Amber reste un moment hésitante. Lire, pas lire ... Ce qu'elle a gravé de sa plume dans les pages de ce journal, c'est le passé. Le passé, souvenirs d'un temps qui lui semble déjà si lointain ... C'est bien ce qu'elle voudrait croire, elle soupire alors longuement, avant de se plonger dedans et d'y lire les mots maladroits qu'elle avait tenté de retranscrire quelques années après les faits. D'une main maladroite certes, mais terriblement soucieuse d'y montrer ce qu'elle avait vécue. Ce même journal qu'elle avait montré à cette femme étrange un jour, cette femme qui lui avait sauvé les fesses d'un vampire au pied de son appartement de Prague.

« - Pourquoi tu défends cette sale gosse !Maman hurle, jette un vase aux couleurs ternes à terre. Il éclate en mille morceaux tout comme moi, je me recroqueville par terre. Les mains aplaties sur mes oreilles pour ne pas entendre, j'ai horriblement peur qu'elle blesse papa. Il est trop gentil pour agir comme elle, il ne frappera pas lui, du moins je crois. J'ai mal à mon bras, très mal. Mais je ne fais pas attention.- Enfin, Margarette ce n'est qu'une petite fille ! Elle voulait aider comme elle le pouvait, ce n'était rien ! Implore-t-il en tentant de la résonner.Mon père supplit, lui demande de me comprendre. Puisque c'est vrai, je ne voulais pas blesser ma maîtresse en jetant ces glaçons. Je croyais que la glace briserait le feu, comme dans mes contes. Ses cheveux sales et blond pendent sur ses épaules crasseuses et son T-shirt plein de trous. Elle a des cernes marquées et un sourire mauvais aux lèvres et elle sent la cigarette et l'alcool. Papa disait qu'avant c'était une femme magnifique et gentille, mais je ne retrouve rien de cette femme chez elle. Ce n'est qu'une ivrogne, rien de moins et rien de plus.
- T'es pathétique Drewen ! Elle éclate d'un rire froid. Tu te fais avoir par ça ! C'est l'enfant du diable !Je n'en peux plus, j'éclate en sanglot. Je ferme les yeux tellement fort que j'ai mal aux paupières. J'entends un bruit de gifle, des bruits de pas et un hoquet étouffé. En ouvrant les yeux j'ai des formes multicolores qui flottent devant moi et qui s'estompent avec lenteur, maman a une main sur sa joue, les yeux rivés sur mon père avec surprise et rage.- Sort d'ici. Dit papa avec un ton glacial que je ne lui avais jamais entendu. Va-t-en espèce d'ivrogne, salle folle ! Tu t'entends ? Où est passé la femme que j'ai épousée ? Je ne veux plus te voir, part !

Elle ne savait pas comment s'était déroulé le départ de sa mère, elle se rappelle vaguement être partie dans ma chambre pour pleurer dans ses draps ce jour-là, du haut de ses huit ans, elle était trop jeune pour comprendre. Mais Amber avait compris une chose essentielle. Elle détestait cette femme.


- Tu es sûr de vouloir venir ? Demande papa en resserrant sa cravate avec difficulté. Tante Gaby est là tu sais.Je hoche de la tête avant de lui répondre, oubliant qu'il ne peut pas me voir. Je suis trop petite pour avoir un reflet dans le miroir.- Je dois être là papa.
Aujourd'hui, c'est le divorce de mes parents, si on ne compte pas mon anniversaire. J'ai officiellement huit ans. Et je serre des dents, parce que cette femme bousille une nouvelle fois le jour de ma naissance, même absente. Je ne comprends pas le regard que mon père me lance à travers la glace, mais je gigote juste sur place pour me gratter le bras. Celui où je porte un plâtre, la dernière marque d'affection de ma génitrice.- Ne touche pas, cela empirera ! Gronde papa en mettant la cravate sous sa chemise, il prend sa valise où sont rangées quelques papiers dont je me fiche complètement, puis il me tend la main. Je la prends et on sort de la maison, il ferme tout et ont rejoint la voiture.- Porte du garage. Je lui rappelle en souriant gentiment.Dans l'habitacle depuis maintenant une heure, je ne dis pas un mot, je repasse seulement en boucle les musiques de mon lecteur CD, les Beatles. Ce n'est pas que j'aime particulièrement, mais c'est le plus beau cadeau que mon père est réussi à me payer dans le dos de maman. Moi je préfère la musique un peu plus brut, peut-être que j'ai hérité du côté sauvage de l'autre bonne femme qui sait. Mon père me jette parfois des petits coups d’œil inquiet, comme s'il avait peur que je m'envole ou qu'on me donne à maman. Mais mon plâtre et la preuve que cette femme ne me mérite pas. Puis le moteur fait un bruit étouffé et on s'arrête sur un parking. Nous sommes devant le tribunal, j'hésite un long moment avant de descendre d'un pas mal assuré, tout le monde et trop grand et trop souriant avec moi, je me sens mal. Puis papa prend ma main, nous entrons dans l'immense bâtiment, il salut des gens qui m'impressionnent. Et sans que je ne comprenne pourquoi, on me tire en arrière, me faisant lâcher mon père avant de m'installer sur une chaise. Je vois le même regard qu'une heure plus tôt dans les pupilles de mon géniteur. Je comprends qu'il est désolé, parce que je n'ai pas le droit d'assister à la chute de Margarette Drewen. Je ne suis entré qu'une fois dans la salle, l'odeur me donnait la nausée et tout sentait le vieux. Tout était en bois, les sièges ressemblaient à ceux de l'église et, j'évitais son regard. Ses cheveux blonds étaient propres, comme ses vêtements. Un homme grand et maigre leva doucement mon bras dans le plâtre en me souriant, puis prononça des mots que je ne comprenais pas. Les gens s'exclamèrent en cœur comme s'ils étaient de choquer par cette simple vue. Elle, elle m'appelait d'un ton suppliant pour que je revienne vers elle. Mais j'étais déjà dehors. Les résultats furent prolifique, j'étais rendue à mon père, nous allions enfin être heureux. Je suis devant le vieux sofa, celui qui est imbibé d'alcool et d'odeur de tabacs. Je gratte sans succès une croute de brûler, puis je suggère à papa de changer de sofa, j'en veux un rouge, un joli rouge bordeaux.

"Regarde ses blessures. Elle est en état de choc."

La lumière des phares m'aveugle, je mets mes mains devant mes yeux en guise de protection. J'ai mal partout, j'ai dû m'écorcher en tombant dans les bois, les branches mon griffé la joue et j'ai de la terre plein les vêtements, sans doute dans les cheveux aussi. Les phares se transforment en voiture, le véhicule s'arrête à ma hauteur mais, je ne bouge pas. Je suis frigorifié, trempés de la tête aux pieds et je grelotte à m'en faire claquer les dents. Tout ce que j'arrive à faire, c'est chanter pour me calmer, sans faire attention aux deux personnes qui s'arrêtent à ma hauteur, je m'efforce de calmer les battements de mon coeur.-Petite, tu vas bien ? Me demande une femme blonde.Elle doit avoir dans les quarante ans, ses cheveux sont coupés court, elle est un peu ronde et son visage est plutôt chaleureux. Mais rien ne m'apaise, alors je chante encore en fixant le bord de la route. Les images me reviennent par flash, le jet de sang contre la taule, l'expression de terreur sur le visage de maman, la voix du monstre, le jet de sang contre la taule, le corps qui tombe, le jet de sang contre la taule...- Chérie, il faut qu'on l'emmènent, regarde ses blessures. Elle est en état de choc.
C'est un homme trapu aux cheveux gris, cette fois, qui fixe la forêt comme s'il pouvait comprendre ce qui est arrivé. La femme me prend gentiment le bras et je ne dis rien. Une larme coule contre ma joue quand elle m'installe sur le siège. Elle reste à côté de moi tandis que je chante en boucle le même refrain.- Carl, ce n'est pas la petite Amber Drewen ?L'homme qui s'est installé au volant se retourne et me fixe, mais je regarde obstinément la forêt en agitant silencieusement les lèvres. Rien ne semble pouvoir me sortir de ma torpeur.- On dirait bien, on va au poste de police, ils sauront comment joindre son père.Le paysage défile, seulement éclairé par les phares, mais je commence à m'endormir, d'un sommeil lourd de cauchemars et suées. Quand je me réveille, hurlant à plein poumon, c'est le visage de mon père qui me fait face, les yeux pleins d'angoisse.- Amber ! Amber du calme, c'est moi ma puce, tout va bien je suis là maintenant.Il me serre dans ses bras comme si j'étais une bouée de sauvetage, je reste inerte, attendant qu'il se calme et, je tente de m'apaiser grâce aux battements rapides de son coeur à lui. Les lumières colorés des voitures de police ne me fascine pas, les sourires rassurant des gens ne me réchauffent pas, seul le regard du policier à ma droite me glace le sang. Il me fixe avec ses yeux sombres comme s'il savait, il sait que je me suis enfuie en courant, que j'ai été une lâche. Je détourne le regard en me mordant la lèvre, aucun son ne sort de ma bouche. Je ne peux plus parler, c'est trop dur. Ma mère s'est fait dévorer devant moi, peu importe que je la haïssais, je n'aurais pas dû être témoin de quelque chose d'aussi horrible. Le même policier appel mon père alors que je me demande depuis combien de temps je suis ici. Il lui murmure des choses tous bas, pour que personne n'entendent. Papa se tourne vers moi avec le visage horriblement pâle, il passe sa main sur sa bouche et se retourne vers l'homme avant de soupirer un " Oh mon dieu" à peine audible. Il pointe son doigt vers moi sans me regarder, sa voix tremble et je sens qu'il s'énerve.- Tu es en train de me dire que ma petite fille a tout vu ? - Je suis désolé John, j'en ai bien peur.Et il a l'air sincère, mais je détourne la tête et je m'enfonce un peu plus dans la voiture. Je n'ai pas envie d'en savoir plus. Ils ont trouvé maman, c'est sûr. J'ai mis trois semaines avant de pouvoir reparler, j'ai dû subir les questions de tout le monde, le blabla du psychologue et de tous les spécialistes dans le genre. Mais je n'ai jamais parlé. Tout ce que je peux constater, c'est qu'il y a quelques choses d'anormal cher moi maintenant, et que mes nuits sont hantées par le jet écarlate contre la taule blanche.


Je grandis, je fais des expériences, je rencontre des gens. J'ai quatorze ans, je rencontre un garçon étrange et un peu coincé mais, plutôt marrant. Il est très intelligent et malicieux, je crois même qu'il a tendance à se moquer de moi parfois. J'ai seize ans, j'ai eu mon premier petit copain, on va monter un petit groupe ensemble avec deux autres gars. On se balade dans Camden Town, je découvre des cultures que j'adore, je m'entends très bien avec les punks. Je crois même qu'ils sont devenues un point de repère pour moi. Papa en a franchement marre que je prenne mes cheveux pour un arc en ciel. Le garçon coincé, en fait il s'appelle Cordell. Je crois que je me suis attaché à lui. Papa serait furieux s'il savait ce qu'on fait parfois, on avale des "cachets" pour tenir un peu le coup. Je sais qu'il se moque de ma condition de vie qu'il trouve franchement trop banal, mais moi ça me va très bien. Il est imbu de lui-même, ça me donne envie de l'encastrer dans le mur. J'ai 17 ans et, je savais bien que le sentiment amoureux était une foutaise, je suis jeune et j'apprends de mes erreurs. Je ne recommencerais pas. Cordell se moque en me disant qu'il m'avait prévenue, mais je vois dans son regard quelque chose que je ne comprends pas. Je crois qu'il refuse d'admettre qu'il m'aime bien et qu'on est comme frère et sœur tous les deux. Pourtant, moi je lui dis, que je l'apprécie. Il est vraiment stupide quand il s'y met. J'ai 19 ans, Papa viens de m'annoncer qu'on part, il a été muté à Prague. Je hais cette idée de déménagement, je n'ai pas envie de tout abandonner comme ça, du jour au lendemain. Cordell, tu vas me manquer... Camden town, londres... Je ne sais pas si je vais supporter ça. J'ai 21 ans, et je fais toujours 1m55. Pas pris un centimètre en deux ans. Ah, Prague ce n'est pas mal, c'est même vraiment beau en fait. Londres me manque, mais je me suis faite à cette vie, enfin, si j'oublie les petites anomalies... Papa est vraiment étrange en ce moment, j'ai l'impression qu'il me cache quelque chose. Mais quoi ?

La jeune femme ferme brusquement le livre, ses yeux humides embrassent le paysage, les enfants du parc jouent avec la neige en faisant des batailles. Elle observe cet endroit, les souvenirs remontent en flèche …



- Des ... Des loups garous, hein ?. Répète-t-elle d'une voix acide.
Elle se décide enfin à plonger son regard dans celui du ... Soi-disant chasseur. Wolfgang, ce type avec qui elle a eu une simple aventure, ce type qui indéniablement se transforme chaque jour en un espèce d’ange gardien malgré lui.
- Alors, le soir où tu m'as sauvée de ce vampire, c'était grâce à ta force de loup. Je me suis trompée, t'es pas un chasseur. ».
Elle a l'impression d'être un automate, toutes les informations s'amoncèlent, des questions trouvent réponses, mais tout sort dans n'importe quel ordre. Son père hoquète, la regardant avec stupeur.
- Sauvé la vie ? ... Tu es au courant de tout ça ? !
La blonde soupire, levant les yeux aux ciels.
- Je t'ai demandé de l'aide pour m'entraîner, pour quelles raisons à ton avis ? Ces saloperies ont tentés de m'achever je ne sais combien de fois ! Tu crois que c'était la bonne solution, de me mentir ? Ah ouais, tu sais plus quoi dire, hein ? ! Ses pieds sont montés sur des ressorts, elle est déjà debout, bras tendues.
-Tu aurais dû me le dire ! Hurle-t-elle.
- Pourquoi ? Pour que tu réagisses comme ça ? S'énerve-t-il à son tour, se levant lui aussi pour lui faire face.
- NON ! Pour m'éviter ça! Réplique-t-elle d'une vois froide en soulevant son sweet d'un geste brusque, laissant voir la fine cicatrice blanche qui barrait son abdomen. John reste muet, stupéfait et inquiet.
-Amber ...
Des cris aux larmes, une tasse tombe et s'écrase, poussée par sa main rageuse. Le liquide chaud du café se déverse sur le sol, laissant un silence pesant. Trop de confusion, elle ne cherche même pas à en comprendre davantage, pour le moment c'est inutile.
- A plus tard, j'ai des choses à voir avec Wolfgang.
Mais il ne bouge pas, fixant le loup avec rage.
-Je ne te laisse pas avec lui.
Mais la fille aussi têtue que le père se dirige à grands pas vers la porte, l'ouvrant sans ménagement.
- Ta petite fille a grandie, faut t'y faire.


Tels sont les souvenirs … Ce jour où elle a comprit pour son père et pour son … Ami. Puis elle sert un peu plus fort le journal, les larmes montent encore et encore. Souvenirs, souvenirs …

" Tu peux rien faire."

15 heures : La petite Amber passe en revue tous ses disques en les balançant les uns derrières les autres, jamais satisfaite. Rien de bien plaisant là-dedans !
- Bon sang, je m’ennuie !
Gosse capricieuse elle tape contre le tabouret à côté, retenant un cri furax en sautillant sur place. Et un bleu, un ! La jeune femme fixe boudeuse son pc complètement Hs. Son chargeur est quelque part dans l’appartement, où ça, c’est la grande question du jour. A croire qu’il joue à cache-cache. 17 heures : La balle rebondie contre le mur et retombe parfois soit sur son nez, soit sur son front, soit ô miracle dans ses mains frêles et fragiles. Hum. 20 heures : Le film est complètement naze, les pattes sont trop cuites et y a plus de coca. Doit-elle faire un procès à celui qui a inventé le jour du congé ? 21 heures : Enfin, la jeune femme trouve une vraie distraction, châteaux de cartes. 23 heures : Très bien, la journée fut certes ô un grand désastre, mais elle est parfaitement reposée. Voyons donc le bon côté des choses n’est-ce pas ? L’humaine chantonne tout en se préparant pour aller dormir, trop ennuyée et sans activité réellement importante pour avoir envie de faire quelque chose. Sa brosse tombe et la jeune femme se cogne la tête en se relevant, poussant un juron tout en se frottant la tête. Ce à cause de quoi elle n’entend pas les bruits à sa porte, sifflotant toujours dans son ignorance total, prête à s’engouffrer dans ses draps comme un jambon dans le sandwich quand elle l’entend enfin. Magnéto. Elle se précipite, furieuse en pensant que c’est encore une sale farce des gosses de quartier. Mais elle n’a pas le temps de dire un mot qu’une voix bien familière s’élève.
- A-Amber... o-ouvre... .
Cordell ? Il ne lui en faut pas plus pour ouvrir la porte de son appartement et non celui de la porte en bas, bondissant hors de la cage d’escalier pour atterrir en bas. Ne vous y trompez pas, Amber n’aurait agi de la sorte en temps normal, mais Cordell utilise TOUJOURS son ton le plus impétueux, agaçant et supérieur, voir autoritaire quant il sonne à l’interphone – Voir toujours- alors, quand elle voit le sang sur la vitre, le corps de son ami recroquevillé à terre et contre celle-ci. Son cri part de son nombril jusqu’à ses lèvres pour ne ressortir qu’en un ridicule couinement quand ouvre la porte, attrapant Cordell en passant son bras au-dessus de son épaule, sans rien demander. Elle a juste eu le temps de voir ses blessures plutôt inquiétantes dans la pénombre et il lui faut plus de lumières.
-color=IndianRed] Allez mon grand, encore un effort pour monter à l’appartement.[/color] Fit-elle d'une voix essoufflée.
Combien de putains de kilomètres a-t-il effectué pour venir jusqu’ici ? La tête pleine de questions et les questions sans réponses, elle aide son ami à grimper les marches, évitant de rendre son repas en sentant l’odeur fraîche du sang qui souille les marches et les murs que Cordell frôle.
- Tiens bon, Cordell, tiens bon je t’en supplie !. Qui va lui casser les pieds sinon ? Qui va prendre un malin plaisir à la charrier sans cesse, qui va prendre soins d’elle à part son pauvre père qui fait encore la tête depuis leur dispute ? Par surprise, elle ne pleure pas. Sûrement parce qu’elle est occupée à retenir la gerbe qui lui prend les tripes. Ca la fout mal, la petite Amber, de voir dans quel état il est. Il s’allonge sur son fauteuil, laissant des traces un peu partout avant de murmurer d’un ton vague et faible :
- Am-Amber... n'a …n’appelle personne... . La petite humaine cache le téléphone qu’elle tient dans la main, crachant et jurant. Il la connait vraiment trop bien.
- Je te l'interdis, tu m'entends ?... Ses yeux presque noirs se plongent dans les siens, Amber s’approche de lui, s’agenouillant à sa hauteur.
-Mais … Cor … .
-Y a rien que tu puisses faire... .
Et comme toujours ses résolution crève dans un coin de son crâne et des petites larmes tentent de prendre la poudre d’escampette. Elle cligne des yeux, des yeux maintenant rouges et attrape sa main.
- Attends, je ne comprends pas là. Pourquoi tu viens si c’est pour me dire que… y a rien à faire ? Cordell … Qui t’as fait ça ?
Elle évite soigneusement de regarder les blessures, du moins celle de son ventre, car la puanteur laisserait presque croire qu’il s’est fait pendre les tripes à l’air. Elle tremble alors, réalisant, reconnaissant la marque de fabrique.
-C’est lui ? C’est ce vampire qui t’as fait ça ? C’EST LUI ?! .Un éclat noir passe dans son regard. Rancœur. Ce vampire s’était joué d’eux et avait torturé Amber pour foutre Cordell en pétard. Elle n’en avait jamais reparlé, même pas à Wolfgang qui était venue voir si elle était toujours en un seul morceau. L’humaine commençait à avoir l’habitude de se prendre des tartes, d’avoir mal. C’était la marque de fabrique à Prague depuis que …. Depuis que Cordell était venue et qu’il s’était fait attaquer. Mais elle sent déjà la vie de son ami partir, elle sent qu’il l’abandonne. Elle entend son souffle saccadé, elle voit ses paupières close.
-Co … Cordell ? Cordell ? Cordell, Cordell, Cordell !
Ses mains l’agrippent, empoignent sa chemise humide et agitent son corps raid. Trop tard. Elle n’ose pas y croire, elle se débat de l’intérieur, retiens un hurlement de désespoir. C’est tout simplement impossible, il ne peut pas, peut pas …
-Non, non non non !.

" Je m'en vais, je pars du Pays, Papa ..."

Et elle remonte à la surface, se réveillant brusquement. Les passants la regardent étrangement, Amber sent ses joues humides et entend encore son propre cri dans le fond de son crâne, ce cri agonisant, ce cri que tout le quartier avait entendu. Et c’est peut-être pour ça, qu’elle décide à l’instant d’accepter l’offre qu’on lui a fait. Elle vient d’Angleterre, l’Amérique change de Prague, encore une fois, elle a l’impression de jouer les yoyo. Mais tout est si différent depuis … Cela va faire 5 ans, les vampires sont maintenant connus du monde entier.Cette pensée lui tire une moue boudeuse, plus connu qu’elle qui reste encore dans l’anonymat. Son plus grand rêve, devenir une rock star. Jouer dans les bars de Prague est une chose, s’égosiller sur une scène devant une foule humaine – et d’un tas d’autres trucs s’ils aiment ce genre de passe-temps – en est une autre. Elle agite ses cheveux actuellement rose d’une main en baillant et en s’étirant, frottant ses paupières avant de sursauter.

- Ma puce? Tu voulais me dire quelque chose?. Amber lève ses pupilles vers son père, un sourire étirant ses lèvres, un sourire néanmoins fatigué qui ne le dupera pas.
- Papa !
Elle les voit, ses rides qui forment une moue inquiète. Rien à faire, il la connait trop bien. Elle reste néanmoins plus souriante que jamais, elle lui a juré que tout allait beaucoup mieux depuis tout ce temps à présent, et avec son annonce, mieux valait qu’il soit convaincu.
- J’ai … quelque chose de très important à te dire. Commence-t-elle en faisant une grimace.
A lui de la fixer avec des yeux ronds. Attendez, il pense à quoi là ?
-T’es enceinte ? C’est ce lo… Ce type que tu frequentes ? hoquet-il d’une voix angoissée.
Amber reste un moment … blasée, tordant sa bouche sur le côté en roulant des yeux et en s’agitant sur son banc, retenant un violent fou rire. Plus nerveux que réellement joyeux.
- Quoi? Non, je le vois … Pas tant que ça tu sais. C’est pas ça, ce n’est pas comme ça entre nous. Arrête un peu tu veux ? C’est sérieux.
Ses propres yeux roulent et son soufflé se fait fort, rassuré par cette nouvelle. Ca la culpabilise encore plus, car ce qu’elle s’apprête à lui dire sûrement pire. Elle baisse la tête, son visage est maintenant masqué par ses cheveux et ses lèvres remuent nerveusement. Ses doigts s’entremêlent et elle hésite.
- Je t’écoute. L’encourage son père, une pointe de nervosité dans la voix.
- Papa … Je … Je m’en vais. Murmure-t-elle tout bas. Puis d’une voix plus clair. Je pars de cette ville, du pays en fait… Je vais en Amérique.
Silence. Elle lève ses perles marron vers lui, qui plonge ses prunelles d’un vert écarlate dans les siennes. Sa bouche est entrouverte mais aucun son n’en sort. Il pivote sur le côté, fixant l’horizon, regardant les gamins jouer entre eux. Son petit bébé s’en va … Au fond, il s’y attendait tellement.
- Je peux même pas t’en vouloir … J’suis même surpris que t’es mis autant de temps à te décider.
Parce que tu me retenais. Pense-t-elle, tout en sachant qu’il n’y avait pas que lui.
- Viens avec moi ! Le supplie-t-elle alors en s’accrochant à son bras. L'Amérique, ça te manque pas ? Tu disais toujours que t’adorais ce pays quand t’étais gamin.
Mais sa tête dodeline de gauche à droite et son visage prend un air désolé, il ne viendra pas.
- Amber … Je ne peux pas, pas maintenant. Je suis trop vieux pour faire ce genre de choix aussi vite, un jour peut-être … Mais, qu’est-ce que tu vas faire là-bas ? T’as ton boulot de serveuse ici, comment tu … Commence-t-il alors qu’elle l’interrompt d’une main ferme.
- Je pars parce que j’ai eu une offre, une offre bien plus importante que ce job de serveuse. Je vais peut-être même réaliser mon rêve pour de bon cette fois … Puis elle s’arrête un moment, observant les gamins sur la place qui crient et inondent l’atmosphère de bonheur. J’en peux plus. Qu’elle pense si fort qu’elle a peur d’être entendue. La main de John se pose sur la sienne, et dans un commun accord, ils acceptent, ils acceptent tous deux de laisser l’autre partir.
- Essaie de rester en vie, tu veux ?
- Compte sur moi. »