➽ date et lieu de naissance. 7 janvier 1988; Munich ➽ nationalité. Allemande ➽ état civil. Silas, il donne son cœur aux paroissiens et son corps à l'Eglise, alors lui cherchez pas un état civil, il n'en a pas. ➽ lieu d'habitation. Northern Suburbs, le quartier étudiant, chambre 345, frappez avant d'entrer, il est très susceptible sur la politesse. ➽ métier. Apprenti prêtre la semaine, flingueur le soir et étudiant à mi-temps. ➽ étiquette qui vous est collé. Faux adulte. Humain à la gâchette trop facile. Pieux, fanatique, cette limace aux yeux bleus est un fervent croyant, est une gangrène rongée par l'effroi et les tares congénitales. Le mec qui parle en verset biblique. Un psychotique à la morale aussi douteuse que la pestilence rance qui embaume son placard. Le genre de mec que vous n'hésiteriez pas à mettre dans un asile s'il n'était pas un honorable homme d’Église. Un ange aux ailes carbonisés, tombé du ciel pour anéantir les mauvaises graines. Petit et malingre, il n'a jamais affolé les cœurs, pourtant sa voix abrupte et glaciale refroidit les consciences. C'est un allemand, mangeur de viande crue le matin, puant le porc et la sainteté. Un gouffre de chair lointain, au regard impénétrable.

Silas prêche la bonne parole, sauve le monde, tue les erreurs de la Nature. C'est un héros moderne, la croix est son bouclier, la Foi son pouvoir, et la carabine son arme de purification. Il garde la flamme de l'Espoir. Même minuscule, vacillante, réanimée puis essoufflée. Il la garde précieusement, et peut-être qu’un jour, ses doigts se refermerons sur d’autres, peut être même qu'il arrivera à arrêter l'engrenage de l'Apocalypse. Il se bat, mais cette fois ci plus contre lui même, et il modèle sa haine pour qu’elle devienne la rage. La rage de vaincre. La rage de libérer, le dernier bastion de l'espoir. Nous y croyons encore, il le sait. Il lui est impossible de penser qu'il vivra sa vie à attendre à genoux et insensible. Alors un jour peut-être il trinquera, et les joies des tueries et de la liberté, il l'utilisera pour affranchir ce monde corrompu. Pour un idéal qui se transformera en incontournable.

Sur un ton de dégout, un dégout avec un gout d’amertume et de révolte douce, il abhorre. Rien ne le peine plus qu’être incessamment sur ses gardes. Autant de prudence qui n'existe pas, alors. Non-retour, non-retour, non-retour. Et puis encore. Il y a encore, un cercle vicieux dans lequel il se plonge avec allégresse, y voyant de la légèreté et du rêve la première fois, pour y replonger, les bras ouverts une seconde fois, par peur d’y laisser ce qu’il y a trouvé. Une petite parcelle de bonheur, un petit lingot d’or, oh, c’est bon pour sa petite estime de petite personne. Et quand on brasse tout ça, quand on le mélange bien comme dans la publicité avec machin, on s’aperçoit que ce n’est que du vide, et on y reste. La tête sous l’eau. Les yeux dans l’abîme de ses idéaux. Ah oui, ses idéaux, ses idéaux de quoi déjà ? Ses idéaux qui n’en sont plus vraiment, qui, finalement, ne viennent pas assez vite. Ses idéaux un peu bohèmes, d’amour, de mort aux rats, de liberté, d'anéantissement de toute espèce non-humaine que l’on scande en tapant du pied, en battant la cadence en songeant à ce que l’on va bien pouvoir tuer pour être un peu plus heureux, pour que l’on s’ennuie un peu moins. Parce que l’idéal, le fameux idéal, il s’est enterré depuis bien longtemps, et trop peu de personnes ont la patience et le courage de le chercher là, à six pieds sous terre. Parce que ses espoirs sont tachés par de stupides lois, par l'influence démoniaque des Cess et autres monstres qui ne cherchent qu'à être révélés, et le resteront tant que ce sera comme ça. Alors, oui, Silas, il aime pas la Révélation. Oui, il l'abhorre, l’exècre, la hait du plus profond de son âme immaculée. Sa justice est teintée de méfiance, son bon sens est aliéné par les lois et la pression politique. Mais Silas, il s'en fout. Il sort la carabine et délivre le monde quand même. Quand bien même, ces Ricains lui disent de ne pas le faire. La Révélation l'énerve, oh Dieu, qu'il l'énerve, mais n'est rien d'autre qu'un sombre épine dans son pied. Il garde l'Espoir qu'un jour, un beau jour, il sera sommer aux humains de tuer les Cess à vue.