultat je suis tombé malade. Pas qu'un peu. Direction l'hôpital où la mère tua ses dernières économies. Elle rencontra un infirmier là. De son âge. Assez futé. Gentil. Qui lui donna un chocolat chaud.
~ 25/07/1994 New York City, chez l'infirmier. La mère, folle amoureuse, et peut-être opportuniste, aménage chez l'infirmier. Dans le tourbillon des cartons, elle se fait prendre contre un mur. Puis ils cassent le lit. Ils n'ont pas assez d'argent, la secrétaire, l'infirmier, pour le réparer, et vont dormir à même le matelas durant de long mois.
~ 09/10/1994 New York City, lieu de travail de l'infirmier. La mère vient le voir paniquée. L'autre jour, il y a quelques mois, elle est tombée enceinte, n'a pas eu le temps d'avorter. Le voulait-elle ? Mais, elle a perdu son mioche. Connie et moi, on a dû trop torturer son ventrou, désormais stérile, elle tombe en état de choc.
~ 03/01/1995 New York City, Central Park. La mère, Connie et moi, on se balade. Tranquillement. L'infirmier bosse. J'l'aimais déjà pas trop. Alors j'suis content. La mère tente de nous apprendre à faire des ricochets, moi je cherche des chiens. Quand je les regarde, ils baissent des yeux, je croyais que j'avais un pouvoir. On va à la rencontre de la voisine qui devait nous rejoindre, elle et son Yorkshire. Il a la queue entre les jambes et couine. Je veux m'amuser et lui scande un "BOUH !". Un glapissement s'échappe de sa gorge, il tombe. La promenade se termine, la voisine me déteste. Il se mets à neiger, j'aime la neige.
~ 13/07/1995 Dans mon lit. Je me réveille. En sursaut, en sueur. En hurlant. Connie aussi. Nous ne sommes pas bien, malades, verts. On tremble, j'ai besoin de courir, de m'agiter dans tout les sens. Et serrer mes dents. J'ai mal, très mal. L'infirmier arrive. Ma douleur s'apaise, je fais en sorte que. On avait de la fièvre, des spasmes. Il ouvre la fenêtre pour aérer la chambre, laissant la Pleine Lune nous caresser de sa pâle lueur. Mais, rapidement, on s'endort de nouveau. Le lendemain, tout va pour le mieux.
~ 30/11/1995 L'école. J'essaie d'écrire mon nom en bas du dessin que j'ai fait. Un loup. Au feutre, avec des traits grossiers, méconnaissables. Le prénom est chose aisée, trois lettres. Mais le nom de famille, je n'y arrive pas. Et je m'énerve. Encore, toujours. Les autres y arrivent, pourquoi pas moi ? Ce n'est qu'un simple nom, sur un simple dessin. J'en suis incapable... Je le froisse, le jette, et me cache dans un coin pour pleurer.
~ 09/09/1995 Dans la cuisine, pièce à tout faire. New York City, au cas où vous l'auriez oublié. Connie n'est pas là, elle fait ses devoirs. Des math. J'y arrive, j'ai pas besoin de réviser, je connais mes tables de multiplication. Je vais voir la mère car Connie veut danser. Mais Maman veut pas. Je vais la convaincre. Je lui dis que c'est elle la plus forte, qu'elle a de bonnes notes, que tout le monde l'aime bien. Elle peut le faire. La mère cède. Connie ira danser.
~ 14/05/1996 Dans la bibliothèque de l'école. On a fait une dictée, j'ai eu une très mauvaise note. Trop. La maîtresse a dit que si je ne m'améliorerais pas, je ne pourrais pas passer dans la classe suivante. Alors je me suis enfermé, je lis, encore et encore. C'est le seul moyen. Je préfère ça à rester avec les autres. J'ai de bonnes notes pourtant, mais je ne sais pas écrire. Et je m'énerve sur mon stylo.
~ 20/10/1996 Dans la cour de l'école. Un gamin se moque de ma sœur. Je ne sais pas pourquoi. En bon frangin, je m'interpose, lui tire les cheveux et frappe sa tête contre le sol. Il se relève. Mais il me regarde, son visage change. Son pantalon s'humidifie, tout le monde l'a vu se pisser dessus. Personne n'a vu mes iris s'ambrer. Même pas moi.
~ 07/02/1997 Dans le Colorado, loin de la ville. Je vois les étoiles pour la première fois. On nous explique ce que c'est, à notre classe pour ces vacances. Des étoiles. Des boules de feu qui émettent de la lumière qui met tellement de temps à venir que, peut-être, à cet instant, la boule de feu s'est éteinte. L'univers est si beau, si impressionnant. Il me fascine, littéralement. Plus tard, je veux l'étudier.
~ 08/02/1997 Dans le Colorado, loin de la ville. Je découvre les mystères de la nature, de la géologie. On est dans une grotte, on nous explique comment sont formées les stalactites et les stalagmites. Mon monde entier est chamboulé. La science, c'est quelque chose que je n'avais jamais vraiment découvert. Plus tard, je veux en vivre.
~ 25/05/1997 New York City, ma chambre. L'infirmier se montre de plus en plus étrange avec Connie. Il a toujours essayé d'être notre père. J'ai toujours senti qu'il ne l'était pas, un truc en trop dans ma vie. Je ne sais pas pour ma soeur mais cela doit être pareil. Juste... Maintenant, en ce moment, il va tout le temps la chercher à la danse, et l'y amener. Dès qu'il a le temps. Tant que je reste à la bibliothèque, ça me convient mais j'espère juste qu'il ne deviendra pas aussi collant avec moi.
~ 20/09/1998 Salle de classe, New York City. J'ai mal dormi cette nuit. Connie aussi. On s'est réveillé ensemble, à la même heure. Ce n'est pas la première fois, elle ne s'en souvient pas trop ; moi si. Je me souviens toujours. Cela doit être la cinquième fois. En pleine nuit, on a chaud, trop, on a mal. C'est comme si mes os voulaient vomir. J'ai mal dormi cette nuit et j'ai contrôle de science. Je ne veux pas le rater. Je veux avoir la meilleure note. Mais j'écris toujours mal. Et j'ai la main douloureuse. Hier j'ai frappé un gamin inutile qui voulait du mal à Connie. Si elle est blessée, elle ne pourra pas danser. Et je veux qu'elle danse.
~ 02/05/1999 Dans notre trop petit appartement, New York City. L'infirmier est venu me chercher. Je n'ai pas été sage. Trop turbulent. Un gosse a traité ma soeur de fille de pauvre. Il n'aurait pas dû. Dans la voiture, le silence est pesant. La voiture tombe en panne, au milieu de la route. L'infirmier ne pourra pas la faire réparer. La mère ne voudra pas aller chez le mécano et on n'aura pas assez d'argent. Je les ai entendu en parler l'autre jour. On prendra le métro. Il me regarde bizarrement, l'autre. On rentre à pieds. Il m'engueule, pourtant j'avais raison de défendre Connie. Je le frappe, il a mal. Ça le surprend, moi pas. La mère intervient, je suis enfermé sur le balcon. Les chiens aboient, hurlent à la lune. Ils sont tous tristes, comme moi. Ils font du bruit.
~ 22/05/1999 Dans la chambre de Connie et moi. Depuis que je me suis fait punir l'autre jour, Connie est bizarre. Distante. Froide. Comme un animal blessé qui s'éloigne. J'essaie de la taquiner, de la faire rire. Il y a comme une part d'elle qui s'est éteinte. Je ne sais pas. Ce n'est pas la première fois que je me suis fait punir. Elle ne veut plus aller à la danse, j'essaie de la convaincre d'y aller. Elle y va.
~ 12/10/1999 Dans mon lit, et celui de Connie. L'appartement est vraiment trop petit. On entend tout, même les voisins qui vont aux toilettes, trois étages au dessus. Alors quand on a serré des dents, quand on a souffert, l'infirmier est venu. Il a parlé à des médecins, il sait ce qu'on a. Il pense savoir. Il arrive avec deux seringues, une plantée dans chacun de nous. Il est horrible, mais c'est agréable de s'endormir comme ça. Et de vomir ce produit le matin.
~ 15/02/2000 Dans le bureau de la maîtresse, avec la mère. La maîtresse demande pourquoi je ne vais pas voir un orthophoniste. La mère dit qu'elle n'y avait pas pensé. On a juste pas assez d'argent, mais elle le cache. Pour ne pas perdre la face. Pour paraître bien. La maîtresse s'en doute, elle aussi a les mêmes problèmes, comme beaucoup de gens à New York. La ville est si chère. Elle donne le nom d'un docteur qui pourrait faire au rabais. L'infirmier pourrait connaître quelqu'un comme cela, aussi. Mais non. Je n'irai qu'à un seul de ces rendez-vous.
~ 04/04/2000 Notre chambre. New York City. C'est notre trentième crise nocturne. J'ai compté. Les sédatifs de l'infirmier sont toujours plus puissants. Plus forts. Mais ça ne change rien, à part mettre de l'acide dans nos veines, nous endormant avec une peine inouïe.
~ 05/09/2000 Le collège de quartier. New York City. C'est la rentrée. L'appréhension que nous avions eu, Connie et moi, s'est réalisée. Nous ne serons pas dans la même classe cette année. Nos emplois du temps n'aurons même rien à voir, réellement. Je lui demande de prendre des options, pour être le moins possible à la maison, le plus loin possible de l'infirmier, elle est d'accord, nos instincts sont d'accord. Elle prend de la danse et de la GRS, elle s'inscrit pour être pom-pom girl. Je vais au club d'échec, d'astronomie, de science, et de football. De vrais gamins modèles.
~ 10/12/2000 Bibliothèque du collège. New York City. Je découvre quelque chose que je n'avais touché. Un ordinateur. Il n'y en a que cinq dans la salle d'étude, tout le monde essaie de se les approprier mais, comme je suis le premier arrivé et le dernier parti, j'ai mes chances. C'est étrange, les mots qui apparaissent sur l'écran blanc du traitement de texte, je ne les aime pas. Ils sont tout le temps souligner de rouge. Mais c'est plus facile pour moi d'écrire. Vraiment. Je fais mes devoirs sur l'ordinateur, puis recopie à la main. C'est fastidieux, mais beaucoup plus facile. C'est long, j'ai l'impression de tricher. Mais on a pas d'ordinateur à la maison. Je ne veux pas en demander un, on a pas d'argent. La mère s'achète un peu de vin, c'est plus réconfortant.
~ 30/05/2001 Notre appartement petit, miteux. New York City. Je rentre un peu tard, de l'entraînement. J'ouvre la porte, la mère dort sur le canapé, une bouteille à moitié vidée sur la table. L'infirmier vient de partir pour sa garde de nuit. J'essaie d'entrer dans la chambre, fermée. Je tape, je murmure, pour appeler ma soeur. Elle arrive, les yeux embrouillés de larmes. Je lui demande ce qui ne va pas. Je la supplie de m'expliquer. Connie se blottie dans mes bras, c'est tout ce dont elle est capable de faire. Elle s'y endort.
~ 31/05/2001 Notre appartement, autour de la table du petit déjeuner. Connie n'est pas bien. Elle évite les regards. L'infirmier est rentré tard, il a fait des heures supplémentaires non payées, comme souvent. Au fond, même si je ne l'aime pas, je ne peux qu'admettre qu'il n'a pas une vie de rêve. Il faut que je me nuance. Connie ne mange presque rien. La mère prend de l'aspirine avec son jus d'orange. Les non-dits sont de mises.
~ 20/06/2001 Central Park. Je me promène avec l'infirmier. Ca va mieux entre nous, je ne sais pas trop pourquoi. Mais je lui parle, je me confie, il aime ce rapprochement. Sa vie ne doit pas être facile. Je lui dis que je suis content que l'année se termine, c'est étrange en classe. Mon équipe de football ne m'aime pas, je joue bien pourtant, et dans mes clubs de science, on me prend pour un méchant sportif. Le pauvre intello s'est fait péter les lunettes à cause du quaterback, je le comprends un peu. C'est parce que je ne suis ni comme les uns, ni comme les autres, m'explique l'infirmer, différent, et que personne n'aime ça.
~ 12/09/2001 Dans les rues, New York City. On traîne moins ensemble, avec Connie. Elle m'a vu se rapprocher de l'infirmier et n'a pas aimé ça. Je me suis défendu en lui disant que, au final, ce n'était pas qu'elle, ma famille. Elle s'est mise à pleurer, en disant que ce n'était pas ça. Le problème, ce n'était pas moi. Mais lui. L'infirmier. Je lui demande. Il ne sera pas à la maison pendant longtemps avec ce qu'il s'est passé hier. On s'achète un café au Starbuck, on se pose dans un coin calfeutré, et elle m'explique. Des mots hachurés, des larmes versées, des émotions exacerbées. Je ne peux sentir que son affliction. Et comprendre. Je le hais, ce putain d'infirmier.
~ 20/10/2001 La bibliothèque du collège, New York City. Comme Connie, je fuis désormais l'appartement. J'y passe le moins de temps possible. Je me suis même mis à fumer, tellement j'ai peur que cela se reproduise, ça me permet de me sociabiliser. Mais je lui ai dit que, pour pas qu'il soupçonne que je sache, je devais rester près de lui, de l'infirmier. Il me donne envie de vomir, de le frapper. Je reste longtemps à la bibliothèque. J'aide même la documentaliste à ranger les livres. Elle me trouve débrouillard et me donne un vieux bouquin qu'on ne peut plus utiliser. Des vieux magasines de science aussi, que je dévore plus tard, sur un banc.
~ 20/01/2002 L'appartement. Je lis, je suis concentré. L'infirmier arrive, me parle. Je lui réponds laconiquement, presque en onomatopée, mais j'ai perdu le fil. Il parle. Je n'arrive pas à lire les lettres, ça m'énerve, je m'énerve mais sers les dents. Il ne faut pas que je m'énerve, surtout pas en sa compagnie. Je sais que je risque de m'emporter. Mon instinct veut que je le frappe. Il me hurle dessus parce que je ne lui réponds pas, je m'enflamme. Lui aussi. La haine grimpe en moi, je le déteste pour tout. Vraiment. Et je le frappe, le met à terre, au moment où la porte s'ouvre. La mère. Je ne dis rien, prend mon sac et file à l'entraînement, de toute façon c'est l'heure.
~ 28/03/2002 Notre chambre, New York City. Il faut que je sois plus malin. Ce soir, on doit être malin. Cela fait trois mois de suite que chaque Pleine Lune, on hurle de douleur. Mon esprit cartésien ne veut pas comprendre, veut penser que ce n'est qu'une putain de coïncidence. Chaque nuit, comme quelque chose veut sortir. Comme si mes os voulaient muer. L'infirmier n'est pas là, et ses sédatifs. Je dis à Connie qu'il ne faudra pas faire de bruit, pour ne pas réveiller les voisins, mais de se laisser aller. Juste. D'ouvrir le barrage. Elle comprend. Je mets un somnifère dans le verre de vin de la mère, Connie s'offusque. Elle est proche de la mère, elle pense que je l'empoisonne. Non, je la calme, c'est pour nous. Pour pas la réveiller quand il se passera quelque chose, car je sais qu'il se passera quelque chose. Elle aussi. On s'endort. Plus tard, on se réveille en sueur. En souffrant. J'estompe mes cris de douleur en mordant mon oreiller, elle ses draps. Ca ne se passera pas comme prévu. On va sur le balcon, frigorifiés, je nous y enferme du mieux possible. Je ne sais pas, j'ai lu quelque chose sur les camisoles de force, dans les excès mieux vaut se contenir, c'est tout ce qu'on a. Personne ne nous verras de toute façon, à trois heures du matin. Il pleut. On fait tout tomber. On déchire tout, sans bruit. Je la regarde, sans bruit. Je la calme, autant qu'elle m'apaise, pour ne pas se faire remarquer. C'est quoi ça ?
~ 28/03/2002 New York, les égouts. L'infirmier est là ce soir. On a feint une sortie avec des amies pour partir. Le balcon était une mauvaise idée, mais j'ai improvisé. J'ai pensé aux égouts, ça sera mieux. Pour nous. Si ça dure trois jours, comme la dernière fois.
~ 25/04/2002 New York City, la bibliothèque du collège. La documentaliste ne comprend pas tout. Rien. J'ai toujours été porté par les sciences, à lire des livres pour des jeunes hommes plus âgés que moi, et là... Je dévore des histoires sur les loups-garou. Elle ne comprend pas. Je lui ai dit que c'était un exposé en anglais, juste un peu de littérature. Il y a trop de fiction, je ne comprends rien. Demain soir, on ira dans les égouts, encore. C'est le plus discret.
~ 20/08/2002 Chez nous. C'est notre anniversaire, on a invité des amis. J'ai invité que peu de personnes, voir pas, alors que Connie est tellement populaire. Ses amis à la danse, ses camarades de classes, les autres pompom-girl. J'ai décidé cette année de me sociabiliser, si je ne peux le faire directement, ce sera grâce à ma soeur. Je la suivrai partout, ses amis seront les miens. Il faudra juste que je ne sois pas collant. Après tout, je commence à être un peu respecté, merci le football.
~ 10/11/2002 Dans la rue, New York City. Chose impensable, je me promène avec un ami. Mes projets ont porté leurs fruits. En traînant avec Connie, je me suis lié avec certains d'entre eux ; il paraît même que certaines demoiselles ont des vu sur moi. Depuis qu'on se transforme dans les égouts, je me sens mieux. Moins crispé, moins sanguin, je me sens comme défoulé, plus paisible. Vivement que l'on se libère du carcan familiale pour être plus tranquilles, plus libres. On parle des universités où l'on aimerait aller. Je rêve des plus prestigieuses, Yale plus particulièrement, les professeurs pensent que j'en ai les moyens intellectuels. Mais pas financiers. Il faut que je m'arrache, que je pense à un petit boulot. Même cent dollars par moi m'aideraient, me permettraient de prouver que je suis capable.
~ 13/01/2003 Les couloirs du collège. Je sors depuis presque deux mois avec une amie à Connie, une gymnaste comme elle. J'ai aussi trouvé un petit boulot dans une bibliothèque, j'aide un petit peu, on me donne un peu d'argent. Je sors de cours, tout se passe bien. Un mec, je le connais, il est dans l'équipe de football et a un an de plus que moi, m'attend à mon casier. Je le salue. Il me demande si mon beau-père est infirmier. Je réponds à l'affirmative. Les infirmiers, se sont soit des meufs, continue-t-il, soit des pédés. Je sens l'insulte, et même si je n'aime pas l'infirmier, je me sens obligé de défendre mon foyer car c'est bientôt la Pleine Lune. Surtout que je connais ses préférences. Il continue. Qui a dit que je savais me contrôler ? Je le frappe, je n'aime pas ça, il vole, c'est agréable à voir, même si au fond je ne sais pas ce que c'est qu'un pédé.
~ 20/02/2003 L'appartement. La mère nous reproche de ne jamais être à la maison, surtout pendant les vacances. Si elle savait qu'on avait déjà commencé à boire, comme beaucoup d'adolescents, qu'on s'enfuyait du foyer pour oublier, et par peur aussi. Elle soupirerait juste. Mais on est que des putains d'ado qui cherchent à oublier leurs quotidiens, et nous ne sommes pas seuls ici-bas.
~ 17/05/2003 Notre chambre. Connie commence à aller vraiment mal. Elle ne supporte pas le regard de l'infirmier ; il faut agir. Mais elle me dit que soit ça sera pire, soit ça dégénérera. On est des putains de loups après tout, si on s'énerve, on risque de déraper. Mieux vaut continuer à l'esquiver. Mais elle n'est vraiment pas bien, il faut que je m'occupe d'elle encore plus. Il ne l'approchera pas une deuxième fois, son regard est déjà de trop.
~ 20/06/2003 Le terrain de football. Je suis seul avec l'entraîneur. C'est la fin de l'année, le dernier entraînement, il ne restera plus qu'un match amical à faire, plus pour le plaisir. Je lui fais part de mes doutes quant à mon avenir, quant au fait que l'an prochain, je ne pourrai sans doute pas faire partie de l'équipe. Il dit qu'il trouvera un moyen, que je suis assez débrouillard pour pouvoir venir. Il me rassure. Les Etats-Unis ont toujours favorisé les activités extra-scolaires, je serai obligé d'être là. Je vais dans les vestiaires me changer. Le connard de l'autre jour, le matamore prétentieux est seul. Je sens le piège. Il ne va pas m'humilier, sans public c'est inutile, alors pourquoi m'a-t-il attendu ? J'ouvre la conversation courtoisement sur le prochain match pour combler le vide, je m'attends au pire. J'ouvre mon casier, y récupère mon sac, réfléchissant comment m'échapper de cette situation sans l'affronter. Quelque chose est bizarre, il dégage une odeur particulière -je fais toujours attention aux odeurs. Il est juste derrière moi, je sais qu'il va me prendre par surprise et me prépare à me défendre. Il me plaque contre les casiers en un fracas de tôle et m'embrasse avant de s'en aller. Maintenant, je sais ce qu'est un pédé.
~ 17/11/2003 Les égouts. J'ai abandonné Connie. J'ai couru loin. Pour me défouler, pour cracher ma haine. Je n'en peux plus, trop de pensées, trop de haine. L'infirmier qui regarde ma soeur, je ne peux le dire à personne. La pompom-girl que je trompe avec le pédé, je ne peux le dire à personne, pas même à Connie. Je me transforme en gros loup toutes les Pleines Lunes, je ne peux le dire à personne. J'aimerai une vie tranquille, si seulement, mais je pense trop. Certains disent que je suis surdoué, un génie, mais je ne sais pas écrire et je finirai bibliothécaire. Je bifurque et tombe sur un clochard. Je suis énervé contre la vie, rebelle dans l'adolescence torturée. Il faut que je me défoule. La bête en moi veut le buter, le bouffer. Je grogne, il part. Je redeviens homme, je pleurs. Connie me retrouve.
~ 20/03/2004 La bibliothèque de la ville. Je suis encore un gamin, je travaille cependant. J'aide du mieux que je peux. Je reviens des vacances où j'ai gagné de quoi me payer des clopes, je garde des gamins, je me montre utile. Ce n'est pas déclaré, mais on me donne quelques billets en échange de mes services. Je suis toujours proche de l'infirmier malgré moi, je lui rencontre ses patients, les plus vieux, et les aide au quotidien parfois. Je fais leurs courses, je bricole, et ils me paient. Ils aiment bien ce système de l'ancien temps. Malgré ça, je ne suis pas fatigué. Sans doute parce que je suis un loup, alors je travaille à la bibliothèque, je lis beaucoup. Ce soir, j'aurai dû passer la soirée avec la pompom-girl, je vais la larguer à la place.
~ 27/10/2004 Chez le pédé. Tout à l'heure, la pompom-girl m'a dragué scandaleusement. Le pédé en a été jaloux, elle voulait me récupérer je crois. Il veut me garder, je pense. Alors il a déboutonné mon jean. Pour la première fois, on devient des hommes, ça me fait bizarre de penser ça. Car ma bête voulait ressortir quand il m'a excité. Je me suis enfui, comme ça, en l'abandonnant, sinon je l'aurai bouffé. Il va me détester.
~ 28/12/2004 A l'appartement. Je rentre, il est tard. Je profitais du froid dehors, c'était bien. Et j'étais avec le pédé, aussi, mais personne le sait. Connie doit sentir son odeur sur moi, mais je lui dis juste qu'on s'entraîne, elle n'est pas débile. Je la vois, blafarde. L'odeur de l'infirmier. Il est parti. Il se sentait si mal à l'aise durant les fêtes, loin de sa famille, travaillant à recoudre des suicidés et ranimer des alcooliques. Je prends ma soeur dans mes bras en fomentant des plans.
~ 10/01/2005 L'appartement. L'infirmier le sait. Il l'a compris. Je ne fais plus semblant. Mais il n'a pas peur, il ne se doute pas que je peux venir lui trancher la gorge en pleine nuit, transforme en loup.
~ 14/04/2005 L'hôpital. Le collège nous a appelé en urgence, on est sorti de classe. La mère a eu un accident, s'est faite agresser, je ne sais quoi. On est à l'hôpital, à côté de l'infirmier en tenue civile. Elle n'est pas bien, l'infirmier non plus. Il a peur. Il me dit qu'il s'en veut, dans la détresse peut-être. Je m'en fous, la mère n'est pas bien. Connie aussi s'en fout, la mère n'est pas bien. Elle s'en sortira.
~ 12/08/2005 Central Park. Le pédé trouvait que je m'en foutais de notre relation. Je lui ai dit que je n'étais pas un pédé, il ne m'a pas cru. Il m'a quitté, j'étais triste, je ne m'y attendais pas. J'ai croisé une touriste hollandaise qui parlait peu anglais. On a sympathisé, c'est assez improbable. Il faut que je pense à autre chose, on va dans les toilettes d'un petit café. C'est ma première fois, ma bête ressort mais elle ne le voit pas. Je pense que je lui ai fait mal. Je ne suis pas un pédé.
~ 03/09/2005 L'appartement. La mère se relève enfin. L'accident, c'était à cause de l'alcool. Elle ne boit plus et retourne au travail.
~ 14/02/2006 Devant la conseillère d'orientation. Elle voit mes notes, mon caractère, mon physique. Je suis bon en sport. Oui, parce que je suis un loup, pensé-je tout bas. Et mes notes ? Et Yale ? Elle pense que je serai un bon pompier, pendant que je fais des études à côté dans une université. Elle me sort des brochures en papier glacé pour des écoles toutes inconnues, de science, d'ingénieur. Certes, elle voit les sciences en moi, la curiosité, tout ce qui y a attrait, mais je reste figé sur le pompier. Dois-je refaire le même parcours que ceux qui m'ont éduqué ? Ne puis-je pas m'élever ?
~ 25/06/2006 La chambre. Connie me gronde, j'ai sauté l'une de ses amies puis l'ai laissé comme ça. Comme un mouchoir, ça ne se fait pas, me dit-elle. Je rétorque qu'elle a fait de même avec un joueur de l'équipe de foot. Elle rigole. On rigole. Elle me parle du pédé, je suis obligé de lui expliquer, de dire que c'est une erreur de jeunesse bien que cela m'ait rendu triste. On parle de nos loups. Je n'aime pas me transformer, ce côté là chez moi, surtout s'il me prédestine à être pompier, mais on avait jamais parlé de nos bêtes durant le sexe avec Connie. On avait jamais parlé de ça d'ailleurs. Je lui demande si elle se protège et si elle ne pense pas trop à l'infirmier.
~ 30/10/2006 Notre chambre. J'écoute du saxophone. Connie m'a parlé du blues, de ses envies de chanter et ses rêves de gloire. Je suis avec un pote à qui je donne des cours de math. Il m'appelle Lisa Simpson, je ri aux éclats. On se regarde, il n'y a personne dans l'appartement, on ne révisera pas beaucoup les équations.
~ 07/02/2007 Un Starbuck. Je ne sais toujours pas quoi faire plus tard, je cherche des écoles moins chères que Yale. J'ai économisé avec mes petits boulots de gamin, ce n'est pas beaucoup. Ca me paye mes clopes et quelques fringues, parfois ; j'écris d'ailleurs, un café sur la table, une cigarette sur le cendrier, pour me vider l'esprit. On me l'a conseillé, je l'ai lu dans un livre, les héros font souvent cela. Il faudra que je choisisse entre une science ou la littérature, je ne sais quoi choisir. Je pense à la biologie, j'aimerai beaucoup. Connie arrive, elle s'empare de mon bloc-note et se raille de moi en découvrant mes mots. Elle les lit et trouve que j'écris bien, je lui dis que, quoi qu'il arrive, je serai l'auteur des textes qu'elle chantera. On trouve cette idée amusante, un tantinet ridicule, mais au fond de nous, on s'y rattache.
~ 10/05/2007 Sur le balcon, une cigarette à la main. Je me sens mieux à la maison. Même si c'est petit, qu'on entend tout et que nous avons aucune intimité, je me dis que, peut-être, si jamais je m'inscris à une école new-yorkaise, je pourrais rester ici. Cela me ferait des frais en moins. C'est dans longtemps, mais il faut que j'anticipe. Le seul problème est mon loup... Ma clope se termine, je rentre et retrouve le mec de l'autre fois, le cours de math. Il est pédé lui, moi pas, mais il le sait.
~ 17/10/2007 L'appartement. Je rentre de l'entraînement, il est tard. La nuit est tombée. La mère, l'infirmier et Connie sont à table, ils m'ont pas attendu comme demandé. C'est le dessert, l'infirmier mange une pomme, la mère un yaourt et ma soeur rien. L'infirmier fuit mon regard, Connie baisse les yeux. Personne ne se parle. A la volée, je demande comment ils vont, d'un air enthousiaste. Connie glapit, un doute naît en moi. Je regarde l'infirmier, le regard furieux ; il n'aurait pas bougé je n'aurai compris, il s'est levé, apeuré, pour s'approcher de la cuisine. Je l'ai pris pour un aveu. Son odeur m'enivre, Connie hurle de ne rien faire mais quand je la regarde une dernière fois, elle baisse les yeux encore. Elle se croit coupable avec ses short trop courts, je vois rouge et suis déjà sur la gorge de l'infirmier.
~ 17/10/2007 La gare routière. J'ai toutes mes économies. Une valise. Ma soeur. Mon esprit parle pour corriger mon corps, il a permis à mon loup de saccager l'infirmier pour prouver que ce n'est pas un humain qui l'a tué. La mère devra, en une ultime offrande maternelle, ne rien dire contre nous. Mais elle n'a rien dit, choquée. Je demande quel bus part bientôt, pour la destination la plus lointaine. J'aligne les dollars. Merde, je n'aurai pas dû tout retirer, ils vont trouver ça suspect. Je cours loin, jette ma carte bancaire, quelqu'un va la trouver. On pensera au vol. J'ai encore le goût de son sang, il me dégoûte, moins que l'odeur sur les habits de Connie. C'est différent. Les kilomètre défilent, je me rends compte qu'on ira peut-être en prison, qu'on mourra peut-être de faim, qu'on se retrouvera peut-être perdus en forêt, transformés en loup. Au meilleur des cas, je ne serai même pas pompier.
~ 20/10/2007 A destination, une ville inconnue. On est à un carrefour, une voiture s'arrête. Je demande, grand sourire, où il va. Connie arrive, il répond, je ne connais l'endroit mais dit que nous aussi. On monte. Personne ne pourra nous retrouver ; un journal à la main, je ne vois même pas nos noms.
~ 25/10/2007 Une autre ville inconnue. Il n'y a pas de bibliothèque dans cette ville paumée, rien. Un café pour les gens de passage, une superette et un temps pourri. Rien. Personne ne nous trouvera ici, personne ne peut nous trouver, en ayant tout abandonné, en ayant effacé nos traces, c'est chose impossible. En plus, il semblerait que personne ne nous recherche, alors... Mais par sécurité. Le motel a englouti mes économies, il a fallu que je trouve autre chose vite, sinon nous ne pourrons pas survivre longtemps ; le gérant d'une station service recherchait quelqu'un, j'ai cependant vu bien vite qu'il ne croulait pas sous l'or. Je lui ai juste demandé de nourrir ma soeur et moi, et de nous loger, mettant bien en avant l'absence de taxes salariales. Il a accepté.
~ 07/02/2008 Dans les bois proche de ladite ville. Ici, les gens sont des rustres, sans éducation, sans noblesse d'âme. Ils regardent Connie avec des yeux pleins de mains, la palpant du regard, la baisant avec leurs iris. Ils me dégoûtent. Je n'aime pas la campagne profonde, mais j'apprécie la nature, j'y découvre des phénomènes que j'avais étudié. Les livres me manquent, le bruit aussi. Mais j'aime bien écrire adossé contre un arbre, c'est tout ce qui me reste, cette promesse absurde. J'ai peur de devoir rester ici à jamais. Connie aussi. Mais on peut se transformer tranquillement, comme on le veut. C'est toujours douloureux, toujours pénible, de subir le courroux de la Pleine Lune. Il n'y a que là que je me change, mais je sais que je peux le faire d'autres nuits, je l'ai démontré face à l'infirmier. Je n'ai pas envie d'essayer, de le pouvoir. Je perdrai ce qui me reste d'humanité.
~ 08/04/2008 Dans notre petite chambre, chez le propriétaire de la station service. J'ouvre un journal, la seule source d'informations fiables ; les journaux étant écrits par des journalistes attardés ici, et la radio ne captant pas dans la chambre. Quant à la télé... La une me surprend, je pense au Premier Avril, mais il est passé. Il existe des entités surnaturelles, des vampires. Forcément, si on peut se transformer en loup, d'autres peuvent faire des trucs bizarres. Au fond, j'espérais que nous étions seuls, je suis trop cartésien.
~ 14/07/2008 Toujours au même endroit... Je m'ennuie ici. Il y a si peu de monde que l'on croise toujours les mêmes visages. Je ne peux cacher mes conneries dans l'anonymat, alors je m'abstiens. Je m'ennuie ici.
~ 24/06/2009 En train de faire le plein d'une voiture. Cela fait plus d'un an, bientôt deux je crois, j'en ai perdu le compte. C'est une ellipse de ma vie, une pause obligatoire, forcée, qui finira bientôt. Connie rêve de devenir chanteuse, on va partir. J'ai grandi, j'ai changé, mon corps s'est rabougri, aminci, mes joues se sont creusées, mon regard s'est empli d'amertume ; je suis pragmatique, sévère avec moi-même et ma défaite. On va partir dans quelques mois, je vais réaliser, je l'espère, mon rêve de devenir pompier. Mais j'ai quelques textes d'abord à peaufiner pour ma sœur.
~ 07/02/2010 Las Vegas. Après plusieurs semaines de recherches assidues, nous avons enfin trouvé notre chez-nous. Il est petit mais cosy, assez bien placé, dans nos moyens, et nous entendons les voisins tirer leurs chasses d'eau, ceux quatre étages au-dessus. Une nostalgie de notre ancienne vie. Connie a été embauché dans un petit bar pour chanter régulièrement, ils ont apprécié son timbre de voix, sa justesse, ce ne sont que des classiques du jazz mais c'est un bon départ. Quant à moi, je livre des pizzas chaque soir, ça me permet de découvrir la ville. C'est le début.
~ 24/05/2010 Las Vegas. Le bar a fermé. Connie n'a fait entendre sa voix qu'à peu de personnes, je la persuade de trouver autre chose pour survivre, un travail simple, un mi-temps, et ensuite chercher des castings, des personnes aptes à connaître son talent.
~ 15/08/2010 Las Vegas. Je travaille dans une bibliothèque la journée, c'est agréable d'avoir accès à tant de savoir. Mais la nuit je livre des sushis dans toute la ville. Je me renseigne sur une reprise des études, cela risque d'être compromis pour l'instant, il faut juste que je valide des acquis et ensuite je pourrais aller à l'université mais... Mais il faut entrer mon nom dans les dossiers de l'état, je ne veux prendre le risque maintenant. J'ai appris l'existence d'une Meute, dans mon ancien boulot où je livrais des cartons. Un rassemblement de loups, cela ne me dit rien qui vaille, sincèrement. Je pourrais en apprendre plus sur moi, sur nous, maîtriser cette chose douloureuse, l'attendrir. Je préfère fuir cet aspect-là de moi-même.
~ 20/08/2010 Chez nous, Las Vegas. Ils sont venus. Ils sembleraient que nous n'ayons pas respecté les règles. Lesquelles ? Ils forment un cercle autour de nous ; j'ai l'impression d'être dans un bar "Leather Gay", avec du poil en plus, la voix aiguë en moins. Ils nous demandent qui nous sommes, si nous sommes purs ou non, si nous voulons être des cabots. Et de se soumettre. Je me soumets, d'emblée, car je comprends que c'est la chose à faire puis j'explique. J'explique que nous venons de New York, que notre mère est humaine et notre père inexistant, que nous avons tout appris par nous-même et que nous ne savons pas que ce que sont les cabots. J'ai l'audace de demander un peu d'aide pour découvrir le monde lycanthropique et qu'après nous ferons notre choix mais que, quoi qu'il arrive, nous ne ferions d'émules. Séduit par ma rhétorique, ou le décolleté de Connie, il accepte. Une femme sort alors du lot, s'avance et déclare qu'elle nous guidera. Je connais cette louve, ce doit être qui nous a repéré ; je lui ai livré à plusieurs reprises des pizzas, puis des sushis, mais jamais de cartons. Elle a sentir l'odeur de mon loup, moi non. Je suis nul.
~ 04/12/2010 Las Vegas. Connie trouve des extra de temps à autre, à chaque fois je la revois plein d'espoir. Ses yeux brillent tellement de mille feux que je ne veux dévoiler mon pragmatisme. Mais aujourd'hui, elle vient de rentrer et je dois le lui avouer : je viens de perdre mon job. J'en trouverai un, il y en a toujours pour moi ; je sais bien parler, je me présente bien, je sais compter, plus que beaucoup. Je fume en silence à la fenêtre.
~ 20/12/2010 Une grande ville du Nevada, avec plein de casinos. J'ai retrouvé un travail, je rebondis bien vite, mais cette période précaire, de peur, m'a fortement retourné. En l'annonçant à Connie, elle m'avoue être soulagé. Après ses shows, elle ne se servait plus de sa bouche pour chanter, m'annonce-t-elle. Je la gifle, elle tombe par terre. Je m'excuse mais lui ordonne de ne plus jamais recommencer.
~ 03/02/2011 Las Vegas. Je traîne en ville et tombe sur un journal que je lis, curieux. Un visage familier m'attire, la louve qui nous a aidé, Connie et moi, a été tuée sauvagement par un vampire. L'affliction m'assaille. Ce soir, je rejoindrais les loups pour leur montrer mon deuil. Je crois que cela fonctionne ainsi, même pour un cabot de ma sorte,
~ 18/06/2011 Las Vegas. Il m'est désormais facile de savoir qui a traîné avec ma soeur, si je l'ai déjà rencontré. Je peux aussi sentir l'odeur du sexe planer autour d'elle. Je pense que tout cela est réciproque, la cohabitation commence à être difficile. Surtout à cause de son caractère désordonné et ses manières bordéliques. Aujourd'hui cependant, cela m'a permis de sentir le sexe avec un inconnu. J'ai froncé les sourcils, elle a compris que je l'ai découvert. Je la sermonne mais elle est grande, elle fait ce qu'elle veut. Après tout, je ne peux subvenir à ses besoins et je ne suis son père, je ne dois être étouffant.
~ 16/10/2011 Dans un bar glauque. Il faut se rendre à l'évidence, les rêves de chanter pour vivre se sont envoler. Connie travaille la nuit, et son patron ne me plait guère. C'est trop tard je pense. Son patron, je préfère l'appeler ainsi, est un vampire selon les Loups. Ils m'ont averti pour me protéger et me dire que, si jamais on venait à entrer dans des jeux dangereux, notre race commune n'épargnerait pas notre appartenance aux Centenaires. J'ai envie de boire pour oublier, comme la mère. C'est ce que je fais.
~ 20/02/2012 A l'appartement, Las Vegas. On est entré dans une petite routine avec Connie. Je me suis inscrit chez les pompiers volontaires tout en vagabondant de petits jobs mal-payés en petits jobs mieux payés. Je me fais même régulièrement un pompier à la caserne ; aussi, je présente mes nouveaux amis à ma soeur et inversement, les affaires sont fleurissantes pour chacun de nous. Je vais bientôt m'inscrire à des cours du soir je pense, mais je ne peux encore espérer reprendre les études officiellement. On entre dans une routine, c'est reposant.
~ 04/05/2012 Un endroit perdu dans le désert, non loin de Las Vegas. J'ai donné rendez-vous là à un ami de la Meute. Bien que distant d'elle, j'essaie d'en être un allié en rendant régulièrement des services à certains des loups. Une manière diplomatique de montrer que je ne suis un ennemi ; je crains cependant que, à cause de Connie, nous nous retrouvions un jour entre deux feux. Je commence désormais à connaître du monde, à avoir quelques ficelles à tirer sur Las Vegas, mais nous ne serions épargnés. Le loup que je vois, je lui demande s'il peut effacer mon identité, mon nom de la société, pour que je reprenne les études. Et que je puisse fuir en toute tranquillité. Il affirme, dans quelques mois il le pourra, et il me le doit bien. Notre vie tourmentée ici doit bien vite se terminer, à l'horizon se profilent de noirs nuages.
~ 24/08/2012 Dans un bureau. J'ai postulé dans une annonce, ils recherchaient quelqu'un de malin, avec une bonne mémoire et une bonne jugeote, présentant bien. Assez jeune, excellent en math. Je corrige les comptes de plusieurs sociétés en vérifiant les travaux des comptables, je suis au service d'un détective. Privé. Il prend des livres de comptes, je dois trouver les détournements, il faut avouer que je l'ai bluffé. Il me paie bien et j'arrive à avoir de sacrés noms dans mon répertoire. Je ne dois juste pas avoir peur des ennemis, des pontes mafieux et des propriétaires véreux des casinos.
~ 04/01/2013 A l'appartement. L'état de Connie empire. Son travail n'en est pas un, mais elle ne veut rien entendre. Elle dit qu'elle ne peut pas quitter son travail, qu'il la tuerait, qu'il nous tuerait, même si nous sommes plus ou moins affiliés à la Meute. La protection que je pensais avoir fourni ne sert à rien, je ne pense pas que ma sœur soit peureuse à ce point. Il l'exploite trop, je ne lui dis pas que j'ai un plan, que je vais faire couler sa maison close et son bar à putes. Son mac ne va pas apprécier voir les flics débouler.
~ 25/09/2013 En voiture. C'était une mauvaise idée. Très mauvaise, trop. J'avais tout calculé, sauf qu'il aurait pu acheter le chef de la police, le shérif de Las Vegas. Je n'avais qu'une chance, je l'ai foiré ; j'avais calculé un éventuel échec, alors nous fuyons par sécurité, en abandonnant tout. J'ai réussi à avoir un endroit sûr, au cas où : Shreveport. Je ne sais même pas où cette ville se trouve, mais nous y serons en sécurité.
La Lune est belle lorsque le chien l'espère.
~ Arrivant à Shreveport, dans mon nouvel appartement, ma nouvelle vie, je désirais ardemment une chose pour m'ancrer dans une situation stable, durable, sûre. L'avatar d'une vie routinière, solide, parfait pour moi : un chat. Malheureusement, la SPA étant devenu un magasin pour nouveau richards et bo-bo en mal d'affection, je dus trouver une autre solution pour acquérir un parfait petit félin. Au départ, je flirtais avec le web pour trouver une petite annonce d'une mère débordée délaissant la portée d'une chatte désœuvrée mais pas castrée -par faute de moyens-, je n'y trouvais cependant guère mon bonheur. Entre les enfants harcelant les annonces pour récupérer les petits Titis et autres Ronrons, j'abandonnai bien vite cette idée. Il me fallait un endroit où les enfants n'allaient guère ; les bureaux de tabac. Là, entre l'étudiante fille au pair donnant des leçons de portugais et la chômeuse repassant votre linge pour seulement 8$ de l'heure se trouvait le sésame. Donne chaton roux, appelez le. Mais, forcément, quelqu'un avait appelait avant moi. Toujours. Inlassablement. Bordel, dans cette ville, il était impossible d'avoir un chat, un pauvre petit minou.
Un jour, profitant d'une promotion, j'achetai un sachet de croquette au thon, un collier rouge anti-puce (parce qu'il ne valait que quatre dollars au lieu de six !) et une gamelle pour lesdites croquettes. Tout était prêt pour accueillir Monsieur Chat. Si seulement je le trouvais. Je commençais à désespérer. Une soirée, je me baladais dans la rue inopinément, rentrant du travail à 18h, comme un bon cadre qui se respecte avec cependant l'uniforme de l'ambulancier à mi-temps, quand je croisai un chat. Dans la rue. Miteux, pêlé, la queue coupée, mais sauvage et sans maître, sans loi. Pourquoi dès lors devais-je en chercher un appartenant déjà à quelqu'un alors que des centaines m'attendaient dans la rue ? Ne voulant qu'une coupelle de lait et des caresses sur mes genoux auprès de la cheminée que je n'avais ? Mais les chats ont la même réaction que les pigeons, en courant après, ils s'envolent, je ne pouvais donc y aller tout guilleret, dans les rues sombres de mon quartier, cherchant un chat en appelant "Petit Petit vient par là". En plus, on m'aurait pris pour un pédophile, il me fallait un plan. Or, j'étais le roi des plans (foireux parfois, certes).
Je devais bien avoir dans mon entourage une personne capable d'élaborer une stratégie pour récupérer un chat, ou du moins en avoir l'élément principal. Je fis dans ma tête l'inventaire des alliés potentiels en passant par les besoins et les goûts des chats ; les stéréotypes poissons et laits et enfin les véritables besoins, nourriture, eau, fouillage de poubelle pour se repaître. Donc, il me fallait trouver quelqu'un qui avait des poubelles assez pleines pour appâter les chats. Quelqu'un qui avait des poubelles pleines de poisson, par exemple. Oui, je n'ai jamais vraiment été calé en étude des chats. Mais, je me dirigeai vers le poissonnier avec qui je m'entendais bien pour la bonne et simple raison que je le voyais souvent. Ma voisine, dont je parlerais souvent et à qui je faisais les courses, raffolait du poisson. Moi, je préférais le poissonnier et, grâce à mon sourire et aux notes aussi salées que l'eau de mer que je laissais, il m'aimait bien, je pense. En allant le voir, innocemment, avec une auréole angélique glissée derrière mon visage de séraphin, je lui demandais ce qu'il faisait de ses poissons invendus et invendables mais tout de même assez frais.
Il les jetait.
Et, d'ailleurs, les chats allaient souvent dans la poubelle de la poissonnerie. Malgré les normes fédérales imposant de javelliser les fruits de la mer, le poissonnier donnait juste comme ça, au naturel, ses poissons invendables aux félins de la jungle urbaine. J'osai lui demander si, la prochaine fois, je pouvais m'en occuper. Il accepta.
Ce jour-là donc, je me retrouvais avec mon collier rouge pour mon futur animal, ma petite cage assortie pour le récupérer et une tonne de poisson pas si frai que ça. La nuit tombée, pour avoir un chat d'un gris splendide, je posai les dards de saumon et les tranches de dorades sur le bitume d'une ruelle sombre pour attirer mes proies. Puis, je me posai dans l'ombre, attendant. Le temps passant, un premier chat vint mais, le temps de m'approcher, il fit volte-face et s'évapora dans les méandres ténébreux des dédales citadins. Bien entendu, j'avais un second plan pour être sûr d'attraper un minou sauvage. Sortant de la poche de mon blouson un bocal orangeâtre, je logeai dans les morceaux de mérous et de truites des fragments de pilules sédatives. Un autre chat arriva, rongea sa part de poiscaille en évitant soigneusement le cachet et s'en alla tout fier, la queue bien droite pour me narguer.
Enervé, les dents serrées, convaincu de mon échec, je déversai le reste des médicaments dans un saumon entier éventré et évidé et le jetai. J'attendis car, au fond, je n'avais rien d'autre à faire. Alors je sentis arriver une odeur de chat colossale. Comme si une meute venait. Mais ce n'en fut une, juste un gros, énorme, chat qui se rua d'abord sur les petits morceaux de poisson avant de voir le gros. La queue du saumon entre les dents, il s'en alla. Une lueur dans son regard me plu, je ne savais trop quoi. Et je savais, aussi, que s'il gobait le poisson, il mourrait. Et vu qu'il avait mangé plein de morceaux pestiférés de somnifères, il allait le gober. Les chats ne sont pas forcément futé. Par chance, ma bicyclette ne se trouvait guère loin ; je m'en emparai et, le pistant à l'odeur, suivis le gros chat. En me voyant il accéléra mais je lui scandai :
- Ne mange pas le poisson, abruti !
Puis, réalisant qu'il ne risquait ni de me comprendre, ni d'apprécier le fait d'être traité d'abruti, je continuai tout en pédalant de plus bel :
- Pardon, je retire ce que j'ai dit. Ne mange pas le poisson, Ô majestueux animal.
Rien de mieux que la flatterie pour amadouer les êtres, qu'ils soient humains ou larvesques. Par le miracle des raccourcis, je fis en sorte de doubler l'animal popur me retrouver face à lui. Je n'avais jamais vu de telle bête, n'ayant jamais mis les pieds dans un zoo, surtout la nuit, pour faire ressortir ce regard lumineux. Je n'imaginais les gros chats si... grands. Il avait toujours entre les dents le saumon, une chance pour le sauver.
- Je ne te veux pas de mal, ne t'inquiète pas. Il y a juste beaucoup... vraiment beaucoup de sédatifs dans ton poisson. Tu risques de faire un gros dodo, juste très long. Comme la Belle-Au-Bois-Dormant. Je te l'enlève, mais pour ton bien.
D'un geste brusque, prompt et agile, je m'emparai du met empoisonné, mis le doigt dans les entrailles pour y déloger les Lexomils et relançai au chat son sésame. Il avait l'air téméraire pour un animal sauvage. D'ailleurs, que foutait-il ici, en pleine ville, à bouffer du poisson et me regarder d'un air désabusé au lieu de me donner un coup de patte ? Ou fuir. Il avait l'air de l'aimer, son poisson. Fatigué, je ne sais ce qui me pris en lui disant :
- Désolé de t'avoir donné un truc empoisonné, je ne te voulais pas de mal. Juste attraper un chat pour chez moi, lui donner un toit et tout... Dis, ça ne te dirait pas de m'aider à en avoir un, pour chez moi. Je... Je te donnerai plein de poisson, tu as l'air d'aimer ça.
Dernière édition par Ace O'Rilley le 11/12/2013, 01:16, édité 12 fois
Bienvenue parmi nous =) Bon courage pour ta fiche ^^
SLOPPY LITTLE WEREBITCH.
SIGNALEMENT : † psychotique névrosée aux allures de chien écrasé. HABILITIES : † Lycanthrope (hybride/forme Lupus) et toutes les habilités qui s'y rattachent. OFFICE : † petite chieuse de renom; membre du Pard (squatte momentanément chez Teodor); impliquée dans le crime organisée (anciennement trafiquante de V-Juice pour le compte de Vladimir); recyclée dans cette capacité de ne ''rien faire''; enceinte jusqu'aux orteils.
THAT'S THE THING WITH WHISPERS; YOU PUT A THOUSAND OF THEM TOGETHER, AND YOU GET A HOWL.
SOBRIQUET : † feunoyr. (pseudo), Capitaine HighLiner ou SodoMilliSeins pour les intimes. Chagasse est aussi acceptée; Milli. La Cruche. Grosse Bebite Poilue. Mildrew. Millou. Pâté en croûte. Chattoune. Millouchamour. Millouschnaps. Millouche. Minouscka. Millitrou. Mi-Nichon. Mi'Chat. Michon. Michouille. Millichon. Millouchat et cie. Je les collectionne. MISSIVES : 1448 ACTE DE PROPRIETE : † Katie McGrath. Avatar par feunoyr. et Gifs de faymcwrath tumblr.
Merci. Et je crois que c'est fait exprès. Je vais vérifier d'abord.
Maman louve léthargique
SIGNALEMENT : Une maman poule HABILITIES : Rapidité, force, guérison rapide OFFICE : Chômage - Ancienne Directrice en chef du Daily Comet SERENADE : Just give me a reason - Pink & Nate Nuss
Louve blanche et Alpha, lupa de la Meute.
En octobre elle devient la compagne officielle de Jeremiah A.C Kellog alors Ulfric de la Leute de Shevreport. Elle attend son enfant.
Février 2014, alors enceinte de 5 mois, Melinda découvre le corps de JEremiah, éviscéré, en pleine nuit.
Début Mars 2014, après avoir été pourchassée avec Duncan dans la forêt, puis sauvée par HAnsfried, celui ci se hisse au poste d'Ulfric.
Depuis, que le calme est revenu dans la Meute, Melinda s'enfonce dans une dépression dont personne ne parvint à l'en sortir. Pas même Conrad qui a réussit tout de même à lui redonner le sourire.
le 30 avril 2014, Melinda, torturée par Cinead en pleine forêt,accouche et oublie son enfant. Tisha qui la retrouve près du Pard la raccompagnera à la Meute, où Iza les rejoindra avec le bébé mort entre les bras... SOBRIQUET : Arwana / Arwy MISSIVES : 2817 ACTE DE PROPRIETE : Bazzart
Bienvenueeeee ^^ Si tu as des questions n'hésite pas à sonner le staff et puis surtout après validation réserve bien ton vava. Et mieux que tout ça fait bien du caca dans ta fiche :D
Repère de trolls... tain comme on est traité n'empêche !! Cela dit "cougars dispo maintenant" pas mal comme référencement ^^ xD
Toi j't'aime bien, t'a l'air d'un bon gros troll bien comme il faut Et tu m'as fait rigoler, bon point pour toi. Puis t'as bon goût en matière de mec. COME ON BABY!
Bienvenue parmi nous donc et si tu as des questions, ma boîte mp est ouverte
Toi j't'aime bien, t'a l'air d'un bon gros troll bien comme il faut :coucou:Et tu m'as fait rigoler, bon point pour toi. Puis t'as bon goût en matière de mec. COME ON BABY!
Merci Melinda. Et oui, il n'y a que des trolls de ce que j'ai pu voir. Par contre, pour les cougars, tu te sens concernée ? Ca m'intéresserait presque.
Tomas, content de t'avoir fait rire. Ce sera ça de gagner déjà. On me le dit souvent, sinon, que j'ai bon goût. J'espère que ça persistera
Merci Wilemina (oui, j'ai fait du raccourci dans les lettres, c'est plus simple. Ace, c'est encore mieux, tu devrais prendre modèle). Pourquoi tu caresses ton talon dans une position bizarre ? Tu as des mycoses aux pieds ?
Par contre, je me suis "embêté" à faire une petite mise en page simple mais sympatoche pour le début de ma fiche, mais avec le CSS ça marche pas. Bref, je viens de me faire troller par le forum.
Il a trop couru derrière son mari. Tu vois... C'est un boulet un peu il s'est sûrement encore perdu dans les bois.
Si le forum te troll c'est qu'il t'a adopté. T'es obligé de rester pour toujours maintenant Un peu comme Beny... Vous allez devoir former un club un jour
Courir derrière son mari ? O_o Et c'est cool si le forum m'intègre. Je m'imagine déjà en tumeur greffée sur les lignes de code, impossible à enlever. C'est miraculeux. (et la discussion de la CB déteint sur moi)
IL ? PUTAIN TOMATO. XD Sinon c'est ça, j'cours trop après Niegel. Y fait des conneries, et il a peur après. Bah il a raison. ( Appelle moi Mina, mon grand ! )
HELL COME HERE
SIGNALEMENT : Poilue pleine de crocs. HABILITIES : Pouvoirs Lycans. Communication avec les morts. OFFICE : Proprio du Sunco Gazoline SERENADE : Marta - Saez
You saw my pain, washed out in the rain Broken glass, saw the blood run from my veins But you saw no fault no cracks in my heart And you knelt beside my hope torn apart But the ghosts that we knew will flicker from view And we'll live a long life So give me hope in the darkness that I will see the light Cause oh they gave me such a fright But I will hold as long as you like Just promise me we'll be alright