➽ date et lieu de naissance. 19 juin 1725 à Dublin ➽ nationalité. irlandais ➽ nom du sire. A. Marcus Leksvik ➽ date de l'étreinte. 1754 ➽ statut. Ancillas ➽ discipline. obténébration niveau 3 ➽ camp. Le sien pour l'instant, même s'il essaie de ne pas faire de vagues tout en traquant l'objet de son obsession ➽ état civil. célibataire ➽ lieu d'habitation. La Cotelette ➽ métier. aucun pour l'instant ➽ étiquette qui vous est collée. Crispin est arrivé il y a peu en ville. Il passe pour un individu assez taciturne, renfermé, toujours à l'écart des autres. Généralement, il lui suffit d'un regard pour chasser une personne dont il ne désire pas la compagnie. On l'évite au mieux. De toute façon, il ne parle que très peu. Alors ça ne sert à rien d'insister.

Taciturne, renfermé, bougon
On ne verra Crispin que très peu s'ouvrir au monde. Il ne fait pas partie des plus grands bavards de ce monde. Peut-être parce qu'il ne parvient pas vraiment à respecter le genre humain, quelque soit sa nature, sa race. Même avant sa transformation, Crispin n'était pas des plus loquaces et il fallait presque lui arracher les mots de la bouche pour l'entendre parler. Ça ne s'est pas vraiment arrangé par la suite, même s'il connait des moments de très grande... liberté où il se met à parler comme la pire des pipelettes... Généralement pour plaire aux filles, même si ça ne marche pas toujours réellement. Elles préfèrent qu'on les écoute et qu'on se taise et n'attendent jamais vraiment de réponse de la part du genre masculin. Soit. On le voit aussi souvent de mauvaises humeurs et capable de vous envoyer sur les roses juste parce que vous lui avez dit bonjour. Pourquoi ? Tout simplement parce que c'est un homme qui pense beaucoup. Peut-être pas à des choses très utiles, mais il pense beaucoup. Sur tout ce que son regard peut croiser... et croyez-moi, il passe son temps à regarder autour de lui, nimbé dans son manteau d'ombres pour que les gens ne le voient pas... et ne viennent pas l'embêter. Il n'y avait vraiment que deux personnes qui arrivaient à le faire sortir de cet état passif et, faut bien le dire, complètement agaçant : Marcus, son Sire et la belle vampire à laquelle il a donné son coeur quand il est arrivé aux Etats-Unis... Malheureusement, il a perdu le premier de vue... et la seconde lui a été sauvagement arrachée par des chasseurs.

Intelligent, malin, observateur
Dans son coin, Crispin observe donc tout et tout le monde. C'est de cette façon qu'il a décidé d'apprendre le monde, même si les nombreux voyages qu'il a effectué avec Marcus lui ont aussi été bénéfiques. Crispin est quelqu'un qui a soif de connaissances... mais ce côté même de sa personnalité s'est surtout révélé aux côtés de son Sire. Avant cela, il n'était qu'un ancien soldat qui avait connu une révolte et s'en était sorti il ne savait comment. Il était content de ça... et ne se posait pas vraiment de questions sur le reste. L'important était qu'il soit toujours en vie... même si ça n'allait pas durer longtemps. Le savoir de Marcus était pour lui des plus passionnants et c'est tout naturellement qu'il a suivi le mouvement, apprenant petit à petit à penser par lui-même. Si Marcus était plus sociable, Crispin lui préférait apprendre en observant. Alors, au fil des décennies, il a appris à s'intégrer, observant la moindre modification de comportement, de style vestimentaire, suivant les avancées technologiques. Aujourd'hui, il possède même un iPad et quelques gadgets derniers cris sur lesquels il s'amuse comme un petit fou. Il sait que ça ne sert strictement à rien... mais soit. Ça l'amuse. Pourtant, il a aussi découvert dans ces choses qui lui semblent parfaitement inutiles, le moyen d'enrichir son savoir bien plus rapidement et facilement que s'il devait écumer les bibliothèques. Il aime toujours autant l'odeur d'un bon vieux livre... mais là, c'est plus rapide, plus efficace... la plupart du temps.

Passionné, jaloux, possessif
La vampirisation décuple un peu tout à ce qu'on dit. Mais surtout l'instinct territorial, peu importe le domaine. Et bien Crispin est devenu jaloux et possessif envers ses biens. Oh, il n'irait pas bouffé le premier venu qui lui emprunterait son peigne, hein ? Enfin, normalement. S'il est dans un bon jour. Par contre, en ce qui concerne les personnes qui lui sont proches, Crispin est pire qu'une maman loup. Pour défendre ceux qu'il aime, il serait prêt à tout... Du moins, c'est ce qu'il pensait jusqu'à un certain moment. Un moment crucial où il a fait preuve d'une lâcheté qu'il se reprochera toujours... tout en rejetant la faute sur une autre. Soit. Le vampire est également passionné. Passionné par le savoir, passionné par les gens, passionné par l'évolution (il a d'ailleurs tous les écrits de Darwin mais aussi de Lamark). Passionné par sa belle. Tellement passionné que lorsqu'on lui a enlevée, il s'est juré qu'il mettrait tout en oeuvre pour obtenir réparation, justice, vengeance. Même s'il sait — vraiment ? — que ça ne la lui ramènera pas.

Nostalgique, déphasé, vengeur
Mais s'il ressent tout plus fort depuis plus de 200 ans, Crispin ressent aujourd'hui surtout le manque de son aimée. C'est comme un vide sidéral dans son être, dans son corps, dans ce qu'il lui sert de coeur. Il a l'impression d'être à moitié entier, à moitié "vivant" (si tant que c'est possible pour un vampire). Il a perdu une partie de lui-même. Peut-être même plus que ça. Une partie de sa santé mentale avec. Il est perdu, déphasé. Il vit dans un monde où elle est encore présente, à côté de lui, comme un fantôme. Ou dans le corps d'une femme qu'il a croisé dans un pub. Ou dans une plante, une fleur. Il la voit partout, comme si c'était naturel, comme si elle était vraiment là. Et parfois, elle n'est plus là. Plus du tout. Comme si on avait arraché un bout du monde, tout un pan de sa réalité. Il a cette impression étrange, quand on passe plusieurs mois sur un bateau et que l'on retourne sur la terre ferme. Que le monde tourne sans lui. Qu'il va tomber s'il essaie de marcher droit. Quand elle est là (pas vraiment, mais on a compris), il se sent pousser des ailes. Il aborde un sourire idiot et ramène une fille dans son lit. Il se nourrit. Plus ou moins sauvagement. Les vampires ne craignent pas un peu de douleur... et puis ils sont capables d'en recevoir plus que les êtres humaines. Tant qu'il croit qu'elle est dans ses bras, tout va bien... mais en un seul battement de cil, tout peut déraper. Crispin se métamorphose alors en monstre vengeur. Son esprit en pourchasse un autre en particulier, mais quand le besoin de tuer se fait bien trop fort, il se peut qu'il se laisse aller à autre chose. Peu importe. Il veut voir le sang couler. Gicler. Pas pour se nourrir, non. Pour le plaisir de voir ce liquide carmin tracer des sillons sur une peau pâle. Il la cherche, il la traque, il la veut morte, son coeur encore palpitant dans sa main. A défaut de pouvoir redonner la joie au sien, il enlèvera celui de la salope qui la lui a dérobée.

Au cours des nombreuses années qu'il a passé en tant que vampire, Crispin a eu l'occasion d'exercer de nombreux métiers, passant de peintre à videur dans une boîte de nuit ou encore à barman pour les horaires de nuit. Il a touché un peu à tout, dans sa quête d'accumuler toujours plus de savoir. Il a été écrivain, aussi, pendant un temps. Photographe. Surtout pour les étoiles filantes. Il adore ces trucs-là. Il a été croque-mort, dans une autre vie. Soldat avant sa mort. Policier pendant un bref instant, mais c'est pas facile alors d'imposer ses propres horaires. Bref. Actuellement, il n'a pas vraiment d'emploi. Il vient d'arriver à Shreveport donc il déambule encore pour savoir quel emploi il va bien pouvoir trouver cette fois. Donc, à part rester dans son coin et observer les gens pour apprendre à les connaître un peu, il ne fait pas grand chose. Il discute avec sa belle, ses hallucinations en fait... ou il pourchasse des médiums pour leur faire peur. Ça l'amuse bien, ça.

Goûts
 jouer sur son iPad
 prendre des photos
 faire peur aux gens
 discuter avec son aimée
 traquer les vilains médiums qui lui ont volé l'amour de sa vie
 boire du whisky, même s'il n'en sent plus vraiment le goût
 regarder les séries à la TV (il aime particulièrement celles sur les vampires, ça le fait rire, et celles telles que Game of Thrones)
 lire
 dormir, ça fait passer le temps plus vite

Dégoûts
 les médiums
 les loups et autres bêtes poilues
 se rendre compte qu'il a été d'une lâcheté incommensurable
 rester dans les ombres trop longtemps
 revivre la mort — l'assassinat — de son aimée
 les gens qui l'ennuient, et tous l'ennuient
 la crème glacée
 les drogués (ça donne un sale goût au sang)
 la musique de barbare
 les égyptiens
 et les grecs

Petites manies
 porter des lunettes de soleil, même la nuit, oui oui
 se fondre dans les ombres et rester là, à les effleurer du bout des doigts, comme le faisait parfois Marcus quand Crispin était un infant un peu très ennuyant
 écrire des lettres ou des e-mails à son Sire
 se foutre dans un coin et observer les gens
 lancer des regards noirs à quiconque vient lui parler
 se curer les ongles avec un couteau
 faire tourner l'anneau qu'il porte à la main gauche autour de son doigt

Crispin est carnivore. Pour lui, le True Blood, c'est infecte. Oh, il en a goûté quand même, quand c'est sorti. Curieux. Et pour savoir si ça ressemblait vraiment à du sang... mais quand on a passé plus de 200 ans à chasser aux côtés d'un vampire de plus d'un millénaire... Bah s'asseoir au bar avec une bouteille réchauffée au micro-onde, c'est pas des plus fameux. Crispin préfère séduire sa proie — ce qui est toujours possible en soi —, ou la traquer — un peu moins légal, mais tant qu'on ne se fait pas prendre, hein ! Cependant, si Crispin aime la traque et sentir la peur imbiber le sang de sa future victime, par les temps qui courent, l'hypnose est la méthode la plus simple pour avoir à manger... sans s'attirer trop d'ennuis. Car il est rare que Crispin se mette à séduire une fille dans un bar ou dans la rue. Non. Presque jamais, sauf quand il croit que sa dulcinée se trouve dans son corps. Alors il est le parfait idiot, l'homme amoureux, on ne le reconnait plus.
Il lui arrive parfois de boire une bouteille de True Blood quand même, mais pas vraiment de gaité de coeur. Il le fait principalement dans ses phases de remords intenses.

Force et vitesse surnaturelles
Comme la plupart des vampires, Crispin a une force plus importante que celle d'un humain normal, tout comme une vitesse plus élevée. Au début, quand il était encore un tout jeune vampire, il n'était pas rare qu'il se prenne des murs, ou encore qu'il détruise par inadvertance ce qu'il tenait dans la main. Dans cette période-là, il oscillait entre joie euphorique et l'agacement de la situation. Mais très vite, aux côtés de son Sire, Crispin apprit à maîtriser tout cela. Il ne se déplaçait plus trop vite pour l'oeil humain, ni ne soulevait un lit avec trois ou quatre filles dedans... Et ainsi, il pouvait passer plus facilement pour un humain. La mascarade. Marcus lui avait expliqué. Pour vivre heureux, vivons cachés. Aujourd'hui, Crispin maîtrise parfaitement sa force et sa rapidité. Il les utilise parfois sous les yeux des humains, mais toujours avec modération, jamais dans l'abus, prenant bien garde à ce que ça ne passe pas pour autre chose qu'une faiblesse du matériel ou un clignement de paupières trop long.

Sens décuplés
Ce qui a sûrement le plus plu à Crispin après sa transformation, une fois qu'il put contenir un minimum sa soif, ce fut tous ses sens, si décuplés, si affutés... La première fois qu'il leva les yeux vers le ciel sous sa condition de vampire... Il y avait tant d'étoiles, tant de couleurs, de nuances. Il pensait que ça ne pouvait être possible. Tant de choses... Tant d'odeurs, tant de saveurs, de sensations. Il est si facile de se laisser distraire... mais aussi tant de beauté. La question n'était même pas à poser pour connaître la raison des choix de métiers de Crispin : peintre, photographe... Non. Essayer de représenter toute la beauté... Et pour cela, la peinture était bien plus efficace... Une photographie ne peut montrer que ce que l'on voit. Si celui qui regarde ne voit pas, alors ça ne sert à rien. Une peinture représente ce que l'on ressent, ce que l'on vit et permet de le montrer à autrui. D'ailleurs, quand il a découvert ses oeuvres, et jusqu'à aujourd'hui encore, Crispin a toujours pensé que van Gogh devait être un vampire pour représenter son univers de cette façon. Qu'il eut raison ou pas... Nous n'aurons sûrement jamais la réponse. Maintenant, ce monde plein de couleurs et de lumières, plein de sensations, ne surprend plus vraiment le vampire, sauf dans de rares moments où il était en compagnie de son aimée. Alors seulement, il pouvait s'étonner de la finesse de ses traits, de chaque petite ridule qu'avait laissé la vie derrière elle, de la lumière dans ses yeux sombres, de la douceur soyeuse de sa peau... Parfaite.

Hypnose
Si Crispin n'a pas hérité de la télépathie que certains de ses semblables semblent posséder, il a quand même eu l'hypnose, même si ce don est présent chez tous les vampires. Le tout est de savoir le maîtriser, le contrôler... et d'affirmer sa prise sur l'esprit de l'humain. Pour que les souvenirs restent effacés, cachés. Pour qu'il ne se mette pas à hurler en criant partout parce qu'il a vu du sang sur les lèvres du vampire. Au départ, ça n'a pas été facile. Mais Crispin avait un bon Sire. Il n'aurait pu espérer mieux que Marcus pour ce rôle. Aujourd'hui, Crispin fait partie des plus doués de son âge sur cette capacité. Il sait manipuler l'esprit humain, s'occulter des mémoires. Mais une fois encore, Marcus lui a bien appris. Il lui a appris la modération. Et pas la simplicité, la facilité. Crispin utilise l'hypnose avec précaution et seulement quand il le juge utile et nécessaire. Le plus souvent, il s'en sert quand il dérape. Quand il se rend compte qu'il a pris une femme pour celle qu'il aimait et que ce n'était pas le cas... et qu'il l'a peut-être un peu trop malmenée pour sa fragilité humaine.

Obténébration
La manipulation des ombres. Marcus possédait aussi cette discipline. Il semblait assez évident que Crispin en hérite. Pourtant, si Marcus pouvait se transformer complètement en ombre et passer plusieurs heures dans cette situation, Crispin n'est arrivé qu'au "niveau 3" si on peut vraiment classer la maîtrise d'une capacité en niveau. C'est plutôt une évolution fluide pour celui qui la vit. Bref. Crispin ne peut pas encore mêler son corps à la masse ténébreuse. Il ne peut que la manipuler à sa guise, s'en draper comme d'une cape, s'y fondre tout en restant solide, les étendre en bras, mais rien de plus. C'est déjà pas mal, vous me direz. Généralement, Crispin utilise surtout le "niveau 2" qui lui permet de se dissimuler dans une masse d'ombre impénétrable sauf pour lui. Quand il veut se couper du monde et être sûr que personne ne viendra l'embêter. C'est aussi une façon pour lui de pouvoir utiliser sa vitesse surnaturelle sans être vu et ainsi se déplacer plus vite sans attirer l'attention des humains.

Avant, c'était bien. Maintenant, on ne peut plus vraiment en dire autant. Avant la Révélation, Crispin suivait le mouvement avec Marcus. Puis avec sa bien aimée. Il traquait, chassait les humains, les séduisait pour pouvoir se nourrir. Maintenant, tout aurait pu être pareil, ou du moins un peu plus... dur, avec plus de contraintes. Sauf que peu après la Révélation, une Exécutrice et quelques uns de ses amis ont attaqué le club où Crispin se trouvait avec elle et quelques autres vampires. Ils l'ont tuée, et tous les autres. Alors non, pour Crispin, la Révalation n'est pas des plus joyeuse. Une vaste supercherie, pour lui, qui consiste à brider les vampires et à les éloigner de leur véritable nature... et s'ils ne suivent pas le mouvement, les tuer, purement et simplement. Un peu comme si on condamnait à mort un guépard pour avoir tué une gazelle.

Crispin possède un tatouage sur l'omoplate gauche. Il représente un griffon dessiné dans un style celte. Il est barré par une longue cicatrice qui descend jusqu'à sa hanche, petit souvenir de la rébellion jacobite.

— Dublin, Irlande, 1754
Il y avant presque dix ans de cela, Crispin était sur un bateau. Un bateau qui naviguait sous le drapeau français. Les Ecossais et les Anglais étaient en guerre ou quelque chose comme ça. Tout ce que Crispin savait, c'était qu'on avait besoin d'hommes. Comme pour toutes les guerres. Il s'était alors porté volontaire. Il est en revenu blessé, presque mort. Il s'était pris un long coup de sabre dans le dos par un lâche qui n'avait pas su l'affronter en face. Les mois qui avaient suivi son retour n'avaient pas été faciles. Il avait été en proie à une fièvre intense et il délirait toujours un peu plus sous les linges humides que passaient les infirmières sur son visage. Dans les rares moments où il était lucide, il savait qu'il ne resterait pas longtemps dans ce monde. Pourtant, Crispin ne mourut pas. Il ne sait pas par quel miracle il ne succomba pas de l'infection. Après tout, à l'époque, il n'y avait pas d'antibiotique comme aujourd'hui. Et ce n'était pas encore à cet instant qu'il rencontra Marcus. Non. Il avait juste survécu, peut-être pour pouvoir vivre ce que lui réservait le destin. Il n'avait pas cherché à comprendre. Il était vivant, c'était tout ce qui comptait.
Les années suivantes, Crispin avait appris à profiter de la vie. Pas forcément comme on l'entend habituellement. Oh, certes, au début, il avait profité des femmes, et de leurs charmes, mais il s'était alors rendu compte que ce n'était pas ce genre de plaisir dont il avait besoin. Il ne savourait pas le danger, ni l'adrénaline de la guerre, ni celle qui s'en rapprochait quand on fricotait avec des femmes dangereuses. Non, quand Crispin a rencontré Marcus, il se contentait des plaisirs simples comme la peinture, l'écriture ou encore observer le monde. Le point positif de cette guerre à laquelle il avait participé était qu'il avait pu voir du pays, même les côtes françaises ! Ce soir-là, il était en train de dessiner dans un pub, son carnet sur les genoux, assis dans un coin. Justement, il dessinait les traits sévères du vampire blond. Un peu plus tôt, il avait débarqué en fanfare dans la boutique, soulevant des regards interrogateurs et une foule de murmures. Mais il fut bientôt oublié, comme les autres. Cependant, Crispin l'observait lui, ce regard qui lui semblait si aiguisé pour un homme en apparence saoul. Son croquis rendait bien cette impression. Ses cheveux en bataille et en partie collé sur son front, son habit un peu de travers... et pourtant il y avait quelque chose d'attentif, de précis en lui. Il avait le contrôle sur ce qui l'entourait, contrairement aux autres hommes imbibés. Pourtant, il y avait aussi une certaine tristesse et une solitude dans ces prunelles que Crispin ne parvenait pas totalement à comprendre.

Quand Crispin quitta finalement le pub, son carnet de croquis sous le bras, il avait à peine pu rejoindre la grand rue que l'homme se tenait devant lui. Un pas en arrière, il manqua de trébucher mais ne tomba pas. Ce regard glacé ne le quittait pas et le jeune homme se retenait de se frotter les bras comme s'il avait froid. — Tu étais dans le pub. — La voix de l'inconnu était grave, profonde, teintée d'un accent qu'il ne connaissait pas. Crispin se contenta de hocher la tête. — Je t'ai vu. Tu dessinais. — En effet. — Avant qu'il n'ai pu se rendre compte de quoi que ce soit, la feuille de papier épais se trouvait entre les longs doigts de l'homme blond. — Que... ? — Il eut à peine le temps de voir l'homme regarder son croquis qu'il était déjà tout près de lui. Bien trop près à son goût. Il leva les yeux vers la haute silhouette et y vit quelque chose qu'il n'avait pas remarqué dans le pub : un âge avancé dans ce regard, comme s'il avait vécu plusieurs vies d'homme, même si c'était impossible. Il agita le dessin en l'air. Il n'avait pas l'air furieux. Ni même gêné. Ou content. Rien de tout cela. Son visage était imperturbable. — Pourquoi ? — Vous n'êtes pas comme les autres. — Un sourire étira lentement les lèvres de l'inconnu, dévoilant des canines peut-être un peu trop pointues. — En effet. — Soudain, Crispin sentit une douleur saisissante au creux de son cou. Puis plus rien. Un engourdissement bienvenu l'envahissait par vagues alors qu'il sentait ses jambes le lâcher. Il ne tomba pas pourtant. Des bras musclés le retenaient alors que l'autre avait son visage dans son cou. Il ne comprenait pas ce qui était en train de se passer. Son esprit vagabonda un instant vers les mythes et légendes qui peuplaient son pays, mais même si les sidhes n'étaient pas forcément des plus gentils, il ne se souvenait pas qu'ils buvaient du sang. Puis, à un moment, tout fut noir. Enfin, plus noir que la nuit.

Quand Crispin ouvrit les yeux, c'était pour sentir quelque chose plaqué contre sa bouche et un liquide visqueux et au goût de rouille couler dans sa bouche. Il toussa et tenta de se redresser mais une main ferme le cloua au sol d'un pression sur l'épaule. Finalement, quelque chose dans le goût âpre qui dévalait sa gorge se fit plus savoureux et il referma les doigts sur ce qui lui semblait être un poignet. C'était étrange, mais son cerveau engourdi ne cherchait pas à comprendre. C'était trop compliqué, trop fatigant. Son corps se tendit. Il avait l'impression d'être plus fort, plus vigoureux... Il y avait aussi cette étrange sensation de plaisir qui se propageait dans tout son corps. C'était étrange. Alors qu'il buvait à un poignet et qu'on le maintenait au sol. Ce n'était que maintenant qu'il se rendait compte que la figure au dessus de lui était celle de l'homme du pub. Mais tout lui semblait flou et complètement incompréhensible. Comme si son esprit refusait de fonctionner correctement. Puis le poignet lui fut arraché de la bouche et il poussa un petit gémissement de déception. — Tu en as assez eu comme ça. — Crispin cligna des yeux, et soudain tout son corps se contracta dans une douleur fulgurante. Un cri atroce sortit d'entre ses lèvres maculées de sang et il se réverbéra sur les murs de pierre qui entouraient les deux hommes. Crispin voyait, mais son cerveau n'assimilait toujours pas. Encore moins alors que son corps se tordait maintenant dans tous les sens, envoyant des signaux douloureux dans son crâne. Il hurla, hurla encore et encore. Il avait l'impression que ses cordes vocales allaient céder sous l'intensité de ses cris, de sa douleur. L'homme s'accroupit à côté de lui et repoussa les mèches humides qui se collaient à son front. — Ne t'inquiète pas, tu es juste en train de mourir. — Crispin parvint à écarquiller un peu plus les yeux mais la seconde d'après, l'homme le poussa et il tomba dans un trou dont il n'avait pas eu conscience, juste à côté de lui. Ses cris s'arrêtèrent. Ou alors il ne parvenait plus à faire la différence entre leur absence et leur présence.

Il tousse, crache de la terre. Du moins, il croit que ça en est. Il en a plein la langue. Ça colle. Dans la gorge aussi. Il a envie de hurler. Il croit se souvenir qu'il a passé les derniers moments dont il se souvient à hurler. Sa gorge est douloureuse, pas juste à cause de la terre qui s'y enfonce. Il commence à remuer les doigts. Il a l'impression d'être engourdi, d'avoir du mal à se réveiller. Son corps se souvient d'une douleur. Atroce douleur. Il sursaute dans le sol. Il ouvre la bouche en grand mais aucun son n'en sort parce que les particules s'y enfoncent. Puis le sol remue. Comme si on creusait au dessus de lui. Comment arrive-t-il à voir alors que tout est si sombre ? Il croit voir un insecte. Son corps se tend comme un arc. Il veut sortir de là. Pourquoi est-il dans la terre ? Pourquoi l'a-t-on enterré vivant ? La panique menace de l'envahir tout entier. Il veut hurler. Il veut pleurer. Mais rien ne vient. C'est comme si son corps refusait d'obéir. Et il commençait à avoir faim. Cruelle ironie. Il était enseveli sous ce qui lui semblait des tonnes de gravats et il avait faim ! Soudain, une main traversa la masse qui le recouvrait et l'attrapa par le bras, le tirant sans ménagement. Le sol s'écoula sur lui comme une douche de poussière et il se retrouva à la surface. Il faisait presque aussi noir que là-dessous. Il cligna des paupières, chassant la terre de ses yeux, de ses cils. Son regard croisant celui, glacé, de l'homme du pub. Il dégagea son bras en gesticulant dans tous les sens et tomba en arrière. Il recula précipitamment sur ses mains, ses fesses, s'aidant de ses pieds, avant de buter contre un mur. Et il se rendit compte que son coeur aurait du battre à la chamade. Mais il ne battait pas. Pas le moins du monde. Rien du tout. C'était un étrange silence. Un silence... mortel. Et il hurla de nouveau, regardant sa cage thoracique comme si ça pouvait faire repartir son coeur. Et il se souvint. Il se souvint de l'homme qui s'était jeté sur lui. Ses dents dans sa chair. Son sang dans sa bouche. La douleur atroce de son corps en train de mourir. Il leva les yeux vers le grand homme blond. — Pourquoi ? — finit-il par demander, sans même savoir s'il allait l'entendre. Il avait l'impression d'avoir murmuré mais sa voix semblait faire autant de bruit qu'une avalanche. Un sourire malicieux se dessina sur les lèvres de l'autre. — Tu n'es pas comme les autres. —

— Grèce, 1809
Les premières années ont été dures à surmonter. La soif. Toujours la soif. Toujours plus dévorante. Elle occupait son esprit toute la nuit. Et la journée, alors qu'il se réveillait quand le soleil était couché, il sursautait et hurlait. Le silence tout autour de lui. L'absence de battement de coeur. C'était ce qui le perturbait le plus. Parfois, il pouvait rester assis dans l'ombre pendant des heures, à essayer de trouver le moindre son, le moindre murmure de son organisme. Jusqu'à ce que Marcus ne vienne le trouver et le force à aller se nourrir. Au début, il lui ramenait ses proies. Il le nourrissait comme un enfant malade. Le forçant à manger. Parfois, Crispin voyait dans ses yeux qu'il se demandait s'il avait bien fait de le transformer. Ou peut-être était-ce autre chose ? Pendant ces moments-là, Marcus lui racontait. Il lui avait raconté sa vie d'homme. Elle lui semblait floue, mais après tout, cela faisait presque un millénaire qu'il avait été transformé. Tout souvenir finit par disparaître un jour. Il s'estompe, petit à petit. Il lui avait raconté qu'à cette époque, quand son Sire était venu le trouver, il n'y avait pas de soucis avec se faire prendre ou pas par les autorités religieuses. Il y avait tant de champs de bataille. Les clans se faisaient la guerre sans cesse. Il était facile de s'infiltrer et de dérober un corps. C'était ce que le Sire de Marcus avait fait, avant de le choisir, de le rendre immortel. Du moins tant qu'il restait à l'écart du soleil et de l'argent.

Et maintenant, ils étaient partis en Grèce. Pas vraiment le meilleur moyen de rester à l'écart du soleil. Non, pas vraiment. Du tout. Mais Crispin avait suivi. Il n'avait pas vraiment le choix. Il commençait seulement à contrôler sa soif. Peut-être était-ce justement le but de ce voyage. Lui apprendre à mieux se maîtriser. Lui apprendre à se fondre dans la masse. Et à utiliser les dons qui lui avaient été donnés avec sa transformation. Ça allait mieux maintenant. Il se réveillait de moins en moins en hurlant. Et puis la Grèce, ce n'était pas si moche que ça, bien au contraire. Crispin aimait passer ses nuits sur la plage à regarder les étoiles se refléter dans l'océan, jouer avec les poissons. Il aimait l'odeur des embruns et celle du sable encore chaud en train de refroidir. C'était vraiment lors de son voyage en Grèce avec Marcus que Crispin se rendit compte de la beauté du monde. De ce qui pouvait lui offrir ses dons de vampire. Il commençait à oublier qu'il n'avait plus de battements de coeur, car il les remplaçait avec les murmures qu'il percevait toujours. Comme s'il n'était pas coupé du monde. La nature semblait lui parler dans un langage qu'il ne parvenait à comprendre que maintenant. Mais si Crispin avait découvert que la nature réservait bien de belles surprises, l'espèce humaine en réservait des plus moches.

Un cri déchire la nuit. Crispin sursaute sur la plage. Plus haut, sur la colline, un temple aux colonnes bien décorées. Le vampire tourne la tête, lève les yeux vers les étoiles, vers la bâtisse qui se découpe en noir sur le fond marine. Il passa sa langue sur ses lèvres, sur ses canines qui s'allongeaient doucement. Il s'était déjà nourri cette nuit. La fille d'un riche marchand. D'ailleurs, Marcus et Crispin se faisaient passer pour tel, même si c'était principalement le grand vampire blond qui s'occupait de faire des affaires. Les temps étaient durs en Grèce ces temps-ci... Une guerre d'indépendance se préparait. Marcus avait jugé juste de se ranger du côté des "rebelles" et pas des ottomans. Crispin lui faisait confiance. Le Viking avait connu de nombreuses guerres, il savait quoi faire. Les deux faisaient donc profil bas tout en se joignant souvent aux soirées organisées. Crispin se leva et se mit en route pour le sommet de la colline. Le sable laissa place à de l'herbe douce au bout d'un moment. Il avait attaché ses chaussures par lacets et elles pendaient de chaque côté de son épaule. Bien vite, il arriva au niveau du temps. Des objets, des vases, étaient renversés, brisés, leur contenu épandu sur le sol. Ses pieds ne faisaient aucun bruit sur la pierre froide. Plus loin, il entendait nettement des bruits de bagarre. Et encore des cris. Crispin passait d'une ombre à l'autre, comme s'il en faisait partie. A l'intérieur du temps, il surprit deux hommes en train d'attaquer une pauvre femme. Assez riche d'après ce qu'il pouvait voir. Sûrement une marchande. Elle cria encore, ruant, essayant de repousser ses agresseurs. Un sourire flota sur les lèvres du vampire. Pas parce qu'il prenait plaisir à la scène, non. S'il devait infliger peur et douleur, il préférait le faire lui-même plutôt que de regarder d'autres faire. Il se nimba dans les ombres, en envoya d'autres jouer sur les murs. Tout en observant la scène, il ouvrit la bouche. — Que faites-vous dans le temple de Nyx et de son époux, Erèbe ? — Sa voix était grave, peut-être un peu plus que d'habitude. Les hommes se figèrent, la femme aussi. — Qui êtes-vous ? Où êtes-vous ? — demanda le premier. — On s'en fout. Barrez-vous, vous n'avez rien à faire là ! — renchérit le second. Une vague d'ombres se rapprocha d'eux et ils reculèrent précipitamment. Même si les anciennes croyances s'étaient un peu perdu, Crispin les savait encore assez superstitieux pour craindre ses ombres... Surtout dans le temps de la déesse de la nuit et de son compagnon, le dieu des ténèbres et de l'obscurité. Les ombres se mouvaient le long des murs, allant d'une zone à l'autre, enflant doucement comme douées de conscience. — Comment osez-vous perturber la sérénité de la nuit en malmenant une femme ? — Sa voix s'était faite plus forte, plus appuyée, plus menaçante. Les ombres y répondirent, tendant leurs bras vers les deux agresseurs. L'un poussa un cri, l'autre essaya de les faire reculer avec sa lame. Crispin éclata de rire. Un rire à glacer les sangs. Finalement, les ombres tombèrent complètement sur les ottomans, les avalant comme une vague. Crispin suivit ses ombres et planta ses crocs dans la chair des infâmes. Il se gorgea de leur sang, sans pour autant les tuer. Il but suffisamment. Puis, après, il se pencha sur eux. Quelques mots. Un regard. — Vous n'oublierez pas. Vous avez attaqué sauvagement une pauvre femme sans défense dans le temple de Nyx. Une grave erreur. Car son époux vous l'a fait payer. Ne jamais défier les ténèbres sous leur toit. Jamais. — Il avait enfoncé l'idée bien profond dans leur crâne et, avec un dernier cri, les deux hommes, vaseux après avoir perdu du sang, se précipitèrent vers la sortie. Il essuya sa bouche ensanglantée d'un revers de manches et ses ombres se dissipèrent peu à peu autour de lui. — Qui... qui êtes-vous ? — Crispin baissa les yeux vers la femme qui était encore au sol et lui adressa un sourire qui aurait pu être tout aussi tendre que machiavélique. — Cela n'a pas d'importance. Rentre chez toi maintenant. — Oh, elle sentait encore la peur. C'était une odeur entêtante... mais Crispin avait largement bu plus qu'il n'avait besoin ce soir. — Rentre chez toi... — La femme suivit le même chemin que les hommes alors que Crispin la quittait du regard pour observer les statues qui ornaient le temple. La fille s'arrêta près de l'entrée. Il sentit son regard sur son dos. — Merci. — Et elle s'échappa, sûrement vers son village.

— Etats-Unis, 1968
Crispin et Marcus sont arrivés aux Etats-Unis dans l'un des moments les plus sombres de leur histoire. Ils étaient pris par la révolte afro-américaine, les guerres du Viêtnam, les assassinats de présidents, et la Guerre Froide, encore bien présente avec la crise de Cuba. Cela faisait maintenant deux siècles et un peu plus que Crispin était devenu vampire. Il était toujours aux côtés de Marcus, évidemment. Il lui semblait qu'il pouvait toujours apprendre plus de cet homme qu'il avait vu combattre pendant les guerres turques quelques années encore auparavant. Etrangement, Crispin s'était bien amusé. Ça n'avait plus rien à voir avec la révolte jacobite qu'il avait vécu avant sa transformation. Tout semblait plus grand à Crispin... et à la fois plus petit. Plus grand parce que les immeubles s'élevaient plus haut que ce qu'il avait jamais connu. Plus petit parce que tout semblait empilé les uns sur les autres. Tout le monde semblait serré les uns sur les autres. Des robots, allant tous dans la même direction, accomplissant tous la même tâche. Crispin était tout autant fasciné que... déçu, dans un certain sens. C'était encore le Nouveau-Monde dans sa tête. Il s'imaginait les paysages à perte de vue... et maintenant, il n'y avait plus que des immeubles bien fades partout. Pourtant, quand Marcus décida de se diriger vers le Nord, et vers le Canada, Crispin préféra continuer à observer ces Américains. Tous formatés pour aller dans un sens. Il était bien beau le rêve américain, vraiment.

Leurs chemins s'étaient donc séparés. Crispin, au fil des années, avait gagné Chicago. La capitale du crime. Il avait pourtant appris à bien choisir ses proies. Il avait déjà failli se faire prendre par une mafia une fois. On ne touche pas aux leurs. Crispin avait compris. Sauf un soir... Il ne savait plus exactement s'ils étaient russes, italiens ou japonais. Pour ce qu'il en avait à faire. Simplement, la scène lui rappelait étrangement une qu'il avait vécu plusieurs décennies auparavant. Alors qu'il errait dans les ombres, observant toujours l'humanité, Crispin était tombé sur des hommes qui malmenaient une femme. Il n'avait jamais bien compris pourquoi ça le dérangeait autant alors que Marcus et lui avaient déjà pris nombre de vies, de femmes, de façon bien plus cruelles — et satisfaisantes — que ces hommes. Peut-être était-ce le fait que ces hommes s'attaquent à leur propre espèce, il n'en savait rien. Toujours était-il qu'il ne supportait pas cette vision. Au moins, même s'il savourait la peur et l'adrénaline de ses victimes, ils pouvaient toujours les hypnotiser... et puis il était bien plus à même de les déguster que ces deux grosses brutes. Deux bras d'ombres s'étirèrent vers les mafieux, les repoussant avec fermeté. Ils poussèrent des grognements, des cris de surprise et d'incompréhension. De ressentiment alors qu'on les éloignait de leur gibier. — Laissez-la. — Et pourquoi est-ce qu'on ferait ça, gamin ? — Parce qu'elle est à moi. — Sa voix grondait, était presque plus proche du grognement que des mots. Alors qu'une nouvelle ombre en assommait un, Crispin se jetait sur le second pour lui ouvrir la gorge et se nourrir. Il n'avait pas fait dans la dentelle... mais il n'avait pas encore chassé cette nuit. Il se redressa, du sang maculant son menton et son regard passa de l'autre homme à la femme par terre. Il se figea, le presque-cadavre encore chaud entre ses mains. Il se laissa tomber sur le bitume et regarda la jeune femme comme s'il voyait un fantôme. Elle avait conservé une superbe chevelure d'un noir intense... une finesse dans ses traits... l'angle délicat de son visage... ses longs cils et cette bouche qui appelait aux baisers. Crispin cligna des yeux. La seule chose qui avait changé était sa peau. Elle avait perdu son doux teint halé.

Elle n'était pas recroquevillée au sol. Elle avait simplement entouré ses genoux de ses bras et le regardait avec un léger sourire. Elle ne semblait pas le moins du monde effrayée. Elle était même amusée. Crispin se demanda s'il hallucinait. Même une descendante n'aurait pas pu ressembler autant... Et puis, finalement, il se rendit compte qu'il ne percevait ni peur... ni battement de coeur. Crispin lâche le corps inerte et s'avança vers la jeune femme, à quatre pattes, avec toujours un air d'incompréhension sur le visage. Il semblait perdu. La bouche entrouverte, les sourcils froncés. Il tendit la main vers son visage et effleura sa joue délicatement, comme s'il avait peur qu'elle tombe en poussière... ou que sa main ne passe au travers. Mais non. Elle était bien là. Solide. Un peu froide. Juste à température ambiante. Elle pencha la tête sur le côté pour que sa joue épouse la paume de sa main. — Je vois que mon Erebus est toujours là pour me sauver la mise... Mais puis-je au moins avoir le deuxième ? Il était prévu au dîner avant que tu n'arrives. — Elle ne semblait pas choquée de le voir alors qu'il en était presque tétanisé. — Et bien alors, tu as perdu ta voix ? — Elle se redressa et se mit à genoux, son visage seulement à quelques millimètres du sien. Elle pencha de nouveau la tête sur le côté, s'approchant encore avant de lécher doucement le sang qui séchait lentement sur la joue du vampire. — Comment est-ce possible ? — Ses lèvres effleurent sa peau au grain si fin alors qu'il parle, tellement ils sont proches. Elle tourne la tête pour joindre leurs bouches dans un baiser affamé. Après un moment, elle le libère pour passer ses doigts dans ses cheveux et entourer sa taille de ses jambes fines. — Crois-tu qu'il n'y avait que toi, de ton espèce, qui passait par la Grèce à cette époque ? — Elle lui mordilla légèrement l'oreille. — Tu sais, après, quand j'ai compris, je t'ai cherché. Mais tu étais parti. — Elle fit une petite moue boudeuse et Crispin se dérida enfin. Il glissa ses mains le long de ses côtes, la coucha sur le sol à côté des deux humains — l'un presque mort, l'autre évanoui — et la détailla de la tête aux pieds comme s'il n'avait jamais rien vu d'aussi appétissant. — Je ne partirais plus. Sauf si tu m'accompagnes. —

— Etats-Unis, 2008

— Shreveport, 2013

➽ personnage inventé/scénarii/prédéfini ? inventé ➽ pseudonyme. Azra ➽ âge. 22 ans ➽ code du règlement. Et bien, il ne manque plus que le thème musical de Dracula, Prince des ténèbres, et je crois qu’on pourra commencer. ➽ avis général à propos du forum. Si je suis encore là, c'est que j'y trouve de bonnes raisons, non ? ➽ avatar utilisé. Aidan Turner