DATE & LIEU DE NAISSANCE ☞ 2 février 1987, à Ullapool, en Ecosse. ; AGE ☞ 29 ans, bientôt la trentaine ; ORIGINE ☞ Difficile de trouver plus écossais qu’Iain, qui trimballe ses origines jusque dans son accent incompréhensible et ses phrases parsemées d’expressions typiquement du pays. Il a grandi dans les Highlands, et il le revendique fièrement. ; CAMP ☞ Iain est, comme tous ses ancêtres avant lui, un membre fidèle de la Blanche Confrérie. Un brave petit soldat qui fera tout et n’importe quoi pour défendre son clan et ses membres. ; CAPACITE ☞ Depuis son plus jeune âge, Iain maîtrise la capacité de la micro-onde – un pouvoir pas toujours facile à vivre, mais dévastateur pour peu qu’il s’en donne la peine. ; CLASSIFICATION ☞ Inoffensif, mais uniquement parce qu’il est du bon côté… ; ETAT CIVIL ☞ Célibataire invétéré. Un peu coincé du bulbe, il faut bien l’avouer.  METIER ☞ Gérant de la boutique Silber Bullet, c’est un expert en armes à feu et balistique. Il maîtrise toutes les armes qu’il vend dans son magasin et n’hésite pas à utiliser sa boutique pour récolter des informations pour le compte de la Blanche Confrérie. Et surtout, il fait partie des Veilleurs de cette dernière.  ETIQUETTE ☞ A la ville, Iain est le gérant de la boutique d’armes taciturne, réservé et pas commode à qui il vaut mieux ne pas chercher trop de noises. Après tout, il mesure près de deux mètres, est taillé comme un guerrier des Highlands, et manie la Winchester comme personne – une réputation qu’il s’est vite taillée après que la mafia locale lui ait cherché des puces et soit repartie bredouille. Au sein de la Blanche Confrérie, il est connu pour être un Veilleur particulièrement efficace et méthodique, prêt à utiliser toutes ses ressources et à passer par les chemins de traverse pour convaincre un sorcier ou un médium de les rejoindre – c’est un brave petit soldat en qui on peut avoir une confiance absolue, sérieux, rigide et intransigeant. Pas quelqu’un avec qui on peut rire facilement au premier abord, mais tout le monde au coven local sait bien qu’Iain est un brave garçon, certes orgueilleux et pas très amical, mais dévoué et plus facilement attendri que ce qu’il ne laisse paraître. Suffit de voir comment il s’est entiché de ce chiot qu’un autre sorcier a un jour ramené en le laissant à l’adoption à qui voulait.

« Tu la vois ? »
« A son bureau. Ses collègues ont l’air d’être déjà partis. » Dans l’ombre, Iain vit le regard de Melanie se flouter imperceptiblement, fixant un point devant elle, au-delà du monde. Dans les pensées de leur cible, probablement. « Elle va partir dans cinq minutes. Mieux vaut qu’on s’éclipse. »

Iain ne discuta pas. L’objectif de ce soir n’était pas d’approcher leur cible, seulement de la repérer. Mission accomplie, songea-t-il en suivant sa collègue veilleuse dans la ruelle sombre pour regagner l’avenue principale où ils se fondirent dans la foule qui se hâtait de rentrer chez elle ou de trouver le premier pub pour noyer ses soucis dans l’alcool. A Shreveport comme ailleurs, la nuit apportait son lot d’angoisses réveillés et de chagrins tus qu’on préférait oublier, même artificiellement. Une option que les médiums n’avaient pas vraiment. Cheminant côte à côte en silence, Iain et Melanie formaient un drôle de duo, discret mais amusant pour l’observateur attentif. Lui, gigantesque et l’air perpétuellement boudeur, sa silhouette carrée engoncée dans des vêtements sombres comme s’il cherchait à s’effacer ; elle, minuscule, la peau sombre, le nez surmonté d’une paire de lunettes extravagantes et vêtue comme si elle sortait tout droit d’un film sur les seventies. Ils feraient un charmant duo de comédie romantique. Enfin, si on mettait de côté le fait qu’il s’agissait d’un duo de médiums aux pouvoirs surhumains en pleine chasse pour retrouver l’une des leurs.

Une demi-heure plus tard, Iain poussait la porte du Silver Bullet, sa boutique d’armes à feu, et laissait passer sa complice avant de refermer derrière lui non sans vérifier qu’ils n’avaient pas été suivi – même s’il était sûr que Melanie s’en était déjà chargée grâce à ses pouvoirs de télépathe. Comme si elle était chez elle, la jeune femme passa derrière la caisse et se baissa pour retirer de sous le comptoir une bouteille de whisky écossais et deux verres vides ; elle les remplit tous les deux avant de caler une cigarette entre ses lèvres minces. Puis, elle tendit un verre à Iain et haussa un sourcil. Iain soupira, et pinça le bout de la cigarette entre son pouce et son index. Une seconde plus tard, un grésillement se fit entendre, et lorsqu’Iain relâcha sa prise, Melanie inhala une bouffée de nicotine libératrice, un sourire au coin des lèvres.

« J’adore quand tu fais ça. »
« Si j’avais su qu’en travaillant avec toi je serais réduit à un briquet humain, je me serais abstenu. » commenta-t-il, grognon.

Melanie ne put retenir un hoquet de rire. Iain se renfrogna et décida de ne plus rien dire, se contentant de se concentrer sur son whisky et repensant à leur cible. Une médium, diagnostiquée maniaco-dépressive, sur la pente descendante, seule, isolée, malheureuse… et qui ne comprenait pas ce qui lui arrivait. Encore moins pourquoi elle voyait des gens qui n’existaient pas. Ou plutôt, qui n’existaient plus. Pauvre fille. Elle faisait face seule à un phénomène qu’eux ne connaissaient que trop bien. Soudain, une légère sensation de brûlure, semblable à un pincement, lui parcourut la nuque ; il grimaça et jeta à Melanie un regard lourd de reproches avant même que le téléphone de celle-ci ne se mette à sonner. Il lui avait pourtant demandé de l’éteindre. Moins l’atmosphère était chargée d’ondes, mieux il se portait. Et comme en ville il était rigoureusement impossible de les éviter, Iain les évitait autant que faire se pouvait.

Pourtant, c’était déjà bien plus facile qu’avant. Avant, quand il n’était encore qu’un gosse, que ses facultés le dépassaient complètement, et qu’il n’avait pas d’autre choix que de subir en attendant de suffisamment progresser pour avoir le contrôle. Qu’elles étaient longues, les journées à l’école où les ondes étaient partout, ondes qu’il accumulait sur sa peau comme poussière sur un meuble, jusqu’à ce que l’institutrice ne remarque son front brûlant et ne le renvoie chez lui – au moins le faisait-elle avant qu’il ne soit brûlant au point de la brûler elle. C’était insupportable : les migraines, les grésillements dans son cerveau, le picotement perpétuel, les brûlures parfois. Iain n’avait jamais été bon à l’école, selon ses professeurs parce qu’il n’écoutait pas en classe, était toujours distrait, ne participait pas. Il aurait bien voulu leur expliquer que se concentrer n’était pas simple quand il avait dans la tête la télévision et la radio tout à la fois.

Pourtant, Dieu savait qu’Ullapool était loin d’être la ville la plus « branchée » d’Ecosse, en particulier dans les années 80 et 90. C’était certainement ça qui l’avait sauvé d’ailleurs : grandir dans une maison en bordure de la ville, perdue au milieu des vastes plaines des Highlands. Et avec d’autres médiums et sorciers, sans doute. En cela, Iain était une véritable exception à ses semblables : lui n’avait jamais été perdu, mais toujours entouré. Après tout, quand on descendait de la longue lignée des Winkler, c’était bien le minimum qu’on était en droit d’attendre. Son père, Tavish, était comme lui un médium, qui se spécialisait dans la télékinésie et la télépathie, et sa mère Moira était une sorcière particulièrement douée avec la magie de terre. C’était elle, la descendante directe des Winkler, l’une des héritières de la prestigieuse famille, celle qui avait certains standards en matière de magie et entendait bien que chacun s’y tienne. Ses parents, les grands-parents d’Iain, vivaient avec eux – eux aussi des sorciers bien entendu. Dès sa naissance, Iain avait baigné dans cette atmosphère chargée de magie, et quand son don s’était manifesté, il était apparu évident à tout le monde qu’il suivrait les traces de sa famille. Et en grandissant, lui-même ne s’était guère opposé à ce projet de vie, bien au contraire.

D’aussi loin qu’il s’en souvienne, les esprits avaient eux aussi toujours fait partie de sa vie. Il se souvenait de la première fois qu’il en avait aperçu un, en voyage avec ses parents, dans leur chambre d’hôtel, alors que tout le monde sauf lui dormait déjà. Il avait été terrifié. Dès le lendemain matin, il s’en était ouvert à ses parents, qui lui avaient enfin expliqué tout ce qu’un gosse de son âge avait besoin de savoir pour supporter la présence des esprits sans en faire d’interminables cauchemars la nuit. Ils avaient mis du temps à partir, les cauchemars – mais finalement, il s’y était habitué. On s’habitue à tout quand on se force à rester éveillé la nuit, à se mordre la langue pour ne pas appeler à l’aide, et qu’on se répète qu’il ne faut surtout, mais surtout pas décevoir ses chers parents. Non que Mr et Mrs Glengarry eussent été particulièrement durs avec leur unique progéniture – mais ils étaient stricts et exigeants, et avec tout l’amour du monde lui avaient offert l’éducation rigoureuse d’un futur Confrériste. Dans une famille où l’on faisait partie de la Blanche Confrérie de génération en génération, Iain incarnait le prochain maillon de la chaîne, et il ne serait venu à l’esprit de personne que le gamin aurait pu envisager une autre option. A vrai dire, ce n’était même pas venu à l’esprit du môme lui-même. Dans son esprit encore jeune et fertile, la Blanche Confrérie était cette entité supérieure, ce but suprême à atteindre, comme d’autres pouvaient rêver d’aller à une prestigieuse université, de décrocher leur job de rêve, ou de rejoindre une grande équipe sportive. S’il n’y arrivait pas, c’était qu’il avait un problème. Qu’il n’était qu’un moins que rien. Qu’il avait échoué.

Heureusement, l’Ecosse était, curieusement, un pays parfait pour un apprenti médium. Hanté à souhait, comme le disait, et non à tort, les légendes de fantômes et de vieux cimetières – son père l’emmenait régulièrement à la rencontre de ces esprits qui peuplaient les légendes (sans que personne ne sache qu’elles étaient nées grâce à des médiums qui s’ignoraient, racontait leur invraisemblable histoire, et se croyaient devenus fous) afin de le pousser à affiner son don. C’était sa mère qui l’avait aidé à contrôler la Micro-Onde – elle était même allée jusqu’à installer une télévision dans la maison pour qu’il s’habitue à la présence des ondes et à leurs effets secondaires. Et lorsqu’il devenait évident que c’en était trop à supporter, elle l’emmenait au milieu de nulle part, et lui avait appris à concentrer cette énergie brûlante au creux de sa main et à la projeter pour s’en débarrasser. Les dons d’Iain étaient assez remarquables, mais comme tout pouvoir, ils venaient avec leur lot de malédictions. Un fardeau qu’Iain avait complètement accepté, résigné dès le départ, persuadé que c’était le prix à payer pour réussir à se hisser au niveau de sa famille et de la Blanche Confrérie. Il aurait tout souffert plutôt que de les décevoir et risquer de les voir l’abandonner. L’imagination d’un enfant impressionnable se créait facilement des illusions exagérées de la réalité qu’il imaginait bien plus dure et inflexible qu’elle ne l’était en réalité.
Iain n’avait pas fait d’études supérieures. Obnubilé par sa formation de médium, l’école lui était complètement passée au-dessus de la tête, les heures passées dans la salle de classe lui paraissaient autant d’heure irrémédiablement perdues alors qu’il aurait pu être occupé à bien plus utile. Il les avait endurées, ces heures, jusqu’à ses dix-huit ans, sans jamais rien révéler de ses dons à ses camarades de classes qui se contentaient de le prendre pour un rabat-joie trop sérieux qui n’aimait personne et parlait parfois tout seul. Heureusement, il était plus grand que les autres, plus solide aussi à force de courir partout dans l’immense terrain derrière la maison et dans les bois – sa façon à lui de se défouler et de se vider de cette immense énergie réprimée. Rien du monde des ‘purs’ humains ne lui manquait : ces gosses qui ne comprenaient rien à la magie et s’y essayaient quand même, provoquant catastrophe sur catastrophe – il se souvenait de ses parents qui s’en plaignaient, et lui-même qui se félicitait en secret d’être un jeune médium si raisonnable – sans réaliser la portée de leurs actes. Des expériences qui l’avaient convaincu, très tôt, que les non-sorciers et les non-médiums feraient mieux de rester aussi loin que possible de la magie.

« Iain, tu vas devoir partir. » « Où ça ? » « En Louisiane. »

Iain n’avait rien répondu, le regard droit, les épaules courbées comme à son habitude. La Révélation de 2007 les avait tous pris par surprise, y compris la Blanche Confrérie. Il savait aussi que les nécromants commençaient à semer le trouble là-bas – et la Blanche Confrérie ne pouvait pas se permettre de fermer les yeux sur ces agissements. Le Coven manquait de sorciers et de médiums : puisqu’Iain venait de rejoindre la Blanche Confrérie, c’était l’opportunité parfaite pour qu’il fasse enfin ses preuves. La BRIS venait d’être créée, les choses risquaient de devenir houleuses très vite. Maudits vampires, avec leur idée stupide de se révéler au grand jour, sans consulter les autres espèces évidemment. C’était là-bas que les choses étaient sérieusement en train de bouger pour les CESS – c’était là-bas que Iain devait aller, s’il voulait réellement se rendre utile. Et le jeune homme, alors âgé de vingt-et-un ans, ne pouvait pas rêver mieux. Bien sûr, il regretterait son Ecosse natale, mais c’était là la mission qu’on lui avait confiée. Et il mourrait plutôt que de revenir sans l’avoir honorée. Déjà à ses débuts, Iain avait un certain sens de la théâtralité. Un templier entièrement dévoué à sa cause.

Shreveport avait été un choc, au début. Peu habitué aux grandes villes, il avait bien failli faire demi-tour, assailli par les ondes au point d’en manquer de tourner de l’œil. Mais il s’était accroché, se souvenant de tout ce qu’il avait appris, apprenant encore sur le tas à prendre sur lui et contrôler, toujours un peu mieux, ses capacités. La Blanche Confrérie l’avait pris en charge dès son arrivée, et le mentor qu’on lui avait attribué lui avait procuré un soutien de tous les instants, le poussant dans ses retranchements, comme un diamant qu’on polit patiemment. Iain n’avait pas grand-chose d’un diamant – mais c’était un bosseur, un médium appliqué et prêt à tous les sacrifices. Par conséquent, il était devenu, au fil des années, à la fois une recrue de confiance et un médium aux pouvoirs particulièrement développés et contrôlés. Plusieurs fois, on lui avait demandé pourquoi il n’avait pas essayé d’apprendre la sorcellerie. Invariablement, sa réponse était la même : il préférait perfectionner ce qu’il savait déjà faire au lieu de s’éparpiller. Il ne se considérait pas particulièrement doué et doutait de pouvoir rapidement retrouver un bon niveau s’il s’était tourné vers la sorcellerie. Alors qu’au contraire, sa perception de médium était parfois citée en exemple, et sa maîtrise d’un don pourtant difficile comme la Micro-Onde forçait le respect. Il était loin d’égaler la puissance des mages de la Confrérie, mais plus les années passaient, plus il s’affirmait comme un médium retors avec lequel il fallait compter.

Pourtant, toutes les recrues du monde n’auraient pas pu empêcher le déclin irrémédiable de la Blanche Confrérie, auquel Iain assista impuissant. Voir ces sorciers et ces magiciens ignorer complètement le Coven et s’en détourner pour s’adonner au trafic ou à la magie noire le rendait fou, et Morgane ne rendait pas les choses particulièrement simples non plus. Pourtant, il l’avait suivie, brave petit soldat qui gardait ses critiques pour lui, pensant songer au bien du plus grand nombre. L’ombre de l’attentat de Philadelphie hantait encore les souvenirs des sorciers qui avaient perdu leurs leaders, et Iain avait pris le parti de l’unité et de suivre cette nouvelle chef qui pourtant ne l’avait jamais complètement convaincu. Une loyauté sans faille qui agissait un peu comme un ciment au sein d’une Blanche Confrérie maltraitée par les événements, et qui lui valut d’être promu Veilleur. Une mission qu’il prenait à cœur, et à laquelle, encore une fois, il refusait de faillir. Une mission qu’il prenait trop à cœur, sans doute, et qui lui coûta des amitiés comme des relations plus intimes. On admirait son sens de la loyauté et on déplorait son sérieux. On saluait son souci des autres et on critiquait son côté légèrement fanatique. On l’accusait parfois d’être aveugle alors qu’il était si perceptif quand il s’agissait de détecter d’autres médiums ou des esprits. On savait qu’on pouvait compter sur lui, et on savait qu’on ne pouvait pas lui faire confiance. Parce que la Blanche Confrérie passait toujours avant tout le reste.

Il avait été soulagé (bien qu’il n’en ait rien montré) lorsque Morgane avait fui le pays et laissé la place à Alessia. Une sorcière douée, dont il partage les vues sur le Coven, même si elle ne vient pas d’une grande famille – ses capacités ont largement parlé pour elle et Iain la suivrait les yeux fermés. Plus que jamais, Iain avait des ambitions au sein de la Blanche Confrérie, et s’il n’aurait jamais empiété sur les plates-bandes d’un supérieur qu’il estimait, il avait en revanche soif de responsabilités, soif de protéger les siens envers et contre tout, et surtout contre tous. Contre les Humains d’Abord, ce fléau qui leur avait déjà coûté, et qui leur coûterait sans doute bien plus s’ils n’agissaient pas rapidement contre eux. Mais Iain n’était pas un responsable, il n’était pas un décideur, pas encore ; alors il taisait ses opinions, attendant que la tempête passe et qu’on requiert ses services. Promenant sa haute silhouette austère dans les couloirs du Coven, comme une ombre silencieux, un mercenaire tranquille et calme qui attend son heure au fond de sa boutique d’armes à feu, observant et récupérant quelques médiums perdus au passage, quand il le pouvait. En attendant la guerre…

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