La mâchoire serrée, il donnerait tant pour n'être qu'une ombre imperceptible, invisible aux yeux de la communauté vampirique — statut enviable dont il a pu longtemps s'envelopper. Mais comment être discret lorsque l'on marche dans le sillage des Landgraf ? S'il s'est joint à Jürgen, Oswald et Barbra c'est uniquement par loyauté envers son Sire d'adoption. Des deux autres il n'a cure — il se méfie d'Oswald comme de la peste, et la haine ancestrale vouée à l'Infante n'est point un secret, quand bien même fait-il des efforts pour n'en laisser rien paraître. Les mauvaises langues le jugeraient hypocrite ; en réalité, il est redevable. Alors en présence de Jürgen et d'Oswald, il enchaîne les mots blessants et les piques agressives au fond de sa gorge. En leur absence, en revanche, il ne s'en prive pas (« Tu as cru que c'était un gala de charité pour t'habiller comme ça ? » Lui a-t-il narquoisement glissé à l'oreille avant leur départ, à l'appartement). Nul doute qu'il se passerait volontiers de la présence de l'Irlandaise.

La mine renfrognée, il fait profil bas. Son regard traîne discrètement sur les visages des convives ; il en connaît certains de réputation. Tous ne sont pas encore arrivés. Ses yeux butent contre l'absence de la silhouette de Salâh ad-Dîn. Il est tiraillé entre le manque de sa présence, et la crainte de la confrontation avec les Landgraf. Pour l'heure, Cinead et son égocentrique empire déchu sont bien loin de ses préoccupations.

Les muscles tendus, il suit pourtant sans rechigner le mouvement impulsé par Jürgen. Son regard évite soigneusement celui d'Oswald, percute de temps à autre avec mauvaise humeur celui de Barbra. Les lippes obstinément closes, il ne cache pas sa réticence mais fait néanmoins acte de présence, debout aux côtés de Jürgen, la mâchoire crispée à l'approche du Maître de la ville.

Spoiler:

Victoire. La partie est terminée, l'Irlandais s'est écroulé. Une bien belle conclusion. Beaucoup l'attendaient vaincu. Surtout la Belle Morte. Elle le voulait, au moins ça, mais pas que ça. Elle le voulait mort, chose que je lui aurais donné avec plaisir, mais il en a été décidé autrement. Ainsi soit-il. De toute façon, le problème est réglé. Il ne peut pas mieux l'être, encore moins en considérant la haute sécurité de la prison dans laquelle il a été expédié. Mais si Belle Morte veut obtenir davantage pour se venger, elle saura l'obtenir.

Mais aujourd'hui, je devais faire acte de présence à cette réunion, afin d'y entendre le Maître de la Ville, cet asticot permissif qui a tant attendu pour agir. Dans un tel poste, la parenté n'a pas lieu de faire obstacle à l'autorité. Mais il n'en reste pas moins le chef ici-bas, et sa politique sera la mienne. La "famille" Landgraf est au grand complet pour cet événement, tous impliqués, d'une manière ou d'une autre, dans cette organisation à laquelle nous devons beaucoup. Tous, sauf lui, le dernier arrivé. Il fait désormais partie intégrante de notre lignée, même si son regard semble ne trouver que Jürgen parmi nous autres. Je n'en ai cure, et ne le considère pas moins des nôtres que ma propre lignée, mais je me méfie des intentions encore trop floues de l'oriental, que je saurais bien éclaircir un jour.

Tandis que nous entrons, nous quatre, dans l'enceinte de ce qui fut le quartier général de l'Irlandais, j'étudie du regard l'ensemble du décor, comme si la Baronnie existait encore, et hantait cet endroit. Ma main vient trouver mon téléphone portable, pour composer un SMS à l'attention de l'hérésie. Elle n'aurait jamais voulu me suivre au pas, mais j'ai obtenu qu'elle vienne, comme tout marqué se doit de faire. Les pas de Jürgen mènent un peu le groupe, vers Mikail, qui nous regarde déjà arriver. Souriant, comme le vainqueur d'une guerre, je le salue d'un hochement de tête, usage ancien que lui et moi connaissons très bien. Mais il le sait pertinemment, le respect que je lui accorde n'est que celui qu'un vampire doit au Maître : ni plus, ni moins. Mon regard vise juste après mon Infant, comme pour l'inviter à faire de même, et engager la conversation si bon lui semble. Pas moi, pas encore.

Résumé:

Ces murs, elle les connaissait, et pourtant ils n'étaient jamais devenus familiers. Elle avait arpenté ces salles, avait regardé ceux qui les hantaient, avait suivi en silence le vampire qui avait offert de la guider. Elle avait passé de nombreuses heures ici, à errer dans les couloirs, à éviter celle qui la tourmentait, à apprendre en observant. Ils avaient bien changé, ces lieux. Tout avait changé. Avec la disparition de Cinead, elle s’était retrouvée une fois de plus seule, sans repère. Abandonnée. Le sort s’acharnait sur elle.

Elle avait hésité à rejoindre la célébration, dont elle avait entendu parler par hasard. Mais elle ne pouvait pas rester cloîtrée dans son appartement plus longtemps. Les organisateurs de la soirée avaient beau être ceux qui avaient puni Cinead, ils faisaient partis de la société vampirique. Ils étaient la société vampirique. Et elle ne pouvait pas rester seule plus longtemps. Et puis, elle avait beau être reconnaissante pour l’aide que Cinead lui avait offert, son ancien mentor n’avait pas l’air d’être blanc comme neige.

Le choix n’avait pas été difficile entre une vie de solitude et l’opportunité d’appartenir enfin à un groupe. Elle était donc entrée discrètement, reconnaissant à peine la salle sous cette nouvelle lumière. Intimidée par le monde, elle rasait presque les murs. N’osant adresser la parole à personne, ne sachant par où donner de la tête au milieu de dizaines de personnes inconnues, elle tentait de trouver le buffet en jetant des coups d’œil au loin. Bousculée par la foule, elle s’efforçait d’avancer dans la masse.

résumé:

La main solennellement posée sur le bras de Jürgen, fière et droite, elle avait pénétré la salle sous les regards curieux souvent réservés aux Landgraf. Elle savait déjà ce qui se murmurait sur eux, et n’y accordait plus d’attention depuis quelques décennies déjà.  La soirée – et même les temps qui couraient – n’était plus à faire taire les mauvaises langues. Le sort de Cinead la préoccupait plutôt. Comme une histoire qui se répétait, après la mort de Tomas d’Ombremont, encore un grand qui chutait et qui prenait tout le monde de court. Le monde des vampires n’avait de cesse de se remodeler, l’Essaim n’avait de cesse de resserrer sa poigne sur les Eternels.
L’Infante arborait le même air affable, le même sourire impérial sur les lèvres, aimable mais sérieux. Du quatuor impressionnant, elle tentait de garder la figure de la plus avenante et la plus accessible, malgré la réputation effrayante des Voyageurs. Et même les remarques acerbes de Yago ne ruineraient  pas son sourire. Elle trouverait toujours matière à répondre avec maturité…  « Je fais de la charité à chaque fois que je suis autour de toi, Yago. » avait-elle susurré pour toute réponse avant de rejoindre son Sire.

De toute façon, elle ne s’en faisait pas trop pour l’Israélien, elle avait l’esprit accaparé par Jürgen qui réapparaissait aux yeux de tous sans la malédiction, mais aussi par Oswald, avec qui ses liens grandissaient davantage chaque jour. La famille Landgraf au grand complet, avec leur splendeur et leurs tares, leurs secrets et leurs vices. Elle rendait quelques regards, mais leurs pas les menaient au Maître de la ville. Il fallait bien évidemment présenter leurs respects, réaffirmer haut et fort à quel camp ils appartenaient bien, ce qui était un peu le manège prévu pour tout le monde à cette soirée.

Résumé:

Encore une fois, les choses se corsaient. Moi qui croyais entrevoir une cachette idéale à la vue de l'Essaim, cette dite cachette s'est évaporée bien trop vite. Et le meilleur, c'est que j'ai travaillé suffisamment pour cet Irlandais pour que l'on me nomme hors-la-loi. Tout cela par lâcheté. Mais que faire d'autre ? Ployer le genou face au Maître ? Admettre ma faiblesse sans essayer davantage de défendre ma liberté ? Car non, je n'étais pas venu à cette réunion pour m'agenouiller, mais pour venir une dernière fois dans ce qui fut ma dernière chance de survie. Et je gardais à l'esprit que si l'Essaim me voyait et m'attrapait, je n'aurais choisi la lâcheté qu'en dernier recours.

Alors je me tenais parmi cette foule si compacte, majoritairement des vampires, et de surcroît de l'Essaim. Certains étaient des connaissances, comme les Landgraf : sauf le shérif, que je n'avais jamais vu. Une chance pour moi. Je connaissais certains de noms, parce que leur notoriété les précédait ; et certains m'étaient familiers par au-delà de l'Essaim. Yago suivait les Landgraf, pour une raison que j'ignorais totalement, et mon regard tomba inéluctablement sur la porteuse de mon sang : Esther. Ce regard s'écarta en moins d'une seconde, comme soufflé par cet ouragan qui nous séparait encore.

Alors je marchai dans ce bâtiment que je connaissais par coeur, faisant le plus possible profil bas : Les Landgraf et le Maître de la Ville représentaient le danger le plus imminent de la soirée. Je m'en écartais alors comme un charognard à l'approche des lions, couard dans les ombres. Esther n'aurait pas voulu me voir, alors je l'évitais tout autant, mais mon regard la cherchait inéluctablement, comme il le faisait parfois, pour la surveiller. Bien sûr, elle n'en voulait pas, mais tout ce que je pouvais faire, il fallait bien que je le fasse.

Résumé:

Jurgen. Barbra. Oswald. La voix du maitre de la ville est remplie de respect et pour ceux qui ont de l'imagination elle traine un tantinet vers la fin, descendant en octaves irrités, lorsqu'elle évoque le nom du shérif. La mésentente faussement cordiale des deux figures de proue de l'Essaim n'est pas inconnue du Tzimisce. A défaut de s'entendre, les immortels sont néanmoins capables d'entretenir des rapports courtois et ne pas laisser leurs différences personnelles entacher la coordination -déjà trop bien bancale- des leurs.

Mikail. Le Cainite se fend d'un signe de tête respectueux. Il est mélange inattendu entre le respect des traditions et la quête du renouveau. Inutile de guider Barbra bien entendu. Quant au dernier arrivé....La main de Jürgen est rassurante sur l'épaule de Yago.

Est-ce là l'Infant trouvé au milieu de la folie des mortels? devine le Maitre de la Ville qui a un regard intéressé pour l'israélien.

La conversation s'aiguille ensuite dans une direction plus conventionnelle, et brève. Mikail doit revoir les derniers détails de son entrée.

J'espère que cette nuit sera le début de la cohésion que nous recherchons tous, et que vous l'apprécierez à sa juste valeur.

Le clan Landgraf se fond à son tour dans la masse quand le maitre prend congé. Il n'y a rien à dire de plus, tout le monde sait comment les choses fonctionnent. Avare de paroles Jürgen se laisse simplement aller à la joie d'être de nouveau maitre de ses émotions. Il respire le parfum de la liberté, aux côtés de sa douce, de son Infant et de son Sire.

De sa haute silhouette, il repère Esther qui tente de se cacher. D'un geste encourageant de la main, il l'invite à les rejoindre.

Résumé: les Landgraf discutent avec le Maitre de la Ville, qui découvre enfin Yago, puis ils s'éloignent quand Mikail s'en va. Jürgen repère ensuite Esther et l'invite à les rejoindre.

Toute cette lumière sur sa personne l'irrite au plus haut point. Nul doute qu'il témoigne un respect sans faille à Jürgen pour ne pas se défaire de sa main protectrice et se réfugier dans ses ombres rassurantes. Lorsqu'il se fend d'un salut traditionnel envers Mikail, il sait qu'il ne pourra plus jamais espérer se cacher. Désormais, l’œil du Maître de la ville l'a officiellement identifié comme le protégé des Landgraf. Et on ne se défait pas si facilement d'une telle étiquette.

Quelques paroles nécessaires, le strict minimum de la communication verbale et, les lèvres pincées, il est soulagé lorsque la silhouette du vieux vampire enfin s'éloigne. Il a la désagréable impression que tous les regards sont braqués sur eux — ça chuchote et ça tourne la tête pour les suivre des yeux ; ou alors est-ce juste son imagination ? — et, de plus en plus mal à l'aise, il retient de justesse un murmure de protestation lorsque Jürgen convie d'un signe de tête une toute jeune vampire. Il observe un instant son visage fragile, puis prie pour qu'elle ne s'intéresse pas à lui. Lentement, ses yeux balaient l'assemblée vampirique. Les Italiens. Certains anciens associés de l'Irlandais. Ikarias Tavian.

Cette fois ses prunelles s'accrochent, comme si elles venaient de dénicher un souffle de marginalité à travers cette atmosphère oppressante de mondanité. Pas assez ingrat pour déjà s'éloigner de Jürgen, il se contente de regards appuyés, tentant de capter l'attention de l'autre. Mais à son instar, Ikarias n'a pas l'air particulièrement à l'aise dans cette soirée. Pourtant, lorsque les iris se captent enfin, l'oriental, après un hochement de tête entendu, lui fait comprendre d'un regard qu'il souhaite converser avec lui.

Spoiler:

Tous en parlent. En bien, en mal. Les rumeurs circulent dans les bas-fonds de la ville avec une vivacité toute particulière. Tu les as écoutées, rassemblées, tu as tenté de les démêler. L’Irlandais, l’Essaim, tous ces acteurs se mélangeant dans une pièce grandiose que tu aimes admirer. Mais tu es désormais resté trop longtemps à ton poste d’observateur. Il est temps que tu rentres en scène, que tu deviennes acteur de ce ballet malsain.

Le seul qui t’accompagne est Jahad. Tous les autres que tu connais ici se sont mélangés parmi d’autres groupes, des personnalités qu’ils connaissent depuis plus longtemps, en qui ils ont confiance. Tu es encore étranger à cette ville, elle ne t’accepte pas encore. Si elle le fera un jour ? C’est le moindre de tes soucis. Tu pensais pouvoir partir aussitôt avoir récupéré ta progéniture, mais hélas, il en est autrement. Une bonne raison pour commencer à s’intéresser à ce qui se passe dans les rues que tu habites. Si tu dois prolonger ton séjour, autant le rendre fructueux. D’ailleurs, si ton sourire aimable n’en trahit presque rien, tu es colère de ne pas avoir à tes côtés celui que tu es venu chercher en ces terres étrangères.  Mais tu ne te fais pas remarquer. Tu restes encore prudent, incertain de ton statut : tu comptes sur le fait d’avoir toujours été une ombre, d’être resté un visage inconnu. Pas pour tous, cependant. Si tu es anxieux à l’idée de te confronter au clan Landgraf ? Curieux serait un mot plus juste. A peine as-tu pénétré l’établissement que tu les repères, suivant les regards se percutant contre leur présence magistrale. Tu n’entends pas les mots de Jahad qui tente vainement de détendre la tension visible qui vient de s’installer en ton être. Il finit par abandonner, se concentrant sur les invités. Tu finis par détourner le regard de ton Infant, remarquant que l’homme étant arrivé à tes côtés a disparu. Le chic qu’il a pour tenter de séduire toute présence féminine qui se présente à lui ne t’étonne plus. Tu restes là, observes et analyses l’ensemble des invités déjà nombreux. Il faut attendre le moment propice quand on souhaite sortir de l’ombre.

Spoiler:

Trop de monde, trop d’inconnus. Des groupes se formaient et se déliaient au gré des conversations, comme une danse maintes fois répétée. Tous avaient l’air de se connaître, ou peut-être feignaient-ils des relations cordiales. Tous voulaient rappeler au monde qui ils étaient, se faire une place parmi les autres, pour avoir de l’importance, ou simplement pour exister. Avec un pincement au cœur, elle se rendit compte qu’elle avait les mêmes objectifs. Elle était juste incapable de les mettre en œuvre.

Dans sa valse autour de la foule, elle percevait des brides de conversations, elle observait le mouvement incessant autour de celui qu’elle pensait être le Maître de la ville. Un homme se détacha de la masse et s’approcha, ouvrant la bouche comme pour lancer une salutation. Esther disparut derrière un groupe qui se dirigeait vers la sortie. A quoi ça sert d’être venue si tu ne parles à personne ? Elle avait beau se maudire intérieurement, elle ne pouvait se résoudre à aborder quelqu’un.

Un geste attira son attention. Jürgen Landgraf. Enfin quelqu’un qu’elle connaissait. Elle se faufila dans la foule, perdant définitivement celui qui voulait lui parler, pour s’approcher du géant allemand. Il n’était pas seul, une femme et deux hommes l’accompagnaient. Ils formaient un groupe presque homogène, mais un étrange élément brisait leur harmonie, de son apparence autant que son attitude. Elle salua respectueusement Jürgen et se fendit d’un sourire poli. « Enchantée. » lança-t-elle aux acolytes du professeur. « Belle soirée, même si je n’ai pas compris à quoi servait cette célébration. » Avouer son ignorance était peut-être une mauvaise idée, elle ignorait la réaction que provoqueraient ses paroles. Mais l’espoir d’obtenir une réponse à sa question implicite et assouvir sa curiosité était suffisant pour prendre le risque.

résumé:

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D'un geste habile, le vampire fait un signe au serveur qui s'éclipse pour revenir avec d'autres verres ne contenant plus le liquide insipide mais du véritable sang, leur sang, pas celui coulant dans leur veine, mais celui qu'ils font importer via leur réseau. Directement siphonné depuis un humain quelque part dans un entrepôt. “Tiens, ma chère, ce sera plus adapté à ton palais” lui fit-il en glissant un verre rempli de sang frais, évinçant l'autre verre. Conscient qu'un geste de salutation envers l'autre tribu présente serait des plus attendu, il accepta la proposition de sa soeur bien aimée dont il serrait tendrement la main qu'il porta à ses lèvres. “Tout pour te plaire ma douce, allons donc dire bonsoir à nos amis Tzimisces.” Ainsi toute la tribu italienne se mit en branle pour aller saluer les Landgraf.

Après ces quelques mots stériles, le Maître de la Ville s'esquive du groupe, certainement attendu. Tant mieux. La bienséance a beau être l'un des piliers les plus fiables de notre société vampirique, il n'en demeure pas moins qu'y mettre fin est plutôt soulageant. Et je sais très bien que Mikail se réjouit de ne pas devoir davantage forcer ses traits et son verbe. Nous sommes faits du même bois, lui et moi, et la comédie ne nous réussit pas, et nous déplaît avant toute chose. Mais peut-être est-ce justement cette ressemblance qui permet notre coexistence.

L'allemand, fort de ses émotions retrouvées, invite d'un geste une jeune femme à nous rejoindre. Cette attitude entre en total contraste avec celle qui était la sienne lors de notre dernière partie d'échecs, celle durant laquelle il n'était qu'un automate presque vide de raison, en tout cas de raisonnable. Dépourvu de sentiments, méconnaissable. Mais la transition l'était tout autant. Plus plaisante et rassurante, toutefois. La vampire s'approche de nous, m'étant parfaitement inconnue, mais je lui adresse cependant un hochement de tête comme c'est l'usage. Mais la vue d'une silhouette familière - trop peut-être - saisit mon entière attention.

"Je serais ravi de faire votre connaissance plus tard, mais le devoir m'appelle."

Parler de devoir est une exagération voulue, un message porté directement à Jürgen et Barbra. Ils savent pertinemment quel devoir j'entends par là. D'un pas sûr, je scinde la foule, essuyant des regards craintifs comme dédaigneux, pour arriver jusqu'à elle. Mon regard ne s'attarde pas à la sonder, mais se plonge immédiatement dans ses yeux, se voulant presque vides d'intérêt pour tout ce décor autour de nous. Mais elle le sait, elle devait venir, et ce n'était aucunement négociable.

"Honnêtement je ne pensais pas que tu allais venir. Je sais très bien que tu ne me méprises pas moins, mais sache une bonne chose ..."

Je réduis d'un pas la distance entre elle et moi. Un pas menaçant.

"Au moindre écart de conduite, tu regretteras plus encore d'être venu."

Résumé:

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Tandis que mon regard se posait sur l'ensemble de la foule, un peu méfiant, je retins soudain un geste à mon attention. Yago, cet amusant personnage, qui semblait ne pas être davantage à sa place en ces lieux. Moi, je n'y étais plus à ces heures. Ces murs ne m'étaient plus si hospitaliers désormais. Et même lorsque l'Essaim allait en sortir, la population qui prendrait la place, qui avait précédé l'Irlandais en fait, ne voulait pas de moi. Comme je ne voulais pas d'eux. Tout ce qui m'intéressait était l'intérêt que je pouvais tirer du "contrat" passé avec les anciens maîtres des lieux, pas l'éventualité d'une vie, d'une cohésion avec eux. Rien d'aussi ridicule.

Quant à Yago, je ne savais rien de son implication dans cette affaire, si elle était nulle ou si elle était un tant soit peu effective. Néanmoins, les personnes qui l'entouraient, l'une d'entre elles particulièrement, avait joué un rôle. Et se réputation faisait de lui l'homme à esquiver lorsque l'on se reproche ce que l'on pouvait me reprocher. Cet homme avait toutefois quitter le groupe, ce qui me rassura suffisamment pour m'approcher. J'entamai alors la marche, pour rejoindre ceux dont le nom m'était connu depuis presque un siècle, mais était de toute façon de plus en plus célèbre.

Mais dans mon approche, j'aperçus Esther, qui marchait vers les Landgraf elle aussi. J'avais réussi à apprendre qu'elle les fréquentait un peu, mais je n'en connaissais pas les détails ; me regardaient-ils, au moins ? Mon pas se faisait moins sûr : devais-je y aller ? Elle ne voulait pas me voir, je ne voulais pas entendre sa voix de fille ingrate. Mes pas m'amenèrent néanmoins toujours vers eux, et je saluai les Landgraf, ainsi que les Corleone, surtout pour ne pas risquer l'incident plutôt que pour attendre un retour. Ignorant l'Infante, je me dirigeai immédiatement vers Yago, pour lui adresser à voix presque basse :

"Que fais-tu donc au milieu de ses festivités ? Je n'aurais pas cru t'y trouver."

Résumé:

La conversation avec Mikaïl fut écourtée après que Yago fut brièvement présenté. Barbra se délectait de cette situation, où finalement l’Infant renégat faisait ses premiers pas dans les rangs. Ils poursuivirent après cela le ballet des salutations. Des sourires et signes de tête adressés ci et là, jusqu’à ce que Jürgen fasse signe à une jeune fille de les rejoindre. Barbra avait entendu parler de la jeune Esther, une nouvelle née sous la tutelle de Cinead. Mais l’Irlandais étant parti maintenant, il semblait bien que la jeune vampire se retrouvait sans appuis. « Barbra Landgraf. Je suis l’Infante de Jürgen. » Son sourire aimable toujours accroché aux lèvres, elle accueillit Esther qui posa d’entrée une question sur la pertinence de la soirée. « Rien de plus que le besoin de réaffirmer qui est le maître des lieux. » Une remarque glissée et accompagnée d’un clin d’œil, histoire de ne pas trop alourdir l’atmosphère déjà pesante.

Atmosphère d’autant plus pesante qu’un mouvement de masse approcha les Landgraf. La Mort. Le Clan entier s’approchait d’eux, mené par les jumeaux Corleone. L’Infante eut d’abord un regard méfiant, mais se résolut à penser que c’était un mal nécessaire. Ils arrivèrent à peine à leur hauteur que Pia la saluait d’emblée par une ses remarques typiques. Elle savait décidemment bien marquer ses retours. « C’est merveilleux au contraire. Tous les avantages, sans les inconvénients. » Elle ponctua sa remarque en levant son verre de True Blood et le porta ensuite à ses lèvres. « Alors ma chère, ce voyage en Europe ? »

Et ses yeux le rencontrèrent finalement. Sa prise sur l’avant-bras de Jürgen se raffermit. Il était entré dans la salle, et il imposait son aura chaotique. Après six décennies, les voilà de nouveau tous réunis, surtout pour le pire. Oh bien sûr, les derniers événements les avaient amené à collaborer, mais il n’empêchait que Salâh-ad-Din restait l’ennemi. Il est là. Quelques mots glissés à l’esprit de Jürgen. Il n’y a pas besoin d’explications, pas besoin de précisions quant à la personne désignée. C’est lui.

Résuméééé:

Saluts cordiaux, hochements de tête de circonstances, ronds de jambe et autres joyeusetés mondaines lui donnent le tournis. D'abord le Maître, cette inconnue, puis les Corleone… Pas un seul mot ne sort de sa bouche, et il doit avoir l'air bien impoli pour ne même pas daigner se présenter aux différents convives qui défilent sans interruption. Tout bien réfléchi, c'était peut-être bien un gala de charité.

Heureusement que l'hérésie lui offre un tant soit peu de répit. Pour en avoir approché une récemment, il a aussitôt perçu l'aura étrangère pourfendre l'atmosphère de la foule. Un sourire malsain a déformé son visage face à la désinvolture outrancière de la demoiselle, puis un regard étonné a suivi la silhouette d'Oswald Landgraf se diriger aussitôt vers elle. Froncement de sourcils. Il croit comprendre. N'en dira rien pour l'instant.

Il profite de la proximité d'Ikarias pour se soustraire au groupe de plus en plus dense, glissant un discret « Je reviens. » à l'oreille de Jürgen, parole toujours incertaine pour un être aussi instable que lui. Depuis quelques instants, son échine vibre de la présence tant convoitée. Mais il évite son regard absinthe. Si je viens à Toi, tout le monde va nous regarder.

Quelques pas pour s'éloigner du groupe d'origine, et révéler quelques bribes de vérité à son compère. « L'Immortalité est… chaotique, n'est-ce pas ? » Ils passent à côté de Salâh ad-Dîn, ses doigts effleurent le bord de sa veste. Dans leur langue natale, il lui murmure sans s'arrêter de marcher. « Attends-moi dehors, je t'y rejoins dans un instant. J'étouffe, ici. »

De nouveau pleinement absorbé par la présence d'Ikarias, il lui désigne Jürgen dont la tête surplombe les autres convives. « Nous devons toujours l'éternité et sa pérennité à quelqu'un. Il fut un temps où cet homme avait le droit de vie et de mort sur moi. Comme tu le vois, je suis toujours ici. Même pour des étrangers comme nous, l'Immortalité comporte quelques obligations. N'est-ce pas ? » Un regard bienveillant, puis il lui glisse entre les doigts une cigarette, en souvenir de leur première rencontre. « J'avais cru comprendre que tu t'étais rapproché de Cinead… Si l'envie te prend de me raconter, nous serons dehors. » Et il s'écarte, versatile comme à son habitude, disparaît dans la foule et gagne avec soulagement l'extérieur du bâtiment. Enfin.

Son regard se plonge alors dans l'Absolu. Ne sois pas fâché… Ses doigts s'enroulent autour du poignet de Salâh ad-Dîn, pressent sa peau, y laissent une trace éphémère. « Je ne pouvais pas commettre l'affront de venir ici avec toi. Pas à lui. Tu le sais. »

Spoiler:

Accompagnant sa soeur dans cette effusion de convivialité et de politesse, d'une fausseté absolue, car s'ils s'observent les deux clans ne s'unissent pas pour autant. L'allemand et l'italien se jaugent depuis qu'ils se sont retrouvés alliés indirectement via l'irlandais, mais celui-ci a disparu emportant avec lui toute entreprise de pacification. Bien sûr, il n'est nullement question de guerre ou de conflit. Plutôt de savoir ce qu'il adviendra de cette relation qui n'était cordiale que par obligation. L'italien doit admettre qu'il a un certain respect pour l'allemand, mais il craint que le jugement de ce dernier ne soit un poil trop droit dans ses bottes. Maintenant qu'il est Carmerlingue il n'a guère plus besoin d'être financé. L'italien n'a donc aucun poids dans l'affaire, ou peut-être que si. Tout reste encore à jouer.

« Jürgen. » fit-il solannellement en le saluant d'un petit mouvement de tête. « Barbra, vous êtes divine. » ajouta-t-il à l’adresse de l’infante, un compliment qui n’était d’aucune sorte une flaterie. « Monsieur Mustaphaï. » ton simplement poli pour l’arabe qu’il ne connait que de réputation, c’est à dire assez peu, figure fascinante cependant ces traits sinistres, cet air à peine affable. L’italien en le voyant s’éclipser se demande si le jeune vampire est bien à son aise au milieu des allemands.

Ton regard le suit avec cette insistance caractéristique de l’obsession. Tu ressens quelques coups d’œil se porter sur ton être, toi l’étranger que trop peu connaisse ici. Tu observes le ballet hypocrite des salutations conventionnelles. Cela ne t’étonne qu’à peine de voir ta propre progéniture fuir tout cela, tentant de s’échapper comme il le peut de cette mascarade étouffante. A la demande de ton infant, tu hésites durant un court instant avant de décider de lui accorder cela.

Tu ne dis rien, te contentes d’observer l’être te faisant face. Tu jettes un regard aux environs, détailles les passants, principalement des vampires se pressant pour rejoindre la petite sauterie de l’intérieur. Tu as écouté attentivement chaque mot de Yago. Tu les as tous analysés avec grande attention. Mais aucune réponse ne leur fait écho. Tes pupilles transpercent ton infant, le dévorent. Si tu es fâché ? Tu ressens une tempête noire gronder au fond de ta poitrine. Tu veux partir, arracher ton hériter à ces terres que tu as toujours évitées. Mais tu sais que la manœuvre serait inutile ; Yago reviendrait ici, toujours, tel un chien fidèle.

Un petit sourire déforme tes traits sombres. Il est malvenu au sein du tableau que tu peins, inconvenant. Dans votre langue natale, tu lui réponds. « Tu as peur de lui ? Ou est-ce sa délicieuse infante qui te surveille ? Ou… » Tu fais mine de réfléchir, revois la carrure et la présence imposantes du shérif. « C’est cet homme, tu sais… le shérif, si je ne m’abuse. Dans ta position, j’imagine qu’il m’impressionnerait tout autant. » Le ton est acerbe, reflète de toute l’amertume que tu ressens actuellement. Tu te sens coincé en ces terres de malheur, face à la gueule d’un loup qui te bave dessus. Tu hais perdre le contrôle de la situation et actuellement il te semble que tout te file entre les doigts.

Résumé:

Résumé:

Depuis notre première rencontre, rien n'a changé. Toujours aussi provocatrice, d'aussi bas qu'elle se trouve. Mais tant pis. Si je ne peux rien contre cela, je la laisserai taper contre le mur de mon indifférence. Elle y cassera juste ses phalanges. Ses gestes n'attirent pas mon attention, ses mots n'arrivent même pas à mes oreilles. Je la sais bavarde, ça lui passera. Mise à part pour ses divagations sur le buffet, qui me font sourire, elle n'obtient de moi aucune attention. Elle peut s'en faire grincer les dents, en faire ce qu'elle veut, je sais désormais que je dois être sélectif pour mieux me tenir. Après tout, capricieuse qu'elle est, elle sélectionne tout autant.

Mais sa proposition me laisse immobile un instant. Elle sait prodigieusement bien où frapper, cette garce. Pas étonnant si l'on s'en tient à ses antécédents. Je ne veux pas la présenter, peut-être par honte, mais aussi parce qu'ils ne veulent pas d'elle, pas plus que je ne voulais d'elle au départ de ce pacte. Jürgen en particulier, fort de son envie d'ordre, de rigueur comme règle primordiale, n'a pas apprécié l'arrivée imposée de cette succube au milieu du décor.

"J'ai du mal à imaginer que tu sois réjouie par cette perspective."

Bien sûr, elle ne l'est pas. C'était surtout rhétorique. Peut-être ne comprendra-t-elle pas l'ironie, ne lira que le premier degré ; après tout, avec elle, rien n'est prévisible. Autant sait-elle placer des coups malicieux, autant certains d'entre eux sont plutôt décevants. Drôle de créature, aux manœuvres aléatoires. Je jette un regard au groupe des Landgraf, amputé du "fils adoptif", hésitant. Il faut bien un peu d'audace, parfois. Même si cette diablesse est un électron libre, elle n'a pas tort, ce lien ne peut rester dans la confidence. Mais je ne suis pas obligé de l'en sortir ce soir.

"Navré, ma chère, mais les présentations ne se feront pas aujourd'hui."

Si elle veut débouler tel un éclair dans leur groupe, libre à elle, mais elle sera très mal accueillie. Et je me ferai un plaisir d'appliquer moi-même les conséquences disciplinaires.

"Cherchons plutôt un buffet. Enfin, tu n'es pas obligée de me suivre ... Tu peux même t'en aller dès maintenant, si tu veux."

Résumé: