AccueilAccueil  Tumblr DMTH  Dernières imagesDernières images  RechercherRechercher  S'enregistrerS'enregistrer  ConnexionConnexion  


 
Bienvenue sur DMTH Invité love01
PRENEZ LA ROUTE DE BÂTON ROUGE, SUIVEZ NOUS SUR LA V2 !
   
-40%
Le deal à ne pas rater :
Tefal Ingenio Emotion – Batterie de cuisine 10 pièces (induction, ...
59.99 € 99.99 €
Voir le deal

Partagez
 

 Pale Rider.

Voir le sujet précédent Voir le sujet suivant Aller en bas 
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
 
Anonymous
 
 
Invité
Invité


Pale Rider. Empty
MessageSujet: Pale Rider.   Pale Rider. Icon_minitime14/9/2015, 23:01

Prélude
DATE & LIEU DE NAISSANCE 3 novembre 1828, Jefferson City, Missouri. AGE Bien qu'il semble avoir la cinquantaine, William a en réalité 192 ans. ORIGINES Américaines. CAMP Essaim. Il jouit d'une relative liberté de mouvement. NOM DU SIRE Un étrange immortel répondant au nom de Sîn. DATE DE L'ETREINTE 9 mars 1880. STATUT Ancilla farouchement indépendant. DISCIPLINE Protéisme de niveau III. ETAT CIVIL Éternel célibataire. LIEU D'HABITATION Aucun. METIER Chasseur de primes. CLASSE SOCIALE Pauvre. UN MARQUE ? ☞Aucun, il les méprise. ETIQUETTE Peu connaissent son véritable nom. ''La Main Droite du Diable.'' ''Les Éperons de Dieu.'' ''Le plus dégueulasse de tous les salopards.'' Les sorciers micmacs l'avaient appelé ''Kwi'kwa'ju''... Les surnoms ne manquent pas. Certains sont élogieux, d'autres moqueurs. Un mythe, une légende au même titre que Smiling Jack. William Munny trace sa route à coup de poing dans la gorge et de balle au milieu du front.
L'Essaim : Les princes consentent à le tolérer, William tolère les princes, ça s'arrête là. Le vampire est pourtant un outil utile et confortable, capable de débusquer une cachette de diableristes avec l'habilité un chien truffier. Cependant, s'il s'est toujours scrupuleusement conformé à la Mascarade, William met un point d'honneur à ne respecter l'autorité de personne ; faire une fourchette dans les yeux d'une harpie insolente ne l'a jamais gêné.
La Blanche Confrérie : Ils n'aiment pas Munny et c'est réciproque. C'est encore une fois un problème d'autorité, mais pas seulement. Ces sorciers sont responsables de son état. De plus, William n'a jamais apprécié ceux qu'ils qualifient de ''donneurs de leçons.'' Quand, dans de rares cas, l'un d'eux dépassent les limites il prend un malin plaisir à lui tomber dessus.
Le Gouvernement : De son vivant, William Munny s'est toujours fichu de la loi, il ne compte pas changer maintenant.
La Meute : La relation entre les loups et William a toujours été particulière. Son récent surnom de ''tueur de louveteau'' n'a rien arrangé. William les a toujours vu comme des menteurs, camouflant les monstres qu'ils sont. Il ne croit pas en leur système de meute ou même leurs valeurs. Ils ne sont guère différents des vampires à ses yeux.
Le Pard et le camp gitan : La cote de William n'atteint pas des sommets. Le vampire s'est toujours plus ou moins moqué d'eux. Des peureux dans ses bons jours, des ''putes'' dans les pires. Il y a bien longtemps, avant qu'il ne se calme, le vampire aimait bien traquer un ou deux changeurs-de-peaux ; juste pour le sport.
Les associations Pro-CESS : Pour William ce sont des fous et des imbéciles. Ils feraient mieux de se tirer une balle, ça leur éviterait de perdre du temps.
Les cabots : Étrangement, ce sont les rares créatures de la nuit -et les rares loups- à jouir d'un certain respect auprès de William. Ils s'assument, ils vivent selon leurs désirs et honorent la Bête. Les affronter a toujours représenté un défi intéressant.
Les Renégats : Certains -jeunes- renégats prennent la légende pour argent comptant et idolâtre ce rebelle sans concession. Les plus âgés crachent ouvertement sur ce franc-tireur qui sert les puissants quand cela l'arrange. Quitte même à offrir la Mort Ultime à des piliers de la ''Cause''. Wiliam les conchie.
Les hors-la loi : Ses proies préférées (au sens propre du terme). Il les sent, il les guette puis il attend. Dès que l'un d'eux sort le museau des fourrés il le prend en chasse.
Tenebrae : Munny a rarement mis le nez dans leurs affaires. Il n'a jamais réussi à les différencier de la Blanche Confrérie ; juste d'autres sorciers complotant pour le pouvoir. Des mortels comme les autres.

It's a hell of a thing, ain't it, killin' a man. You take everything he's got... And everything he's ever gonna have... # Unforgiven.

William Munny
Feat Clint Eastwood



✤ Traits de caractères
William Munny est avant tout un être ravagé. Le fils cadet d'une respectable famille puritaine du Missouri. Un bandit sans une once d'état d'âme. Un homme sur le chemin du pardon. Un monstre. Un chasseur à l’âme damnée. William est aussi complexe que les époques qu'il a traversé.
C'est un solitaire ; pas de marqués, pas d'infant et aucun ami. À la fois un choix et un état de fait. Un choix parce qu'il répugne une partie de ce qu'il est en tant que vampire et un état de fait parce qu'il n'a jamais réellement cherché la compagnie d'une autre personne. Les années peuvent être d'une pesanteur de plomb pour un immortel, et William ne s'est rien épargné. Maladie et vieillesse ont emporté successivement ses deux enfants, et il tenait à être là pour les voir mis en terre.
Ce qui l'a aidé à survivre c'est la dureté. Une dureté qui, même s'il ne voudrait jamais l'admettre, le suit depuis son premier meurtre. Même lorsqu'il cherchait à se construire une vie d'honnête fermier la dureté était toujours là, rendant son cœur sec et son tempérament revêche. C'est la raison pour laquelle sa mentalité d'homme du Midwest a tant déteint sur le vampire qu'il est devenu. Certes, comme une majorité d'immortels de son age il s'est peu a peu éloigné des différences qui scindent d'ordinaire l'humanité telles que les origines ethniques ou même les sexes, pour ne plus voir qu'un seul et unique ''troupeau.'' Parfois pourtant, certains relents remontent à la surface, sous la forme de réflexions déplacées et même grossières.
William répugne à beaucoup de choses, l'hypocrisie en tête de liste. La politesse en étant la forme la plus civilisée. C'est aussi pourquoi il n'a jamais fait grand cas des diverses autorités qui jalonnent le Monde des Ténèbres. Il méprise les princes autant que les ulfrics. Personne n'est en règle, personne n'est innocent ; il n'y a que des monstres et ceux qui ne le sont pas encore complètement. Ce jugement brutal est tempéré par la reconnaissance de rares qualités chez certains individus. Le groupe ne vaut rien, pour estimer un homme il faut le mettre dos au mur et voir ce qu'il a dans le ventre. Cette volonté de pousser à bout les gens susceptibles de s'approcher de lui l'a définitivement contraint au repli. Ce qui ne l'empêchera pas de saluer les efforts déployés par un loup, un sorcier ou même un nécromancien, plus facilement que le ferait d'autres vampires. William est au fait des nombreux torts de son espèce, dont la soif de sang n'est qu'un défaut parmi tant d'autres. Lui aussi en ressent le besoin. Cependant, il a toujours refusé de se prêter aux complots en vogue dans les elyseums, il préfère se cantonner à ses propres farces et manigances qui n'impliquent que lui et non une lâche assemblée de marqués. En vérité, mis à part la nature qu'il estime foncièrement mauvaise chez toutes les créatures du Monde des Ténèbres, William n'a de griefs envers personne en particulier. Mais si l'un d'eux essaye de lui jouer un mauvais tour, tente de se l’aliéner ou pire, dépasse la ligne, alors dans ce cas le chasseur mettra toute son énergie à lui rendre l'existence la plus pénible qui soit.
Le Sortilège n'est pas responsable du sens de la justice très singulier de William, ce n'est qu'un catalyseur. L'idée de rendre la monnaie de sa pièce à ceux qui se considèrent supérieurs a toujours flatté son égo. Probablement parce qu’inconsciemment William se sent justement à supérieur à ces derniers. Ce n'est pas par plaisir qu'il le fait, même si la chasse est stimulante. Ce n'est pas non plus un supplice. Il le fait parce que quelqu'un doit le faire, c'est comme de sortir les poubelles. William se sait doué pour ça, plus que dans n'importe quel autre domaine.
Charger, épauler, viser, tirer. Tout recommencer. S'acoquiner avec une cabot, voir les autres vampires froncer le nez quand il l'embrasse en public. Se saouler à mort en se gorgeant du sang d'un poivrot qui abuse de son gamin. Tituber en ville. Perdre tout son argent. Tout recommencer...
✤ Occupation nocturne
Du temps de sa ''grandeur'' William Munny avait sa routine, toujours la même. D'abord il s’éveillait de sa cache -jamais deux fois la même- puis il se mettait en quête d'un bar malfamé ou même deux, afin de se nourrir sur les quelques moutons noirs du troupeau ; de préférence ceux qui présentaient un fort taux d'alcool dans le sang. Ensuite il attendait que la douleur le trouve. Ce qui prenait peu de temps, peu importait les années. Un éventreur en cavale ou un loup qui aurait dû se contenter d'un régime animalier... Sa chasse commençait à ce moment là. Lorsque l'adversaire était jugé faible, William s'autorisait à prendre son temps et à jouer au chat et à la souris. Une tactique qu'il n'employait pas lorsque l'affrontement pouvait comprendre un aîné ou un alpha de cinq pieds au garrot. Dans ces cas là, soit le chasseur attendait le bon moment pour viser le bassin et caser une balle en argent à un endroit délicat, soit il préférait une méthode beaucoup plus empirique mais qui avait néanmoins fait ses preuves : foncer dans le tas. William ne rechignait pas à attendre que sa proie se nourrisse pour la surprendre au plus mauvais moment. Si l'affaire réussissait il s'autorisait une ou deux chasses de plus avant de retourner dormir, en cas d’échec il ne lâchait pas sa première proie avant de l'avoir définitivement refroidie, dut-il traverser le pays et lutter pour ne se coucher que le plus tard possible.
Arrivé récemment à Shreveport, William compte d'abord remettre la main sur son équipement avant de reprendre les nuits de chasse. Il tente de rattraper au mieux les années qu'il a perdu en Torpeur, même si ce nouveau millénaire ne l’intéresse pas beaucoup. Il écume toujours autant les bars.
✤ Manies, habitudes & goûts
William Munny est un vampire. Il a comme le reste de son espèce ses goûts en matière de proie. La limitation est d'abord due au Sortilège dont il est frappé. William peut uniquement se nourrir d'un mortel dont l'âme est déjà damnée, de plus sa vieille passion humaine pour le whisky bas de gamme l'a poursuivit dans la mort. Il a donc une préférence pour les alcooliques.
Même si ça ne semble pas évident au premier abord, William aime certaines choses. D'abord il y a les armes, bien sûr. Il en connaît un nombre incalculable, allant du simple couteau papillon jusqu'à la M240, sans oublier toutes celles aussi désuètes que le colt Peacemaker ou le Tommy Gun. Il aime les regarder, il aime les toucher, il aime les démonter et les remonter mais, par dessus tout, il adore s'en servir. Dans le temps il avait un atelier qui lui permettait de fondre ses balles et de créer sa propre poudre. Malheureusement ses nombreuses caches ont été pillées depuis.
William sait parler l'espagnol ainsi que tout un tas d'idiomes amérindiens aujourd'hui tous aussi inutiles les uns que les autres.
Il fume des Marsh Wheeling depuis qu'il a quinze ans. Des cigares infects, roulés avec les pieds et qui produisent -c'est le cas de le dire- une fumée à réveiller les morts. Un paquet d'allumettes-tempête traîne toujours dans une des poches.
William est un inculte. L'histoire, les mathématiques, la politique... Ce qui est impossible à mettre dans une ligne de mire ne l’intéresse pas.
✤ Discipline
Comme tous ses congénères, Munny est doté d'une force herculéenne et d'une vitesse surnaturelle. Parmi tous ses sens décuplés il accorde une place extrêmement importante à son odorat, un outil qu'il a toujours su utiliser à son avantage. Il a également développé un don certain pour la télépathie, si ça fonctionne parfaitement sur des humains, l'effet est amoindri sur ses congénères ; William ne ressentant que des impressions.
Le don Obscur a apporté à William la maîtrise du Protéisme, lui permettant de manipuler sa forme physique et de la rapprocher de la Bête. Une discipline dans laquelle il est passé maître. Grâce aux Yeux de la Bête William voit parfaitement dans l'abîme le plus sombre ou par une nuit sans lune, un détail qui a son importance pour la chasse. Mais la grande utilité de ce don consiste surtout à faire reculer l'importun moyen. L'arme la plus redoutable de cette panoplie ce sont les Griffes du Fauve. Un petit froncement de sourcil et ses ongles deviennent aussi redoutables que des ergots de rapace, deux immenses battoirs capables de trancher la chair, l'os et même d'entamer le métal. William parvient également à modeler sa mâchoire et à transformer ses crocs en des sabres redoutables. Le hurlement qui sort de sa gueule a de quoi en faire réfléchir plus d'un. Enfin, William peut fusionner avec la terre. Une manière très pratique de se cacher d'un adversaire ou même de la lumière du soleil. William doit être en contact direct avec elle pour que le don fonctionne. Une fois qu'il s'immisce son corps transmute et se lie avec la matière. S'il en devient extrêmement difficile à détecter, une altération suffisamment violent de la zone peut le faire jaillir hors de son trou. Même s'il s'agit de son don le plus récent, William en a souvent fait l'usage depuis sa découverte, afin de troquer des cachettes peu sûres pour ce refuge indécelable.
Sa récente période de torpeur a malheureusement amoindri la force de son sang. En combat à mains nues, dans les conditions actuelles, il risquerait de ne pas réussir à dominer un vampire 170 ans.
Le Sortilège que lui ont lancé les sorciers micmacs et ceux de la Blanche Confrérie n'est pas un don, il se rapproche plutôt de la malédiction. Lorsqu'une âme innocente est menacée ou blessée par un vampire, William ressent la douleur de la victime. L'effet s'étend sur environ un demi-miles de distance, avec plus ou moins d'intensité suivant les mouvements de sa cible. William peut alors remonter jusqu'à la scène en suivant ce ''radar.'' Avec le temps, il a su mieux endurer les effets et donc faire le tri entre le marqué qui se laisse mordre et la petite collégienne nippone qui va passer un mauvais quart d'heure avec Cthulhu.
Vient enfin l'équipement. Aujourd'hui William n'a plus rien, plus d'armes, plus de moto, même son couteau a été égaré. Cependant, tous se sont retrouvés à Shreveport et il compte bien récupérer ce que d'aucun considère comme des reliques. Au fil du temps, William a réussi à trouver certains sorciers et sorcières qui ont accepté d'enchanter ses quelques biens. Premièrement, ils sont indestructibles, rien n'érode la lame du bowie quant à sa mythique Indian 841 elle démarrerait au quart de tour si William tournait sa clef. Car il faut que ce soit lui et lui seul qui manipule ces objets pour qu'ils fonctionnent : ils lui obéissent. Dans le cas contraire, si un petit malin s'amusait à enfourcher la bête celle-ci pourrait lui faire la plaisanterie de caler au milieu d'une voie ferrée, les armes s'enrailleraient au mauvais moment, même le couteau parviendrait à mystérieusement s'échapper de la main de son illégitime propriétaire. Durant la torpeur de William ces objets ont plus souvent changé d’acheteurs que la 550 Spyder de James Dean, pour les mêmes funestes raisons. Mais aujourd'hui leur maître s'est réveillé et ces objets démoniaques l'attendent tous à Shreveport.
Le Bowie.
William le tient de son frère. La poignée est en bois de cerf, la garde est en laiton ; en 1860 elle a été élargie et dotée d'un pontet pour l'index. En 1885 la lame d'origine a été fondue avec de l'argent et rallongée. La longueur totale du couteau est de quarante centimètres, dont vingt six centimètres de métal coupant comme un rasoir. Il est actuellement en vente au Kandjar.
Le Colt 1849 Pocket.
Il s'agit du revolver que le jeune Munny vola à son père le soir de sa fugue. Cette arme est la plus vieille qu'il ait en sa possession, elle a assisté à toutes ses transformations. En retour, William a procédé à de nombreuses améliorations : canon de six pouces, conversion au calibre.44, passage d'un barillet percé de cinq à six balles... C'est un dinosaure qui a survécut à l'extinction. La légende veut qu'il ne rate jamais sa cible ; la légende omet aussi de préciser qu'il s'agit là de l'arme choisit par William pour mettre une balle dans le dos. Le ceinturon prévoit un barillet de rechargement rapide. Il est en vente au Devil's Arm.
Le Colt 1851 Navy.
Converti au chargement des cartouches par culasse en 1869, calibré en .44, ces trente six centimètres d'acier bleuis ont valu à Munny beaucoup d'ennuis. Il s'agit là de sa première rapine. La crosse d'origine a été élargie en 1895 et ornée d'un serpent en or. Contrairement au Pocket prévu pour les coups de feu à bout portant, et même touchant, le Colt Navy est capable d'arrêter un homme en fuite à trois cent pieds de distance. Le ceinturon prévoit quatre autres barillets de rechargement rapide. Il est en vente au Devil's Arm.
Les Mateba.
Certainement la partie la plus récente de sa panoplie. En 1997, la firme italienne Mateba annonça la production d'un nouveau revolver semi-automatique, le 6 Unica. Une arme capable d'utiliser ses propres tirs pour faire tourner le barillet et armer le chien. William s'en procura deux immédiatement, calibrés pour .454 Casull ; des monstres pourtant aisément maniables pour le vampire. Malheureusement, les circonstances l'ont empêché de pleinement profiter de ses nouveaux jouets. Le ceinturon prévoit cinq barillets de rechange. Ils sont en vente au Devil's Arm.
La Winchester modèle 1873.
William a choisit de traîner avec lui le célèbre modèle de 1873 à travers les ages. Il l'a acquise du temps où il était encore humain et surtout, du temps où il était un honnête citoyen. Alice venait de naître et il fallait se débarrasser de deux pumas qui avaient décidé de se terrer non loin de la ferme. Inutile de préciser qu'une fois vampire, William tirait sur des prédateurs légèrement plus dangereux. Elle est en vente au Devil's Arm.
L'Indian 841.
William l'a volé dans un dépôt de l'armée en 1942. Il lui fallait impérativement changer de moyen de locomotion et Fort Monroe était tout prêt, en plus les deux sacoches-arrière lui paraissaient pratiques... William ne s'en ait jamais séparé depuis lors, apprenant la mécanique sur le tas. Aujourd'hui, seul le cadre doit encore être d'origine, pourtant elle pousse le même son souffreteux que toutes les autres Indian de son age. Elle est en vente au Sunco Gazoline.
✤ Convictions
William Munny aimerait bien avoir une idée. Mais il doit d'abord rattraper vingt ans de retard. Tout ça le dépasse. Cependant, même s'il ne peut s'empêcher de trouver logique que la Mascarade s’effondre tôt ou tard, d'autres phénomènes l’inquiètent. La société a changé, et pas en bien selon lui. Lorsqu'il a fermé les yeux Rudolf Giuliani était encore maire de New York, aujourd'hui ça parle de régimes macrobiotiques et de smartphone. Le bon vieux temps où on pouvait tirer dans le dos d'un homme qui passait la clôture, l'enterrer dans le jardin et attendre six mois avant d'en parler au shérif est définitivement révolu...
Le pire ce sont les associations Pro-CESS. Rien que le terme ''CESS'' le fait rire. Ils sont des monstres, rien de plus rien de moins. Évidemment, une pareille dénomination aurait été légèrement moins vendeuse pour tous les vampires qui tiennent des bars de nuit. Pourtant, on trouve encore des humains pour protéger cette odieuse fumisterie, alors même que l'information est partout, disponible à tous.
La première pensée de William sur la Révélation ? ''Y a des dents à faire sauter.''
✤ Signes particuliers
Le Sortilège lancé par les chamans micmacs est matérialisé sur la peau de William par un immense tatouage s'étendant de son torse jusqu'à ses cuisses et lui couvrant les épaules.
La peau de son dos est grêlé en cinq endroit par des impacts de balles.
Il porte des éperons à ses bottes.

Prélude
CHOIX DANTESQUE Inventé P'TI NOM Tripotteurdu93 RUMEURS J'ai été élu chancelier d'Allemagne le 30 janvier 1933. SESAME Validé par Gwen LE VENT D'EST D'abord Babine a commencé avec mes genoux, mais c'est quand Juju a sorti la perceuse que je me suis décidé.DECLARATION On m'a retiré mes grappes d’hémorroïde il y a quelques mois et depuis ça va pas trop mal. TROMBINE Clint Eastwood


Dernière édition par William Munny le 17/9/2015, 16:56, édité 10 fois
Revenir en haut Aller en bas
 
Anonymous
 
 
Invité
Invité


Pale Rider. Empty
MessageSujet: Re: Pale Rider.   Pale Rider. Icon_minitime14/9/2015, 23:05

Ticket for Pandemonium
-Alors j'ai dit à ma fille : ''ça me gène pas que tu fréquentes un mexicain mais prends-en un qui soit instruit et tout.'' C'est pas du racisme de dire ça, c'est juste une inquiétude de père. Vous savez, moi ma mère a débarqué du Vietnam en...
-Écoute, rebut de rizière, j'en ai rien à foutre de ta vie. Je t'ai acheté un billet pour qu'on m'emmène à Shreveport pas pour savoir si ta gamine se faisait défoncer l'arrière-boutique par tous les chicanos en rut du coin.
Un silence de plomb tomba dans le bus. Un silence si lourd qu'il eut le mérite d'abasourdir le chauffeur et de réveiller les trois autres passager qui somnolaient depuis Monroe. William Munny se tortilla sur son siège et réajusta son Stetson. Puis, son doigt retrouvant finalement la ligne qu'il avait perdu, le vampire reprit sa lecture de ''The 2000s for dummies.''

Un livre ennuyeux et un peu triste. Il s'agissait de l'histoire humaine, comment en être étonné ? Tout de même, le coup d'Obama avait eu le mérite de lui faire lever un sourcil. Dire qu'au moment où il était entré en Torpeur Donald Trump s'était présenté aux primaires de 1996... William ricana en refermant le livre. Il peinait déjà à achever l'année 2009, et sa volonté était d'autant plus émoussée qu'il lui manquait encore sept ans de culture générale. Le vampire n'avait jamais été très doué avec la culture, qu'elle soit générale ou non d'ailleurs. Il trouvait bien plus utile de savoir se servir d'un semi-automatique, ou de quelle manière avancer sous le vent, plutôt que d'être capable d'analyser la géopolitique du golfe Persique.

L'écran digital au dessus de la cabine du chauffeur se mit à afficher ''Shreveport'' en lettres capitales. Munny plongea son regard sur le reflet sombre dans vitre, vite déchiré par les lampadaires qui bordaient la route. Cette ville a une sale gueule, pensa-t-il.

Il aperçut le downtown se dessiner, puis la gare. Le bus ralentit et s'arrêta sous un auvent sphérique en aluminium.


-Architecture futuriste de mes couilles...

Le vampire se redressa et rangea le livre à la célèbre couverture jaune et noire dans une poche de son cache-poussière. À l'origine le manteau avait dû être blanc, désormais il se rapprochait dangereusement du marron. Comme quelques heures auparavant lors de sa montée dans l'autobus, William attira les regards au rythme de sa marche, marquée par le bruit des éperons sur la travée centrale. Machinalement, il inclina son chapeau en passant devant le chauffeur, puis il sauta le marche pied.

Le choc n'aurait pas été pire si le chasseur avait atterri dans une autre dimension. Ce qui frappait d'abord c'était les gens. Ils étaient nombreux et semblaient trouver parfaitement normal d'arpenter les rues d'une ville américaine à minuit passé. Ensuite il y avait leurs tenues, William n'en revenait pas. Il avait quitté une époque où une femme ne pouvait pas faire son footing à Central Park sans risquer de tomber sur une bande de clochards accrocs à la méthadone et là... Il voyait un groupe de lycéennes se balader gaiement en short et tee-shirt. L'une d'elle tenait une tige en acier étrange au bout de laquelle se trouvait un petit écran rectangulaire.


-Allez les girls ! S'écria celle qui tenait la perche. On fait le selfie d'arrivée ! Youhou !
Le vampire constata que les quatre autres gamines étaient très au fait de la procédure, qui consistait à se coller l'une à l'autre et à donner à ses lèvres une forme étrange.

-Eh ben... Soupira William Munny. Je vois que je n'ai rien raté de très passionnant.

Get ready, little lady. Hell is coming to breakfast. # The Outlaw Josey Wales

Une histoire de dingue


Buford était une belle ville de l'Arkansas. Nichée aux pieds des Boston Mountains et coincée par les Orzaks. Un millier d'habitants, pas plus. Une victoire pour ces gens simples dans un pays qui milite pour la politique du regroupement des municipalités depuis des décennies. Mais ces fermiers avaient tenu bon. Buford possédait son école, ainsi qu'un hôpital, deux bars et une poste. Il y avaient même des magasins ! Oh, deux ou trois broutilles, des drogueries pour la plupart, rien d'impressionnant. Mais les habitants de Bufford étaient fiers de ne pas avoir vu A&P ou KFC s'installer par ici. Comme ils le disaient si bien, c'était un ''havre de paix.'' En été, il n’existait rien de mieux que la terrasse du Jackson's Coffee pour admirer le coucher de soleil avec un bon café noir et du tabac de Virginie. Les orages d'automne étaient la seule période de l'année redoutée à Buford. D'abord parce que voir la foudre tomber sur les champs était un spectacle terrifiant, ensuite parce que les compteurs avaient tendance à sauter facilement. Quelque fois même, la foudre frappaient le réseau électrique. Pour peu que la vieille fourgonnette du chef de poste soit en panne, la ville était coupée du monde jusqu'à ce qu'on rallie Carson City par ses propres moyens. Ceux de Buford n'avaient jamais aimé l'orage, peut-être cette vieille crainte païenne du malheur prêt à s'abattre sur une ville sans défense.

Charlie Payson non plus n'aimait pas l'orage. Cette nuit encore moins que les précédentes. Il ne s'agissait plus de la peur enfantine d'une gamine de six ans pour du bruit et de la lumière. Non, pour les années à venir Charlie Payson tremblerait dès que le tonnerre gronderait. Car pour elle, jusqu'à la fin de ses jours, Charlie Payson, dernière survivante de Buford, associerait le roulement du tonnerre à la nuée ténébreuse qui s'était abattue sur la ville une nuit de septembre ; à la main glabre et décharnée arrachant la tête de son père.

Charlie Payson ne le savait pas encore, mais elle allait vivre.

Pour l'instant, elle était toujours dans l'ancienne étable des Jackson, à la sortie de la ville. Toujours en pyjama Winnie l'Ourson. Toujours à serrer Tobby contre sa poitrine, son vieux koala en peluche. Toujours immobile dans le foin et le crottin de cheval. Elle avait faim, elle avait peur, elle avait froid. Et les éclairs qui n'en finissaient pas d'illuminer la nuit. C'est à peine si elle se risquait à jeter un coup d’œil vers les immenses portes en bois, légèrement entrebâillées sur la rue principale. Trop peur de les voir surgir. Alors elle priait, comme son père et sa mère avaient prié. Elle priait fermement, avec toute la détermination de l'enfance. Elle voulait oublier le sang et les cris. Ceux qui étaient restés comme ceux partis pour Carson City, à la faveur du jour. Malheureusement pour eux, la nuit tombe vite au creux des montagnes. Ça avait été horrible. Elle s'en souvenait, elle avait tout entendu.

Un bruit lui fit soudain dresser la tête. Il ne s'agissait pas d'un de ces effroyables claquement de langue, ni du son de la pluie sur la vieille toiture en taule ondulée. Un tintement, voilà. C'était un tintement. Ça tournait autour de l'étable. Jusqu'à se rapprocher des portes. Charlie ne put réprimer un couinement, elle se recroquevilla sur elle même, écrasant Tobby sous son coude. Le tonnerre explosa alors avec une force peu commune, et le tintement s'arrêta. Un éclair illumina brièvement la rue, révélant un homme. Un homme grand qui faisait penser à ces vieux personnages de western que Charlie avait vu avec son père à Noël, avec le chapeau, le pardessus et même les bottes. Un autre éclair nimba la nuit de lumière. L'homme n'était plus là. Charlie commença à croire qu'elle l'avait imaginé, lorsqu'un troisième éclair le révéla tout près d'elle, dans l'étable, dégoulinant d'eau.

Charlie était paralysée. De près, il était encore plus effrayant. Son visage buriné, ses ongles noirs de crasse et ce regard ; un regard de fauve en liberté. Lorsqu'il tendit sa main vers son visage Charlie ferma les yeux, s'attendant à la douleur. Elle sentit juste deux phalanges, froides comme de la glace, caresser sa joue.


-Ne crains plus rien.
Il parlait de la voix rauque et éteinte de ceux qui ne s'expriment pas souvent.
-Vous allez me tuer ?
-Quel est ton nom ?
-Charlie... Charlie Rebecca Helen Payson.
-Charlie Rebecca Helen Payson je vais te demander de faire quelque chose. Tu veux bien ? La fillette opina timidement. Ferme les yeux. Bouche-toi les oreilles. Attend l'aube pour sortir.
Charlie aurait voulu lui répondre, lui demander de ne pas la laisser seule ou simplement le remercier. Mais l'étranger s'était déjà évanoui dans l'obscurité comme il était apparu.

Le Jackson's Coffee était devenu leur nid, leur antre. Ils avaient barricadé les fenêtres et recouvert de peinture noire la porte principale. Chaque nuit ils en sortaient. Chaque nuit ils revenaient, traînant avec eux des malheureux qui braillaient à qui voulait les entendre qu'ils n'avaient rien fait pour mériter ça. Ce qui se passait à l'intérieur, aucun des survivants ne le savait. Mais ça criait et ça pleurait. Au bout d'un moment, lorsque la suprématie numérique des renégats se fut imposée sur Buford, la meute se répartit dans les maisons aux alentours ; seuls les membres les plus importants restèrent au coffee shop.

Marchant calmement sous la pluie, William Munny se dirigea vers le Jackson's. De temps en temps, il apercevait des formes indistinctes derrière les rideaux d'une fenêtre, entre deux maisons ou au détour d'une ruelle. Pas un seul humain, mais une tripotée de vampires. Ceux là ne l'inquiétaient pas : des suiveurs, quelques uns étaient même d'anciens habitants de Buford ; extrêmement craintifs, pas très dangereux. En revanche, ceux qui nichaient aux Jackson's ne seraient pas à sous-estimer.

L'ancien coffee shop était allumé. On pouvait y entendre une musique rock d'assez mauvaise qualité. Il y avait aussi des rires. Les éperons de William tintèrent lorsqu'il grimpa les quelques marches sous la devanture. La clochette de la porte répondit avec un son identique.

Drôle de spectacle. Des tentures rouges partout. Des corps nus, égorgés, pendu au plafond par les pieds. Du mobilier cassé -à l'exception du juke-box. Il y avait également des vampires. six pour être exact. De jeunes hommes et femmes dans la vingtaine, coupes en épis et fard-à-paupière à volonté. L'un deux, torse nu, un jeu éphèbe avec une cicatrice sur la joue gauche, se détacha du lot. Il avait les mains et les avant bras recouvert de sang.


-Munny... Est-ce que c'est bien toi ?
-C'est bien moi.
-Par la Marnée Noire... Ça fait combien de temps ? Vingt cinq ans ?
-Au moins.
-J'ai entendu dire que Behorn ''Le Blanc'' t'était tombé dessus avec ses loups. Et qu'il avait... ''cassé ta sale gueule.'' Je crois même qu'il a dit t'avoir avalé en trois bouchées avant de te chier dans un fossé près de la Route 40.
-J'ai entendu parler de cette histoire. William souriait. Je me suis cru mort, moi aussi.
-Alors ?
-Alors, je suis toujours là.
-Tu n'as pas changé d'un poil...
-Toi non plus, Stanislas. Je vois que tu continues à écumer les routes paumées avec ta bande.
-Détrompe-toi, je ne suis plus le même. Mon Sire est devenu Justicar.
-Je suppose que c'est pratique quand on a des passe-temps aussi embarrassants que les tiens.
-Et les tiens, quels sont-ils ? Toujours à tirer avant de réfléchir ?
-Non, j'ai changé de branche. Je me suis reconverti en décorateur d'intérieur.
Stanislas ne put réprimer un gloussement.
-Elle est bonne ! Et tu redécores quoi en ce moment ?
-Le lino avec le jus de tes couilles, sale fils de pute.
La Marlin 336 émergea de sous le cache-poussière. La main droite de Munny passait à travers la poche, tenant fermement la crosse en bois. La détonation fut assourdissante, aussi tonitruante que l'orage. Stanislas constata avec douleur que dix neuf grammes d'argent venaient de lui faucher sa virilité.

***

William Horace Munny est né en novembre 1823 à Jefferson City. Fils de Ruppert et Elizabeth Munny. William avait également un frère, de huit ans son aîné : Matthew. Les Munny était une famille respectée sur Jefferson City, Ruppert était le directeur d'une des banques les plus importantes du Missouri. Un poste prestigieux qu'il léguerait certainement à l'un de ces fils, ça allait de soit.

Cependant, des deux héritiers Munny, le seul à avoir réellement le tempérament pour rester assis derrière un bureau toute la journée était William. Le portrait craché de son père : petit, chétif, doté de la même petite voix flûtée. À croire qu'il serait lui aussi dégarni avant ses vingt ans. Matthew était sculpté dans un autre bois : les yeux verts, un menton carré, de large épaules... L'aîné des Munny attiraient les regards et cumulait les conquêtes féminines. Mais ce qui lui apportait le plus de plaisir restait ces longues chevauchées solitaires dans le Midwest. Contrairement à son cadet, Matthew avait toujours été un aventurier.

William regardait son frère avec une constante admiration et suivait son frère partout où il allait, peu importait les dangers, les vêtements déchirés et les punitions. Cependant, contrairement à Matthew, William était ravi, presque rassuré, de retrouver au retour de ces escapades la bonne odeur de cire et de chocolat chaud de la maison familiale.

Matthew désirait aller plus loin. Ce ne fut donc pas un crève-cœur pour sa mère de le voir devenir marshall. Cela dit, ça ne réjouissait personne non plus. Mais contrôler Matthew était impossible. Au moins William serait plus raisonnable. Avant de prendre la route, Matthew offrit à son frère un couteau bowie.

Tandis que Matthew chevauchait à travers tout le pays à la recherche des pires raclures peuplant la Terre -ou au moins l’État du Missouri. William, du haut de ses seize ans, commença déjà à travailler dans l'entreprise paternelle. Il ne portait pas encore des lunettes mais arboraient déjà le même veston à rayure que Rupert. Côte à côte, on aurait juré voir l'une de ces publicités du XIXème siècle vantant les mérites d'une lotion luttant contre la calvitie. La vie aurait pu durer ainsi pour toujours. William prenant peu à peu le relais de son père à la banque, Matthew revenant à la maison une ou deux fois par ans, pour Thanksgiving et Noël. Pourquoi pas des petits enfants...

Malheureusement, la vie ne se passe pas toujours comme on le prévoit. La vie n'est pas douce, mais aigre et amer. Elle est capable de transformer un petit banquier innocent en monstre.

William se souviendrait de ce jour à jamais. Même de l'orage ou du mécanisme détraqué de l'horloge de l'entrée, tout était gravé dans sa mémoire. Il se souvenait de sa mère effondrée sur la méridienne du salon, pleurant en silence. Son père, une main sur sa bouche, horrifié par le récit que lui faisait le marshall dans le hall. Matthew avait été abattu par un hors-la-loi qui se prenait pour le nouveau shérif de la ville de Jackson dans le Kansas. Il avait été enterré dans une fosse commune.

Beaucoup diront par la suite que c'est cet événement qui transforma William Munny en celui qu'il est devenu. Mais ce n'est pas tout à fait vrai.

S'il est exact de dire que le jeune William était animé d'envies de meurtre lorsqu'il tourna le dos à Saint-Louis, s'enfuyant sous la pluie avec un colt volé à son père, ''Munny le Monstre'' n'apparut que bien après. Pour l'heure, le jeune banquier de dix sept ans était surtout terrifié. Terrifié par la mort de son frère, terrifié de cette rage incontrôlable qui bouillonnait dans ses veines, terrifié par les éclairs au dessus de sa tête...

Billy Bob vit d'un très mauvais œil que ce petit monsieur trempée jusqu'aux os lui exhibe un pistolet sous le nez. Mais il rit aussi de bon cœur en voyant William s'acharner à faire fonctionner un revolver dont la poudre était mouillée. Loin de se venger, il défit sa propre ceinture et proposa à William de régler leur différent à la main, comme des hommes. William fit sa première et seule erreur : il perdit son sang froid et se jeta sur Billy Bob. Ce dernier lui cassa la figure de façon magistrale, le laissant agoniser dans l'auge des chevaux. Il l'aurait bien achevé là, mais ses prostituées l'attendaient à l'intérieur. Il se dit aussi qu'il aurait bien pris une gorgée de whisky avant de coller une balle dans la tête de cet impudent.

Bref, Billy Bob laissa quelques minutes de répit à William Munny ; et ce fut là sa dernière et seule erreur.

À moitié mort, couvert de boue, il s'extirpa de l'auge et se mit à ramper. Il était moins qu'un animal, une forme de vie affreusement peu évoluée. Un déchet. Plus que la mort de son propre frère, ce passage à tabac l'avait transformé. William Munny était mort ce soir là, et plus personne n'entendit parler de lui, pas même sa propre famille.

Billy Bob fut extrêmement contrarié de ne pas retrouver le jeune frère du marshall là où il l'avait laissé. Mais la nuit lui promettait d'autres formes de réjouissance. Le lendemain, il envoya deux de ses hommes à la recherche du blessé, mais ils revinrent bredouille. Billy Bob sembla préoccupé par ce problème le reste de la semaine, mais très vite cette mésaventure lui sortit de la tête.

Au même moment, à près de cinquante milles de là dans la petite ville de Bringhton, la banque se faisait braquer par un étrange individu au visage couvert de bleus et aux vêtements en lambeaux. Les témoins eurent du mal à retranscrire sa description aux hommes du shérif, mais deux choses revenaient régulièrement : le voleur connaissait le fonctionnement d'une banque et il portait un couteau bowie à sa ceinture.

William se servit des bons du trésor volés pour s'ouvrir un compte dans la banque d'une ville d'un autre État. Il s'acheta un chapeau et un cache-poussière, ainsi que des vivres, des balles et un nouveau cheval. Après ça il repartit du côté de Jackson où il s'enterra dans les montagnes pendant trois mois. Trois mois à dormir dans des grottes ou à la belle étoile. Trois mois à gamberger et à anticiper. Trois mois à manger des serpents et à lécher la rosée sur les pierres. Enfin, l'après midi du 4 juillet, il sortit enfin de sa retraite.

Billy Bob était toujours accoudé au comptoir du saloon, rond comme une queue de pelle ; trop occupé à tripoter les genoux de la fille du pasteur pour voir le danger arriver. William lui tira en pleine bouche ; ses dents lui ressortirent derrière la tête. Ses hommes, attablés non loin, voulurent dégainer à leur tour. Malheureusement, William Munny avait un temps d'avance ; et il était sobre.

Tous les habitants de Jackson sortirent de chez eux pour remercier celui qui les avait libéré de Billy Bob. Sous son chapeau William Munny se fendit d'un sourire carnassier. Il commença par dépuceler la fille du pasteur sur le comptoir encore humide du sang de Billy Bob. Il remit ça avec la femme du barbier. Après quoi, il répandit de la poix sur une maison et y mit le feu. L'incendie gagna très vite les autres habitations. Avant de partir, William ordonna à ceux qui n'avaient pas encore fui d'offrir une sépulture décente au marshall Matthew Munny.

William arpenta le pays comme l'aurait fait son frère, mais pas pour les mêmes raisons. Il allait où il voulait, prenait ce qu'il voulait, faisait l'amour à celle qu'il voulait... Pour les contestataires, le canon de son antique -mais redoutable- Colt 1849 parlait à sa place. Certes, il se fit quelques ennemis, mais également ce qu'on aurait pu considérer comme des amis parmi les hors-la-loi. Son style était plutôt apprécié et en 1854, il fonda son équipe.

Il y avait Pitt Soto, surnommé ''La Gelée'' rapport à son cerveau peu fonctionnel. ''Napoléon'', un français de Louisiane, aussi petit que teigneux. ''English Bob'', en réalité l'un des multiples rejeton d'une prostitué irlandaise mais qui se donnait des airs de natif d'Angleterre, simplement parce qu'il avait appris à lire au séminaire. Sans oublier les frères Salamanca, des jumeaux mexicains qui adoraient jouer avec les couteaux.

Cette bande de monstres ne montrait aucune limite, aucune once pitié humaine. Si leurs caractères étaient tous différents leur objectif était le même : faire ce qu'ils voulaient.

Ce qui se traduisit notamment par le dynamitage du Pacific Train en 1855, la fusillade de Black Water en 1857, l'assassinat du shérif du comté de Forks en 1858, l'attaque du convoi postier de Fergus en 1860 et l'assaut de la prison de Santa-Cruz en 1863.

Ils tuaient et mangeaient ensemble. Mais la confiance ne régnait nulle part. Pour beaucoup William Munny était un fou. Contrairement à Napoléon, ça ne venait pas de son jeune age mais d'ailleurs ; c'était dans son regard. La plupart des membres du groupe s’accommodaient des armes à feu et acceptaient volontiers de dégainer pour quelque chose qui leur semblait justifié : l'argent, un danger, une insulte... Mais avec William c'était gratuit et rarement excusable. Mais le bougre était un chef-né et un sacrément bon tireur. Comme la fois où Pitt avait été témoin de la fusillade -si on peut vraiment parler de fusillade- l'ayant opposé aux adjoints du shérif de Paragould. Trois hommes qui les attendaient, lui et Pitt Sotto, à la sortie de l'épicerie, fusils à l'épaule. Pitt n'avait jamais vu ça. Bang ! Bang ! Bang ! Il avait été aussi surpris que les adjoints.

Personne ne comprit pourquoi William quittait le groupe. En vérité, tout le monde le savait, mais personne n'arrivait à l'accepter. En mai 1865 il avait rencontré une jeune veuve du nom de Claudia. Munny et ses hommes s'étaient arrêtés sur ses terres afin de se ravitailler. Claudia s'était alors emparée du fusil de son défunt mari pour faire valoir ses droits et avait abattu le cheval de William. En temps normal il se serait jeté sur elle, l'aurait probablement violée et tuée avant de brûler sa maison. Là au contraire, il lui proposa de payer pour l'eau et le fourrage qu'ils prenaient.

Au lieu de continuer sa route, le groupe s'attarda deux semaines. Le temps nécessaire à William pour faire la cour à Claudia. Au moment où Napoléon commença à s'impatienter, William leur annonça qu'il préférait rester ici. Ce qui se traduisit par une balle dans la cuisse de Napoléon en ordonnant au groupe de partir avant qu'il ne fasse sauter des têtes. L'équivalent d'un ''au revoir''. Une décision plutôt bien acceptée par les autres, surtout que William leur céda une grosse part de ses anciens larcins. Alors, on dit à Napoléon d'arrêter de se plaindre -personne n'aimait Napoléon- et on se mit en selle.

Ce fut une bonne chose pour William. D'abord, parce qu'à trente milles de là ses anciens comparses furent pris dans une embuscade tendue par un groupe de marshalls ; comble de l'ironie : ces derniers les avaient pris pour d'autres bandits. Ensuite, parce que Claudia ramena William dans le droit chemin. C'en était fini du Monstre et aussi des armes ; il rangea son ancienne vie au fond d'un coffre. Ce changement de vie lui parut étrangement facile, comme si abandonner son colt pour une bêche était la chose la plus logique qu'il n'avait jamais fait.

La vie était douce sur le lopin de terre. Elle lui donna deux enfants : Matthew et Alice. Ils avaient ses yeux. William en était presque rendu à sourire lorsque Claudia tomba malade, neuf ans plus tard. Pneumonie. Elle s'éteignit très vite. William creusa la tombe sous le saule où ils avaient fait l'amour pour la première fois. Les trois années qui suivirent ne furent qu'une lente descente aux enfers. Certes, William ne se remit pas à boire et il n’abandonna pas Dieu. Claudia avait passé trop de temps à le remettre sur pied pour qu'il s'en détourne si facilement. Mais la vie devenait dure, la ferme ne tournait plus aussi bien qu'avant, les animaux tombaient malades... William se mit presque à croire en une sorte de punition divine, à la manière de Job.

Chaque matin il se réveillait en se demandant à quel moment il allait céder. À quel moment il allait ouvrir le coffre, enfiler son chapeau et braquer le bureau de poste du village.

La vie s'en chargea pour lui, encore une fois. En 1879 le neveu de Pitt Sotto frappa à sa porte ; un excité de la gâchette qui se surnommait lui-même le ''Kid de Schofield'' rapport à son 8900 Schofield. Il était jeune, plus jeune encore que William lorsqu'il s'était lancé dans l'aventure. En temps normal, William l'aurait mis dehors à coups de pied. Mais l'affaire était trop tentante : une bande de bandits écumaient l’Oklahoma ; rien que des Cheyennes, des bagnards irlandais et une poignée d'ex-soldats mexicains. Ces derniers chapeautaient le reste du groupe, eux-mêmes répondaient aux ordres de quelqu'un. Le mystérieux bonhomme valait une centaine de milliers de dollars pour le Gouverneur. Une somme rarement atteinte, surtout pour un bandit dont on avait jamais vu le revolver.

William Munny confia ses enfants au pasteur et scella son vieux cheval, fermement décidé à s’acheter une nouvelle vie.

Les journaux de l'époque exagérèrent beaucoup sur ce qui avait enflammé la campagne de l'Oklahoma cette année là. Il fallait bien avouer que William n'y allait pas de main morte, et le Kid était un vil personnage digne de son oncle. Mais il n'y eut aucun duel dans la rue principale, pas plus qu'une évasion de prison à la dynamite. Non, William et le Kid avaient plutôt pour méthode d'attendre la nuit avant d'entrer dans la ville contrôlée par la bande. Ils les laissaient s'imbiber au saloon et les finissaient dans le dos. Ils en eurent deux qui s'amusaient avec des filles. Et un autre qui prenait son bain. William leur tirait souvent en pleine figure, sa marque de fabrique en somme ; ce qui terrorisaient les quelques témoins.

En revanche, sur les événements qui secouèrent Fairfax, tout le monde passa à côté de la vérité.

Fairfax devait être la fin, le bout du chemin. Pour l'occasion William et le Kid n'étaient pas seuls. Toute une bande de vieux marshalls et d'anciennes victimes de la horde les accompagnaient. Quinze hommes veufs ou orphelins animés par un même désir de vengeance. Cette sensation s'était emparée de William sans même qu'il ne s'en rende compte. Il avait du mal à croire que les cent milles dollars étaient si proches et que bientôt, il devrait définitivement raccrocher ses éperons. Il gagnerait peut-être Los Angeles avec ses enfants, il y ouvrirait sans doute une boutique...

Malheureusement Fairfax ne fut la fin de rien du tout, mais bien le début de la noirceur. Une obscurité comme William n'en avait jamais connu.

Le plan était pourtant simple. Tout devait se passer de nuit, comme d'habitude. Le groupe mené par William se posta face au saloon pendant que le mystérieux chef de la horde s'enivrait avec quelques intimes. Ils firent feu tous en même temps, explosant les fenêtres, réduisant en miette la devanture, pulvérisant les battants des portes... Le but était d'éliminer le plus de formes de vie possible et de finir ensuite les corps agonisants sans trop de risques. Pendant toute une minute la façade du saloon fut aussi lumineuse que sous le soleil de midi. Le dégagement de chaleur fut si important que le sol boueux devant les tireurs fut asséché sur dix pieds de longueur.

Des gens moururent effectivement ce soir là. Le propriétaire, un proxénète notoire, et deux habitués, trop saouls pour s'être rendus compte de ce qui s'était passé. En revanche, le chef de la horde et ses intimes étaient bien vivants. Dressés sur leurs deux pieds au milieu du nuage de poudre noire qui se dissipait, ils fixaient les tireurs avec une expression amusée sur leurs visages. Ils étaient constellés d'impacts de balles, des pieds à la tête. Leur long manteaux noirs dégoulinaient de sang. Mais ils souriaient.

William ne vit rien venir. En l'espace d'un battement de cil le chef de la horde se retrouva sur le Kid et le déchira en deux. Sous le choc, William et les autres laissèrent passer une seconde fatale. Le reste des manteaux noirs fondit sur les hommes de Munny, les déchiquetant à mains nues. Leurs visages étaient déformés par la haine, leurs bouches dévoilaient d'affreuses canines que certains plantèrent dans les gorges de leurs victimes. L'un deux bouscula William d'un coup d'épaule qui l'envoya voler sur cinq pieds. Le chef de la horde se pencha sur lui, prêt à lui accorder la mort. William tâtonna dans la boue et s'empara du Schofield du Kid avant de le fourrer dans la joue de son assaillant. La détonation lui explosa un tympan et mais arracha quelques dents au chef qui hurla de douleur.

William en profita pour se relever, en titubant. Les mains tremblantes, il rechargea le barillet du colt aussi vite que possible. Ses compagnons étaient morts et la figure du monstre cicatrisait à vue d’œil. Sale soirée. William allait mourir, il le savait ; peut-être aurait-il le temps de défourailler une dernière fois, mais il allait bientôt rejoindre le Kid. Ses mystérieux ennemis se rapprochaient de lui, l'encerclant de toute part.

C'est alors que tous se figèrent. Tous se figèrent et reculèrent d'un pas. Quelque chose derrière William venait d'attirer leur attention.

Il s'agissait d'un garçon, à peine âgé d'une quinzaine d'année d'après William. Ses longs cheveux bruns lui arrivaient au milieu du dos. Il ne portait pour tout vêtement qu'un vieux pantalon de cuir aux coutures craquelées. Un va-nu-pied, un vagabond, un orphelin laissé pour compte ; c'est ce que cru voir William. Mais il ne s'agissait pas d'un simple enfant. Ses yeux vairons jetaient un étrange regard sur le massacre et ses auteurs. Un regard dur. Un regard rendu fixe par les nombreux siècles écoulés.

Une danse s'était engagée entre l'enfant et les monstres. À chaque pas du premier, les autres reculaient. Chacun se jaugeait en silence. Personne n'osait baisser les yeux.

L'équilibre fut brisé lorsque l'enfant s'élança sur William. Instantanément les monstres voulurent l'imiter, mais l'enfant fut trop rapide. Il souleva William comme un fétu de paille et l'emporta avec lui hors de la ville. Il n'arrivait pas à y croire. Un gamin avec une force herculéenne l'avait jeté sur ses épaules et traçait à travers la plaine, produisant des bonds gigantesques. Le paysage défilait à une vitesse vertigineuse, William se réveilla dans une grotte, entravé par des chaînes aux anneaux brillants. Un feu brûlait. Le visage de l'enfant se découpait derrière, sa peau était étrange, foncée de nature mais cependant pâle. Tout comme son regard : des yeux d'enfant, mais terriblement fixes. Tout en mordant dans le poignet d'une femme rousse étendue à ses pieds, il ne cessait de regarder William.

Ce dernier avait une foule de questions en tête. Au moment où il s'apprêtait à poser la première, le garçon se leva et s'approcha de lui ; le sang frais maculait ses traits. Il enfonça une impressionnante paire de canines dans son propre poignet et força William à boire le sang qui s'écoulait de la blessure.

L'extase. Il n'y avait pas d'autre mot. C'était chaud, c'était âpre, c'était puissant. Il se sentait soudain incroyablement fort. Les chaînes, malgré tout, continuaient de l'entraver. Le garçon à la peau cuivrée le fit boire longtemps, trop peut-être puisqu'il sembla exténué lorsqu'il retira sa main du visage de William. Il se contenta de mordre à nouveau dans la jeune femme.

La douleur. Subite, violente. Elle tordait les tripes de William. Elle enflammait chaque nerf. Elle annihilait chaque pensée. Son cœur s’emballa comme un cheval sans bride. Un terrible tambour au rythme bien trop rapide pour paraître rassurant. William sentait sa fin arriver, et lorsque son cœur éructa un dernier battement, aucune parole intelligente ne franchit ses lèvres.

Le noir.

William Munny mourut le 9 mars 1880 dans une montagne de l'Oklahoma. Ce ne fut pas lui qui se releva de terre trois jours plus tard, pas plus que son cadavre ou même un morceau à peine ressemblant de son âme. C'était "Munny le Monstre". Le vrai. Celui que William avait tenté de réprimer pendant des années. Désormais, il était libre ; parfaitement abouti.

L'enfant attendait, toujours pieds nus sous la lune. Il se présenta à lui comme étant Sîn, son Créateur. William ne put s'empêcher d'éclater de rire. La gifle magistrale à laquelle il eut droit lui ôta toute hilarité. Un coup de sabot lui aurait fait moins mal.

Sîn s'investit dans l'éducation de William, même si celle-ci fut courte. L'ancien bandit dut avaler pêle-mêle la vérité quant au Monde des Ténèbres, l'existence d'une quantité inimaginables de sociétés secrètes, sans oublier sa propre condition vampirique. Sîn était évidemment bien plus sage et avisé que son apparence ne laissait paraître. Il força son infant à se plier à un entraînement physique et intellectuel aussi intensif que harassant, même pour un être défiant désormais les simples lois de la mortalité. Parfois les deux immortels passaient des nuits entière à ne rien faire d'autre que converser, du moins c'était Sîn qui parlait, William se contentait d'écouter, interrompant parfois son maître pour lui poser quelques questions.

William Munny n'avait été étreint que pour une seule chose : aider Sîn à tuer son autre infant et ses descendants. Ceux-ci régnaient sur Fairfax en véritables bouchers. L'enfant désirait réparer ses torts lui-même sans impliquer le Conseil. Il avait déjà essayé de les affronter seul, cela n'avait été qu'une succession d'échecs dangereux. Sîn avait besoin d'un allié solide et ancré dans ce siècle d'armes nouvelles. William était mort depuis six semaines lorsque son Sire lui expliqua qu'il était temps de partir. Les deux vampires s'en retournèrent alors à Fairfax.

Peu d'humains restaient encore dans la ville, la plupart étant soit morts, soit en fuite. Pour les quelques esclaves et calices qui survécurent à cette sombre période et qui ne sombrèrent pas la folie, un mercenaire et un enfant étaient arrivés un soir. Il y avait eut des échanges de coups de feu, des cris et des gémissements. Les combattants se mouvaient d'une façon surnaturelle, plus rapides que des pumas. Pour eux, le shérif fou et ses adjoints avaient été tués. Leurs cadavres sans têtes furent enterrés dans une fosse commune, derrière la porcherie. Quant au mercenaire et à l'enfant, plus personne ne les revit.

Ce combat avait profondément affecté Sîn, non pas physiquement -il s'était grièvement blessé à la poitrine mais une cure de sang humain l'apaisa. Une certaine mélancolie l'affectait, une mélancolie que William ne lui connaissait pas. L'enfant l'initia au secret de la Torpeur. Le temps était venu pour lui de retourner à la terre pour quelques siècles. Il parla à son Infant de son pays natal, une poussière de terre nommée Irak, perdue à l'époque dans l'immensité de l'Empire Ottoman. William se surprit à ressentir un certain vague à l'âme. Il repensa à une femme, qu'il ne pouvait plus voir et à des enfants, qu'il ne pourrait plus revoir. Sîn le rassura et passa une dernière nuit avec lui. Il mit en garde son infant contre les méfaits du temps sur leur race ; et la Faim, qui ne cessait jamais.

La nuit suivante William se réveilla seul, comme Sîn le lui avait prédit.

S'en suivit une année d’errance pour le vagabond. Une année d’errance à découvrir le Monde de la Nuit par ses propres moyens. Une année de chasse, sans rendre de compte à qui que ce soit. ''La liberté, c'est de choisir ses contraintes'' lui avait expliqué Sîn. William en avait peu, ce qui ne manqua pas d'irriter les rares membres de son espèce qu'il rencontra, et encore plus les loups sur le territoire desquels il ne se privait pas de traquer ses proies. Son ermitage aurait pu se poursuivre encore longtemps si un autre vampire n'était venu troubler son repos. Il disait parler au nom du Maître de la Ville de Richmond. Ce dernier avait envoyé ses émissaires aux quatre coins de la Virginie : un jeune renégat s'était aliéné un groupe de nécromanciens, leur esbroufe menaçait la Mascarade.

Si la première envie de William fut de décapiter l'importun et d'enterrer son cadavre sous un chêne, il n'en fit rien. Traquer des mortels, même s'il préférait tomber sur les plus dangereux du troupeau, ne lui procurait que peu d'excitation. Le souvenir de Fairfax le hantait. Il se souvenait du combat, de la rage, de la difficulté et de la Bête.

William ne fut pas le seul à accepter. Comme il fallait s'y attendre, des nettoyeurs étaient venus de toute la Virginie et même du Tennessee et de Caroline du Nord. Mais alors que tous se demandaient quelle était la manière la plus discrète pour entrer dans le repaire de la secte, William prit de court la concurrence en introduisant de la poix dans les gouttières et les cheminées de l'immeuble abandonné. Le feu fut tellement fort qu'il vitrifia l'intérieur du bâtiment. Des témoins parlèrent d'un homme masqué qui attendait en pleine rue, épaulant sa carabine pour abattre les silhouettes enflammées qui sortaient de la vieille bâtisse en hurlant.

Le fait que l'incendie ne se soit pas strictement cantonné au repaire de la secte eut évidemment pour effet d'ulcérer le Maître, cependant le sinistre eut également le mérite de couvrir toute l'affaire. William fut tout de même payé, des peu mais ça lui allait. Il jouissait d'autre chose : une nouvelle réputation dans une nouvelle vie.

À partir de là, William ne fit plus dans le détail. Il tuait pour tout et pour rien, souvent n'importe qui. La soif de la chasse, elle l'habitait littéralement. Cinq années de contrats et de primes interrompues. Il en vint à irriter beaucoup de monde et à abattre des personnes qui n'auraient pas dû être abattues.

En novembre 1887 Munny tomba dans une embuscade tendue par un groupe de shamans micmacs sous l'égide de la Blanche Confrérie. Le vampire était allé trop loin. Il allait subir une punition. Lui qui dédaignait la souffrance des innocents, il allait la ressentir jusqu'au plus profond de sa chair. À chaque fois qu'un des rejetons de Caïn s'apprêterait à faire couler un sang pur et innocent, William étreindrait le même supplice, à moins qu'il n'y mette fin. Évidemment, tout cela, il ne le découvrit que bien après son réveil. De son point de vue, une bande de sorciers qui ne savaient pas ce qui les attendaient lui avaient tendu un piège avant de le dénuder et de le couvrir de tatouages étranges. Le fait qu'il s'en soit relevé prouvait qu'ils avaient raté leur coup.

Il avait pisté un des mages jusqu'à un saloon de Suffolk. Le vampire allait lui mettre la main dessus lorsqu'une sensation de terreur rarement égalée lui coupa le souffle. William sentit une poigne de fer se refermer sur son propre cou. Une aura inexplicable poussa alors le vampire à avancer, un pas après l'autre, jusqu'à l'escalier du saloon. Il gagna l'étage en titubant. Soudain, une douleur indicible lui transperça la gorge, il n'avait jamais ressenti ça auparavant. Sauf la nuit où Sîn l'avait étreint. Pris de panique, William se regarda dans un miroir ; il n'avait rien, sa peau était intacte. Ce qui ne l'empêchait pas de ployer sous la douleur comme un damné. Il entendit un cri étouffé de l'autre côté du mur.

Son poing traversa le bois et se referma sur des cheveux. Il retira sa main, coinçant le visage furibond d'un vampire qu'on privait de son repas. La créature feula de surprise. William lui broya le crâne avec rage. La fille s'était réfugiée dans un coin de la chambre, elle tremblait comme une feuille. William entra. Il sentait les effluves de la douleur disparaître. Il aurait volontiers massacré la prostituée pour faire bonne mesure, si sa main ne s'était pas bloquée. Ça n'aurait pas été pire si son Sire lui avait serré le poignet.

William était loin d'être un idiot, il comprit rapidement que les simagrées des sorciers avaient fonctionné. La scène se reproduisit, parfois plusieurs fois par nuit, surtout lorsqu'il logeait dans les grandes villes. Les victimes changeaient, les tortionnaires aussi, mais la douleur restait la même. Le pouvoir du sortilège s'étendit également à ses habitudes de chasse. William se rendit compte qu'il ne pouvait pas faire couler le sang de n'importe quel mortel, il prit donc pour habitude de traîner dans les bas-fonds qui regorgeaient des criminels de toutes sortes. Lorsque la pression était trop forte, il fuyait en pleine nature. Ces escapades permirent au vampire d'estimer l'entendue du sort à un demi-miles environ.

L’alimentation ne fut pas le seul élément de sa vie que William Munny dû revoir. Physiquement incapable d'assumer n'importe quel type de prime, le mercenaire fut contrait de se spécialiser. Si jusqu'à aujourd'hui il n'a encore rencontré aucun vampire ou lycan sur la figure duquel il n'a pu écraser son poing, en revanche ce fut différent pour d'autres races. Concernant les humains, la totalité des nécromanciens tombaient sous son viseurs. Seuls certains sorciers -les pires- pouvaient supporter son courroux.

Comme le disait si bien William, tout était question de temps. Selon lui il y avait d'un côté les damnés et de l'autre ceux qui ne l'étaient pas encore. Et William était patient, il savait d'expérience que tôt ou tard même le plus réservé des hommes pouvait boire un coup trop et battre sa femme à mort. Silencieux et insoupçonné, il attendait dans le jardin, l'index sur la gâchette.

C'est à partir du XXème siècle que William vit sa réputation s'établir durablement. D'abord, parce qu'en 1902 il eut l'audace d'enfoncer un portemanteau dans le rectum d'une harpie membre de l'Essaim de New-York. Ce qui fit beaucoup rire à l'époque, mais causa un certain tort au vampire qui dû précipitamment quitter la ville. Ensuite, parce que la malédiction de William devint un don. Les diabolistes, les renégats portés sur les massacres, les nouveaux-nés enflammés par la Bête ; William sentait ce qu'ils faisaient. Toutes les menaces potentielles à la Mascarade qui passaient à portée de son radar n'étaient plus qu'une succession d'objectifs, une passion christique, un martyr.

Il aurait pu aller s'enterrer dans le Grand Nord, s'assoupir sous la Torpeur pour ne plus les entendre. Il aurait pu en vouloir à la Blanche Confrérie et chercher à se venger, trouver une échappatoire. Il aurait pu également mourir, tout simplement. Mais le temps passant, l'influence de William décrue et la conscience de William Munny refit surface. Suffisamment pour que les deux parties de la vie du chasseur se conjuguent, liées par les souffrances d'innocents qui chaque nuit lui hurlaient dans l'oreille.

La mort de sa fille fut également un événement important. De son vivant il n'avait pas fait le déplacement en apprenant que sa mère était morte, puis son père quatre ans plus tard. À l'époque, William était dans l’illégalité depuis trop longtemps et sa vie lui plaisait. En revanche, lorsqu'il apprit qu'Alice était morte à 45 ans de la grippe espagnole, il traça jusqu'en Pennsylvanie sans s'arrêter pour manger. Il assista à l'enterrement de loin. Élevés par le pasteur après son départ, les enfants de William Munny avait eu la chance de bien tourner. Alice s'était mariée à un armateur de Philadelphie, Matthew quant à lui avait fait fortune dans la construction. Il eut un choc en croisant son père sur le perron. Néanmoins, la douleur de l'abandon fut plus forte que l'effet du temps qui n'affectait plus William depuis 1880. William ne reverrait son fils que bien des décennies plus tard, alors que celui-ci se mourrait lentement dans une maison de retraite de Phoenix.

Rencontrer la Mort Ultime aurait été facile, et même séduisant à ce moment précis. Mais plus le temps passait plus William acceptait son sort, il devait expier. Ce qu'il fit, en mettant tout son cœur à l'ouvrage.

Les années se succédèrent, les armes évoluèrent et bien vite l'Indian 841 remplaça l'appaloosa. Un détail qui chagrina le cow-boy.

1997 était la bonne année, sa bonne année. On connaissait son nom partout, on savait qu'il était un fauteur de trouble et surtout que c'était l'individu à appeler quant même un shérif venait à se casser les crocs sur quelque chose de trop dur. Politiquement, il était même bien plus commode de le faire intervenir lui plutôt qu'un membre de l'Essaim, surtout lorsque l'affaire touchait une autre communauté. S'il y avait faute, William Munny restait le seul à blâmer.

Il n'avait jamais couru après la gloire, il en était pourtant auréolé. Loin de jouir des réseaux de médiums et de marqués fort apprécié par ses congénères, le chasseur avait réussi à convaincre certains sorciers d'enchanter ses rares possessions matérielles à sa personne.

1997 fut également l'année où tout dérapa. Ça commença comme commencent tous les faits divers sordides, avec un garçon de seize ans qui ne comprend pas qu'on lui dise non. Elle était jeune, elle était belle. Une apache d'une petite tribu du comté de Brewster. Les shamans avaient contacté le chasseur après sa disparition. Cette fois-ci il arriva trop tard. Parfois ça se passait ainsi, la faute à pas de chance. Normalement, il aurait dû accepter et tourner la page ; il le savait. Au lieu de ça, William fut autorisé à participer à la cérémonie funéraire. Son choix était déjà fait.

Le jeune loup répondait au nom de Lloyd Canaan Jr, fils de Lloyd Canaan Sr alias ''Behorn Le Blanc'', Ulfric de la meute d'Alpine. William l’abattit d'une balle entre les deux omoplates à moins de trois miles de son Caern. Action, réaction. Il venait de verser le sang d'un louveteau sur le territoire de la meute, et pas de la plus jolie des manières. Plus personne ne pouvait le sauver.

Les Canaan étaient peut-être issus de longues lignées consanguines -tradition qu'ils avaient mis un point d'honneur à poursuivre- ils n'étaient pas idiots. Behorn fit appel à tous ceux qu'ils connaissaient, le moindre cabot qui lui devait un service, puis il lança la chasse. Munny fut traqué pendant trois longs mois, trois mois d'embuscades plus ou moins nocturne. Le chasseur savait comment tout cela allait se terminer, étrangement ça ne lui déplaisait pas.

Tout se joua la nuit du 21 juin 1997 sur la White River, en plein Arkansas. Il y eut même quelques spectateurs, principalement des loups, mais également quelques vampires et des sorciers... Certains tenaient rancœur à "Munny le Monstre", d'autres avaient été sauvés grâce à lui. Ils étaient là pour le spectacle, une ode à la sauvagerie d'un autre temps. Ils regardèrent William vider ses dernières cartouches, perdre son couteau et finalement en arriver aux mains nues. Brisé, on le vit sombrer dans l'eau sombre sous la masse de poils blancs de Behorn. Seul le loup réapparut. On chercha au fond de la vase, on renifla la berge, rien. On retrouva ses armes, ainsi que son chapeau et même sa moto, garée un peu plus loin. Mais aucun corps.

Pour certains, William Munny n'était plus, pulvérisé au moment de la Mort Ultime. Pour d'autres, c'était un de ses tours pendables. Behorn doutait lui aussi, mais il était avant tout un chef de meute. Alors il vendit les biens de William et les dispersa aux quatre vents comme on partage une carcasse. Preuve que son sang lavait le déshonneur.

Behorn avait raison de douter. William n'était pas mort, il s'était laissé tuer. Plaqué contre la tourbe et l'humus par les pattes puissantes de son ennemi, le vampire adepte du protéisme fit appel au don Obscur. Il transmuta avec la terre qui l’accueillit comme un vieil ami. William Munny entra en torpeur, il y resta pendant près de deux décennies.

Cet état de fait aurait pu durer si Andrew Banks, trésorier du comté, n'avait pas eut la brillante idée de profiter de ses fonctions et froisser la confiance qu'avait en lui Sergueï Valdov. Car Sergueï Valdov tua Andrew Banks. Or, on n'enterre pas un trésorier du comté n'importe où. Raison pour laquelle les hommes de main de Sergueï Valdov choisirent les bords de la White River pour creuser leur trou, et ils réveillèrent quelque chose qui n'aurait pas dû être réveillé.

On raconte que William Munny serait revenu aux affaires, qu'il aurait accepté un "contrat" en Arkansas, une histoire sordide ; une histoire délicate pour les personnes impliquées. Les rumeurs disent aussi qu'il aurait écumé toutes les maisons de passes de Little Rock jusqu'en Louisiane. Quoi qu'il en soit, l'une ou l'autre de ces versions -peut-être même les deux- l'amenèrent à Shreveport pour des raisons connues de lui-seul. Mais des raisons impérieuses puisque le franc-tireur intégra l'Essaim, il se fit recenser presque sans sourciller.

***

À l'extérieur du Jackson's on entendit des feulements, des coups de feu, des hurlements puis des gémissements et enfin des sanglots. Pendant des secondes interminables, un silence assourdissant plana au dessus du coffee shop. Puis le tintement d'une paire d'éperons se fit entendre. Un coup de pied ébranla la porte et William Munny sortit, dans une main il tenait la Marlin au canon encore fumant, l'autre était refermée sur le cou de Stanislas. Il plaqua ce dernier sur la balustrade et colla le canon de son arme sur sa joue.

-Bon, vous autres, permettez-moi d'attirer votre attention... William pressa la détente. La mâchoire de Stanislas explosa comme une assiette en porcelaine ; une assiette en porcelaine remplie de raviolis. Mon nom ne vous dira probablement rien, mais je suis sûr que les plus perspicaces du groupe auront pris soin de noter quel genre de dégénéré j'étais. J'entends vos dents claquer d'ici. Alors vous allez remonter vos culottes moites et mettre les voiles.
Les portes de certains bâtiments s'ouvrir. Des ombres disparurent dans la nuit. D'abord quelques unes, puis d'autres par mimétisme. L'orage commençait à se calmer. William reporta son regard sur Stanislas qui essayait de ramener sa langue pendante dans le trou béant qui lui servait de visage.
-Parfait, maintenant je vais demander aux courageux qui sont restés de bien écouter. Vous inquiétez pas, ce sera pas compliqué à retenir...
William attrapa Stanislas par la ceinture de son baggy et le balança dans la rue. Le chasseur enjamba la balustrade avec souplesse. Stanislas leva les yeux sur lui, il le toisait de toute sa hauteur ; une botte s'écrasa sur son nez.
-Tu dois croire que je te fous des coups de pieds, Stanislas... William asséna un autre coup de botte. Eh ben, tu te trompes, je suis en train de parler ! Et un troisième. T'entends ? Je parle à tous les suceurs de sang du Kansas ! À tous les suceurs de sang du Missouri! Et un quatrième Et à tous les monstres... Et un cinquième. Des Cheyennes ! Et je les préviens que je suis de retour ! Le siècle a pu changer mais pas moi ! Moi je ne change pas, moi je ne pardonne pas, moi je me contrefous de qui vous croyez torcher le cul ! Munny leva son pied bien haut et écrasa sa semelle sur la tête du renégat. Les yeux rougeoyants se portèrent alors sur les fenêtres. Vous avez intérêt à laisser les villes tranquilles ! Vous avez intérêt à ne plus faire aucun mal aux humains ! Où je vous retrouverais et je vous tuerais tous, salopards.

Stanislas éructa une série de borborygmes incompréhensibles. Il tendit des doigts tordus mais néanmoins suppliants vers William. Le regard du chasseur tomba sur la fillette qui se tenait dans la rue, elle l'observait depuis que les ombres s'étaient enfuies. Elle était paralysée par la peur. William leva son arme et assena un violent coup de crosse sur le front déjà défoncé de Stanislas. Le vampire s'étala de tout son long. William l'attrapa par une jambe et le traîna derrière lui. Son Sire avait payé pour que le chasseur le ramène, il n'avait pas dit dans quel état. William devait récupérer ses affaires, il savait qu'elles étaient à Shreveport. L'argent gagné lui permettrait à peine le voyage, pour le reste il aviserait.

Charlie Payson resta là, à regarder disparaître William Munny au loin. Les services sociaux de Carson City ne réussirait pas à la faire parler, pas plus qu'à la rassurer. De toute cette histoire son cerveau traumatisé occulterait tout, sauf cette image. Celle d'un homme qui marchait calmement, en traînant un autre par la cheville.