✤ Traits de caractères Instable, détestable, asociale. Calculateur, menteur, usurpateur. Tant de mots pour le qualifier et si peu pour le cerner. Les gens se perdent à le dénoncer, à l'étiqueter derrière une image peu reluisante d'un homme qui a sombré, mais la vérité reste à dévoiler. Ambros n'est rien qu'un dommage du passé, une personne qui s'est trouvée au mauvais endroit au mauvais moment et qui de ce fait s'est complètement renfermé. Par sa perte et ses regrets, il a appris à s'éprendre de sa méfiance, à conjuguer son anxiété et sa réticence pour devenir ce mec en retrait, ce gars que personne n'ose fixer par peur de se faire fracasser. Le mot "psychopathe" suffit déjà à éloigner les ignorants, et le "taré" repousse les innocents. Pourtant, le brun n'a jamais été de ceux aux teints pâles, de ceux qui n'osaient s'élever devant les assemblées. C'était plutôt le con toujours à brailler pour dire des immensités, le clown de service qui cherchait à faire sourire là où trop de fois des larmes avaient coulé. Un éclat au milieu de l'obscurité. Mais l'obscurité a rattrapé le rayon pour en faire un sillon. Un sillon rougeâtre et dégueulasse d'une mélancolie âpre. Une atrocité à l'esprit pillé. Un convalescent avide de sanglant. Malsain, hautain.  Cette autre personnalité qui ne cesse de le ravager, cet esprit égaré qui a su dévorer son âme ankylosée, l'a transformé, muté en cette monstruosité. Envieux, désireux. Instable et détestable. Dur et glacial, il aime faire du mal. L'anarchie est son plaisir et le chaos son loisir. Ambros n'est qu'un jouet, un pantin désarticulé au milieu de ces pensées et de ce fait, qu'un hôte à mieux ravager.

Le jeune homme est donc devenu qu'une lointaine distance. Une ermite errant entre incompréhension et dévotion. S'éparpillant dans sa solitude pour protéger les êtres qui l'entourent, il évite tout contact pour se pardonner d'avoir été si lâche, d'avoir laissé cette chose pénétrée dans sa chaire pour y créer l'enfer. Il s'enferme dans sa réserve, s'emprisonne de toute animosité ne laissant que cette image de fantôme égaré aux passants. Car après tout, c'est ce qu'il est. Et quand il ne perd pas son temps à s'abstenir de tout fait, il joue à être qu'un masque de fausseté. Un autre lui. Un gars souriant, attachant mais en réalité, il n'est qu'une plaie torturée, réservée et brisée. Un gars qui manque de confiance en lui, qui compense en se battant, un gars paumé qui s'est renfermé dans sa timidité.

✤ Occupation diurne Fuir, se cacher, travailler pour éviter les frais des préjugés. Tellement facile d'oublier nos soucis et tellement difficile de les affronter. Ambros tente de se racheter un passé, d'oublier cette étiquette qu'on lui a collée, celui de ce taré un peu dégénéré  pour une cause non justifiée. Mais seulement le temps ne vanne pas seulement les innocents, il empresse de souvenirs le présent. Alors il se teinte derrière l'effervescence, s'effaçant dans son métier très prenant, passant la plupart de ses heures à projeter des films pour la plupart lassants. Il se referme et s'enferme dans ses banalités sans continuité s'échappant de tout contrefaits. La sociabilité, la société... Il erre comme un fantôme sans but fixé, cherchant quelque chose à laquelle se raccrocher. Mais les ancres semblent être que des mensonges faussés alors il se perd dans ce qu'on appelle une vie à chier.

Se protégeant mais protégeant les autres avant tout, car son dépaysement fait son égarement. Son don restant une malédiction qui lui a coûté sa précieuse humanité, sa propre stabilité.  Il a tout perdu précipitamment, violemment. Il s'est perdu lui même avec cette impression de devenir quelqu'un d'autre, quelqu'un de flou, quelqu'un de fou. A force d'y croire, il a crevé son espoir. Et un autre a pris sa place, un autre qui en guise d'amusement fait couler le sang.

✤ Manies, habitudes & goûts
Se perdre dans la masse. Un moyen comme un autre pour passer inaperçu entre les divers individus. Ambros s'amuse à jouer à être quelqu'un d'autre. Il aime se sentir normal, banal voir bancal. Toujours à s'échapper de la réalité, il tente néanmoins de flouer la vérité sur son identité. En passant pour un mec lambda, rien d'extraordinaire, un gars comme ça souriant, changeant de temps en temps. Puisque se cacher est plus facile que se dévoiler. En réalité, dans cet engrenage perfide, il tente de se trouver une véritable place dans cet univers vaste, il tente de se retrouver. Lui le gamin dérangeant mais attachant.

Fumer. C'est devenu une nécessité, une priorité dans sa vie délabrée. La nicotine restant la seule liberté dans sa précarité. Il est certainement dépendant de cette drogue dure mais il s'en fout éperdument. Puisque la vie s'écoule facilement et que le temps découle précipitamment.

Lutter. Se battre pour se sentir puissant, pour un peu d'adrénaline violente. Avoir les poings rougis par l'envie, le coeur épris d'une douce mélodie. Toutes ces sensations et toutes ces vibrations sont un signe de délectation chez le jeune homme. Un rappel à cette soumission lointaine, à ces larmes d'une soirée si pleine. Cette impression d'être faible, rien, rien que du vent, qu'un pion sur un vaste échiquier. Ca l'a traumatisé, ça l'a terrifié de voir comment la vie pouvait s'échapper en quelques secondes au point qu'il s'est interdit de recommencer à être cet incapable misérable.  Vulnérable. Alors il se bat, il boxe pour effacer ses années de perdition dans cet asile où on l'avait mutilé.

✤ Capacité La douleur, cette sensation malsaine d'une souffrance aigrie, il la manie par le toucher. Au début, ce n'était que par touche, de simples illusions d'un vrai don mais ce n'était qu'un gosse éparpillé et distrait. Sa mère a toujours essayé de le retirer de cet environnement, celui de la magie, elle même très détachée de ces capacités. Mais Ambros a toujours été un gamin curieux, un enfant envieux. Et il a compris les réels enjeux de son don quand il a dépassé les limites préétablies en torturant pour se sentir plus vivant, pour évacuer cette colère véhémente. Une vengeance qui lui a couté un internement dans un asile psychiatrique. Depuis, il rejette ce pouvoir à cause sans doute de sa culpabilité mais également de l'effet qu'il lui fait. Car s'il est le détenteur de la douleur, il n'en est pas moins anesthésié de toutes sensations. Effectivement, soit sa souffrance est décuplée soit il ne ressent plus rien. Il peut se briser ou bien se condamner à être invulnérable. Deux antithèses diamétralement opposés qui l'effraye. De plus qu'il ne sait vraiment comment en user de cette malédiction, son pouvoir aussi instable qu'il est. Alors il devient une bombe à retardement qui ne sait vraiment comment se désamorcer. Il lui reste quelques cendres de self-control mais souvent ils sont brefs. Du coup, il n'ose toucher personne par peur d'invoquer ce mal complet.

Pour les auras, Ambros est dans le flou complet, il a beaucoup de mal à les différencier. De ce fait, il évite tout contact avec quiconque en possédant une. Par peur ou par simple envie de se foutre dans le merdier.

✤ Possession & Exorcisme Seul, esseulé, fatigué d'une lutte perdue d'avance. Captif de sa précieuse liberté, le jeune homme a perdu son espoir à force de croire. Il s'est laissé aller dans une mélancolie perfide, laissant son corps vide et son esprit creux de la moindre émotion dans un lieu hostile. Cet asile au lieu d'être sa rédemption a été sa damnation. Il avait tout perdu, il s'était perdu. Et on l'a fauché petit à petit jouant de ses peurs pour en faire une horreur. Et il était jeune, tellement jeune, naïf de croire que rien d'autre ne pouvait lui arriver. Rien de pire du moins. Et à petit feu, on l'a emprisonné, cet esprit l'a saccagé, a bouffé le reste de sa stabilité, de sa liberté. Il s'est retrouvé incapable, misérable. Sans rien pour se battre. Il était las et fracas. Une ouverture si facile, une issue si aisée. Il a fallu peu de temps pour que l'esprit prenne le dessus sur sa volonté. Quelques semaines. Et le monde tel qu'il le connaissait serait à tout jamais changé.

✤ Convictions  Un canular, une piètre connerie que les gens s'étaient fait un plaisir d'inventer pour effrayer les hauts gradés pour leur prouver qu'ils n'étaient pas au sommet de leur supériorité. Voilà la première pensée qui l'avait traversé, une ironie à peine cachée au vu des circonstances pourtant si facile à espérer. Puis peu à peu, les pièces du puzzle se recollaient prouvant la férocité de la vérité et Ambros s'est mis carrément à paniquer. Passant du déni, à d'autres diverses émotions aussi violentes que variées. Cette révélation prouvant bien des faits tel que sa condition d'atrocité, son don, ses capacités. Mais sérieusement des vampires, des loups garous? Le jeune homme se trouvait dans un bestiaire bien réel, un conte de fée qui ne se finissait pas par "ils vécurent heureux et eurent des enfants". Qui savait quelles autres créatures se cachaient dans l'obscurité? Celles qui avaient échappés aux yeux des hommes? C'était effrayant mais à la fois étrangement excitant, se savoir pas seul dans ses tourments. Il n'était pas seul il ne l'avait jamais été. Mais pour autant, il est resté méfiant, préférant se préserver que s'élever dans sa catégorie de bêtes de foire.


✤ Signes particuliers  Une marque indélébile au coin de la clavicule. Une cicatrise aigrie qui le ramène toujours à cette nuit fatidique où sa jeunesse lui a été volée au grès d'une ivresse injustifiée. Le jour même où sa sentence a été précipitée.

Gamin futile, enfance juvénile. Ignorant, innocent, pauvre enfant des bas quartiers, il n'avait aucune idée d'où il mettait les pieds. Juste un paumé de plus dans cette fructueuse société. Il n'était pas prémédité pas même espéré pour sauver les cendres d'un couple bancal. C'était juste une erreur, un crève coeur, un ramassis de connerie qu'une femme ne pouvait se résoudre à avorter. Alors elle l'avait gardé prêt à le rejeter à sa naissance mais lorsqu'elle posa


Cette nuit là n'était qu'un mélange compromettant d'incohérence et de démence. Un amalgame explosif, signe d'un hasard violent et d'années véhémentes. Où les regrets s'étaient accumulés et la rancoeur n'était devenue qu'une banalité. Tu devais sortir cette soirée là, tu aurais dû te trouver à des kilomètres de chez toi. Loin du climat hostile entre tes parents, entre amis à picoler comme le reste de ta génération pour oublier la société dans sa détérioration. Mais tu t'étais senti mal et tu avais rebroussé chemin pour un semblant de tranquillité. Seulement le calme n'était qu'une illusion de la tempête, qu'une fausseté dans son immensité. Et là où tu allais, seul l'enfer allait régner. Tu étais rentré sans prévenir et seul l'accueil des cris te rappelait où tu te trouvais. Tu avais l'habitude, les hurlements faisaient partie des murs dans ce putain de foyer. Toujours à s'embrouiller, toujours à se gueuler dessus pour une raison injustifiée. Tu étais lassé d'entendre ces échos déchirés d'un amour outrepassé, d'écouter les insultes insensées. Creux, vide. Tu étais entré sans grande volonté là où les voix se rongeaient, mais la vision qui t'attendait ne cesserait de te hanter pour une multitude d'année. Ton père qui venait frapper ta mère en pleine face sans l'once d'une culpabilité, une fois puis deux. Tu avais accouru auprès d'elle poussant ton paternel de ton chemin, choqué par tant de lâcheté. Mais la bête ne semblait pas rassasier, la bête était insatiable et détestable. Il renchérissait, maudissant la femme de sa vulnérabilité, de sa sensibilité. Pauvre conne ! Tu pouvais pas simplement avorter de ce batard, fallait que tu me fasses encore chier. Ces lèvres crachaient un venin acide, aidé sans doute par les effluves d'alcool qu'il avait ingurgité. Ces mots t'empoignaient, ces mots te torturaient mais tu étais trop préoccupé par l'état de santé de ta mère, tes doigts se posaient sur sa peau blafarde et tu tentais de lui enlever de sa douleur. Mais c'était l'effet inverse qui se produisait et la belle se crispait alors tu la relâchais brusquement, regrettant immédiatement. Ton père s'agitait, ton père commençait à dérouiller. Ta mère quant à elle te fixait ,des gouttes amères sur ces joues, un sourire rassurant aux lèvres. Tu lui rendais faiblard, te rendant peu à peu compte de ton incroyable stupidité. Et alors que tu te préparais à décamper avec ta maternelle, le monstre lui attrapait le poignet la secouant violemment. Et tu essayais de le stopper, le frappant, criant, hurlant pour qu'il la laisse en paix. Mais tes échos l'alimentait, tes échos l'excitait. Et dans un geste muet, la violence venait se reposer. Un coup bref et rapide. Une déchirure. Une cassure. Et un bruit de déglutition. Dégueulasse. Un impact, une putain de claque. Tes genoux venaient s'effondrer au sol sous la vision d'horreur qui venait de se jouer. L'enfoiré relâchait l'ustensile métallique qui venait s'échouer dans un écho léger à ces pieds. Un tournevis. Ensanglanté. Qu'il avait préalablement caché. Puis un choc lourd, accompagné d'un silence de velours.

Elle s'écroulait et tout le reste semblait tomber en même temps que sa dépouille anesthésiée. Elle s'échappait, elle s'envolait... Elle te quittait, elle t'abandonnait. Et ton coeur se décapitait, ton coeur ressentait cette douleur qui trop de fois t'avait fait défaut. Tout se décuplait, tout te donnait envie de crier. Tes mains tremblantes, tes pensées accablantes. Et ce sang... Tout autour , partout autour de toi. Ta gorge se rétractait, ton souffle encaissait. Et la colère venait s'éparpiller au milieu de ces effluves d'un noir doré. Elle ne pouvait pas... Elle ne l'était pas... Morte. Ce mot résonnait dans ton crâne et la seule chose qui te maintenait était cet homme qui te souriait. Celui qui se nourrissait de tes larmes salées pour mieux se contenter de ce qu'il venait de faire. Cette peinture sans fresque, un chef d'oeuvre ensanglanté. Il s'en inspirait, il mémorisait chaque détail de cet art bafoué. En retrait mais bien conscient de son atrocité. Et toi, petit enfant des bas quartiers, tu étais complètement décomposé entre ton déni et ton agonie. Perdu sur un chemin dangereux où les issues n'étaient que des pointes éperdues. Exploser, se révéler, et briser. Tuer... Seule cette pensée te paralysait, te laissait frustrer d'une destructrice avidité. Ton sang bouillonnait, ta rage n'était qu'orage. Ca te mordillait, ça te tenait éveillé cette envie d'une nuit plus qu'agitée. Envie de te venger. Avide de monstruosité. Tes tremblements n'étaient plus passagers, partagés entre la colère et la tristesse et ton coeur quant à lui s'empressait d'impulsivité. Tes mains craquaient, ton regard se détournait vers le principal intéressé. Son sourire ne s'était toujours pas défait, il était totalement excité par cette situation déliée. Trop pour ton calme, trop pour que tu te contiennes du moindre méfait. Calmes toi, calmes toi. Ta conscience tentait de te raisonner mais c'était trop tard, tu te relevais et ton corps se projetait déjà en fracas sur cet enfoiré. Et il esquivait dans un rire discret, sa main bien levée en l'air pour t'achever de ta vulnérabilité. Il la lâchait comme une sentence, une punition que trop de fois il s'était retenu de satisfaire, et ces doigts venaient imprimer sur ta peau veloutée des rougeurs insubordonnées. Le sol venait récupérer ton ossature lourde et ton esprit engourdi, la violence de son poing se répercutant dans son intégralité. Mal, tu avais mal et tu étais mal. Mais tu ne pouvais rien faire, tu n'étais qu'un incapable, qu'un foutu gosse verni de 17 années. Vulnérable et fragile. Ton père continuait de te le répéter et maintenant il te le prouvait dans sa lâcheté. Et à présent, il se barrait précipitamment détalant du maudit taudis, laissant son fils abasourdi. Ankylosé d'un mal de crâne à se damner. Bordel ! Couché, tu n'arrivais plus à bouger, complètement paralysé par l'horreur et la rancoeur. Seul tes doigts essayaient d'attraper, de se rapprocher du corps de ta défunte mère. Mais tu étais si las, si faible. Tes larmes ne finissaient de s'écouler sous les souvenirs passagers. Ceux de ton enfance délabrée où tu ne cessais de t'amuser des contrariétés et que ta mère te souriait pour ton incroyable naïveté. Tu l'avais été naïf beaucoup trop de fois. Lorsque tu entendais crier dans la pièce d'à côté et que tu déniais de bouger à cause de cette peur véhémente , qu'à la place tu te cachais sous ton lit en croyant que cela éloignerait les monstruosités de t'attaquer. Mais le seul monstre restait ce visage creux, terne de couleurs que tu avais fixé à longueur de journée en souriant comme un enfant. Celui que t'avais pris pour un modèle, pour une fierté haute placé n'était qu'un faux semblant transparent. Un des déchets de cette société. Il l'avait tué et maintenant il allait te tuer car il ne vous avait jamais aimé, toi et ta mère. Vous étiez son erreur, sa connerie de toute une vie. Qu'une parenthèse qu'il se ferait un plaisir de brûler. Brûler. De la fumée venait émerger de la porte d'entrée alors que tu restais recroquevillé sur toi même, traumatisé. Mais l'opaque amas venait t'encercler ainsi que le bruit de crépitements. Et tu devenais l'abandonner cette mère qui n'avait été qu'un rayon de soleil jusqu'à cette mort précipitée. Un rauque grognement sortait de tes lèvres tandis que tu te relevais tant bien que mal et que tes pas cherchaient la sortie de ce labyrinthe de flammes. Terrifié, tu l'étais pourtant tu ne perdais pas, tu accourais, tu te précipitais en quête de cet air frais. Et tu sombrais à l'extérieur à bout de force, tu t'écroulais sur la terre humide, ton coeur fissuré, ton âme à tout jamais marquée.


458. 459. 460 jours. Le chiffre augmentait au fil du temps qui s'écoulait sous le signe de cette monotone folie. Une si jolie hérésie où les irrégularités survivaient avec sursis. Captives, éprises de ces quatre murs démunis. Punis pour leurs déficiences et condamnés pour leurs démences. Cruelle vérité qu'était cette réalité. Ta réalité. Sauf que tu n'étais pas fou, et encore moins un déficient mental. Juste un dommage collatéral d'une douloureuse erreur. Une excuse pour une incompétence. Un travail non achevé où les preuves devaient s'effacer. Mais tu avais survécu à cette nuit agitée où les flammes avaient rongé le reste de ton passé dans une épaisse fumée. Et ton père avait clamé à tous ta culpabilité, trouvant un faux semblant pour s'échapper de ces pêchés. Facile de mentir au lieu de fuir. Il t'avait accusé de ces atrocités oubliant de mentionner l'assassinat de sa dulcinée, feignant même que tu avais essayé de le tuer dans cet incendie meurtrier. Résultat: on t'avait balancé dans cet asile pour divers symptômes variés. Nuisance à autrui, démence aggravée... Rejeté et blâmé, par la suite étiqueté meurtrier à cause des restes d'un corps décomposé. Ta minorité t'avait sauvé de la prison mais pas de cet internement qui ressemblait étrangement à cette première notion. Et tu te retrouvais à croupir derrière une porte fermée, seul et fatigué d'une lutte où la vérité n'était qu'une tombe à enterrer. Enfermé avec tes regrets et avec ta vulnérabilité. Les premiers mois tu avais cherché à prouver ton innocence, justifiant les flots d'agressivité d'un père à chier, mais cela t'avait coûté de nombreuses séances d'électrochoc pour que tu puisses enfin la fermer. Puis les mois s'étaient écoulés pour finir en année à te murer dans le silence, dans le désespoir, dans cette solide solitude. Tu t'étais perdu et tu avais perdu seulement tu n'avais jamais demandé à jouer. A ce jeu sanglant où celui qui était perdant finirait convalescent. On t'avait projeté dans cet enfer sans une once de culpabilité, où tu t'égarais avec cette impression de devenir quelqu'un d'autre. Une illusion qui devenait peu à peu réalité, alors que tu ne cherchais plus à te battre contre la mélancolie et la folie. Ces irrégularités avaient réussi à te changer, à te muter en ce gars éparpillé, brisé. Une proie facile, une victime aisée. Les nuits, tu étais terrorisé par les souvenirs de l'outrepassé, ne trouvant pas ce sommeil perfide, Morphée se moquant bien de ton flot de tourment. Et tu en souffrais, violemment, précipitamment. Subissant les ressorts de l'insomnie en d'infimes hallucinations. Enfin tu le croyais, tu l'espérais loin de te douter qu'en ces lieux d'abîmes se trouvaient un mal défait. Un mal qui rongerait ton ossature livide. Un esprit à l'avidité surmendisionnée. Pauvre gamin, pauvre ignorant de ses maux incessants! Tu allais te faire dévorer, tu allais payer ta putain de vulnérabilité. Mais tu étais trop inconscient, trop dépendant de ta misérable incompétence. Qu'un foutu innocent au coeur branlant. La falaise te guettait mais tes pas ne cessaient d'avancer. Et bientôt, tu tomberais dans cet infini où les vagues creuseraient ta peau de son humidité. la noyade n'étant qu'un supplice de plus à affronter. Alors tu avais plongé sans te douter, mourant de tes peurs torturées. La nuit te gobant bien vivant. Au début, ce n'était rien de condescendant, des bruits injustifiés, des marques sur ton corps maigrelet puis des illusions acides, des impressions de vide. Le mur qui se renfermait sur toi, ou encore on te tirait, on te touchait sans personne à tes côtés. Et enfin, on t'achevait entre tes terreurs nocturnes, se nourrissant de tes pensées pour s'y loger. Cet esprit, aux envies sanglantes, avait émergé là où le mal avait déjà saccadé tes émotions limpides.   Il s'était imprégné et il ne comptait plus te lâcher.


Tu y étais né et pourtant ta gorge se serrait alors que tes pas foulaient le sol humide. Comme électrisé par cette nuit démontée, ton coeur s'étranglait dans ta cage thoracique terrassée. Vide, creux, tu te sentais totalement déconnecté. Premier jour de liberté après des années à être enfermé. Tu t'attendais à être rassuré, à ressentir ce sentiment planant de quiétude et de calme. Mais non... Cette ville, ces gens, cette société, tout te faisait suffoquer. Tout te rendait inapte au moindre acte. Paralysé, torturé par cette peur acide du rejet. Tu le savais pourtant que ton départ serait une nouvelle opportunité, pour te racheter, pour oublier mais le temps n'effaçait pas le passé, tout comme il ne supprimait pas les souvenirs des étrangers. Tu allais devoir encore affronter cette image de meurtrier, cette culpabilité amère et les regrets que cela engendrait. Tu étais fiché mais tu étais fiché dans ta liberté. Et même si ton corps et ton coeur était empli de rancoeur, tu avancerais dans l'humidité comme tu l'avais toujours fait. Avec cette appréhension et cette anxiété qui t'accompagnait où que tu allais. Sans parler de la révélation et de ces conclusions, les soupçons et les préjugés étaient une banalité dans cette ville où les langues se déliaient si facilement. Tu te stoppais net avec ce souffle court, les pensées embrouillés, le crâne bouillonnant. Merde! Fais chier. T'as du mal à respirer, et ton coeur t'envoyait valser. Pas maintenant, pas encore. La panique, cette salope, elle te suit partout maintenant qu'elle sait où se loger. Et l'autre qui se met à jouer, qui s'amuse à te tourmenter. C'est pas le bon moment, c'est pas le ... Trop tard, il est avide de férocité. Il veut s'extasier avec ton corps de damné. Il prend le dessus avec une facilité déconcertante et tu te retrouves muet totalement défait. Et seul tes lèvres se relevaient dans un rictus mauvais...