✤ Traits de caractères Federica était une enfant charmante. Une enfant de romans pour jeunes filles rangées. Un modèle de poupée blonde dont doivent s'inspirer tous les autres bambins de la région. Hormis qu'elle était brune, certes. Et appelée à devenir bien autre chose. L'enfant pieuse et organisée a vite laissé la place à une jeune femme cassée par la vie, révoltée, exaspérée, à bouts. L'enfant douce et polie s'est métamorphosée en une fille capable de planter un couteau dans le coeur de celui qui lui fait du mal. Mais en réalité, l'enfant n'est jamais très loin non plus. Il n'y a eu ni effacement, ni métamorphose. Du haut de ses deux cents ans, Federica est toujours aussi pieuse, toujours aussi organisée. Une piété qui se heurte certes à son goût pour le sang, à sa nature vampirique, à son plaisir du carnage. Une organisation qui sert ses révoltes, ses fuites, ses prises d'indépendance. Mais Federica n'a pas tant changé. Italienne jusqu'au bout des ongles, dans tout ce que votre imagination peut se représenter comme clichés : susceptible, radicale, impulsive, franche, belle. Autonome aussi, par-dessus tout peut-être, ayant à coeur de conserver son indépendance. Ceux qui ont tenté de l'enfermer s'y sont brûlés les ailes. Une nature chaude et bouillonnante, qui lui attire bien des ennuis. Elle ne sait pas toujours prendre le temps : le temps de la prévision, le temps de l'observation, le temps de la réflexion. L'action prédomine, l'action lui dicte sa vie. Actions et réactions. Un bon instinct toutefois lui permet de ne pas trop souffrir de son impatience ou de son impulsivité. Et sa sauvagerie l'a tirée de bien des situations contraignantes, elle ne tente donc pas de s'en défaire. Federica de toutes façons, ne réfléchit pas beaucoup sur elle-même. Vous croyez que deux cent années laissent nécessairement le temps à l'introspection ? Vous vous trompez. Federica est incapable pour l'instant de se regarder dans un miroir trop longtemps. Elle ne se pose que rarement la question de savoir qui elle est. Elle est indépendante, mais rarement solitaire : jamais dans l'introspection, car toujours entourée. Née dans une famille nombreuse, elle en gardé certains réflexes : l'effroi de la solitude, le besoin de foule, de contrôle. Elle est habituée aux gens, recherche leurs compagnies, tentent de les percer à jour assez vite, pour son bien-être personnel. Elle se trompe parfois, souvent, mais étant toujours sur la défensive, vous ne la prendrez jamais à se faire avoir par naïveté. Cela ne lui est arrivé qu'une fois, il en a payé le prix. Amère parfois, bien plus sujette à la rancoeur et à l'agacement qu'à la confiance ou à l'apaisement, elle change pourtant facilement de sentiments, pas rancunière pour un sou, intéressée aux évolutions des individus. En contrepartie, elle n'aime pas qu'on attende d'elle obéissance pérenne, et encore moins aveugle. Toute forme d'autorité d'ailleurs lui pose rapidement souci. Hormis celle des jumeaux Corleone. Car il n'y est pas question d'aveuglement. Federica marche vers la fierté, l'indépendance, le pouvoir. Seulement elle n'y est pas encore. Pas tout à fait.

✤ Occupation nocturne Les nuits de Federica sont longues. Et bien que cela ne la tranquillise pas du tout (elle s'est d'ailleurs fait piégée plusieurs fois la nuit), son corps semble en avoir besoin. Et donc, ce sont ces journées qu'elle remplit sur un rythme ministériel : il s'agit d'abord de gagner sa vie, et d'en faire un jeu si possible. Depuis son arrivée sur le continent américain, ses talents de créatrice de faux (faux papiers notamment, faux actes de ceci ou cela, attestant de telle ou telle vérité) se sont vite répandus. Elle est efficace, habile, discrète, et adapte ses prix à sa clientèle. Paraît-il. Le fait est qu'elle semble en vivre assez bien depuis plusieurs semaines. Vampires se refusant à payer des impôts et voulant falsifier ceci ou cela, CESS voulant une preuve de leurs origines, de leurs capacités à vivre parmi les humains, que sais-je. Chacun semble y trouver son compte. Truande à petite échelle, donc, s'adaptant à la demande, comme elle l'a toujours fait. Sur le territoire européen, elle adaptait ses services à la clientèle d'alors. Elle a longtemps participé à des transports illégaux de personnes de certains pays africains jusqu'au continent européen. Et inversement, outil de l'ombre de gouvernements peu scrupuleux et très corrompus, voulant se débarrasser des immigrés arrivant. L'archétype donc de celle qui tire son épingle du jeu, sans cas de conscience outre mesure. Lors de ses premières années en tant que vampire, elle servait d'espionne aux armées d'italiens en guerre les uns contre les autres. Souvent la même espionne pour les deux camps, d'ailleurs, à moins que l'un ne payât mieux que l'autre. Vous avez compris l'idée. Ces travaux changeant ont l'avantage de lui procurer un réel plaisir, et son métier occupe donc la très grande majorité de son temps : créer des faux, contacter des clients, faire sa propre promotion, espionner l'histoire d'un client intriguant... Sans valeurs, je vous dis. Ce qu'il en reste de ses journées, elle l'occupe à donner un coup de main aux jumeaux Corleone s'ils ont besoin de quoi que ce soit, ou à évoluer dans les environs, assez heureuse finalement d'avoir retrouvé les deux seuls êtres au monde qu'elle considère comme sa famille.

✤ Manies, habitudes & goûts
- rien ne lui plaît plus que de rencontrer de nouveaux individus intéressants, intrigants, curieux, susceptibles de servir ses plans à court terme.
- discuter de sciences. Autant elle n'a jamais trop été branchée littérature ou arts, autant les sciences l'ont toujours fascinée.
- jouer, parier. Federica est une joueuse et comme toutes les véritables joueuses, elle ne peut se contrôler. Qu'elle mette les pieds dans un casino ou qu'elle organise un poker chez quelqu'un, sa furie sera la même.
- créer des faux billets. Si les faux papiers sont une routine agréable, les faux billets sont un challenge appréciable. Elle n'en produit que peu, pas désireuse du tout de se faire coffrer, mais chaque nouvelle fournée est le fruit d'un véritable enthousiasme.
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- en construction.

✤ Discipline Contrairement aux Corleone l'entourant, ce n'est ni la magie ni la mort qui passionnent Federica, mais la vie. Ou plus exactement, le sang. Celui qui a scellé son destin, celui qui coule dans ses veines si particulières. Le sang, et la nature profonde des êtres. Ce qu'ils sont. Ce qu'elle est devenue, lorsque Lucian s'est saisie d'elle et l'a transformée. Ce que Dieu a fait d'elle. Ou le Diable. Ce qu'elle est aujourd'hui. Federica s'est tournée très tôt vers le Cauchemar, cherchant à en savoir toujours plus sur la part la plus noire de son âme et de sa nouvelle existence. Depuis la Frénésie qui l'a prise le jour de sa renaissance, sa propre nature l'effraie et la fascine. Le Cauchemar l'aide à mieux l'appréhender. Et aujourd'hui, elle commence à être capable d'utiliser ce qu'il y a plus sombre et de plus terrible en elle pour effrayer autrui. Elle maîtrise ainsi parfaitement le don du visage monstrueux. Sans une hésitation, elle peut afficher à la vue de tous son propre visage : une vision digne de l'enfer qui pétrifie d'effroi le premier venu qui n'y serait pas préparé. Le niveau deux de son pouvoir, la terreur, ne lui pose pas trop de soucis, mais lui demande une concentration stable dont elle n'est pas toujours capable, et de faire confiance à la Bête en elle, ce qu'elle se refuse parfois à faire, consciemment ou inconsciemment. Elle est donc généralement capable de faire naître un effroi hors du commun chez un individu désigné, et de le faire durer aussi longtemps que bon lui semble. Elle lutte en revanche encore beaucoup à maîtriser le regard du demon. Elle devrait accepter, dans sa conception archaïque des choses, d'être un enfant du Démon. Ce n'est pas ce qu'elle est. Elle ne peut s'y résoudre. Elle a vu une fois un véritable enfant de démon, une hérésie. Elle n'a rien à faire avec eux. Être capable de faire ressortir chez un mortel ses pulsions les plus primaires ne lui arrive donc qu'occasionnellement.

Et Federica est l'infante de Lucian. Lucian Corleone, marqué comme toute sa famille par une malédiction violente les associant aux esprits et rendant leur âme visible à ces êtres de l'invisible. Federica ne peut donc se défaire de visions qui surgissent dans son esprit déjà suffisamment perturbé : sans pouvoir communiquer avec eux, elle voit et entend les esprits qui décident de l'habiter quelques instants. Et à l'image de son Sire, elle est sujette à des crises de folie que peu de gens peuvent contrôler. Elle-même n'a pas conscience des crises qui surgissent avant que celles-ci ne soient finies et ne peut donc que rarement s'en extraire par volonté. Elle se retrouve bien plus souvent à soliloquer, si ce n'est à hurler. Elle vit entourée de fantômes, les esprits mauvais rivalisant d'ardeurs pour la déranger du mieux possible. Et lorsque ce sont les esprits de ces victimes qui viennent la saluer, Federica en effet s'en trouve assez perplexe. Elle n'aime pas cette folie qui la dévore, et ressent pourtant comme un étrange plaisir lorsque les crises passent. L'abandon à une puissance extérieure est extrêmement néfaste, mais il la libère d'elle-même quelques instants, et à bien des égards, elle accepte cette étonnante folie qui l'habite.

✤ Convictions Révélation inutile, déplorable, néfaste, insupportable. Voilà peu ou prou ce qu'en pense la délicieuse Federica. Elle a entendu parler de la Révélation alors qu'elle était en Allemagne, et avait déjà plusieurs problèmes sur les bras (notamment celui d'avoir tué un marqué. Détail). Elle a cru un instant que la Révélation les occuperait tous suffisamment pour qu'elle puisse tirer son épingle du jeu mais c'est tout le contraire qui se produisit : les vampires semblaient prêter une attention encore plus scrupuleuse aux lois, aux respects de lois, et au châtiment à l'encontre de ce qui s'avisaient de les enfreindre. Exilée volontaire en Amérique, Federica y a trouvé une vite tout autre à celle à laquelle elle s'attendait. Elle qui envisageait les États-Unis (et les retrouvailles avec les Corleone) comme d'innombrables possibilités de jeux, voilà que les contraintes lui tombent dessus par milliers. Ne boire que dans des bouteilles, dont on ne sait pas d'ailleurs si elles ne sont pas empoisonnés. Ou des animaux. C'est du pareil au même. Ne pas sortir des rails. Ne pas commettre d'écarts. Ne pas laisser les formes de folie se manifester. Fuir des humains complètement dingues qui semblent vouloir les exterminer jusqu'au dernier. Se montrer cordial et avenant envers toutes les autres CESS, même celles pour lesquelles elle n'a que très peu d'estime. C'est à dire toutes, d'ailleurs. Non, Federica ne pense que peu de bien de la Révélation. Et le peu de bien est uniquement économique : avec toutes ces nouvelles contraintes et subtilités, les marchés de l'ombre sont florissants. Les trafics illégaux fleurissent, chacun s'effrayant d'être contrôlé s'il n'agit pas à l'ombre des voies légales et normales. Il ne lui a jamais été aussi aisé de trouver un travail lucratif, et pour cela elle serait presque reconnaissante au nouvel ordre des choses. Mais ce n'est pas assez pour lui faire passer l'amertume de ce qu'elle considère comme une liberté perdue.

✤ Signes particuliers Vous avez un tatouage ? Une cicatrice ? Peut-être qu’il n’y a pas que votre don qui vous rend différent, dites-nous donc ce que c’est. Facultatif.

Elle avait vingt ans, et ne parvenait pas à remettre la main sur ses souvenirs d'enfance. Ils s'étaient enfuis, sans bruits. Sans tambours ni trompettes, ils avaient pris la poudre d'escampette. Et aujourd'hui, assise seule sur un canapé décrépi, elle s'efforçait de leur remettre la main dessus. De dessiner dans son esprit usé le visage de sa mère ou celui de son père. Le sourire de ses soeurs, les épaules de ses frères. Elle s'accrochait au minuscule crucifix qui pendait à son collier, manquant de s'étrangler. Elle l'empoignait de toutes ses forces, espérant peut-être qu'il l'aide à faire surgir ce qu'il lui manquait. Elle fermait les yeux si forts que des rides se dessinaient sur ses paupières de jeune fille et son front se barrait de marques soucieuses. Et ses traits crispés faisaient venir des larmes dont elle n'avait pas conscience. Et qui ne l'aidaient pas d'un iota. Elle avait vingt ans, et ne parvenait pas à remettre la main sur ses souvenirs d'enfance. Ils s'en étaient allés avec les autres larmes, celles qui ponctuaient ses journées depuis plusieurs années déjà, depuis un temps indéfini. Elle avait l'impression de n'avoir jamais vécu ailleurs que sur ce canapé décrépi, dans cette baraque misérable et insalubre où son prince charmant la livrait à d'autres hommes. Ils étaient probablement les princes charmants d'autres femmes. Et jamais le monde n'avait pourtant été aussi dépourvu de charmes. Le prêtre tentait de ré-enchanter le monde et elle allait à la messe presque deux fois par jour depuis plusieurs mois, espérant peut-être se transformer en ange avant qu'il ne soit trop tard. Avant que sa coquille humaine explose, et que quelque chose de terrible se produise. En se noyant dans la religion, elle tentait de mettre à distance la vie terrible qui l'étouffait. Mais la vie reprenait toujours le dessus, et ne la laissait jamais véritablement en repos. Et parce que ses souvenirs d'enfance s'en étaient allés pour de bon, parce qu'elle avait perdu la candeur et la naïveté de ses premières années, parce qu'elle avait oublié que des gens l'avaient aimée, qu'elle avait compté pour certains, alors elle n'était plus rien. Rien qu'une carapace vide, ne tenant à la vie que par un fil. Elle aurait pu se laisser mourir. Une rage sourde l'habitait pourtant, et transforma son destin.