✤ Traits de caractères Rien n'est dû au hasard.
Il n'y a pas de hasard pour Anton, il pense que tout est là pour une raison. Son esprit marche simplement. Tout d'abord, il reste un homme très secret, même s'il ne se gêne pas de clamer haut et fort qu'il est puissant. Cela évite bien des ennuis, dit-il. Pourtant, il reste subtile dans ses démonstrations, comme si tout était si naturel et involontaire. Seulement, rien de rien n'est dû au hasard avec monsieur Mayfair. Calculateur, c'est en manipulant son entourage qu'il a tout ce dont il désire. Il pourrait avoir bien plus, mais à la vue d'une gloire et donc d'une descente aux enfers, Anton préfère sa petite boutique et ses bouquins poussiéreux. Après tout, il a bien le temps de vivre dans l'opulence des gens riches. Même s'il se considère aisé de part les biens qu'il a en sa possession, qui valent tout l'or du monde. La connaissance. Ce bien si précieux qui manque tant aux gens de cette époque désastreuse et meurtrie.
Méprisant, mauvais, sadique et bien des fois à la limite de la folie, le nécromancien ne manque pas d'imagination. Il ne supporte pas l'irrespect et encore moins la tromperie. Déjà trahis trop de fois par des femmes, il ne supporte que très mal les actions douteuses à son égard et peut devenir d'une violence inouïe surtout si femelle il y a. Pourtant, très agréable quand il le veut, son sourire fait froid dans le dos le reste du temps. Fin joueur, il sait masquer ses sentiments, quoi que des fois trop forts pour être cachés. Le vrai visage d'Edward est enfoui au plus profond de son être, ne le montrant que très rarement.
Seul, le Nécromant est de nature joyeuse, quoi qu'assez posé. Ce n'est que rarement qu'on peut le voir danser dans sa grande boutique ésotérique. Il reste d'ailleurs très fière de cet endroit à son image. Magasin qui fait toute sa réputation et son entourage plus qu'abondant.
Il faut, en sommes, savoir que tout est apparence chez Anton. Sans pour autant perdre sa franchise. Quelque part, il reste un homme sensible, mais la vie en a fait une créature redoutable et perfide. Sans oublier d'ajouter à cet homme, un sourire charmant à souhait afin de toutes les croquer. Amoureux de la chaire et de la luxure, partisans du plaisir et de l'abondance, tout est bon pour jouir de chaque instant de cette vie éternelle qui sera bientôt sienne. Il vit à travers la mort, afin d'apprécier au mieux la vie.

✤ Occupation nocturne La nuit, mes doigts glissent sur le piano du monde. J'embrasse les tréfonds de l'enfer, baise les catins de Lucifer, enveloppe l'âme des dormeurs et crache sur notre astre sacré. J'arpente la terre des morts qui ne dorment jamais et j'me sens bien. C'est le propre du nécromancien, apparemment, de préférer la nuit, au jour. Pourtant, j'idolâtre ce soleil brûlant. Il m'embrase de l'intérieur et je lui murmure des mots doux, que personne ne comprend.

Plus sérieusement, je passe la plupart de mes nuits à m'occuper de mon cimetière. Il s'étend sur plusieurs hectares et j'en prends grand soin. C'est dans cet endroit sacré que je pratique ma magie, la plupart du temps. Quelquefois, je m'assois et je réfléchis, je pense. Oui, cela m'arrive. J'aime croire que je suis seul sur cette terre, marchant sur les morts, sur qui j'ai droit de renouveau, ou d'une deuxième fin. Je pratique sous l'astre gris. C'est plus poétique, plus romantique, plus discret. Ce sont mes amis d'une nuit, d'une heure, d'une seconde. Je ne me lasse pas d'entendre les doux secrets de la mort. Bien souvent, je tente d'augmenter mes pouvoirs grâce à des rituels interdits. Je fais mes recherches, écris des livres, danse nu dans la forêt et parle à Satan. Je n'ai peur de rien, c'est évident. J'aime jouer avec ce qui semble être ma fin. Car oui, je crois en cette fin. Celle qui dit qu'à notre mort, nous les Nécromants, nous deviendrons Anges noirs. J'étendrai mes ailes sur ce monde et je lui cracherai dessus.
Je ne dors pas. En tout cas, je ne dors que très peu. Au départ, les docteurs conclurent que j'étais insomniaque. Puis, voyant que la fatigue n'était pas présente malgré le peu de sommeil que je pouvais avoir, ma maladie se transforma en lésion neuroanatomique. Finalement, je compris par moi-même que ma magie n'était pas étrangère à ce mal qui me rongeait et je l'a remercie chaque jour. En effet, alors que je gambade la nuit, le jour je peux travailler correctement. J'ai ouvert depuis quelques années une boutique, un cabinet de curiosité, un foutoir, un bordel. Appelez la comme vous le voulez. Dedans, on y trouve de tout. Des bouquins anciens, des fioles précieuses, des ingrédients rares, des parchemins uniques, des ustensiles, des objets maudits. C'est en traversant le monde que je pu collecter tout ceci, me faisant des contacts, m'approvisionnant très régulièrement. Dedans, vous pourriez y voir un vampire, comme un sale cabot ou une sorcière. Il faut seulement y mettre le prix.

Sinon, hormis mes pouvoirs et mon travail, je sors assez souvent dans les quartiers riches, vampires, ou même humains de temps en temps. Je n'ai pas peur de la mort, étant donné que j'en suis imbibé. Je n'ai donc pas peur de traverser les rues désertes de Shreveport, afin de profiter de la jouissance des lieux nocturnes. Bar à putains, lounges onéreux, soirées mondaines, secrètes, magiques, violentes, sucrés et plus encore. J'explore le monde, afin de garder proche de moi les plus grands. Pour cela, je sors de mes poches l'argent que je trouve, vole, ou gagne. Plus que je peux en avoir, mais vivre au-dessus, c'est vivre bien. Je l'ai compris avec le temps.

Mes amis sont des hommes d'affaires, ma compagne est l'argent et mon amante, la mort. J'ai quelques affinités avec certaines personnes, mais être seul n'est guère dérangeant pour moi. Je lis, bois, mange, baise, danse, écris. Je crois que j'aurais pu être un bon vampire. Il y a tellement à découvrir de ce monde. Je n'ai pas une seconde à perdre. Des millénaires ne suffiraient pas à étancher ma soif de vivre.

✤ Manies, habitudes & goûts  
☽ Fume comme un pompier ;
☽ Lèche régulièrement ses lèvres qui s’assèche très rapidement ;
☽ Plisse les yeux quand il y a un peu de lumière, qu'il supporte mal ;
☽ A toujours un regard plein de mépris, qu'il dissimule difficilement ;
☽ Son visage change instantanément selon ce qu'il ressent ;
☽ Des fossettes se forment sur ses joues, étant donné qu'il est très expressif. Quoi qu'un peu blasé ;
☽ Il regarde sa montre toutes les minutes, pour des raisons obscures.
☽ Anton aime les odeurs fortes ;
☽ Adore être pieds nus ;
☽ Adore les belles femmes, il en est fou ;
☽ Aime son corbeau plus que tout ;
☽ Aime apprendre, toujours plus, tout le temps ;
☽ Son endroit préféré reste sa vieille maison et son cimetière ;
☽ Aime les jeux d'agent, tout ce qui touche à la noblesse, au pognon ;
☽ Aime plus ou moins la violence, sur plusieurs formes ;
☽ Adore manipuler les gens, surtout les femmes ;
☽ Aime boire, beaucoup, mais surtout être entouré d'une populace alcoolisée.
☽ Déteste les femmes en général, surtout les sorcières ;
☽ Ne supporte pas les animaux, hormis son corbeau ;
☽ Méprise les vampires malheureux de leurs sorts ;
☽ Déteste la lumière trop forte ;
☽ A changé son prénom en son deuxième prénom, car Edward était le prénom de son frère jumeau mort-né ;
☽ Est allergique au vol, au mensonge et au mépris des autres. Attention à ceux qui abusent de lui.... ;
☽ Etc.....

✤ Nécromancie & vaudou Je n'ai jamais eu de honte ou de scrupule à utiliser ma magie. Les limites que les règles d'étiques m'imposaient ont toujours été bâclé, survolé ou ignoré. Médium, j'ai toujours pu voir les morts, ils me hantent d'ailleurs depuis mes deux ans, si ce n'est pas depuis ma naissance. J'exerce un certain contrôle face à ces esprits avec lesquels je vis. Je ne m'intéresse cependant pas entièrement à ce dons qui me vient naturellement. Un jour, peut-être, je m'y plongerai plus sérieusement.
Il y a bien longtemps que je pratique la nécromancie. Je m'y suis fait et j'y suis le nez dedans tellement souvent à cause de ma malédiction, que ça en est devenu une habitude. Je relève les morts avec une facilité déconcertante et me lance des défis afin de relever de temps en temps mon niveau. Cherchant à atteindre la perfection, quoi qu'impossible d'après l'avis général de la population nécromant.

C'est bien plus tard que mon intérêt se porta vers le Vaudou. Hélène m'en parlait souvent, mais je n'ai jamais eu le temps de vraiment m'y intéresser. Pourtant, il est mon quotidien à présent. Je peux non seulement relever les morts, mais également les tenir en vie. Beaucoup trouve ce geste ignoble, mais c'est un véritable travail plus qu'intéressant. Je possède donc plusieurs zombies serviteurs, que je renouvelle le plus souvent possible. La tête d'un de mes anciens amis réside sur l'armoire dans mon salon, c'est un hommage que je lui rends. Enfin, d'une certaine manière bien-sûr.
Quand les nourrir me fatigue, je m'en débarrasse. Car tuer n'est pas sans danger, kidnapper des innocents non plus. Bizarrement, ce sont des femmes qui tombent le plus souvent dans ma cave. C'est pour cela que je ne garde près de moi que deux zombies, pas plus. Au final, ce sont mes expériences sur eux qui en font le nombre, des fois, selon les besoins, ma cave en est infestée. Je peux les faire durer plutôt longtemps comparé aux nécromanciens qui m'entourent. Même très longtemps grâce à ma magie Vaudou.
J'utilise très rarement mes serviteurs, cela est davantage un moyen d'utiliser ma magie, plutôt qu'une façon de montrer ma puissance ou d'avoir une femme de ménage personnel et gratuite. Autant utiliser une femme non ?

En plus de tout cela, il m'est arrivé d'invoquer des démons, d'essayer d'observer les néants qui nous entourent, d'inonder mon âme des enfers interdits. La magie démoniaque a ses avantages, comme ses inconvénients. Comme la nécromancie d'ailleurs. Mon âme a depuis longtemps été mangé par un d'entre eux...
C'est pour cela qu'il m'est arrivé de passer près de la mort, surtout quand on se frotte de trop près à ces forces puissantes et instables. J'ai subi un grand nombre de malédictions, de sorts lancés par mes amis sorciers. Quelquefois, j'ai pu ressentir les forces noires m'étrangler, je n'ai pu dormir pendants des semaines, ma faim se coupait automatiquement, je crois que la mort a été mon lot autant que la vie. Les pires horreurs, je les ai vécus en Égypte, en essayant de pratiquer ma magie à des endroits sacrés. J'en frémis encore. Je n'ai plus eu de nuits agréables depuis.... Je n'en ai jamais eu, il me semble.

Un jour, un démon a élu domicile chez moi. Il s'est attaché à mon âme et n'a plus voulu s'en séparer jusqu'à ce que je trouve un accord avec Monsieur. Ce fut long, dur et interminable.
J'ai également des contres coups fréquents. Autant, la pratique de ma magie basique me donne un second souffle à cause de ma malédiction. Autant, celle qui relève un peu de l'ordinaire me donne un choc plus qu'impressionnant. Je peux en perdre l'appétit, tomber en dépression, perdre le sommeil ou même l'envie de baiser ! L'alcool est un bon remède, ainsi que les plantes.

Il me semble qu'il me reste énormément de choses à apprendre, mais je me débrouille plus que bien dans l'ensemble. La seule de mes difficultés réside dans la pratique en groupe. Il se passe toujours beaucoup trop de choses étranges quand j'essaie quoi que ce soit à plusieurs.

✤ Convictions Je n'ai jamais eu une vie particulièrement intégrée dans la société. Je n'ai jamais vécu réellement l'avant, hormis au fond de ma cave ou dans mes livres. Finalement, cette révélation m'a permis de me poser dans quelque chose de plus concret, une ouverture sur le monde. Sans elle, je n'aurais probablement pas eu immédiatement cette idée de boutique ésotérique ou bien plus tard, avec d'autres difficultés. Elle me convient cette idée de se montrer. Même si les vampires auraient mieux fait de garder leurs crocs secrets, les massacres et la dissémination d'une des deux races en guerre auraient été évités. Seulement, ils n'ont pas compris le principe même de la vie... : Vivons heureux, vivons cachés.

✤ Signes particuliers Au creux de ses reins, en bas de son dos, des racines sont encrées sur sa peau pâle. Un arbre mort a tissé ses lianes qui grimpent le long de son échine. Elles ont fait la moitié du parcours et semblent pénétrer à l'intérieur de la peau d'Anton. Quelquefois, il saigne et les gouttes viennent nourrir les racines de l'arbre mort, qui fait une fleur, ou deux. Ce tatouage le fait souffrir et le tord de douleur bien trop souvent. Il est dit qu'une fois les branches atteignant le sommet de son crane, Anton mourra dans d'atroces souffrances.
En effet, le nécromancien ayant trop de fois joué avec sa vie est aujourd'hui plein de malédictions. Une autre fait qu'Edward pourrit. Oui, il pourrit. Devenant lorsqu'il ne pratique pas sa magie depuis plus d'une journée, un zombie humain. Sa peau se détache, ses dents noircissent, il entre dans une lente putréfaction. C'est cette même malédiction qui, lentement, le rend sensible à cette lumière chaude qu'il aime tant.
Anton a également de nombreuses cicatrices, provenant d'un passé tumultueux, de violentes représailles, d'une vie dangereuse.

J'inspirais pour la première fois en 1983, dans la chaumière grandiose de la famille Mayfair. La France nous avait tendu les bras il y a bien longtemps et nous pullulions un peu partout sur ces terres que je trouvais immense à l'époque. Nous étions une trentaine dans ce qui semblait être notre maison familiale et je n'étais que le huitième d'une portée de sorcières. Mon frère jumeau, qui aurait dû se nommer Edward, mourut dans les entrailles de ma mère, malgré toute la magie invoquée par nos oncles et tantes. Nous étions assez vieux jeu et je me souviens encore de cette odeur de sang, de merde et de bois qui flottait dans l'air tandis que les cris de notre mère montaient. Des cris de désespoir. J'étais né à même le sol de notre cuisine, entouré d'un cercle de protection et d'idiotes implorant Satan. Et je ne savais pas encore à quel point j'aurais pu tout donner pour me retrouver dans ce ventre, l'esprit tranquille.

Ils m'appelèrent Edward Anton Charles Mayfair. Edward. Comme mon jumeau mort-né. Ma mère me regardait toujours avec ses yeux libidineux, comme si elle voyait en moi un deuxième être accroché à mon corps. Cette mère qui garda l'enfant mort dans son ventre. Un hommage disait-elle. Une malédiction murmurait mon père.

Notre demeure sembla trop petite et notre famille migra à Shreveport, souhaitant un peu de dépaysement. Je n'avais qu'un an, pourtant, je me souviens si bien de cette villa française où le temps s'était figé, où je pouvais sentir les nobliaux bouffer leurs porcs et baiser leurs filles et femmes. J'appris bien plus tard qu'en effet, je possédais ce qu'il s'appelle une mémoire eidétique, mythe ou vérité ? Je ne sais pas et je m'en contre fiche. Les faits sont présents, je me souviens de chaque odeurs, chaque gestes, chaque images.

Vers l'âge de deux ans, habitant dans une maison plus grande encore et bien plus luxuriante, je me développais plutôt bien. Ce qui était étrange resté les ombres que je pouvais voir. Les gens qui me parlaient. Mais je ne dis rien à ma famille, ne voulant pas aggraver mes soucis avec eux.

Ma mère, continuant de me regarder avec ses yeux vides, caressant son ventre, continua de pondre pendant encore quelques temps. Plus ils naissaient, plus ils devenaient monstrueux, difformes et attardés. Je fus pris pour cible et on m'appela l'enfant démon. J'avais maudis ma mère selon eux. La vérité, c'est que l'enfant qui avait pourrit dans ses entrailles avait pourrit toute une génération à venir. Elle s'était maudit toute seule, maman.

Je ne développais pas le potentiel magique qui était en moi et ils finirent par comprendre que je n'étais qu'une coquille vide de toutes magies. Comprendre, ou croire... C'est à ce moment précis que ma vie changea véritablement. Les coups pleuvaient sur moi, me punissant chaque jour d'être ce que j'étais. Un humain. Mes sœurs, mon père, mes tantes, mes cousins, mes oncles. J'étais devenu une sorte de ballon antistress qu'ils se faisaient passer chaque jour. Ma mère restait la pire, la plus violente. Un jour, elle m'attrapa et me plaça sur ses genoux, à plat ventre. Alors que je n'attendais qu'une simple fessé, une aiguille entra profondément au niveau de mes reins. Ma sœur aînée me tenait férocement les mains, mon cousin incestueux me tenait les pieds. La torture dura bien une journée. Je me souviens encore de la douleur qui ne cessait d'augmenter, des chants de sorcières tout autour de nous. Vous savez, on se dit qu'il y a une limite à tout. À toutes douleurs. Pourtant, je crois qu'elle ne s'est jamais stoppée, cette souffrance.
Le lendemain, des racines se formaient au bas de mon dos et ma sœur me murmura ces mots, précisément :

« Petit frère. As-tu mal ? Dis toi bien que ce n'est rien. Car le jour où cet arbre ira se loger dans ta nuque, tu ne pourras plus jamais dire qu'hier, tu as eu mal. Maman s'est vengée, tu vas mourir, c'est prévu. Humain inutile. »

Je n'avais que quatre ans et pourtant j'allais de ce pas déverser ma haine à ma génitrice. Elle m'avait regardé et avait souri, caressant son ventre.
Le musée des horreurs, voilà ce que notre maison était devenue. Des mômes aux visages hideux se baladaient et je ne pourrais plus sortir de cette cave qui avait été aménagé pour moi. De la paille et un pot. Ce pot puant la pisse et la merde. Une armée de chats dormaient avec moi et je ne pouvais m'empêcher d'éternuer, de me gratter les yeux et d'avoir cette envie de les tuer, de les étrangler.

Un jour, une chatte couleur terre donna naissance à six petits. Je n'avais pas mangé depuis si longtemps que mon esprit divaguait légèrement. J'avais attrapé celui qui allait sûrement crever d'ici peu. Un chat blanc. Tous étaient sombres, lui, était différent et ma famille ne tarderait pas à le noyer. Je m'étais empressé de courir dans un coin pour m'en repaître, car quand la faim est là, tout principes s'envolent. Pourtant, je ne pu serrer plus fort ce petit chat blanc. Il grandit avec moi, tout semblant plus beau lorsque ses yeux bleus se posaient sur moi. Une femelle que j'appelais Hope. Seulement, alors que je n'avais que sept ans, ma mère découvrit ma tendre compagne. Ses mains serraient son petit cou et je criais, j'hurlais. « Pitié maman, pitié ! » Les yeux de cette femme semblaient ronger par la folie et ceux de Hope sortirent de ses orbites. Elle déposa le cadavre de la seule chose qui m'importait tant, entre mes mains.

Je courus comme si le diable était à mes trousses, pleurant à chaudes larmes. Sans réfléchir, tout mon être hurla de sortir, de m'enfuir. J'emmenais Hope loin d'ici, cherchant de l'aide. J'ai dû courir une éternité, suivant une ombre, sentant mon instinct me parler, me guidant. Il m'emmena devant une vieille maison, proche d'une rivière. Là, tapant d'une main contre la porte en bois, tenant ma compagne dans l'autre, je suppliais de m'aider.

Une femme aux cheveux gris m'ouvrit et me regarda de ses yeux bleus. Elle sourit, m'invita à entrer et attrapa mon petit chat. Hope s'était levée et avait combattu la mort. Pourtant, ses yeux hors de leurs petites loges, n'avait plus le même air et la vieille nécromancienne me murmura de lui dire adieu.
Je pleurais, déversais toutes les larmes que je possédais et mon cœur fut quelque peu soulagé. Nous partîmes l'enterrer et elle posa sa main sur mon épaule.

« Regardes bien. Observes. »

Mes yeux se plissèrent, des larmes tombèrent et je pus apercevoir Hope trottiner. Je la regardais, stupéfait et elle me murmura au creux de l'oreille :

« Veux-tu apprendre ? Savoir contrôler tes pouvoirs ? »

Instinctivement, j'acceptais. Mon initiation commença en 1990.

Hélène me protégea de ma famille, qui ne tarda pas à apprendre l'initiation de leur enfant nécromant. Une telle puissance, chez un homme Mayfair était inconcevable. Les femmes étaient toutes plus puissantes et des sorcières et des sorciers, uniquement, avaient naquis dans cette famille maudite.

C'est d'ailleurs ces femmes qui se sont toujours évertuées à me garder secret. Ma tante avait expliqué à la mairie du coin que je n'étais pas apte à suivre des cours dans une école normale et un inspecteur était venu chez nous. Vous me direz, comment n'avait-il pas remarqué les enfants pullulant par-ci par là et ma mère immonde et folle ? Tout simplement, car il n'avait pas passé le pas de la porte. Elles m'avaient installé en bas des marches tandis qu'un sort m'empêchait de parler. Des menaces avaient été proférées. Au moment où il essaya de me parler, à contrecœur, je lui tirais la langue et retournais dans les bras de ma tante fortement attendrissante à ce jour. Il revint tous les deux mois pendant deux ans, puis, plus rien. J'étais chargé de passer des examens, mais je ne m'y rendais pas. C'est avec Hélène que je pus poursuivre mes études, cette fois réellement à la maison. Comme la vie aurait été plus douce pour tous et toutes si j'étais allé à l'école, tout simplement. Au lieu de ça, elles préféraient utiliser des sorts plus tordus les uns des autres et tuer des gens sans raison. J'étais dans un système de cours à domiciles. Si le fouet était interdit en classe, chez moi c'était mon pain quotidien. La Blanche Confrérie avait eu des doutes, mais Elsa, ma tante, les avait tous dupé. Tous. La belle, la pure, celle qui ne fait jamais rien. La Mayfair repentit. Mon œil oui... La plus fourbe et la pire de toutes.
C'est véritablement chez Hélène que je pus grandir, mûrir, avec toujours la même idée en tête : relever les morts. Toutes mes journées, je les passais à étudier. Hélène m'apprit à lire, écrire, comprendre. Géographie, histoire et magie se mêlèrent. Une petite école entre elle et moi se forma et je ne m'étais jamais senti aussi bien.

Les Mayfairs s'évertuaient quant à eux, à ce que je n'arrive jamais au bout de cet apprentissage. Des petits chats blancs venaient s'entasser sur le pas de la porte, des assassins s'empressaient d'essayer de nous tuer et des sorts étaient lancés contre nous. Plus ils s'acharnaient, plus ma haine devenait forte et plus je m'évertuais à apprendre.

Un soir, je fus réveillé par une complainte. Hélène commença à passer ses nuits à nous protéger, se fatiguant à vu d’œil. Je ne pus laisser faire ça, celle qui m'avait adopté. Il fallait que je termine cet apprentissage pour pouvoir partir et la laisser en paix.

Pourtant, mère n'avait pas joué toutes ses cartes et elle utilisa la pire. La plus puissante et celle qui me fit détester plus que tout les sorcières, bonnes ou mauvaises. Je m'étais levé un matin et ma peau était restée sur les draps de mon lit. Mon visage partait en lambeaux, mes cheveux tombaient et ma langue se décomposait à l'intérieur de ma bouche. J'avais été frappé d'une malédiction, une nouvelle fois. Je fus alité plusieurs jours, pourrissant à vu d’œil. Hélène s'évertua à trouver un remède, une solution. Un soir, alors qu'elle essayait d'interroger un mort, anciennement sorcier, son flux de magie m'atteint et je me sentis revivre. On en conclus rapidement que la magie, la nôtre, était le remède à ce mal qui me tuait petit à petit. Elle dut pratiquer bien plus encore, la fatiguant très rapidement.

Une nuit, un petit chat fut déposé. Alors que j'allais pour l'enterrer, encore une fois, il me sembla si ressemblant à Hope que je me mis à pleurer. Ce que je n'avais pas fait depuis cinq. Tout était trop compliqué et j'envisageais de rentrer chez eux, chez moi. Hélène faiblissait de jour en jour et je n'étais pas de taille. Je n'y arriverais pas. Alors, je pratiquais ce rituel fait cinq ans en arrière. L'espoir de faire revivre mon petit chat me prit les tripes et je fus aveuglé par le chagrin. Sous la lune grise, mes pouvoirs s'activèrent et je reconstituais tous les gestes fais il y a cinq ans. Je restais là une nuit entière et alors que le soleil ne s'était pas encore levé, la boule de poils blanche se réveilla. Hélène accourut, réveillait par ce qu'elle appela '' un flux de magie surpuissant ''. Elle en pleura autant que moi et je me senti délivré.

Le vent soufflait sur ma peau et l'odeur abjecte de la mort s'immisçait petit à petit dans mon esprit. Mes yeux regardaient, mais je ne voyais rien. Mes mains serraient le vide et le sang coulait entre mes doigts, tombant lourdement sur le sol en un bruissement inaudible. J'étais là, devant ce spectacle qui me terrifia. Je suis resté immobile tellement longtemps, observant les flammes s'élever au loin. Elle m'avait dit de courir, très vite, sans me retourner. J'avais obéis, comme toujours et elle était partie. « Tu es poussière et tu redeviendras poussière »
Les Mayfairs avaient gagné et c'est à l'âge de treize ans que je réintégrais cette famille de fous.

Mon retour fut étrange et déconcertant. Je fus abusé et torturé pendant près d'une semaine. Les hommes dans ce Coven même étaient mis plus bas que terre en temps normal. J'avais compris ce que me disait mon cousin de dix ans mon aîné. Quand on passe l'âge de l'enfance, chez les Mayfairs, tu deviens un homme sous la puissance de tes propres cris. J'haïssais les femmes, mais là, j'appris à les mépriser. Ainsi que ces faibles qui regardaient et se laissaient faire. Hélène m'avait apprit à me défendre et je n'étais pas rentré ici-même sous l'emprise de la peur. Je me nourrissais de leur magie afin de ne pas me décomposer, ne pouvant pratiquer que très rarement. J'entrepris de me faire accepter des miens, de passer de la pommade comme on dit souvent. Je devins un enfant exceptionnel. Apprenant part cœur des rituels anciens, aidant à tout bout de chant, murmurant aux creux des oreilles féminines Mayfair à quel point elles étaient belles.

Elles disparurent. Petit à petit. Lentement. Des morts tristes et navrantes, des accidents. On me pointa rapidement du doigt, mais rien ne m'incriminait. Un soir, je chuchotais à l'oreille de ma sœur aînée l'hypothèse qu'Hélène ait lancé une malédiction. Ma mère le cru immédiatement et elles enclenchèrent le signal d'alarme, essayant d'enlever ce qui semblé être notre fin à tous. J'ai tué tellement de sorcières et sorciers appartenant à ma famille. Pourtant, je pourrais vous citer chacune de ces morts. Chacun de ces cris. De ces douleurs. La maison se vida lentement, mais sûrement. Certains fuyaient, d'autres, mourraient. La dernière à être resté fut ma mère. Cloué à sa chaise. J'entends encore le grincement incessant, le frottement de sa main contre son ventre au point de le blesser. J'entends et je vomis toute la haine que j'éprouve en vers cette femme, cette odeur, cette sorcière, cette ombre. Je me souviens encore de ce moment. Nous étions en 2002, j'avais dix-neuf ans. Elle se basculait et je m'approchais lentement de cette silhouette amaigris par la folie.

« Maman. »

« Chuut... Ils sont là... Les jumeaux sont là.... » Elle posait les yeux sur moi. Ses yeux jaunes. Hideux. « Pourquoi t'es pas mort hein ? Pourquoi ? Mais tu es gentiiil. Tu es resté proche de ta maman. Bon garçon. Tu vas crever. J'vais te manger les yeux. Aaah. Oui. Comme ton chat. Comme ton chat. Chat. Chat. Comme ta nécromancienne. Ça sent le cramé tu ne trouves pas. Chat. Chat. Ton frère, c'est lui qui aurait dû grandir. Mais il est là. Tu l'vois pas. Il est accroché à ta tête. Il te bouffe le cerveau. Des chats. Chats. Blanc comme ton sang. Chat. Chat. »

Je n'attendis pas une seconde de plus, mes doigts entourèrent sa gorge, tandis que ses yeux sortaient eux aussi de leurs orbites. Adieu maman. Adieu.

Rien n'est plus beau que la France. J'avais donc hérité de toute la fortune Mayfair qui se trouvait être en liquide, dans l'enceinte de nos murs. Je l'a dilapidé rapidement dans le monde entier, achetant à tout va des reliques exceptionnelles. C'est ainsi que je me créais un réseau, cherchant à réunir autour de moi toutes les plus belles choses imaginables et possibles. Le monde et ses merveilles. Ma vie semblait bien être partie et, tout en pratiquant intensément, je fus pris de passion pour les nouveautés, la beauté en tout genre.

Je ne pus me débarrasser de l'odeur de la mort qui traînait sur mes mains et les fantômes du passé resurgirent une nuit. Au Japon, en 2007, je rencontrais Xiao me. Une femme charmante, magnifique, envoûtante, sentant bon l'orientalisme. J'avais tué et massacré un bon nombre de sorcières et sorciers durant mes voyages, mais là, je ne voulais que lui faire l'amour. Dans une étreinte exceptionnelle, je m'enfonçais dans son corps au rythme de nos deux cœurs en parfaite harmonie. Au moment de jouir, j'ouvris les yeux et mon cœur sembla s'arrêter. Devant moi, ou plutôt derrière Xiao, ma mère se tenait sur une chaise, se balançant éternellement. Caressant son ventre ensanglanté. Je pus entendre les cris de mon frère. De mes sœurs. De ma famille.
Ils ne me quittèrent jamais depuis cette nuit là et j'accumulais les morts et les spectres me suivant partout et nulle part à la fois.

Lors du coming-out mondial, alors que mes ressources commençaient à s'affaiblir, j'entreprenais de retourner chez moi. La maison n'avait pas bougé, les meubles, le sang, tout était semblable à ce que j'avais laissé. Je m'y installais confortablement, usant de mon dernier sou pour retaper l'intégralité de la demeure que je haïssais tant. La cave, endroit de désespoir qui fut miens, se transforma en mon atelier. Quelques pièces furent aménagé afin d'accueillir une boutique ésotérique, proposant toutes ces choses que j'avais importé. Des pièces se transformèrent en labos, en salles de tortures et d'autres en salles de rituels. Je m'attelais à ma reconstruction, cherchant à m'instruire plus encore.

Ma boutique prit bon train et le monde me parut si tranquille. Malgré les émeutes, la mort, la souffrance, j'étais si bien. Je m'initiais rapidement au Vaudou, ainsi qu'à l'occultisme, en passant par le démonisme. J'invoquais des démons, installa un temple Vaudou, relevant au passage un zombie serviteur. Oh bien-sûr, il me fallut un certain temps afin d'en trouver un correct. Je m'amusais, apprenant toujours plus, n'ayant peur de rien, ou presque. Cet arbre qui montait mon dos bien trop rapidement, ces sorcières, ces animaux vagabondant. Les spectres venant me voir à n'importe quel moment, n'importe où.

C'est à l'âge de vingt-sept ans, qu'il m'apparut évidant d'aller dans des bars. Je rencontrais du monde, appris à bien m'habiller, à vivre noblement. Mes clients, de plus en plus nombreux, provenant de toutes les races, de tous les mondes, de toutes les nations et de tous les sexes, m'attiraient dans le monde de la nuit. J'arrivais peu à peu à m'intégrer, me faire un nom. J'appréciais de plus en plus cette manipulation que j'exerçais sur les habitants du coin et de bien plus loin encore. Mon nom faisait peur. Mon visage et mon sourire, bien plus encore. Mayfair, Mayfair, Mayfair. Les femmes s'agglutinaient à mon cou et je me mis à jouer avec, éloges, baisers, amour. Puis, insultes, moqueries, souffrance. Jamais mon cœur n'a saigné pour une femme. Jamais. Pourtant, je possède quelques amies filles, mais rien ni personne n'arriverait à casser cette barrière que mon cœur a formé sous la haine de mes ancêtres.

Les stéréotypes sur ma famille se sont envolés, j'étais un homme et j'avais réussi. Plus tard ? Comment je vois mon avenir ? Vampire, sûrement. Pour le moment je profite de cette vie qui est mienne, précieuse. Cette vie entre la mort.