✤ Traits de caractèresLucien est un enfant du 18ème siècle et des idées des Lumières. Il a donc eu durant toute sa vie de mortel, un sens très prononcé pour l'idéal de la liberté qui le conduira à finir dans les troubles de la première République française et le fera presque perdre sa fête durant la Terreur. La foi calviniste de sa ville natale l'a marqué au plus profond en lui donnant un amour pour le spartiate et simple. Il n'a par conséquence aucune attirance pour le luxe et l'ostentatoire.

Quand il devint un vampire, il gardera ces traits de caractère ce qui n'ira pas sans problème. Fidèle à son maître, il le soutiendra dans ses luttes contre l'Ancien régime et pour la cause libérale et ensuite anti-nazi. Mais il aura toujours eu des difficultés de se soumettre aux autres autorités du monde vampirique et tente depuis toujours de s'en tenir éloigné. Il a donc  une réputation d'être un rebelle potentiel ce qui le valut d'être presque toujours sous surveillance des autorités vampiriques locales. Cette situation le poussera aussi à tenter de garder des contacts avec des humains surtout avec Sarah, la fille humaine qu'il a sauvé en 1942 et qu'il a élevé pendant vingt ans.

Intelligent, il souffre surtout du choc qu'a provoqué les conséquences de l'attentat de Sarajevo, tout particulièrement l'émergence du Nazisme dont il se sent en partie responsable. Ceci l'a en même temps aussi fait perdre durant des décennies la foi en l'Humanité. C'est finalement Sarah qui le gardera de tomber dans le nihilisme. Mais il reste naturellement sceptique et pessimiste, pensant que les humains sont sur le chemin de leur destruction même s'il veut croire qu'il existe des moyens d'éviter ceci. Sa tendance au sarcasme semble en être le fruit de cette lutte en lui entre la volonté de vouloir croire en l'avenir de l'Humanité et d'autre part une conviction que les humains tombent de siècle en siècle dans des barbaries les plus monstrueuses que les autres.

Convaincu de l'existence d'une justice suprême, pas divine car il est athée, il tend à commettre des actes de justicier. Ainsi durant plusieurs décennies, surtout entre les années 1950 à 1980, il a hanté durant la nuit les rues de New York pour tuer des petits criminels et dealers. Ceci le permettait d'assouvir deux soifs : celle du sang et celle de justice. Dans son esprit s'est ainsi développé une vision manichéenne de l'humanité entre d'un côté des humains bons et devant être défendus et de l'autre des humains mauvais, ne pouvant pas être sauvé et méritant la mort. L'homme est ange ou bête, pourrait être une citation à lui.

✤ Occupation nocturne Lucien travaille qu'indirectement la nuit. Il a durant des nombreuses années participé à des combats clandestins dans les sous-sol de New York pour gagner l'argent nécessaire pour s'assurer un refuge assez sûr. N'ayant que peu de besoins, il se débrouilla avec peu d'argent jusqu'à dans les années nonante.

Mais durant les années nonante, il sera confronté au fait que d'autres vampires infiltreront la scène de combats de nuit. Il cessera donc cette activité. Il commença alors à se lancer dans la peinture et commença à avoir un certain succès à New York. Son côté vu comme « excentrique » et ses peintures semblant venues d'un autre temps, ont surtout réveillés les collectionneurs avides de peintures impressionnistes et réalistes. La peinture sera aussi pour lui un moyen de travailler ses remords sur l'affaire de Sarajevo.

Il passe donc ses nuits non à travailler mais d'une part à la chasse au sang en courtisant des jeunes femmes dans des bars et d'autre part à poursuivre des activités de loisir comme des entraînements de combat (surtout du kick-boxing). Il lui arrive aussi régulièrement à jouer sur sa guitare, instrument qu'il maîtrise et à s'adonner à la lecture, la vue de vieux films mais aussi l'écriture. Par exemple il écrit souvent des lettres à son maître qui vit à Londres et avec lequel il a une relation épistolaire. Il a relativement peu d'amis vampires à part les membres de la bande de heavy metal à laquelle il participe, restant au fond de lui un loup solitaire. Il s'occupa aussi jusqu'à là de sa fille humaine, Sarah, pour laquelle il ressentait des forts sentiments paternels.

✤ Manies, habitudes & goûts Lucien à une sainte horreur des obligations fixes qui lui sont imposé. Il a un côté bohémien hérité de sa vie humaine mais d'autre part, sans vouloir vraiment se l'avouer, il est animé d'un désir d'aider l'Humanité à progresser sans savoir comment le faire et en luttant contre ce qu'il juge être sa faute dans l'affaire Sarajevo.

Il a comme principales habitudes de boire du sang humain (ce qui est assez logique en vue de sa nature de vampire) en ayant toujours refusé de boire du True Blood qu'il considère comme de la « bière sans alcool pour vampires ». Sarah l'a souvent tenté de convaincre de boire le True Blood mais un certain dédain patricien a toujours reprit le dessus chez lui. S'il adore les vieux films, il a en horreur le cinéma moderne et considère que l'art humain moderne est complètement dégénéré, surtout l'art post-moderne qu'il juge être « du gribouillage sans sens et raison ». Sa grande passion est surtout la lecture, la musique avec sa band et le kick-boxing qu'il pratique avec des amis ou seul.

✤ Discipline Lucien possède comme discipline vampirique la dissimulation (niveau 3) qui lui fut indispensable durant toute son existence de vampire. Joignant son maître dans le soutien des mouvements libéraux du 19ème siècle, celui-ci l'apprendra à cacher des objets et même soi-même. C'est grâce à ceci qu'ils ont pu faire passer secrètement des lettres et commettre des attentats contre ceux qui étaient jugés défendre l'Ancien Régime. Durant la Seconde Guerre Mondiale, cette capacité à permis de circuler dans le Troisième Reich et les territoires occupés sans être traqués par les chasseurs de vampire et la SS. Durant cette époque, Lucien apprend aussi à maîtriser le manteau de la nuit ce qui le sauva la vie à Auschwitz en le permettant d'échapper de Hendreken. Après la guerre et jusqu'à la Révélation, il utilisa son don de dissimulation surtout pour traquer ses proies.

Ses capacités sont restés assez inchangés depuis le début du siècle surtout depuis que dans les années cinquante, lui et son maître se séparent. Le dernier décidant d'aller à Londres pendant que lui choisissait d'aller à New York avec Sarah. Actuellement il utilise ce don surtout quand il se déplace dans des zones dangereuses ou trop surveillé par les autorités vampiriques dont il se méfie beaucoup.  

✤ Convictions Au contraire de ce qui pourrait suggérer jusqu'à là la présentation, il n'en est absolument pas favorable. A ses yeux, les vampires et humains ne pourront jamais co-exister pacifiquement en pleine connaissance de l'autre. Ceci semble ironique en vue du fait des liens qu'il entretient avec une humaine mais des expériences comme la vision des camps de la mort allemand l'ont convaincus que l'humain n'accepte pas de vivre avec une autre espèce. Aussi, il a toujours été opposé au True Blood dénaturalisant selon lui les vampires. Encore un coup réactionnaire surprenant en vue du fit qu'il est pour les autres questions nettement plus libéral. L’empoisonnement du True Blood ne fera que renforcer son opinion même s'il n'ira pas aussi loin d'être pour une guerre entre les deux espèces. Néanmoins forcé par Sarah, il accepta de se naturaliser comme citoyen américain. Il le fera aussi pour éviter de s'attirer des ennuis de la part des autorités vampiriques, favorables à la Révélation en tentant de jouer le jeu ad minimum.

✤ Signes particuliers Lucien a une petite marque de naissance en bas du dos en forme d'étoile.

Paris, France, nuit du 3 février 1793

La cellule était envahie par les noirceurs d'une nuit sans Lune. Le froid s'insinuait dans chaque recoin et remplissait l'air d'une froideur sans comparaison. Un homme, jeune en apparence, se tenait aux barreaux et observait le jeu des flammes des torches en face de lui. Il ne voulait pas voir le ciel et imaginer l'avancée inéluctable de la nuit. Le mur fut une piètre consolation mais toujours préférable au firmament. L'aube à venir allait être sa mort, comme celle de bien d'autres. Quand le Soleil jettera son premier rayon, les gardes viendraient les chercher pour les conduire vers la guillotine. Quel fut son crime ? Celui d'avoir milité pour plus de fédéralisme dans une République confronté à une crise existentielle. Les nations européennes s'étaient unis contre la Révolution et depuis l'intérieur, les soulèvements ne manquaient pas. Face à ceci, Robespierre avait instauré la Terreur qui désormais allait faire de lui sa prochaine victime. Il lui arriva en cet instant de se poser des questions. N'aurait-il pas dû rester à Genève et devenir un avocat comme son père ? N'avait-il pas commis une erreur en voulant soutenir la Révolution contre une monarchie décadente ? Mais ces doutes étaient balayés par un revers de main des qu'il réfléchissait d'avantage. Non, il avait fait un choix et il valait mieux mourir libre que vivre esclave. Mais la mort ne le faisait pas moins peur. Il la craignait comme rien d'autre. Non, il ne voulait pas mourir, pas encore. Mais pouvait-il échapper à son sort alors que tant avait péris avant lui de la même façon ?

Soudainement il aperçu une ombre dans le couloir. Étrange, le gardien ne faisait pas sa ronde si tôt. Ou est-qu'il avait eu un changement de garde ? Ce ne fut pas un garde mais une femme couverte d'une capuche noire. Elle s'approcha de sa cellule et s'arrêta juste en face de lui. Il fit quelques pas en arrière, sentant une étrange présence émaner d'elle. La femme retira sa capuche et révéla un visage doux, blanchâtre, aux yeux bleu et la chevelure brune. On aurait cru l'image de la Pucelle d'Orléans. C'est alors qu'elle lui parla avec une voix ferme comme celle d'un chef de guerre.

« Es-tu Lucien Maffrey ? »

Ne sachant pas quoi faire et penser, il se contenta de répondre et entrer dans une conversation qui allait changer le cours de sa vie...ou mieux dit de sa mort.  

« Oui. »

« As-tu peur de mourir ? »

« Qui ne l'aurait pas mais pourquoi vous me demandez ceci ? Etes-vous une de ces sadiques qui viennent visiter les cachots pour s'amuser des condamnés ? »

« Je suis bien de chose mais pas sadique. »

Il observa ses yeux et il fut fasciné par eux. Une lueur émanée d'eux, une force qui semblait le mettre dans un état de plénitude spirituelle.

« Dit-moi Lucien, que donnerais-tu pour survivre à cette épreuve ? »

« Presque tout. »

« Serais-tu disposé à me soutenir dans mon combat ? »

« Ça dépend lequel c'est. »

« Lutter contre l'autocratie et la tyrannie par tous les moyens. »

« Dans ce cas, ma réponse est oui. Sauvez-moi et je vous serais loyal jusqu'à ma mort. »

L'étrange créature s'approcha et sortit un pistolet de sa manche. Elle visa la serrure de la celleule et tira, la faisant sauter sur le coup.

« Nous avons peu de temps, je te demande donc juste de rester calme. »

Elle fit quelques pas et s'arrêta à côté de lui. Soudainement, son visage changea d'allure, ses traits devenait brutal et des dents longs apparaissaient dans sa bouche. Avant qu'il puisse faire quelque chose, elle planta ses crocs dans son cou. L'extase s'empara de lui et il sentit le sang remonter son corps en direction de son cou. Il perdit alors connaissance.

Il se réveilla que trois jours plus tard, sous terre et avec à ses côtés la femme qui allait désormais être sa maîtresse. Ce fut le 2 février 1793 et pendant que l'Europe tombait dans le chaos, lui, se trouvait au début d'une aventure dont il ne pouvait pas encore imaginer l’aboutissement.

Sarajevo, Empire austro-hongrois, nuit du 27 juin 1914

Un homme se tenait assis sur une chaise, le regard vitreux et fixé en avant. Lucien se tenait avec son maître Jeanne devant l'homme. Une certaine crispation se faisait sentir chez le jeune homme, pas très à l'aise face à cette situation. Il n'avait jamais été très emballé par le projet de son maître et le fut encore moins maintenant. Il ne pouvait pas s'empêcher de s'interroger sur les conséquences possibles de leurs actions.

« Jeanne, pense-tu que ce soit vraiment une bonne idée ce que nous allons faire. Nous ne savons pas ce que ceci peut provoquer. »

Avec un ton autoritaire, son maître lui répondit du tac au tac.

« Lucien, je comprends tes doutes mais il n'y a pas de choix. Depuis combien de temps nous combattons ces monarchies rétrogrades et leur systèmes injuste ? Plus d'un siècle. Nous avons combattu pour la Révolution et elle fut défaite au Congrès de Vienne. Nous avons lutté en 1848 contre ces mêmes empires. Oui, nous avons même tenté de tuer ce satané de Metternich mais nous avons échoué. Nous avons échoué par la révolution et le soulèvement populaire. L’Allemagne, la Russie, l'Empire ottoman et l'Autriche ne se réformeront pas de l'intérieur. Il faut qu'une guerre généralisée fasse collapser ces monstres. »

« Et si cette guerre dégénère ? Si la France et le Royaume-Uni collapse au profit des empires ? »

« Ceci n'arrivera pas. Les empires n'ont ni l'industrie ni le contrôle maritime nécessaire pour une guerre sur grande échelle. Soyons optimistes, je paris que l'Allemagne et l'Autriche tomberont en deux à trois mois, cinq si tout va mal. La Russie, perdant les investissements allemands et isolé de l'Entente collapsera économiquement. Cette guerre provoquera au pire quelques dizaine de milliers de victimes mais aura permis de mettre un terme aux autocraties. »

« Si tu le dis mais j'ai un mauvais pressentiment. »

Jeanne ne répondit pas à cette dernière réflexion. Elle était le maître et Lucien lui devait obéissance. Elle avait affronté les Anglais de son vivant, elle n'allait donc pas faire marche arrière pour un vampire faisant sa crise d'adolescence. Elle s'approcha de l'homme assit et le regarda dans les yeux. Avec une voix dominatrice, elle lui dit.

« Demain matin, les princes autrichiens viendront dans cette ville. Tu les tueras tous les deux. L'homme et la femme. Tu le fais pour que la Serbie soit libre. »

Village d'Auschwitz, Pologne occupée, 21 janvier 1942

« Nous sommes coupables. Nous furent ignorants mais peut elle nous excuser d'avoir plongé le monde dans ces noirceurs. Ou est-ce que ce fut inévitable ? Avons-nous simplement accéléré ce qui était écrit d'avance ? Vingt-huit ans se sont écoulés depuis que Jeanne a hypnotisé ce pauvre gaillard serbe. Vingt-huit ans ou le monde a connu la guerre totale, la faim, la crise économique, la peur et qui se trouvait désormais à la merci d'une idéologie qui n'avait pas d'équivalant en horreur au monde. En sommes-nous coupables par notre action solitaire de tous ceci ? » Extrait d'une lettre de Lucien Maffrey à Sarah Goldstein, 1974.

Jeanne et Lucien se tenait sur un des toits du petit village d'Auschwitz. Au loin, on pouvait imaginer les contours du camp d'Auschwitz-Birkenau, dirigé par les terribles SS. Jamais ils auraient pu imaginer que les humains pourraient aller si loin. On racontait beaucoup sur les SS et le régime hitlérien en général mais ce fut difficile de séparer le vrai du faux, la réalité du mythe. La Premier Guerre mondiale avait été sujette à tant de mensonges que même la vérité la plus horrible semblait inconcevable désormais. Des animaux, les humains étaient que des animaux. Et à dire que certains vampires pensaient à une cohabitation pacifique...

Les deux se mettaient en route, dissimulés par la nuit et leurs pouvoirs, pour pénétrer ce camp. Ils devaient savoir ce qui se tramait dedans. Qu'est-ce qui fut mythe et qu'est-ce qui légende ? Ce qu'ils retrouvaient dans le camp dépassa leur imagination. Des baraques remplis de prisonniers affamés, vêtus dans des lots de tissus et entouré de nids d'infection. Tout fut sur-peuplé. Ceci n'avait rien à voir avec les camps de concentration anglais en Afrique du Sud. Ceci fut une tombe à ciel ouvert. Ils finirent leur trajet vers un coin tranquille du camp, une petite place avec un bâtiment en béton au bout. Les nombreux trous d'impact dans le mur pouvait que démontrer une chose : c'était un lieu d’exécution. C'est alors qu'en traversant la place, ils pouvaient reconnaître un trou dans lequel on avait mit les corps des prisonniers exécutés. Des visages morts et cadavériques s'enchevauchaient, certains yeux tournés vers les deux espions. Soudainement, un mouvement infirme et imperceptible à l’œil humain secoua la masse de corps inertes. Lucien se jeta dans la fosse et retira les corps pour dévoiler le visage d'une fillette apeurée. Elle le regarda et chercha sur son épaule et poitrine des aigles et croix gammés. Sentant la peur de la petite, il lui dit.

« Ne t'inquiète pas, je ne suis pas un nazi. »

La fille s'accrocha à lui. Elle fut au bord du gouffre séparant les vivants des morts Son corps sous-alimenté pesait à peine le poids d'une plume. Jeanne trouva cette scène ridicule. Pourquoi un vampire perdrait du temps avec une gamine ! Elle était presque morte. Décidément, même après un siècle et demie, Lucien ne pouvait pas se débarrasser de ces défauts humains, pensa-t-elle. Alors qu'elle voulut l'ordonner de laisser la gamine, un sentiment heurta son esprit. Non, pensa-t-elle, ce ne pouvait pas être possible ! Elle se retourna et vit une ombre s'approcher d'elle, une ombre en uniforme noire et portant un aigle avec une swastika sur la poitrine. Une voix semblant venu de l'enfer s'adressa à elle et glaca son sang.

« Ah, ma très chère sœur, te voici ici ? Quelle charmante visite de ta part. J'espère que ca te plait tous ces baraques. »

Un visage gris marqué par des yeux rouges et un sourire démentiel jeta son regard sur elle. Jeanne reprit ses forces et son courage. Elle n'allait pas se laisser intimider par lui. Pas après tant de siècles.

« Je préfère la vue des cités en paix. Une chose que toi, tu ne dois pas connaître. »

« Comme tu as raison sœurette. J'aime les ruines et le feu provoqué par la guerre. Mais surtout j'adore l'autorité et à ce que les esclaves restent en place, surtout les femmes. Les humains m'en donne raison. As-tu vu comment ils se sont tous jetés aux pieds de cet Adolphe Hitler ? Comment ils ont embrassé le régime de ce cher Staline ? Ça t'as plu ? Moi j'ai adoré et j'avoue que j'ai contribué à ma façon. Comme il est facile de manipuler un garçon traumatisé parce qu'on la rejeté à l'école d'art, lui insuffler les mots qu'il faut et l'inciter à aller écouter le maire de Vienne. Encore plus simple ce fut de nourrir la paranoïa de ce vieux fou au Kremlin. Mais toi-même tu devrais connaître le pouvoir des petites actions,n'est-ce pas ? »

Son sourire prenait l'allure d'un masque de démon. Jeanne se retourna et cria à Lucien.

« Fuis, ne m'attends pas. »

Ce fut un ordre et le corps de Lucien fut complètement saisit par celui-ci. Jamais Jeanne avait donné un ordre si catégorique. Il eut à peine le temps d'agripper la fille avant de se dissimuler et fuir à toute vitesse. Il ne cessa pas avant de laisser le camps à dix lieux. Là, il posa la fille sur le sol. Celle-ci ouvrit les yeux et observa le vampire. Lucien ne pouvait pas s'empêcher de lui parler.

« Quel est ton nom, petite ? »

« Sarah...ou...suis-je ? »

« En sécurité. Ne t'inquiète pas. Ou sont tes parents ? »

« Partis...vers Dieu. Et toi, tu es qui ? »

C'est alors que son cœur fut saisi par un sentiment qu'il cru oublier, quelque chose si enfoui en lui qu'il devait dater d'avant sa seconde naissance. Il n'avait jamais eu de femme ni d'enfant mais la vue de cette gamine provoqua en lui une sensation effroyablement humaine. Et c'est alors là que la bête en lui céda à la petite lueur d'humanité persistante durant quinze décades de troubles.

« Nomme-moi père. »

La fillette sourit et se laissa tomber dans ses bras. Il l'embrassa sur le front pendant qu'elle s'agrippait à sa main. Lucien sentit le cœur de la jeune humaine ralentir. Il n'avait pas le choix. Il se mordit le poignée libérant un sang obscure et épais qu'il instilla à Sarah. La vie revenir en elle, une force démoniaque au service d'une créature mortelle et destinée par la nature et les hommes à mourir.

Une heure plus tard, Jeanne apparue, couverte de sang et épuisée. Quand Lucien tenta de savoir ce qui était arrivé, il eut une seule réponse.

« Ne me repose jamais plus cette question. Sache que le monde compte un fléau en moins. Fuyons, je crains que les SS comptent d'autres vampires dans leurs rangs. »

Shreveport, USA, 15 mars 1959

Sarah se tenait droite et souriante. Son visage s'illuminait dans le miroir dévoilant une magnifique robe de mariée en couleur crème. Lucien se tenait à côté d'elle, lâchant un petit sourire. Il portait un costume noire. Le Soleil avait presque disparu à l'horizon. On avait décidé de tenir la cérémonie durant la tombée de la nuit. Soi-disant pour pouvoir faire la fête ensuite sous la Lune mais la vérité était que c'était le seul moyen pour le père de la fiancé d'assister à la cérémonie. C'était prendre quelques risques mais ils valaient la peine. Personne avait émis quelques doutes car on savait que Sarah avait toujours été fascinée par la Lune.

Mais ce moment de bonheur pur ne fut pas entier. Lucien devait dire quelque chose de difficile à sa fille et malheureusement le temps manquait. Il devait le faire au plus vite et il regrettait avoir attendu si longtemps. Il posa sa main sur l'épaule de Sarah. Celle-ci sursauta légèrement. Elle savait ce que ceci signifiait.

« Qu'arrive-t-il ? »

Elle sentait que quelque chose ne marchait pas.

« Je dois hélas te parler d'une certaine chose. Je ne voulais pas le faire avant mais je crains qu'après le mariage ce sera bien plus difficile. Tu sais bien que je ne vieillis pas. Il arrivera donc le jour ou les gens suspecteront quelque chose d'anormal quand ils verront ma fille vieillir pendant que moi je reste identique durant des années. Je ne vais pas perdre du temps, il va valoir que je meurs. »

« Comment peux-tu dire une chose pareille ! On s'enfiche ce que pensent les autres ! Hors de question de te suicider ! Quelle idée stupide ! »

« Je ne parles pas de me tuer mais de faire croire à ma mort, moi en tant que ton père. Un accident de voiture malheureux. Ce sera une mise en scène nécessaire pour éviter des questions dangereuses. Nous pourrons nous voir en secret. »

Une lueur de tristesse traversa le visage de Sarah. C'était quelque chose qu'elle avait été consciente. Elle savait qu'il devait cacher sa véritable nature. Mais elle avait espérait jamais devoir penser à ce problème. Il l'approcha de lui, la caressant la joue.

« Ne te fais pas de souci. Nous nous verrons mais il faudra bien évidemment que tu joues le jeu. Ce sera dur mais c'est le seul moyen pour nous de continuer à nous voir. »

« Je comprends. »

Non, elle ne comprenait pas ou mieux dit, elle ne voulait pas. Elle savait que l'existence des vampires devait rester secret. Depuis son enfance, il l’avertissait de ceci. Mais ceci semblait si dur en cet instant. Mais elle voulait tellement que ce soit différent, autrement. Qu'ils puissent tous vivre ensemble ouvertement. Mais elle reprit espoir. Ce serait de toute façon qu'une mascarade. Oui, il faudra jouer le jeu mais ils pourraient certainement se voir sous le clair de la Lune. Sa tristesse s’effaça et elle sourit à nouveau. Elle avait été éduqué par un vampire et d'une façon étrange, elle semblait avoir hérité de cette capacité à faire face aux défis avec une nonchalance sur-humaine.