Il pleuvait, dehors. Cillian, encore tout petit, regardait les gouttes d'eau glisser le long des carreaux de sa chambre. Il entendait des cris venant de la cuisine. Mais il était trop préoccupé par le reflet de sa veilleuse sur les perles d'eau pour comprendre ce qu'il se passait. L'innocence de l'enfance, finalement, c'était pas si mal. Surtout quand, en bas, un couple se déchire.
A côté de lui, il y avait Mr Clock. Un lapin rose en peluche un peu ringard avec un rouage d'horloge enfoncé dans la mousse, usé jusqu'à la lie, qui avait appartenu à son grand frère, Erwin. Cillian tendit une main potelée pour l'attraper, le serrant en tournant et retournant dans son petit lit à barreaux. Le bruit des cris de son père avec celle qui serait bientôt son ex-femme était étouffé par le couloir et les portes fermées. Le petit continua à regarder les ruisseaux incessants sur la fenêtre, s'extasiant toujours autant du spectacle. En bas ? En bas, deux adultes se déchiraient. Encore. Comme depuis des années.

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L'air de la Louisiane n'a pas son pareil pour retourner le coeur des hommes. Delcan Callaghan, son père, en avait fait les frais. Choisir de quitter sa femme avait probablement la meilleure chose qu'il eut faite, bien que ça n'ait pas arrangé les affaires familiales. Reconstruire avec une autre femme, refaire sa vie, son monde, un marmot dans la foulée, et croire, à nouveau, à la possibilité d'un avenir pas si moche. Sauf que c'était sans compter sa harpie d'ex-femme...
Cillian, lui, continuait à pousser comme l'herbe folle. Il ne voyait pas les travers de l'humanité, et avait juste du mal à saisir comment ça se faisait que "Not Mommy" passe sa vie à pourrir celle des autres. "Not Mommy", cette femme qui revenait sans cesse chez eux, faisait entendre le doux son de sa voix à force de hurlements, attrapait Erwin et Rebecca par le bras et les emmenait loin de lui. C'est difficile à comprendre, ça, quand on n'est qu'un tout petit gamin. Et pourquoi, quand son frère et sa sœur venaient, ne restaient-ils pas plus longtemps ? Est-ce que, comme lui, ils avaient la bougeotte? Non... Non ça n'était pas ça.
Et ce mot "divorce" qui revenait sans cesse entre son père, sa mère, et "Not Mommy". Comme un fouet claquant dans l'air, qui chamboulait tout, faisait trembler la maisonnée et baisser les yeux. Associée au cri de la banshee, les mêmes mots, encore, toujours. "Pension alimentaire", "irresponsable" ou la sempiternelle phrase "tu as tout gâché". Son père restait cloîtré de longues heures dans son bureau, suite aux passages de "Not Mommy", tandis que sa mère alignait les cigarettes dans le jardin. Quelque chose flottait dans l'air. Comme un besoin d'ailleurs, que même le bambin pouvait sentir. Et ça lui flanquait la nausée, le rendait nerveux. Il avait envie de bouger les choses. De faire sortir son père de son bureau, de courir après la sorcière pour récupérer frère et soeur, de les ramener, et que tout le monde soit heureux.
De petites frustrations qui se transforment en grand tout. De petites crises d'impuissance qui deviennent un vrai problème...

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Un anniversaire, son quatrième. Son père le prit sur ses genoux pour l'aider à atteindre la table, histoire qu'il puisse mieux déballer ses paquets. Cillian, fièrement installé, tendit une main fébrile vers le petit paquet vert que lui tendait son père. Sa mère, à côté de lui, tenait Mr Clock dans ses bras. Si jamais le petit venait à demander où se trouvaient son frère et sa soeur, elle espérait que ça compenserait. Mieux valait éviter de gâcher toute la fête, ses petits copains comme leurs parents étant présents, avec une crise. Le bout de chou attrapa donc son paquet, et le déballa avec fébrilité. Dedans, un petit chapeau vert, que son père lui vissa sur le haut du crâne.
"Et voilà, un vrai petit Irlandais !"
Il avait l'air si heureux, son père. Même si Cillian ignorait ce qu'était un Irlandais à proprement parler, le gamin se fendit d'un sourire radieux. Il était flatté. Fier, même, d'être un petit Irlandais. Parce que ça rendait son père lumineux, presque rajeuni. Et que le petit ne lui voyait cet air que trop rarement. Il déballa les autres cadeaux et finit par rejoindre tous ses amis, inconscient de ce que pouvait bien signifier l'expression de son père. Delcan, lui, se rapprocha finalement de sa nouvelle femme, l'enlaçant tendrement en le regardant jouer dans le jardin avec ses amis, clamant à qui voulait l'entendre sa nouvelle nomination avec la fierté d'un coq sur son tas de fumier.
"Dans quelques mois, notre petit sera vraiment Irlandais... Dès que Beccy sera elle aussi sortie d'affaire"

L'Irlande a toujours été son pays. Il y est arrivé petit garçon, et ne se souvient plus réellement de ce qu'il se passait là-bas, en Louisiane, bien que le seul nom de la Nouvelle Orléans lui provoque une vague de tremblements. Il sait qu'il y a son frère et sa soeur, là-bas. Erwin et Beccy. Ils lui manquent, terriblement, mais peut-il réellement prétendre les connaître ?
Le visage baissé sur son sujet de rédaction, le jeune Cillian Callaghan, 12 ans, ressasse la question. Le sujet "Racontez un souvenir heureux de votre petite enfance". Quelle idée de faire des sujets pareils, aussi ? Il repousse son cahier de texte, et s'étale sur sa table, mâchonnant son crayon. Ses genoux commencent à trembler alors qu'il réfléchit. Un souvenir heureux ? Sans se vanter, il en a beaucoup. Son père jouit d'une bonne situation, sa mère a un boulot qu'elle aime et dans lequel elle se sent bien, et lui ? Lui, il a une vie de coq en pâte. Ses parents l'ont toujours gâté sans le pourrir jusqu'à la moelle, l'élevant dans une atmosphère aimante, subvenant à ses besoins, et lui enseignant les valeurs comme la discipline propres à leur standing.
La tige du crayon se brise sous ses dents. Bah, ça ne fera que le troisième qu'il aura mâchonné à la lie durant ces deux dernières semaines. Sous le bureau, son genou sautille un peu plus rapidement. Avec ce qu'il lui reste de crayon, il commence à écrire : le moment où il a été le plus heureux, dans son enfance, c'est quand son frère et sa sœur sont exceptionnellement venus en Irlande, quand il avait 8 ans. Certes, au fond, ils savaient tous que la véritable raison était que leur mère voulait extorquer d'avantage de fonds à leur père. Mais il n'avait rarement été aussi heureux.

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Quatorze ans. Les premières fois. C'est son anniversaire, et le système scolaire est contre lui. Cillian a beau essayer de se lever qu'il n'y arrive pas. Il se sent las. Changé. Comme si avoir passé cette nouvelle année avait apporté une différence qu'il n'avait pas sentie durant les anniversaires précédents. Pourtant sa chambre est la même, l'odeur du café de sa mère, en bas, similaire à celle du matin précédent comme du matin d'avant... ses chaussettes, éparpillées partout sur le sol de sa chambre, n'ont pourtant pas changé de place depuis la veille. Mais le jeune Callaghan se sent bizarre. Il a du mal à se lever, ce qui n'est pas coutume. Est-ce que c'est ça, la puberté ? Il ne pense pas. Certes, il a de l'acné plein la bouille comme la quasi totalité de ses camarades de classe. Ils ont beau tous avoir le même uniforme, dans leur école privée, ils se différencient par le nombre de spots sur le museau. Mais ce n'est pas ça non plus.
Il descend à la cuisine, son gilet au blason de l'école boutonné lundi avec dimanche, le nez en l'air, suivant la douce odeur du café. Son père est déjà parti au travail, sa mère l'emmènera avant de rejoindre le sien, une bonne heure de bouchons plus tard. Comme de coutume, elle l'attend tranquillement dans la cuisine. Sauf que pour la première fois, elle lui semble changée.
Elle a toujours son nez mutin, ses grands yeux rieurs et sa coupe garçonne rousse. Son visage est toujours le même, doux et rond, son parfum de jasmin n'a pas changé d'un iota, et pourtant... Elle semble irradier, installée devant la fenêtre, toute entourée d'une aura bleue surréelle. Petits, Kyle s'amusait à plisser les yeux pour distinguer cette silhouette nimbant l'humanité, s'extasiant des légers reflets de couleur qu'il pouvait apercevoir. Ce matin-là, pour la première fois, il a les yeux grands ouverts. Comme si ce contour voulait qu'il le voit.
Ses yeux n'étant pas réellement en face des trous, le garçon décide de faire fi de tout ça et de se réveiller avec une bonne tasse de thé, en fier Irlandais qu'il est. C'est sûrement à cause du fait qu'il baille sans arrêt. Ca arrive parfois, quand le bâillement atteint son paroxysme. Il regarde les gens du coin de l'oeil et peut les voir entourés d'un halo de couleur, changeante selon l'humeur. C'est sûrement ça. Rien de plus.

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Il pleut. L'eau s'infiltre à travers son uniforme alors qu'il court à toutes jambes se calfeutrer sous l'abribus le plus proche. Pourquoi a-t-il accepté d'aller chez Matthew, aussi ? Quelle idée d'habiter suffisamment près du complexe scolaire pour ne pas avoir à utiliser les transports en commun ? Et quelle idée révolutionnaire t'as eue d'oublier ton parapluie, hein, Callaghan ?
Il a horreur de la pluie. Son père en rit beaucoup, d'ailleurs, lui disant que c'est sûrement son côté Louisianais qui ressort. Ca l'énerve prodigieusement, la pluie. Ca mouille, ça te ruine des chaussettes tout à fait respectables (bien que plus assorties depuis longtemps) et en plus, ça te file la crève. N'aimerait-il pas autant l'Irlande, le seul pays qu'il connaisse réellement, qu'il serait déjà parti dans les tropiques.
Il fallait bien s'y attendre, il n'y a pas un chat dans la rue. L'averse est drue, abondante, et même si c'est l'Irlande et qu'elle finira par s'arrêter dans cinq minutes, de petits ruisseaux commencent déjà à se former dans les rigoles du trottoir. Matthew a intérêt d'avoir le chauffage central voire une cheminée, sinon il va hurler à l'esclandre, il le sent gros comme une montagne.
Cillian attrape son portable et s'assoit sur le banc. Autant s'occuper en attendant que le déluge se calme. D'un mouvement de pouce il va pour lancer sa boite mail quand il entend une petite voix chanter une comptine, sous le pluie, de l'autre côté de la route. Le collégien lève le nez. Sur le trottoir d'en face se trouve une petite fille haute comme trois pommes, habillée à l'ancienne, avec un petit cardigan gris et une jupe claire épaisse. Elle porte de gros souliers marrons troués, a un ruban un peu défraichi dans les cheveux. Elle a de faux airs de repro ancienne, comme celles qui pullulent dans le chapitre sur la Grande Famine de son livre d'Histoire. Et elle chante, apparemment sans se soucier de la pluie. Ses petits bras clairs, très clairs, trop clairs même, sont tendus de chaque côté de son corps, l'aidant à tenir l'équilibre sur le rebord du trottoir. Sa petite voix claire, imperturbable, continue sa comptine.
"Humpty Dumpty sat on a wall
Humpty Dumpty had a great fall..."
Le collégien est littéralement hypnotisé par la gamine. Il ne voit pas son visage mais suit chacun de ses mouvements graciles. Son pied glisse et, à force de moulinets, elle se remet en équilibre. Par réflexe, Cillian se lève et finit par la rejoindre. Le rebord est haut pour une enfant de cet âge, et si elle tombe, elle peut effectivement se faire assez mal.
-"Fais attention, avec cette pluie tu risques de te faire bo..."
Il n'a pas le temps de finir sa phrase que la petite bute contre son propre pied, glisse, et bascule en arrière dans un hurlement strident. Cillian se précipite derrière elle pour la rattraper, les bras tendus en avant. Les petites boucles presque blanches touchent ses doigts mais il ne les sent pas. La seule chose qu'il ressent est une vague colossale de froid lui vrillant le corps, à commencer par le point de contact entre sa peau et l'enfant. Elle lève finalement les yeux vers lui, tombant toujours sans qu'il n'arrive à la saisir. Sans qu'elle soit palpable. Elle a les yeux caverneux, vides, sans une once de vie. Et une plaie terrifiante sur le front. Choqué, le jeune homme détourne les yeux. Le temps qu'il les repose sur l'enfant, elle avait purement et simplement disparu.
Seul lui reste ce froid mordant, hérissant les poils sur sa nuque et faisant sinistrement craquer chacune des articulation de ses mains, ainsi qu'un profond malaise. Comme s'il avait croisé un fantôme...

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Le 27 Avril 2012. Une de ces dates qu'on n'oublie jamais.
Les évènements bizarres tels que voir des contours colorés autour de certaines personnes ou remarquer, des fois, du coin de l’œil, des gens qui ne semblent tout simplement pas "coller" avec l'environnement, se sont démocratisés. De temps en temps, ça lui arrive, mais il secoue vivement la tête en se disant que c'est sûrement son imagination -fertile- qui lui joue des tours. Après tout, il a constamment le nez plongé dans les journaux ou internet, et se régale d'histoires surnaturelles. C'est son passe-temps favori depuis la Révélation. Tout ce qui touche de près ou de loin aux créatures de la nuit le fascine autant qu'il le fait cauchemarder la nuit. Certes, il ne risque rien de son côté. Sa mère n'est pas friande de légendes et son père se contente de le regarder avec un oeil goguenard, sans rien dire. Seul son frère, Erwin, semble partager sa passion pour le paranormal. Certes, ils n'en parlent pas beaucoup, voire plus du tout depuis qu'Erwin ne répond plus à ses messages...
Dans son établissement, quelques garçons ont monté un club de recherches paranormales. Trois fois rien, ils se comptent sur les doigt de la main, Cillian compris, et passent l'essentiel de leur temps à se raconter des légendes ou les dernières révélation de la presse à scandale. C'est sympathique et ça fait passer le temps.
Matthew est devenu son meilleur ami, et président du club, ce qui amène souvent de grandes discussions exaltées sur le chemin du retour.
Les deux garçons sont tellement portés par leur conversation qu'ils ne remarquent même pas le groupe de truands qui les talonne. Ce n'est qu'au détour d'une ruelle vide qu'ils s'en aperçoivent, au moment même où la bande les encercle. Ils sont pas clairs. Leurs yeux sont injectés de sang et leurs mains tremblent. Shootés pour la plupart. Les gamins, eux, se font dessus. Surtout quand le plus myxomatosé du groupe sort un canif pour qu'ils se libèrent fissa de leurs possessions.
Tout se passe très vite. Trop vite. Le leader a apparemment un faible pour Cillian, avec son air hagard et sa promptitude à paniquer. L'adolescent, lui, sent déjà poindre la crise de panique tellement la peur le ronge. D'une main fébrile il attrape son inhalateur et l'autre a vite fait de mal interpréter son geste. La lame du canif se retrouve en deux deux sous sa gorge.
"J'AI DIT TON PORTABLE, DICKHEAD"
Le garçon gémit, terrifié, le souffle court, les larmes aux yeux. Il attrape fébrilement son téléphone en espérant que ça le satisfasse, son inhalateur, son sauveur, dans l'autre main. Son coeur bat tellement vite qu'il semble vouloir bondir hors de sa poitrine, et la crise de panique prend, seconde après seconde, possession de chacun de ses muscles. Il a du mal à respirer. Il tend le portable. L'autre tend sa main libre pour l'attraper. Leur doigts se frôlent.
Sans que personne ne puisse l'expliquer, le caïd pousse un râle et s'effondre sur l'asphalte. Ses potes, hagards, ont vite fait de reprendre possession de leurs derniers neurones pour oublier Matthew -qui lui part vaillamment en courant- et se ruer sur lui. Cillian n'attend pas son reste et suit les traces de son partenaire, les caïds à ses trousses.

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-"Et alors tu as fait quoi ?
-J'ai couru, par chance j'ai réussi à les semer...
-Mais qu'est-ce qu'il s'est passé avec le type au couteau...?
-La même chose qu'avec les autres. Je l'ai juste frôlé. Et paf, il était par terre, dans les pommes. Je crois que ça se manifeste par la peau, ou quand j'ai super peur, vous voyez ? Par exemple là je vais bien, donc si je vous serre la main, ça va aller. Je veux dire, vous allez pas tomber comme une mouche, quoi.
-Ca serait donc à cause de la peur ?
-Ben non, justement, c'est ça que je comprends pas... L'autre jour, j'étais avec cette fille du bahut, là, Mandy. Elle me plait beaucoup, je lui plais apparemment aussi, et bref, on allait s'embrasser et je lui ai touché la main. Elle s'est écroulée elle aussi... La honte. En plus c'était sous l'abribus, j'ai revu la gamine avec son shoot sur la tête. Soirée de merde, quoi..."

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Il ne sort plus que pour aller au lycée. Ses contacts avec ses potes ont changé. Il prétend avec humour de "Pas toucher avant le mariage" et s'en tient au minimum syndical : poignées de mains furtives, tenir de loin les choses quand il les tend pour éviter tout contact... Cillian sait pertinemment que si jamais son coeur joue aux percussionnistes fous dans son torse, c'est la fin des haricots. Alors il fait de son mieux pour prévenir plutôt que guérir.
Il en est aussi à son troisième psy, sans parler de la psy scolaire. Ca ne l'aide ni à relativiser, ni à comprendre. Et même si Papa et Maman Callaghan sont loin d'être sans le sou, ça l'énerve prodigieusement de perdre autant de temps et d'argent dans des consultations qui n'amèneront à rien de concret. Même malgré tous les efforts du monde, ça continue d'arriver. Des émotions plus fortes que la moyenne et paf ! quelqu'un finit sur le carreau.
Il se sent seul. Terriblement seul. Sa vie d'ermite avec un minimum de contact est en train de le rendre complètement marteau, progressivement, le rongeant depuis bien une année. Depuis que ce mec avec son ouvre-boîte est tombé dans les vapes après qu'il l'ait touché. Cillian en vient même à se faire peur, des fois.

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Kyle en a marre. Il rassemble tout son argent sur un compte et, après en avoir longuement parlé à ses parents, prend le large direction la Louisiane. Il trouvera probablement des réponses là-bas, ou du moins des gens comme-lui. Déjà, il retrouvera Beccy. Il a l'impression qu'elle le comprend, qu'elle sait, même si tout ce qu'il lui dit n'est qu'en demi-teintes. Tout ça pour ne pas l'inquiéter...
Il soupire en refermant la porte de la Maison Callaghan. Ses parents connaissent sa décision. Tout à l'heure son père, dans le salon, semblait vouloir lui dire quelque chose en particulier, mais n'en fit rien. Pour peu que son fils ait décidé quelque chose, il sait que rien n'ira à son encontre.
Cillian a mis des gants en cuir pour pouvoir serrer ses parents dans ses bras, avant d'entrer au quai d'embarquement. L'émotion est vraiment trop forte pour supporter d'en mettre un, voire les deux, hors service. La voix d'une hôtesse retentit dans le hauts parleurs et ils doivent se laisser. Une heure plus tard, l'Irlande n'est plus qu'une tâche verte entre deux nuages.