L'émerveillement enfantin quelque peu évanoui, j'avais fini par remarquer Alice en contrebas. Maladroite comme à son habitude, je l'aperçois percuter un jeune homme et souris face à tant d'imprévisibilité. Je lève alors la main et l'agite pour me faire remarquer. « Alice, wouhou ! Alice ! » Elle est assez loin alors entre deux bouchées de barbe à papa, je dois pousser la voix mais puisqu'elle ne m'entend pas, je décide bien vite d'aller la rejoindre. Mais mes sens m'alertent d'une présence néfaste aux alentours. L'atmosphère se glace, je relève la tête vers ce qui pourrait être un monstre de fête foraine mais il n'en est rien, je le sais, mon échine tressaille et le contact est fugace mais il suffit à briser l'Equilibre. Je tombe du muret sur lequel j'étais perché mais lorsque j'ouvre les yeux, si je suis bien assis à terre, je ne retrouve pas en revanche le mur sur lequel je m'étais hissé.

Et il y a ce petit garçon au visage égaré à mes côtés. « Bonsoir… Tu t'es perdu ? Tu cherches ton Papa et ta Maman ? » Mais rien ne sonne juste, cette voix qui s'échappe de ma bouche n'est pas la mienne — je me redresse promptement sur mes jambes et me sens étrangement léger (la barbe à papa ?), j'ai les doigts collants et une pomme d'amour gît à mes pieds… « Alice ? » Mon timbre est hésitant, je baisse les yeux vers mon torse et… Macékoiça ? Je me palpe, éberlué ; pas de doute, ce sont bien des seins. « Mah, yé crois qué yé souis devenou ouna chica ! » Et je regarde le petit garçon, et comme dans les moments où j'ai peur ou alors quand je suis en colère, cet accent mexicain ressort et lorsque enfin j'aperçois mon reflet dans la vitre d'un attrape-nigaud, je demeure bouche bée en découvrant la silhouette et le visage de… « ALICE ! »

Spoiler:

Il y a cette jeune femme qui t’a bousculé, ses cheveux roses, tes lèvres qui veulent lui répondre. Mais les cris au loin t’interpellent. Pas besoin d’être un loup pour comprendre que quelque chose ne va pas. Ton regard cherche la silhouette rassurante d’André. Il est là devant toi, à baragouiner, supposant qu’il s’agit encore de trouble-fêtes. Ah, ces jeunes sorciers, toujours aussi cons, moi je te dis, si un seuls de ces imbéciles se pointent, je le… Même si tu devines ce que le vieillard voudrait en faire, il n’en reste pas moins qu’il n’arrive pas à finir sa phrase. En effet, devant toi, tu retrouves un vieux lapin aux oreilles tombantes qui te fixe avec stupeur. Soudainement, il se met à bondir partout, semblant affolé. Tu tentes de le rattraper avant de te couper dans ton élan. Tes vêtements sont trop grands, tu te prends les pieds dedans. Tu découvres des mains trop petites pour être les tiennes, palpes ce corps qui n’est pas le tien. Retirant tes chaussures te tombant des pieds, tu crois comprendre petit à petit…

« Bonsoir… Tu t'es perdu ? Tu cherches ton Papa et ta Maman ? »

Il semblerait que tu sois redevenu un gamin. Attrapant André le lapin, tu observes cette curieuse jeune femme, en tentant de comprendre ce qui est actuellement en train de se passer. La demoiselle semble elle aussi complètement perturbée. Pas de doute, vous venez de subir un mauvais sort. Remontant le lapin que tu portes dans les bras, tu te colles à la jeune femme, n’étant pas à l’aise sous cette apparence d’enfant.

« Madame, tu peux garder mon lapin ? »

Surpris de tes propres dires, tu te rends compte soudainement à quel point tu as peur qu’André te file entre les doigts.

« C’est qu’il est plutôt gros, en fait. »

André ne semble pas apprécié la remarque, il se débat de plus belle et finit par réussir à se retrouver à terre. Cependant, un lama fou passant par là le fait changer d’avis ; le rongeur a vite fait de remonter sur toi, en te griffant au passage.

« Tu sais ce qui se passe, madame ? »

Résumé: