Chapitre 1 : Une famille tout ce qu’il y a de plus normale… ou presque.

Je suis né en Irlande il y a très exactement 64 ans. Et même si j’ai l’air d’un petit jeune de 30 ans, l’âge et les expériences sont là. D’ailleurs cette apparence si juvénile je la dois à ma famille des plus particulière. A l’époque, avant la Révélation nous étions tous considérés comme des sorciers, et à présent, nous sommes toujours considérés comme de la putréfaction, une erreur de la nature qu’il faudrait éliminer de la surface de la terre. Ça m’attriste. Il y a tellement de choses bien plus graves de par le monde, comme la famine ou la maladie. Les maux de la Terre aussi sont bien plus importants qu’une petite guéguerre entre espèces. Mais l’homme est vil et égocentrique. Il ne changera pas.

Je suis donc heureux d’avoir pu grandir dans une famille tolérante et ce qu’il y a de plus normale. Enfin si l’on tient compte de leur métamorphisme. Mon père était un aigle et ma mère une chouette. J’ai pris de ma mère. Malheureusement elle décéda en couche. Il est très difficile d’avoir un enfant lorsque l’on est possédé par notre bête. Mais elle a été courageuse, et depuis que je suis tout petit, mon père me vante les prouesses qu’elle a pu accomplir, notamment pendant la grossesse mais aussi lors de la guerre, lorsque l’on chassait les métas comme les sorciers pour les faire brûler sur le bucher. Cette époque devait vraiment être horrible.

Enfin malgré tout, mon père a fini par retrouver une compagne. Elle avait perdu son mari à cause d’une malédiction. Jamais ils n’ont su d’où celle-ci venait. A l’époque, c’était la meilleure amie de maman, puis elle est donc devenue ma belle-mère. J’avoue que je m’en fichais de qui elle était du moment que papa était heureux. Je l’avais vu tellement souffrir. Et il avait attendu que je sois en âge de comprendre, pour me demander mon avis avant de refaire sa vie avec elle. Car ce qui était délicat, c’était qu’elle avait un fils. Lui était renard-garou et sorcier. Je ne l’aimais pas spécialement et je crois que lui m’appréciait encore moins. D’autant moins que sa mère s’occupait beaucoup de moi comme j’étais plus jeune de 2 ans. Elle me portait trop d’attention et en grandissant j’eus plus de succès que lui. Au début nous nous chamaillons, quelques fois nous nous battions. Mais tout changea lorsque mon père proposa d’adopter Sean, le fils de Jeanne.

Chapitre 2 : L’adoption

En moins d’un an, Sean avait perdu son père et en gagnait un nouveau ainsi qu’un frère qu’il n’aimait pas. Il n’aimait pas du tout mon père non plus. Il le considérait comme un intrus qui essayait de s'accaparer sa mère, tout comme moi. Et puis nos caractères étaient affectés par notre nature animale ce qui n'était pas pour aider. Nous avions tous de forts caractères. Mon père contrôlait son aigle, il avait l’expérience. Quant à moi, j’essayais d’être le plus loin possible de Sean lors de nos transformations. Le lien de sang ne nous aidant pas à nous gérer mutuellement comme papa l’avait fait avec moi.

« NOOOOOON ! Je ne veux être ni son fils ni son frère » avait hurlé Sean lorsque sa mère lui avait annoncé la nouvelle.

« JE N’AI QU’UN PERE ET SUREMENT PAS DE FRERE ! Va en enfer !!!! »

La violence de ces paroles est restée gravée dans ma mémoire. J’avoue qu’à l’époque j’ai eu de la peine pour papa. Personnellement, je n’avais pas d’avis, j’étais déjà bien trop dans mon monde pour me prendre la tête avec ce demi-frère si enragé. La perte de son père l’avait surement bien plus touché qu’il n’y paraissait et que ne voulait bien le faire croire.

Cet épisode avait meurtri sa mère Jeanne. Elle était la douceur incarnée, le total opposé de son fils qui avait tout pris de son père. Mon père avait passé des nuits et des nuits à essayer de la consoler. En vain. Quant à moi, j’avais essayé d’aller parler à Sean. Une fois encore, la conversation avait tourné en eau de boudin.

« Tu sais ce ne sont que des papiers au final. Et comme on dit on choisit ses amis, mais pas sa famille. » lui avais-je fait remarqué.

« C’est facile de dire ça pour toi. Tu as ton père et tu es le petit préféré. Que ce soit sous forme humaine ou de par l’animal que tu représentes. Moi, j’ai quoi moi ? Une mère qui pleurniche tout le temps et des huées quasiment tout le temps parce que j’ai un sale caractère et que je me transforme en renard. Le clan ne m’aime pas ! Va au diable avec tes leçons de morales ! »

D’un naturel doux, j’aurais voulu l’aider, mais il refusait toute aide quelle qu’elle soit. Alors je suis parti. Je l’ai laissé se calmer et surtout j’ai laissé les parents choisir ce qu’il fallait faire. Et Malgré ses protestations, et parce que c’était aussi un moyen d’unifier quelque chose qui était en morceaux, et parce que c’était plus sûr au niveau administratif, ils avaient signé l’adoption. Celle-ci avait été acceptée. Ce jour –là Sean devint encore plus sombre si cela était possible. Je ne le voyais presque plus et je ne pouvais pas dire que cela me dérangeait, surtout pendant les vacances d’été

Chapitre 3 : La jalousie est un vilain défaut

De l’été, j’avais dû voir mon frère d’adoption qu’aux repas. Et encore je faisais une moyenne assez large. Et personne ne savait ce qu’il faisait toute la journée enfermé dans sa chambre. Des jeux vidéo, surement. Pendant ce temps, j’avais travaillé. Enfin plus exactement j’avais fait un stage avec le croque mort de la ville. Et ça m’avait beaucoup plut. On n’y pensait pas forcément mais ce travail a un côté humain insoupçonné. D’ailleurs lorsque je fais part de mon sentiment concernant le métier, on me prend souvent pour un fou ou alors quelqu’un de totalement glauque. D’autant que je vis plus la nuit que le jour. Influence de ma chouette sur l’homme que je suis oblige.

Enfin, le jour de la rentrée scolaire avait eu lieu. Et le drame reprit son chemin. Nous n’avions pas de cours communs comme nous avions deux ans de différence, cependant, les mois défilant, une passion commune fit par nous réunir dans la haine. Enfin, personnellement je ne faisais pas du tout attention à ce frère jaloux, mais lui, c’en était tout autre. Il y eut alors une rivalité de plus. Après les parents, ce fut une femme. J’avais seize ans, il en avait dix-huit et elle dix-sept. Autant dire que nous étions tous les trois très jeunes et insouciants. Le problème c’était que nous avions tous les deux flashé sur la même fille. Elle était brune, avait les cheveux longs et de grands yeux verts. Comme moi, elle aimait bien travailler pour les morts. Elle trouvait que le métier de croque mort était quelque chose de dur à porter au niveau de la réputation, mais que c’était un métier d’art et très humaniste. Comme moi, elle aimait la musique et elle jouait de la flûte traversière depuis son plus jeune âge. (Je jouais du piano depuis mes 5 ans.) Tout nous rapprochait, et Sean l’a mal pris.

Un jour, nous préparions le dîner pour nos parents. Le silence était de mort. Ça ne changeait pas vraiment de d’habitude. Mais je voyais qu’il murmurait quelque chose quand soudain il me proposa un verre puisqu’il y en avait soit disant trop pour le plat qu’il préparait. C’était de la bière. Sans réfléchir, je me suis dit qu’il voulait peut être enfin signer une trêve, je pris le verre et le porta à mes lèvres. Je ne me doutais de rien. Puis il ricana. D’un rire sadique, comme jamais je ne l’avais entendu. Et j’ai eu beau lui demander ce qu’il se passait je n’eus jamais de réponse.

Chapitre 4 : La malédiction

Je ne compris qu’un mois plus tard pourquoi mon frère s’était moqué de moi. Moi qui croyais que les choses allaient changer, que mon frère allait changer. Ce fut une grosse désillusion.

Pour vous remettre dans le contexte, je voyais Jenna, la fille qui nous plaisait à tous les deux, après les cours. Nous avions rendez-vous au cimetière. C’était très peu banal certes, mais nous étions certains de ne pas être dérangés. Nous nous étions retrouvés avec de grands sourires accrochés aux lèvres. Je dois bien l’avouer j’étais heureux à cet instant. Mais tout tourna au cauchemar. Nous discutions, assis sur la tombe de ma mère. J’avais voulu spirituellement la présenter à Jenna. Je lui avais aussi expliqué les sentiments de mon frère à son égard, sentiments qu’elle ne partageait pas puisqu’elle venait de me faire part de ceux qu’elle ressentait pour moi. J’avais été honoré par son intérêt. Et un compliment en entraînant un autre, la scène se finit par le baiser typique.

« Pouf ! » Je m’étais transformé en chouette. Certes j’avais la chance d’être une belle chouette. Jenna, elle, avait fui à toutes jambes. Quant à moi j’avais volé jusqu’à la maison puisque je n’étais pas parvenu à procéder à la transformation inverse. Que m’arrivait-il ? J’ai dû attendre sept heures avant de retrouver ma forme initiale. Une fois récupérer deux jambes, deux bras, une tête et tout mon corps d’homme, j’étais rentré dans la maison comme une furie et j’avais attrapé Sean au cou, puis je l’avais plaqué au mur.

« Qu’est-ce que tu m’as fait salopard !? »

Jamais je n’avais été aussi violent dans mes propos. J’étais la force tranquille habituellement, mais là, oui à cet instant précis, je savais qu’il m’avait fait quelque chose.

« Moi? Rien du tout... Par contre nous avons tous des ennemis et des alliés »

Je serrai sa gorge de plus en plus fort et lui avait un sourire narquois. J’allais lui demander comment rompre la malédiction quand mon père vint m’empêcher de le tuer. Je hurlais à l’injustice, je hurlais à l’hérésie ! Bon j’étais juste en colère et je lui débitais tous les noms d’oiseaux que je connaissais, mais rien n’y changea. Et personne ne me crut. Il passait alors pour le gentil garçon harcelé par son frère, soit disant jaloux. Las de cette situation, et en âge de partir étudier à l’étranger, je choisis de m’expatrier aux Etats Unis. Mon père en était triste, mais il comprit. Il m’aida alors à financer la fin de mes études, ici, à Shrevreport. Au début, je vivais dans une petite chambre qu’il me payait, puis lorsque je suis entré à l’université j’ai commencé à travailler et je me suis payé un studio.

Chapitre 5 : Le Pard

A Shrevreport, je me sentais bien. C’était une petite ville sans histoire, ou presque. Presque car de nombreuses choses étranges s’y passaient. Mais vite, j’appris qu’il existait aussi ici un clan de métamorphes. J’avais mis un certain temps avant de s’y intéresser car je ne voulais pas que les évènements se reproduisent, mais j’avais besoin de la proximité de ses comparses. Et le chef du Pard, comme ils le nommaient semblait assez ouvert. Alors, lorsque je suis entré à l’université, je me suis présenté et j’ai proposé mes services en tant que soigneur animalier. Avec le temps, je me suis habitué à vivre loin de chez moi et à ne donner des nouvelles à mon père que sporadiquement. Puis j’ai terminé mes études et j’ai décidé d’intégrer réellement le Pard m’y intégrant aussi bien physiquement que spirituellement. Fidèle à mon chef, quel qu’il soit, j’ai depuis mon entrée dévoué sa vie au camp. Je suis partit quelques années, histoire de ne pas paraître suspect au niveau de mon âge. En effet les métamorphes vivant beaucoup plus vieux qu’un homme normal, un gars de ans avec l’aspect d’un adolescent de 20 ans paraissait vite suspect. J’ai donc pris 20 ans de ma vie pour faire le tour du monde et apprendre. Sur le chemin j’ai découvert beaucoup de choses, sauf la plus essentielle : comment rompre la malédiction. Personne ne la connaissait, elle semblait être unique au monde, ou alors beaucoup m’avaient menti. Mais je ne perdais pas espoir. Je pouvais aimer, c’était déjà ça. J’évitais juste les contacts physiques tels que les baisers ou faire l’amour. Je ne savais pas ce que la malédiction touchait et je ne voulais pas prendre de risques.

Cela fait près de dix ans que j’ai refait surface. J’ai rencontré le nouveau chef, Micah il y a environ 5 ans. Celui-ci est bon. Je le sens mais je reste tout de même en retrait à m’occuper de mon boulot et des animaux du camp comme à l’époque. Il ne m’oblige pas à sortir de ma coquille et j’apprécie ça. Ça ne nous empêche pas de bavarder quelques fois. Je l’apprécie vraiment. Et il serait probablement la seconde personne, après Georgina qui j’irai voir en cas de problème. Voyager m’a rendu plus sage, plus calme. Mais je sors probablement encore moins qu’avant.

D’ailleurs, je me rappelle encore ma dernière sortie à Shrevreport. C’était il y a trois ans. J’allais au cinéma. Tout seul. Et lorsque je suis rentré au camp, pour rejoindre ma roulotte, je suis tombé sur cette jeune femme. Elle avait beaucoup de cicatrices, beaucoup de blessures. Alors, je l’ai récupéré, je l’ai porté jusqu’à mon cabinet qui était beaucoup plus proche que le camp et je l’ai soignée. Georgina de son prénom, et depuis la seule personne qui sait presqu’autant de chose que moi sur ma vie. C’est comme une petite sœur. Je la protège à présent car elle le mérite et puis, lorsque je l’ai connue elle n’avait personne. Je l’ai donc amené au Pard, et comme c’était à prévoir, Micah l’a accueilli. J’étais content et surtout rassuré. Je pouvais garder un œil sur elle, sur celle qui était si apeurée par les humains.

A présent, je reste un type glauque et solitaire aux yeux du monde, mais au fond ceux qui me connaissent savent que je suis profondément humaniste et que j'œuvre pour le bien être de mon clan. C’est pourquoi, avec les nouveaux évènements, ce fameux vaccins, la violence dont font preuve les loups etc, je resterai plus que jamais fidèle à Micah et je l'aiderai à protéger le Pard. En parallèle je compte bien trouver un remède à la malédiction que mon frère m'a jetée à travers les pouvoirs d'un autre.