DATE & LIEU DE NAISSANCE ☞ née le 12 mai 1892, à Lyon, France ; AGE ☞ cent vingt-quatre longues années, transformée la veille de ses vingt-cinq ans ; ORIGINE ☞ purement française, mais pour des raisons pratiques, possède la nationalité américaine ; CAMP ☞ elle préfère marcher dans les pas de l'Essaim ; NOM DU SIRE ☞ Cesare Della Scala ; DATE DE L'ETREINTE ☞ le 6ème jour de mai 1917 ;  STATUT ☞ consultante en informatique et technologies pour la BRIS ; DISCIPLINE ☞ occultation, niveau trois ; UN MARQUE ? ☞ non ;  ETAT CIVIL ☞ célibataire aux yeux de l'état civil ; METIER ☞ fondatrice et CEO de AC-Info Inc. ; ETIQUETTE ☞ globalement, elle essaye de se faire discrète, mais elle n'a jamais donné à personne une raison de parler d'elle en mal.

Aliénor naît par une fraîche soirée de mai 1892, le douze très précisément. Fille de Françoise Anne-Marie de Saint-Loiseau et de Jacques Philippe Hauterive de la Chesnaye, son avenir est déjà tout tracé, il est linéaire, plat et sans aucun intérêt. Elle se devra d’être accomplie, à la limite de la perfection et belle, puis elle devra se marier et engendrer tout un bataillon d’héritiers. Mais pour l’enfant qu’elle est, c’est encore si loin. Et elle rêve de liberté et d’aventures. Chérie par ses deux grands frères, elle se mêle à tous leurs jeux, les suit partout et les employés de maison peinent à rendre aux bas de ses jupons leur blanc initial. Elle grandit en faisant le malheur de sa mère qui ne sait plus quoi inventer pour la punir de délaisser la broderie pour les leçons d’équitation et d’escrime de ses frères auquel elle est d’ailleurs bien plus douée. Nombreux sont les percepteurs qui se cassent les dents sur son éducation, tentant désespérément de lui inculquer quelques notions. Et lorsqu’ils réussissent par quelque miracle que ce soit de lui insuffler de l’intérêt, c’est pour qu’elle le détourne. Elle apprend le chant et le rudiment de la poésie pour se moquer en chanson de ces percepteurs et ne lit que les œuvres les plus décriées et subversives de l’époque.

Lorsqu’elle fête ses seize ans, ses parents décident de passer à la prochaine étape : le mariage. Alors qu’elle fait des pieds et des mains pour l’éviter à tout prix, elle se retrouve fiancée (ou plutôt vendue) à un jeune homme de bonne famille et surtout riche, qu’elle n’a jamais vu… qui décède avant même qu’ils ne se rencontrent, des suites d’une mauvaise pneumonie. C’est alors que ses parents décident de l'envoyer à la capitale, chez l'une de ses tantes, afin de lui permettre de rencontrer d’autres excellents partis, à la hauteur de son nom et de son rang. C’est là qu’elle se rend compte de sa beauté. La jolie blonde, innocente, vive et bien dotée fait des ravages et rapidement, ses parents lui trouvent un nouveau parti. Elle est donc fiancé une deuxième fois durant l’été 1909 à un autre homme… qui lui aussi décède dans des circonstances étranges. Mais les prétendants ne manquent pas et elle épouse finalement Joffrey Louis Henri de la Ferrière en mars 1910. De quelques années son aîné, il a tout pour plaire et à défaut d'amour, il se développe un certain respect entre les époux.

Quelques mois après le mariage, un héritier est déjà en chemin mais la grossesse s’annonce difficile. Son mari et elle prennent alors la décision de s’éloigner de Paris jusqu’à la naissance, s’installant dans leur propriété en campagne où Aliénor s’y ennuie. Après avoir connu les joies de vivre à la capitale, il s’avère que la campagne offre bien peu de divertissement. Le voisinage y est limité et s’avère d’une compagnie encore plus ennuyeuse que la solitude. Mais la bibliothèque est fournie et elle passe donc énormément de temps à lire et contre l’avis du médecin, prend des leçons de pianos. Le petit François Charles Philippe naît le 5 janvier 1912. Presque aussitôt, ils retournent à Paris. Quand la guerre éclate en 1914, Joffrey, officier militaire, est mobilisé et il décède durant l'une des premières batailles. Les mauvaises langues s’en donnent alors à cœur joie et une rumeur commence à courir sur le compte de la jeune femme, qui porte le deuil. Après deux fiancés et un mari décédés avant l’heure, les superstitieux commencent à voir des mauvais présages.

Aliénor se moquant ouvertement de tous ces superstitieux ne fait qu’aggraver sa situation aux yeux de ses parents, qui ont bien l’intention de la remarier. De nouveau, elle fait la guerre à ses parents estimant qu’elle a bien assez donné comme ça, mais elle n’a beaucoup de prise sur son avenir. Et lorsqu’ils décident de l’envoyer en Angleterre, là où sa réputation ne la précédera pas, elle s’y trouve contrainte. Son fils est alors confié à sa belle-famille et elle le voit pour la dernière fois alors qu’elle embarque pour Londres en mai 1915. Elle fait donc son entrée à Londres, en tant que gouvernante chez une famille de la haute noblesse anglaise. Les premiers mois sont difficiles, car malgré les leçons, Aliénor ne parle que quelques mots d’anglais. Elle se trouve donc dans un isolement complet tout en étant bien entourée. Mais elle se lit rapidement d’amitié avec l'une des filles de la famille, née la même année qu’elle. Sa ténacité et les nombreuses leçons de langue finissent par porter leur fruit et moins d’un an après son arrivée, Aliénor se débrouille correctement.

La jeune femme tourne réellement une page de sa vie lorsqu'elle le rencontre. Cesare Della Scala. Personne semble savoir ni d’où il vient — à part son évident accent italien — ni exactement qui il est. Mais il est séduisant, cultivé et visiblement maladroit avec les règles compliqués de l’étiquette. Pour Aliénor, jusque-là enfermée dans un monde étriqué et apparemment immuable, sa présence est une vraie bouffée d’air frais. Chacune de leurs conversations passionnées et passionnantes les rapproche un peu plus, d’autant qu’il est l’une des rares personnes à maîtrise à peu près dignement le français. Elle tombe sous son charme. Mais s’il semble visiblement conquit par Aliénor, qu’il appelle d’ailleurs Divina, il reste néanmoins en retrait. Un jour, il vient lui faire ses adieux et disparaît pendant une longue année. Malgré qu’elle tente de lui envoyer des lettres dans sa résidence de Londres, elles ne semblent jamais lui parvenir. Ce n’est que fin avril 1917 qu’elle entend de nouveau parler de lui, par le biais d’un courrier signé de sa propre main. Il n’est de retour à Londres que pour une très courte période de temps, mais il aimerait qu’elle vienne avec lui lorsqu’il repartira. Sa décision est prise presque instantanément. Et la veille de son anniversaire, elle s’enfuit avec lui, direction la province italienne de Cesare. Du voyage, elle ne se rappelle pas grand-chose, malgré les années à essayer de se souvenir. Quelques impressions diffuses et des informations contradictoires. Elle se souvient de la douleur et de la jouissance, de l’odeur du sang, âcre et tenace. Elle a des images inconsistantes, peut-être imaginées de toute pièce et sa notion du temps est perturbée. Mais elle se rappelle comme si c’était hier, avoir repris conscience et se sentir plus vivante que jamais.

Elle découvre les charmes et les mauvais moments de sa nouvelle mort, au côté de son Sire, dans une province reculée mais particulièrement belle de l’Italie. Lorsque celui-ci est occupé à ses affaires, Aliénor se plonge tête la première dans la littérature, la musique, la peinture et la sculpture. Avec un peu de travail, elle se révèle relativement douée dans tout ce qu’elle entreprend. Mais malgré son amour profond pour celui qui est plus son amant que son Sire, il arrive un moment où elle se rend compte que la vie qu’elle mène avec lui ne la satisfait plus. Elle veut voir le monde, tenter d’assouvir sa soif insatiable de connaissance. Ce qui la pousse à prendre la décision la plus difficile de sa vie, mais pourtant terriblement nécessaire. Elle doit prendre son indépendance. Alors une nuit, après avoir laissé un courrier affreusement long à Cesare, elle prend la fuite. Elle est incapable de lui annoncer en face sa décision de s’en aller, en partie parce qu’elle a peur de ne plus se sentir le courage de partir, mais surtout parce qu’il essayerait de la retenir.

Dans sa précipitation de quitter l’Italie, elle embarque sur le premier bateau sans réfléchir en manipulant son capitaine à destination de l’Espagne. Elle se retrouve seule dans Barcelone, sans ressources financières, dans un pays inconnu dont elle ne comprend la langue que dans la théorie. Mais surtout après avoir vécu plus de trente ans sans contact avec le monde humain, il est difficile de se faire passer pour l’un d’en eux. Et par-dessus tout, il y a cette faim qui ne cesse de grandir. Difficile de résister à autant de tentations d’un coup, d’autant qu’Aliénor n’a jamais été très douée pour refréner ses envies. Elle passe près de la catastrophe lorsque la petite voix qui lui souffle « Juste une gorgée » se transforme en « Vide-le ! » mais la perspective de mettre le quartier à feu et à sang, qui réussit à la tenter pendant un cours instant, la fait reprendre ses esprits brutalement. Elle vit au crochet de familles bourgeoises qu’elle maintient sous son influence et pour tenter d’oublier, se noie dans la luxure. Pendant plus de dix ans, elle vit un calvaire. Perpétuellement sous-alimentée, luttant pour ne pas se transformer en meurtrière, ce dont elle pourrait bien ne jamais se remettre, elle regrette amèrement d’avoir quitté l’Italie. Seule sa fierté l’empêche de rentrer au bercail la queue entre les jambes. Ses voyages la font traverser l'Europe de long en large et en travers.

Elle s'installe de nouveau à Paris au début de l'année 1966, dans une famille dont les parents sont des professeurs à l'université. C'est en partie grâce à eux qu'elle met à jour ses connaissances sur la technologie humaines. Elle en apprend plus en quelques années que depuis le début de sa vie, mais surtout, les débuts de l'informatique la passionnent. Comme beaucoup d'autres, elle y entrevoit le futur. Elle a l'une de ses premières bonnes idées en 1970, dont elle vend le brevet à prix d'or à une société. Elle utilise l'argent pour fonder une entreprise dont elle tient toujours les rennes aujourd'hui et qui, malgré les hauts et les bas, se développera de plus en plus jusqu'à se faire un nom dans le milieu. Sa nature vampirique l'oblige à être maligne pour ne pas être découverte et elle doit confier la grande majorité de ses tâches à des intermédiaires, qui sont bien contents de ne pas poser de questions tant qu'ils sont payés. Malgré tout, il est de plus en plus difficile de se cacher. Jouant dans le monde des humains, elle a été obligé de falsifier ses papiers, mais aussi tout un tas de document, un certain nombre de fois. C'est en partie pour cette raison qu'elle quitte l'Europe pour les Etats-Unis, au début des années 90s. Mais aussi parce qu'ils sont le berceau de l'innovation.

Elle s'installe sur la côte Ouest des Etats-Unis où elle arrive, avec quelques difficultés, à se fondre dans la masse des excentriques. Sa fortune prend de l'ampleur, grâce à sa société mais aussi toutes les opérations annexes qu'elle effectue. Elle investit dans un certain nombre d'entreprises prometteuses, autant dans l'informatique que dans d'autres domaines. Il y a des hauts et des bas, mais elle n'est pas quelqu'un qui aime les risques démesurés. Lorsque la Révélation a lieu, elle est un peu prise au dépourvu, ayant relativement coupé contact avec le monde des vampires et vivant relativement en recluse. Mais rapidement, elle considère que c'est une bonne nouvelle. Cela lui permet de récupérer ses vrais papiers, ainsi que de finalement demander la nationalité américaine, en complément de la française qu'elle possédait déjà. Elle décide d'ailleurs de reprendre son nom de jeune fille. Elle s'installe à Shreveport, début 2010, où elle prend contact avec l'Essaim et renoue avec les siens, du moins, en théorie plus qu'en pratique. Malgré tout, lorsque l'Essaim donne son nom à la BRIS, elle accepte de travailler occasionnellement avec eux, en guise de consultante, son entreprise passant tout de même avant le reste. Maintenant qu'elle profite un peu de la vie publique, elle essaye de chercher son Sire dont elle ignore ce qu'il est devenu depuis qu'elle l'a fui. Elle ne sait pas si elle veut le revoir ou non. Au fond d'elle-même, elle craint qu'il ne lui en veuille.

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