✤ Traits de caractères Esther a toujours été une collection de paradoxes. Passionnée et indifférente. Expansive et renfermée. Rieuse et cynique. Généreuse et égoïste. Travailleuse et fainéante. Enjouée et froide. Ceux qui ne la connaissent pas peuvent être déroutés par cette mosaïque de traits tous à l’opposé les uns des autres. Pourtant, elle n’est ni bipolaire, ni schizophrène. En vérité, Esther ne sait pas qui elle est. Elle se cherche, elle tâtonne. Au gré de son humeur, son caractère évolue. Aujourd’hui, intrépide. Demain, maladroite. Mais s’il y a une chose qui ne changera jamais, c’est sa gentillesse. Sa plus grande peur est de blesser les autres. Elle surveille toujours ses paroles, choisissant soigneusement ses mots. Sa deuxième caractéristique est sa passion. Un sujet ne pourra que lui être totalement indifférent ou un objet de fascination. Et elle fera tout pour ses passions. Depuis toute petite, elle travaille par ci et là, commençant par du baby-sitting et continuant en tant que serveuse, pour se permettre de vivre ses passions. Plus jeune, c’était la danse. Mais depuis bien longtemps, c’est l’histoire. Toutes ses économies sont parties dans les livres, les excursions, et puis l’université.

✤ Occupation nocturne Ses journées, elle les partage entre sa famille, ses amis, l’université et les petits boulots. Depuis deux ans qu’elle est à l’université, elle n’a plus une minute pour elle-même. Elle prépare ses cours, assiste aux cours, fait des recherches supplémentaires, et depuis peu, est devenu l’assistante du professeur de civilisations précolombiennes. Cette charge de travail ne lui pèse pas, au contraire. Elle ne pourrait pas être plus heureuse que pratiquant sa passion. Ses soirées et temps libres, quand elle ne les passe pas à la bibliothèque, lui servent à mettre de l’argent de côté, en pratiquant divers petits boulots. L’argent lui sert essentiellement à financer la faculté, ce dont ses parents ne pouvaient pas se permettre. Enfin, cela fait huit ans qu’elle n’a plus rien fait de tout cela. Ses journées consistent à rester allonger dans un lit, inconsciente, alors que diverses personnes se relayaient à son chevet, infirmières, médecins, ses parents, deux vampires…

✤ Discipline Domination lvl 1 : ordre
Esther n’a pour le moment pas conscience de ce qu’elle est devenue, et ne sait rien du surnaturel. Elle vient de subir une transformation en vampire, elle n’est donc pas prête d’apprendre à contrôler son don. Mais, dès qu’elle découvrira son potentiel, il y a néanmoins peu de chances qu’elle choisisse de le développer. Son don est la domination, c’est-à-dire soumettre un esprit, lui prendre son libre arbitre, ne serait-ce que pour quelques secondes. Or, il n’y a rien qu’Esther estime plus que la liberté individuelle, le respect de l’autre, les opinions personnelles. Forcer quelqu’un à exécuter ses volontés, ce serait comme un viol, un abus de pouvoir. Et si par malheur, elle se retrouvait dans une situation où elle n’avait pas d’autres choix que d’utiliser son don, elle ne s’en servirait qu’en dernier recours et s’en voudrait sûrement pendant des semaines et passerait son temps à ressasser ce moment.

✤ Convictions Les monstres, on en voit à beaucoup à Halloween, éventuellement quelques-uns à Mardi Gras et énormément dans l’histoire, les légendes et la mythologie. Depuis toujours, les hommes ont cherché à expliquer ce qu’ils ne pouvaient pas comprendre. Les Grecs croyaient que les saisons étaient dû à l’humeur de Demeter, joyeuse quand sa fille était près d’elle, triste quand Perséphone était aux Enfers. C’était également un moyen de contrôler la population, comme lorsque, au Moyen-Age, on accusait les femmes trop indépendantes d’être des sorcières. L’époque médiévale débordait d’ailleurs de superstitions en tous genres. Par exemple, on dormait assis, de peur que le Diable confonde un corps couché avec celui d’un mort et l’emporte avec lui. Tout cela était fascinant à étudier. Esther adorait passer des heures à comprendre pourquoi telles ou telles légendes avaient été créée. Car il y a toujours une explication rationnelle. Les monstres n’existent pas. N’est-ce pas ?

✤ Signes particuliers Esther a beau avoir physiquement 27 ans, elle est endormie depuis qu’elle en a 19. Durant son long sommeil de huit longues années, son corps était au ralenti, ne vieillissant que lentement. C’est pour cela qu’elle garde un visage jeune, presque enfantin, non marqué par la vie.

Elle flottait. Elle flottait au centre d’un nuage blanc. Qui était-elle ? D’où venait-elle ? Y avait-t-il de la musique ou était-ce ses propres pensées qui résonnaient à ses oreilles ? Etait-elle seule ? Ces voix qu’elle entendait, elles n’étaient pas familières. Elles dérangeaient cette quiétude qui s’était emparé d’elle.

« Esther Carleman, 19 ans, accident de voiture. On l’emmène au bloc 2. Préparez les palettes. »

Un choc évapora son nuage. Qui osait l’attaquer ici ? Ce lieu n’était fait que pour la paix, l’harmonie, le calme. Un deuxième choc ébranla son monde. Et tout bascula dans le chaos.
Plus de quiétude, plus d’apaisement, mais de la douleur. Elle avait mal. Esther avait mal. Ester… ? Etait-ce son nom ? Oui, bien sûr que ça l’était. Malgré la confusion, malgré le brouillard qui l’entourait toujours, elle se rappelait peu à peu. La douleur se dissipait peu à peu, et avec elle la clairvoyance d’Esther. Le nuage revenait, pour l’envelopper de sa chaleur rassurante.

« Ses parents sont là depuis une semaine. Il faut le faire comprendre qu’il y a peu de chance qu’elle se réveille. Renvoyez-les chez eux, qu’ils se reposent un peu. »

Elle n’avait pas conscience du temps qui passait. Depuis combien de temps était-elle ici ? Des mois, des années ? Quelle importance ? Elle était bien ici. Rien ne la troublait. Elle oubliait bien vite ses rares moments de lucidité.

« Esther ? C’est maman, je viens pour ma visite hebdomadaire. J’aimerai venir plus souvent tu sais, mais avec mon travail… Ton père va bien, il est en voyage chez ta grand-mère. Regarde, je t’ai apporté des fleurs, ne sont-elles pas magnifiques ? »

Elle en avait marre d’entendre cette voix agaçante qui jacassait sans s’arrêter. Elle préférait planer dans son petit nuage. Elle n’entendait pas toujours la voix, parfois elle ne faisait que sentir une présence, sans être suffisamment lucide pour percevoir les paroles.

« Madame, Monsieur, vous n’êtes pas sans savoir que cela fait maintenant près de 6 ans que votre fille est dans le coma. Son état reste inchangé. Il vous faut considérer de… la laisser partir. »

« Shhh. Ne dites pas ça ici, elle pourrait vous entendre ! »

« Madame… »

La cacophonie s’éloigna peu à peu. Esther ne réagit pas. Elle ne réagissait jamais. Les mots qu’elle entendait, elle les oubliait l’instant d’après. C’était plus facile de lâcher prise, de se contenter d’apprécier la quiétude qui l’entourait. Elle ne se sentait pas seule. Le nuage lui tenait compagnie.

« Approche, t’inquiète pas ! C’est un bon plan, du sang facile j’te dis. Vas-y, je monte la garde. »

Elle ne sentit même pas sa peau se percer sous les crocs du vampire. Elle ne sentait rien. Ce petit manège se répéta toutes les semaines, aussi régulièrement que les visites de la femme qui jacasse. Et, comme pour toutes les autres interventions extérieures, Esther les oublia à mesure qu’elles se passaient.

« Vite vite, passe par la fenêtre, j’entends arriver quelqu’un !

« Attends, je lui donne un peu de mon sang, j’ai bien failli la drainer. »

Alors qu’elle sentit deux présences s’éloigner, d’autres approchèrent près de son lit.

« C’est le moment de dire au revoir. »

Des pleurs la sortirent de sa torpeur. Elle entendait souvent pleurer, tout près d’elle. Mais ces sanglots étaient violents, déchirant. Si elle avait pu choisir de les ignorer, elle l’aurait fait. Hélas, c’était un de ces moments pénibles où elle avait conscience de ceux qui étaient dans la pièce.

« Au revoir ma puce. On te laisse partir. C’est… c’est mieux comme ça. Tu seras mieux… là-bas. Où que ce soit. »

Elle entendit des bips, des machines qu’on manipulait, et puis… plus rien. Le noir complet.

Trois nuits plus tard, une douleur lui déchirant la poitrine la réveilla. Pour la première fois depuis huit ans, elle ouvrit les yeux.