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 le dahlia noir. [terminée]

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le dahlia noir. [terminée] Empty
MessageSujet: le dahlia noir. [terminée]   le dahlia noir. [terminée] Icon_minitime28/6/2013, 03:25


Ils sont tous parti. Ne reste que R., le cercueil et elle. Mon dieu, R. crie si fort. Comme un animal. Une sorte de baleine échouée, dont les hurlements se mêlent aux glapissements d'un chien à qui l'on casserait la patte. Elle voudrait se boucher les oreilles, ou lui enfoncer son poing dans la bouche. Elle voudrait lui dire ta gueule, elle voudrait le claquer jusqu'à ce qu'il se la ferme. Les cris, et le silence, derrière. Ce silence asphyxiant qui rend plus pesante encore la vue du cadavre. Un corps qui ne bougera plus jamais. Plus jamais. On ne réalise pas, au début. Et d'un coup, l'évidence vous saisit. Comme une gifle. Plus jamais. Voilà, la mort est faite de plus jamais. Ses yeux sont gonflés et lui font mal, tout comme sa carcasse qui n'est que courbatures. Elle souffre, à tellement d'endroits à la fois. Elle se sent comme si elle était passée sous un bus, si tant est qu'elle puisse l'imaginer. Chaque geste paraît être le dernier, parce que la douleur menace de la disloquer. Et R. qui continue de brailler. Elle a presque peur que les cris la réduisent en poussière. Et si je tombe, pense-t-elle, et si je tombe, le verra-t-il ? Se rendra-t-il compte que je ne me tiens plus, droite, à ses côtés ? Non, pense-t-elle, non il ne verra rien. Trop occupé à faire l'animal aux pieds du cercueil. Elle a peur que ce ne soit la fin, aussi. Une telle crise, ça en brise des couples. Et après tout, elle n'a jamais vraiment su pourquoi R. l'avait épousé. Pour jouer les rebelles ? Pour sa beauté ? Parce qu'elle baisait bien ? Parce qu'il l'aimait ? Ou parce qu'il pouvait l'enculer sans qu'elle ne s'indigne ?

Oh mon dieu, son visage. Son petit visage. Une de ses mains vient enserrer sa bouche rouge et serre, réflexe stupide pour s'empêcher de hurler. Le genre humain hurle quand il a mal. Elle a hurlé il y a quelques jours, en silence. Dans le noir, en silence. Seul un vieux râle est sorti d'entre ses lèvres. Elle a hurlé dans l'impuissance. Il était parti et ils n’avaient rien pu y faire, voilà tout. Ne reste que l'impuissance entre leurs mains tremblantes. Bientôt, ils le mettront en terre et le cercueil descendra et elle devra jeter une poignée de cette même terre qui le recouvrira et elle devra rester digne, mon dieu, digne.

R. a payé très cher pour la pierre tombale. Elle est très belle. L'écriture est très élégante et l'épitaphe très poétique. Elle n'est pas sure, est-ce un poème de William Blake? Oh, R. aime tellement William Blake.

James Orféo DeLorean. 1988 – 1992. Every night & every morn, Some to misery are born. Every morn & every night, Some are born to sweet delight. Some are born to sweet delight, Some are born to endless night.

« Relève-toi, ça suffit. » Elle s'approche, lui attrape l'épaule. « Allez, relève-toi. S'il te plaît relève-toi. C'est ridicule. » Il écarte sa main avec violence. Elle n'en prend pas ombrage, n'insiste pas non plus. Elle veut juste s'en aller. Elle ne veut pas attendre encore, et risquer d'entendre son petit garçon chuchoter. « J'appelle le chauffeur, relève-toi et viens. » Elle appelle. Le type lui dit qu'il sera là dans quelques minutes. Son mari ne bouge toujours pas. « Je t'attend dehors. Ne traîne pas s'il te plaît. » Elle sort. S'allume une cigarette. Tire sur le filtre comme une cancéreuse. R. est si bouleversé. Et elle, si apeurée. Son monde parfait commencerait-il à s'écorcher?

- two -
(present day)