Gabrielle Allegra Morningstar âge. 44 ans date et lieu de naissance. 26 mai 1966 à Haven, Maine, USA nationalité. Américaine camp. bien capacités. empathie classification. inoffensif état civil. veuve lieu d'habitation. coven garden métier. conseillère d’orientation étiquette qui vous est collé. Gabrielle est perçue comme une femme profondément gentille et serviable, qui adore les enfants et a su garder son côté enfantin. Elle a également un côté très triste, mélancolique, cependant, personne ne sait ce qu’il s’est passé dans sa vie par le passé pour l’avoir ainsi marquée.

traits de caractère.
On qualifie souvent Gabrielle d’excentrique ou de décalée. Elle est en effet un peu, si l’on rapporte ses deux termes au fait qu’elle a gardé son esprit d’enfant et qu’elle n’a pas peur de faire des choses un peu folles. Si elle a envie de danser dans la rue en attendant sa musique préférée dans son iPod, elle le fera. Si elle a envie de superposer des chapeaux, de marier une jupe rose avec des leggings verts, de se déguiser en mama gothique, elle le fera. Ce n’est pas une femme à avoir froid aux yeux ou à enterrer sa nature profonde en elle-même. On ne l’empêchera pas de faire ce qu’elle a envie de faire. On pourrait ainsi la croire têtue et obstinée mais elle ne l’est qu’en partie car elle est toujours à l’écoute de ce qu’on peut bien lui dire. Elle ne crache sur aucun conseil mais sait faire le tri et garder ceux qui lui conviennent. Elle est très ouverte d’esprit et attentive aux problèmes des autres. Elle sait prodiguer de très bons conseils qui se trouvent être particulièrement judicieux. Cependant, si elle écoute avec attention les problèmes des autres et est toujours prête à aider, elle ne se dévoile que très peu, refusant de se livrer à quiconque. Il se peut même qu’elle se braque et devienne méchante si vous insistez de trop.

Etant empathe, Gabrielle montre de nombreuses facettes lorsqu’elle est en présence de beaucoup de gens. Il lui arrive de perdre un peu le fil et de se laisser submerger par toutes ces émotions que les autres peuvent ressentir. C’est pour cela qu’elle évite de prendre des bains de foule et préfère recevoir les gens en petit comité. D’autant plus que, dans ces cas-là, la migraine arrive vite et en plus des sautes d’humeur, elle souffre terriblement. Pour en avoir fait l’expérience à de trop nombreuses reprises à son goût, elle reste donc seule ou entourée du moins de personnes possibles. Elle n’aimerait pas qu’on la traître de folle ou de schizophrénique alors qu’elle est tout simplement une médium à la capacité de ressentir les émotions des autres. Sinon, lorsque son pouvoir ne devient pas incontrôlable, Gabrielle est une femme très calme et sereine. Elle a un don pour apaiser et faire rire les gens, si bien que l’on se sent bien en sa présence. Elle possède donc un certain nombre d’amis, bien qu’elle ne s’attache pas vraiment à eux. Depuis le drame qui a secoué sa vie, elle préfère ne pas trop s’attacher aux gens, de peur de les perdre et d’en souffrir, et par là même, faire souffrir d’autres personnes. Car l’empathie est à double tranchant. Elle peut également imposer ses sentiments aux autres, bien qu’elle veille constamment à ne pas le faire, même si dans certaines situations, cela pourrait être utile, voire nécessaire. Elle n’aime pas qu’on lui impose quelque chose contre sa volonté alors elle n’ira pas le faire aux autres. “Ne fais pas à autrui ce que tu ne veux pas qu’on te fasse”, elle s’applique à rester fidèle à ce proverbe, et ce pour le plus grand bien de tous.

Ce n’est que lorsqu’elle est à l’abri dans sa demeure à Coven Garden qu’elle se laisse aller à ses propres émotions, qu’elle leur laisse libre court. Bien souvent, c’est du chagrin qu’elle ressent. Un immense chagrin. Et une nostalgie intense pour l’endroit où elle est née et où elle a vécu la plus grande partie de sa vie. Pourtant, elle ne peut y retourner. Il y a justement trop de souvenirs, trop de peine pour qu’elle puisse y rester sans fondre en larmes à chaque pas qu’elle ferait. Les embruns sur son visage lui manque, le cri des mouettes lui manque et même ces infâmes hot-dogs au homard lui manquent. Pourtant, non, vraiment, elle ne pourrait pas continuer à vivre là-bas. Elle n’a d’ailleurs gardé aucun des objets qu’elle possédait autrefois, à part ses bijoux et un cadre photo. Et lorsque la douleur se fait trop importante, que son coeur se brise une fois encore, elle se met à peindre. Elle n’est pas une peintre de renommée, ou même de talent international mais elle aime peindre. Ça la détend et lui permet de penser à autre chose.

occupation diurne.
Gabrielle est conseillère d’éducation. Elle s’occupe donc des élèves qui ont des difficultés et cherche à les aider du mieux qu’elle le peut. Elle les conseille, les procure de la documentation sur ce qu’ils souhaitent ou sur ce qui peut les aider, et elle est également là pour les écouter, les aider à faire les bons choix.
Elle prend également plaisir à se rendre à l’hôpital pour aider les infirmières en pédopsychiatrie. Elle adore les enfants, alors leur rendre visite et les faire rire est un immense bien pour elle. Ça lui permet d’oublier un peu sa propre douleur, une douleur qui ne se soigne pas, elle.

manie, habitudes & goût. 
✫ Gabrielle a l’habitude de boire une grande tasse de chocolat chaud avant d’aller se coucher.
✫ Le Maine lui manque et il lui arrive parfois de se mettre à son balcon et de fermer les yeux, s’imaginant chez elle, avec l’air salé fouettant son visage… et non pas la chaleur humide de Louisiane.
✫ Elle attache toujours ses cheveux un peu n’importe comme, avec ce qui lui tombe sous la main. Que ce soit un stylo, une baguette ou bien encore parfois une lime à ongles ou une fourchette en plastique.
✫ Elle aime porter des tenues un peu bizarre.
✫ Elle apprécie beaucoup la musique classique, le métal symphonique et les musiques d’ambiance.
✫ Elle met toujours plus d’une heure sous la douche. Se lavant avec de l’eau presque bouillante pour se rincer à l’eau froide. L’eau chaude permettant de chasser les impuretés et l’eau froide de resserrer les pores de la peau. Et puis elle aime la sensation de flottement qui suit le moment où elle passe du chaud au froid.
✫ Elle n’aime pas les moustiques, les mouches, ou tout autre insecte du genre.
✫ Elle ne supporte plus de voir des couples dégoulinants d’amour…
✫ Elle aime faire de longues balades sous la pluie… même si ce n’est pas la même pluie que chez elle.
✫ Les hommes ne sont pour elle que des amis, ou des collègues de travail. Il n’y aura jamais plus.

don.
Gabrielle a le don d’empathie, ce qui signifie qu’elle peut percevoir les émotions des gens, le ressentir comme si c’était les siennes. Ce n’est pas toujours facile à vivre, surtout lorsqu’elle se trouve au milieu d’une foule de gens et de leurs émotions toutes différentes les unes des autres. Il y a encore quelques années, elle parvenait à les canaliser, à les contrôler et à ne pas se laisser submerger, mais ce n’est plus trop le cas actuellement. Cependant, elle commence à reprendre pied, à ne plus se laisser prendre dans cette spirale infernale. Ce don d’empathie a également une facette plus destructrice car Gabrielle a la possibilité d’imposer ses sentiments aux autres personnes. Mais elle se le refuse toujours, peu importe la situation, car elle respecte le libre-arbitre de chacun.

conviction.
Gabrielle, comme la plupart des médiums, était au courant depuis bien longtemps que tous les gens n'étaient pas ce qu'ils paraissaient être, ou encore que tout ne se résumait pas à ce que l'humain moyen pouvait voir. Lorsqu'on voit l'esprit des morts, lorsqu'on voit l'aura des gens et que l'on est à même de ressentir leurs émotions, on se prend tout de suite à imaginer qu'il y a bien plus. Du moins, c'était le cas de Gabrielle qui avait — et a toujours — une imagination débordante. Elle n'a jamais cru qu'elle était la seule étrange. Au fil des années, elle a donc découvert l'existence des créatures comme les vampires et les lycans. Ils n'étaient guère nombreux dans sa ville d'origine et préféraient l'attrait des grandes villes, mais ça ne l'a pas empêchée de le voir, de les reconnaître. Alors, maintenant, avec la Grande Révélation, elle se dit seulement que les humains sont au courant eux aussi. Qu'ils ne sont plus plongé dans l'ignorance et le mensonge. Est-ce un bien ou un mal ? Seul l'avenir nous le dira. Pour Gabrielle, en tout cas, ça n'a pas changé grand chose.

signes particuliers. 
Gabrielle ne possède aucun signe qui pourrait la différencier des autres, mis à part son style vestimentaire décalé et son alliance qu'elle porte toujours, malgré le fait qu'elle soit maintenant veuve depuis plusieurs années.

histoire. 

Haven, Maine

Gabrielle Allegra Morningstar est née il y a 44 ans dans une petite ville du Maine. Le bord de mer, les phares, les maisons en bois peintes en blanc et en rouge, ou en vert ou en bleu. Pas de grands buildings en béton armé. Rien que des plages de sable blanc ou de galets et le vent marin qui emporte les embruns jusque sur votre terrasse faite de quelques planches posées sur l'herbe. Une ville où tout le monde se connaît, où n'importe quelle nouvelle, n'importe quelle rumeur fait le tour en une heure à peine. Une ville où les étrangers sont bien souvent pas les bienvenus car ils cassent la routine si bien établies et si douces des habitants. Ce n'est pas une ville à touristes, non. Quelques uns viennent parfois pour longer la plage mais sans plus. Il n'y fait pas humide, il n'y a pas de moustiques et de insectes nuisibles durant l'été. Oui, vraiment, c'était un lieu où il faisait bon y vivre. Les parents de Gabrielle y vivait depuis leur naissance, comme leurs parents avant eux. Ils n'avaient pas souhaité partir pour faire leur vie ailleurs. Ici, ils avaient leurs amis, leur famille, leurs habitudes. Il était dentiste, elle était secrétaire à la mairie. Qu'ils soient ici ou ailleurs, leur métier serait le même. Alors pourquoi partir ? Leur ville natale leur semblait bien plus douce et remplie de promesses de bonheur que ces grandes villes anonymes. Ici, on pouvait sortir en pyjama en pleine nuit et aller voir son voisin pour lui demander s'il n'avait pas du pop-corn sans croiser une dizaine de clochards ou se faire poignarder entre temps. Alors non, ça aurait été stupide de déménager.

C'était ce que Gabrielle se disait lorsqu'elle pensait à son avenir. Elle avait vingt-deux ans. Elle venait de se marier à l'un de ces touristes. En réalité, il ne l'était pas vraiment car il était venu à Haven pour son travail. C'était un jeune océanographe tout frais débarqué de l'institut de Vancouver pour faire des prélèvements sur la côte Est. Il s'appelait Michael Morningstar et il était très beau. Du moins aux yeux de la jeune femme. Un peu plus grand qu'elle, les cheveux noirs toujours en bataille, une paire de petites lunettes rondes sur le nez lorsqu'il lisait ou écrivait, une stature assez carrée et ferme malgré son air d'intello. Mais ce qui avait tout de suite séduit Gabrielle était son humour innocent et timide. Il la faisait rire lorsqu'il lui décrivait son état malheureux sur un bateau. Il la faisait rire lorsqu'il se mettait à courir comme un fou sur la plage pour finir par se laisser tomber dans l'eau en l'éclaboussant de la tête aux pieds. Ils s'étaient rencontrés dans un restaurant bâti sur pilori, en amont de la plage. Elle sirotait un thé au jasmin sur la terrasse, contemplant la mer, lorsqu'il était venu s'accouder à côté d'elle avec son diabolo fraise. Elle avait souri et lui avait que c'était une boisson de fille. Il avait haussé les épaules et dit qu'il s'en fichait. Tout ce qui importait, c'était qu'il aimait ça. Il avait raison, rien n'était plus important. Il lui avait demandé ce qu'elle faisait là. « J'observe l'esprit de hommes morts en mer. » lui avait-elle alors répondu. Il avait cligné des yeux, ses yeux si verts, ne sachant s'il devait rire à une plaisanterie ou garder son sérieux. Finalement, il n'avait rien dit, se contentant à son tour de scruter la mer. Deux ans plus tard, ils étaient mariés.

Il lui avait souvent demandé si elle ne voulait pas qu'ils aillent vivre à Vancouver. Après tout, c'était de là qu'il venait, là qu'il était sensé travailler. Il partait tous les matins en mer pour ramener des échantillons. Et tous les matins, Gabrielle s'assurait qu'il n'y avait pas de morts en colère qui pouvaient faire chavirer son navire. On l'avait toujours trouvée bizarre ici. Lorsqu'elle était petite, elle avait bien vite compris que ça ne servait à rien de tirer sur la jupe de sa mère pour lui montrer la dame qui passait à travers les murs ou le monsieur qui criait à chaque fois qu'il voyait un hot-dog au homard, car personne d'autre qu'elle ne les voyait. Elle avait alors appris à se taire, à ne plus parler de ces gens qu'elle seule était capable de voir. Par contre, lorsque son don d'empathie s'était développé, ça avait été différent. Au début, elle n'avait pu s'empêcher de ressentir, d'exprimer les émotions que les gens ressentaient. Alors, bientôt, on l'avait traitée de folle parce qu'elle était assujettie à de fréquentes sautes d'humeur. Elle n'était parvenue à avoir des relations avec les jeunes hommes, sentant généralement que la plupart voulait juste s'amuser et rire un bon coup en disant à leurs amis qu'ils avaient réussi à tirer leur coup avec la cinglée de la ville. Elle avait mal au coeur, avait le coeur brisé. Puis, elle avait appris à faire la part des choses et à mettre tout ça de côté. Elle ignorait ces idiots et continuait à vivre sa vie. Lorsqu'elle avait rencontré Michael, il avait été une bouffée d'air frais dans tous ces hommes avec qui elle avait grandi et qui ne la voyaient que comme la folle du village. Lui, au moins, n'avait pas d'apriori. Mais lorsqu'il lui demandé si elle ne voulait pas quitter Haven, elle ne pouvait s'y résigner. C'était sa ville, son enfance. Elle devait parfois lui sembler bien exigeante, mais il l'acceptait, et son don avec elle. Il n'avait jamais remis en doute le fait qu'elle voyait les fantômes ni que ses changements d'humeur pouvaient être du à une trop forte accumulation d'émotions externes. Il avait foi et confiance en elle bien plus que tout. Et il l'aimait tant que c'était tout naturel pour lui.

Gabrielle vécut heureuse avec Michael durant de nombreuses années. Ils avaient leurs petits rituels, leurs sorties, leurs plaisirs tout simples. Que demander de plus ? Elle, ne voulait rien d'autre. Enfin, peut-être que si. Il s'avéra en effet que quelques années après leur mariage, ils eurent envie de devenir parents. Ils se sentaient prêts à franchir ce pas, à donner la vie. La jeune femme s'inquiétait un peu de savoir si leur enfant posséderait des dons semblables aux siens mais Michael la rassura en lui disant que, peu importait si c'était le cas ou non, ça ne changerait rien à l'amour qu'ils lui donneraient. Ça n'avait fait que rendre plus heureuse la jeune médium. Malheureusement, la vie ne fut pas tant remplies de promesses que ses parents ne le pensaient... Car il s'avéra qu'après plusieurs mois à essayer de concevoir, et une batterie de tests effectués à l'hôpital de Boston — c'était la première fois que Gabrielle quittait Haven, même pour quelques jours —, elle en était incapable. Elle avait à peine écouté les médecins lorsqu'ils lui donnèrent les raisons de sa stérilité. Elle s'était noyée dans un océan de tristesse sans fond. Tout lui parvenait comme à travers un écran de fumée. Assourdi et déformé. Sa peine était si intense que pendant plusieurs semaines, elle contamina Michael. C'était une facette de son don d'empathie qu'elle n'avait jamais eu l'occasion de découvrir vu qu'elle était bien souvent seule. Mais aussi innocent et naïf qu'il pouvait l'être, il était fort et avait finalement réussi à remonter à la surface, essayant de la tirer dans son sillage. Il l'emmenait faire de longues ballades sur la plage, manger au restaurant, en mer pendant quelques jours. Il était tenace et il finit par la faire sourire et rire à nouveau. Rien ne lui importait plus à ses yeux, et Gabrielle lui en était reconnaissante. Il ne lui en voulait pas, il ne la jugeait pas.

Shreveport, Louisiane

Cela faisait une dizaine d'années que Gabrielle avait quitté Haven. Elle avait maintes fois déménagé, sans jamais vraiment trouver sa place. Elle avait essayé Los Angeles, Albuquerque, Dallas, St Louis, avant finalement d'échouer dans un petit patelin en Louisiane. Ce n'était pas le mieux, ça, on pouvait le dire. Il y faisait chaud et humide et elle passait la plus grande partie de son temps à chasser les mouches et les moustiques de la maison qu'elle avait achetée. Mais ça avait au moins le mérite de lui faire penser à autre chose. Si grandes qu'elles étaient, les mégalopoles qu'elle avait essayées étaient bien trop impersonnelles, bien trop solitaires pour lui offrir le divertissement dont elle avait besoin. Shreveport n'était peut-être pas aussi petite que Haven, mais elle l'était suffisamment pour que les gens se connaissent tous — ou presque — et qu'elle retrouve un peu de cet esprit qu'elle avait quitter. La plage en moins, les moustiques en plus. Pourquoi avait-elle fini par quitter cette charmante bourgade d'où elle avait pourtant juré de ne jamais partir ? La raison était bien simple, si simple... Il y avait trop de souvenirs, trop d'émotions. C'était saturé en émotions si violentes que Gabrielle n'était pas sûre de pouvoir toutes les contenir à chaque fois qu'elles l'assaillaient.

Ça s'était déroulé il y a une douzaine d'années de cela. Comme d'habitude, Michael avait du prendre l'avion pour Vancouver. Il devait de temps en temps « rentrer au bercail » afin de faire part de ses découvertes, des ses résultats à la maison mère de son laboratoire de recherches, ou, parfois, tout simplement, il avait besoin de matériel qu'il n'y avait pas de ce côté du pays. Alors il avait pris l'avion. La raison restait floue dans l'esprit de Gabrielle, elle ne parvenait plus à se souvenir exactement. Néanmoins, il y avait des choses qu'elle ne parvenait pas à oublier. Il n'était pas rare que, lors des absences de Michael, elle parte se balader sur la plage, le long de la côte. Cette fois-ci, elle s'était même arrêtée sur une falaise, s'asseyant au bord pour laisser ses jambes battre le vide. Elle observait la mer et les marins qui lui appartenaient depuis longtemps, comme à son habitude. Michael ne se demandait même plus pourquoi elle se perdait dans ses pensées, dans le vague, pourquoi est-ce qu'elle semblait avoir une discussion tout à fait à part avec des êtres qu'il ne pouvait pas voir. Ça faisait partie de son quotidien. Il se contentait seulement de venir déposer un baiser sur le front de son aimée avant de partir faire ce qu'il devait faire. Oh oui, il l'aimait, il l'aimait tellement. Il n'avait jamais pensé une seconde qu'elle était folle et Gabrielle le considérait comme un cadeau du ciel. Donc, ce jour-là, ses pieds dans le vide, les cheveux au vent, la jeune femme écoutait les discussions, les boucles éternelles des morts. Jusqu'à ce qu'elle perçoive des pas derrière elle. Elle s'était retournée à demi et s'était levée ensuite en reconnaissant qui venait à sa rencontre. Il avait fait les quelques pas vers elle. Il lui avait caressé la joue, déposé un baiser sur le front comme à son habitude. « Tu es rentré plus tôt que prévu... » avait-elle dit. « Je suis tellement désolé ma chérie... » avait-il répondu alors. Elle avait levé les yeux vers lui, interdite et angoissée. Et ce fut là, alors qu'il la contournait pour marcher vers le bord de la falaise qu'elle comprit à demi. Lorsqu'il disparut en s'estompant dans le vide, elle courut jusqu'au bord, criant. Non, ça ne pouvait pas être vrai. Pourtant, il venait bien de partir, de la quitter à tout jamais. Elle scruta les rochers en contre-bas, bien qu'elle savait qu'il était seulement parti vers la lumière. Un sanglot s'étrangla dans sa gorge, puis un deuxième, et encore un, sans jamais s'arrêter.

Elle avait réussi à tenir deux ans à Haven, avant de plus pouvoir. Elle n'en pouvait plus de pleurer à chaque fois qu'elle se glissait dans les draps ou ouvrait un tiroir. Elle n'en pouvait plus de voir la mer s'agiter les nuits d'hiver et hurler contre les murs de pierre. Elle ne pouvait plus sentir la lumière du phare éclairer son visage en pleine nuit alors qu'elle ne parvenait pas à dormir. Depuis ce jour où elle avait vu le fantôme de son mari et qu'elle avait appris un peu plus tard que son avion s'était crashé quelque part entre Vancouver et Toronto, elle ne parvenait plus à vivre correctement. Elle s'interdisait tout contact avec les gens, pour éviter leur air compatissant et de leur jeter un flot de tristesse incommensurable à la figure. Alors elle avait fini par déménager. Elle n'était sortie que pour passer chez l'agence d'immobilier en ville et pour prendre sa voiture et partir. Elle n'avait plus rien à faire ici. Personne n'arrivait à lui faire entendre raison, à lui faire retrouver le sourire. Le seul qui aurait pu y parvenir était mort. Mort. Mort. Ce mot résonnait encore aux oreilles de la médium alors qu'elle ouvrait les yeux en pleine nuit, pensant sentir la présence de Michael à côté d'elle alors qu'elle le savait parfaitement parti de l'autre côté.

test rp. 
Cela faisait une demie-douzaine d'années que Gabrielle était arrivée à Shreveport. Elle avait fini par s'y faire sa place et même à décrocher un travail dans le système scolaire en tant que conseillère d'orientation/éducation. Elle adorait les enfants, d'autant plus qu'elle ne pouvait en avoir. Et elle ne trouvait meilleur moyen d'être à leur contact qu'en les écoutant et en les conseillant. Son don d'empathie l'aidait beaucoup dans son métier, bien qu'à ses yeux, ce n'était pas vraiment « de la triche » ou tout autre chose du genre. Son don faisait partie intégrante d'elle et l'utiliser était comme respirer pour elle. La seule chose qu'elle contrôlait, réprimait, était l'autre facette de son don : le fait qu'elle puisse imposer ses sentiments à quelqu'un. Ceux-ci avait été rarement positifs à son arrivée. Puis, avec le temps, elle avait réussi à recommencer à vivre. Elle se rendait souvent à l'hôpital. Au début, les infirmiers, les médecins étaient sceptiques quant à sa présence. Elle ne connaissait aucun des enfants hospitalisés et pourtant elle était là. Parfois bien plus présente que les propres parents de ces enfants. Mais, bien vite, lorsqu'ils se rendirent tous compte qu'elle arrivait à faire rire les enfants, qu'elle les comprenait et parvenait à les faire voir un peu de rose dans les murs de l'hôpital, ils l'accueillirent avec le sourire. L'invitant parfois même à venir lorsque l'un des enfants se sentaient morose.

Son amour pour les enfants l'avait rendue populaire et appréciée de tous. Elle était toujours prête à rendre service, à servir de baby-sitter. Lorsqu'elle le pouvait, évidemment, quand elle n'était pas à l'école à attendre qu'un élève ne soit envoyé dans son bureau. Comme aujourd'hui d'ailleurs. Elle était occupée à remplir des dossiers, des rapports qui seraient à ranger là où il fallait. Les archives de l'école ou encore les dossiers scolaires des élèves concernés. Il y avait souvent des jeunes à problèmes à Shreveport, elle le comprenait bien, vu la population qu'il y avait dans cette ville. Vampires, métamorphes, nécromants, sorciers, et même des feys ! C'était incroyable. Elle ne sous-entendait pas du tout que les CESS étaient à l'origine de ces problèmes chez les jeunes, mais, assurément, la Grande Révélation avait soulevé quelque chose, remué la vase, comme on dit. De bonnes choses en étaient sorties tout autant que des mauvaises. Elle refaisait bien les tas, alignant les coins des feuilles, quand la porte s'ouvrit sur un jeune homme blond. Gabrielle se fendit d'un sourire accueillant et l'invita à s'asseoir. Il avait la même coupe de cheveux que ce jeune chanteur canadien, là, qui roulait déjà en Porsche ou peu importait quelle autre marque de voiture. Mais, à vrai dire, à ce jeune homme là, ça lui allait bien. Malgré sa carrure de footballeur américain, il avait encore cet air de petit garçon qui devait faire craquer les filles. Même s'il jouait les durs pour assurer devant les copains, il avait assurément un coeur tendre et il ne voulait pas se bagarrer. Lorsqu'elle sentit la culpabilité et la honte provenant de lui, elle ne fit que lui sourire encore un peu avant de commencer à parler.

« Que s'est-il passé cette fois, Zachary ? » lui demanda-t-elle d'une voix douce, sans aucun reproche.
« C'est cet abr— » sous le regard intense de Gabrielle, il se prit « C'est ce John, là, il a encore traité ma mère de sorcière... »
« Et ce n'est pas vrai ? » répondit-elle, gentiment. Elle savait que la mère de Zachary était bel et bien une sorcière.
« Si mais... mais dans la bouche de ce type, c'était une insulte. Comme si elle allait faire pleuvoir des crapauds dans son jardin pour le punir d'avoir volé un magazine porno. »

Un sourire passa de nouveau sur le visage de la médium. Evidemment. John Carter. Un petit voyou de première qui se croyait mieux que tout le monde. Il avait sûrement du vouloir voler cette revue et la mère de Zachary l'avait pris la main dans le sac et lui avait conseillé de ne pas recommencer. John ne savait sûrement pas que la mère de son camarade était vraiment une sorcière mais bon. Gabrielle tapota la main de l'élève. En tout cas, il était vrai que l'autre bagarreur n'arrêtait pas d'en vouloir au pauvre Zach, si bien que la conseillère commençait à se demander s'il n'y avait pas plus que de la chamaillerie de gamins entre eux. Peut-être y avait-il quelque chose de plus profond, qu'il faudrait régler afin que tout ça ne se finisse pas à l'hôpital.

« D'accord. Et ça t'a bien évidemment mis en colère. Je sais ce que c'est de ne pas être comme tout le monde, ou d'avoir quelqu'un de sa famille qui est dans cette situation. Pourtant, tu dois apprendre à te maîtriser et à ne pas répondre aux affronts de John. La meilleure chose à faire est encore de l'ignorer. Tu te rendras compte que c'est encore bien plus blessant qu'un coup de poing. Je sais que ce n'est pas facile, mais tu dois essayer, d'accord Zachary ? Pour moi, et pour ta mère. Je suis sûre qu'elle ne doit pas être fière de toi quand tu te bats, même si c'est pour sauver son honneur. »

Le jeune homme hocha la tête avec dépit. Gabrielle savait qu'il était encore en colère, malgré la honte qui le nappait de sa gelée gluante. La colère était parfois bien plus tenace, malgré toutes les couches que l'on pouvait mettre dessus. Et Zachary devait apprendre à se débarrasser de cette colère, à la transformer en indifférence. Mais qui était-elle pour demander une telle chose d'un adolescent alors qu'elle-même était incapable de chasser sa peine ? Elle sourit à nouveau et se leva, ses maints colliers tintant ensemble, une mèche de cheveux lui tombant devant les yeux.

« Bien, tu peux retourner en cours, Zachary. Merci d'être passé. »
« D'accord M'dame Morningstar, merci. »

Une fois le jeune homme partit, Gabrielle se laissa retomber sur son siège en cuir à roulettes et se prit la tête entre les mains avec un soupir. Ce n'était pas franchement le même de repenser à Michael. Elle inspira profondément plusieurs fois avant de chasser tout l'air de ses poumons, répétant cet exercice plusieurs fois pour se calmer. Les dons d'empathie n'était pas de tout repos, surtout lorsque les sentiments des autres réveillaient les vôtres...

famille. 
Les parents de Gabrielle coulent leurs vieux jours heureux à Haven, bien qu'ils s'inquiètent pour leur fille unique. Ils lui téléphonent régulièrement pour prendre des nouvelles et savoir si tout va bien pour elle.
La seule autre famille qu'elle avait était Michael, qui est mort depuis une douzaine d'années maintenant. Gabrielle a encore quelques contacts avec les parents de celui-ci, mais c'est souvent trop douloureux pour les deux parties, alors ils ne se donnent des nouvelles qu'à Noël, aux anniversaires ou encore à Thanksgiving.

pseudonyme. Azraël
âge. 20 ans
code du règlement. Et bien, il ne manque plus que le thème musical de Dracula, prince des ténèbres, et je crois qu’on pourra commencer.
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